L’Assurance maladie vient de publier ses données sur la vaccination contre le covid-19 par département.
Les résultats sont très inquiétants.
Les alertes des soignant.e.s depuis des mois sont désormais chiffrées : la stratégie vaccinale du gouvernement crée des inégalités (1/X)
Quels sont ces chiffres ?
Au 23 mai, le taux de vaccination France entière (2 injections) était de 16% de la population totale.
En Seine-Saint-Denis, c'était 10%.
Écarts similaires sur la primo-injection (37% France entière contre 23% dans le 93).
Attention à l'interprétation :
En effet, on a vacciné prioritairement les personnes âgées, or la population de Seine-Saint-Denis est bien plus jeune : seuls 16% ont plus de 60 ans, contre 25% sur la France entière.
Il faut donc prendre en compte plutôt le taux de vaccination par âge.
Mais là aussi, ça pique.
En France entière, les trois quarts des personnes âgées de 65 à 74 ans ont reçu une première injection (76%).
En Seine-Saint-Denis, ce n'est que 64%. Soit + de dix points de moins.
Et ces écarts se retrouvent sur à peu près toutes les tranches d'âge en primo-injection.
Je parle de la Seine-Saint-Denis parce que c'est le département que je connais. Il est aussi emblématique, avec un taux de pauvreté de près de 30%.
Les Outre-mer ne sont pas en reste. Taux de pauvreté massif (jusqu'à 40% à La Réunion), quant à la vaccination ...
... Elle est d'une faiblesse grave : au max 44% de primo-injection des +65 ans à La Réunion, moins de 15% en Guadeloupe.
Pour approfondir il faudrait des données plus détaillées dont dispose @ameli_actu : par couverture sociale, par commune...
Mais déjà, cela dit une chose ⤵️
➡️ Quand une politique (ici de santé) oublie de prendre en compte les inégalités, elle les renforce.
Mécaniquement.
En cela, la stratégie vaccinale suivie jusqu'à aujourd'hui a créé ces inégalités.
Elles étaient pré-existantes, mais on a fait semblant de ne pas les voir.
Pourtant le sujet est loin d'être nouveau. Il est même très documenté.
En 1823, Louis-René Villermé écrivait que "la mort est une maladie sociale"
Plus récemment, on pense à la surmortalité en Seine-Saint-Denis pendant la 1ère vague.
On ne peut pas dire qu'on découvrait le sujet.
Des études ont mis en évidence l'importance de la précarité comme facteur de risque covid.
Vous avez deux fois plus de chance d'être hospitalisé pour covid grave si vous habitez dans les 20% des quartiers les plus pauvres que dans les 20% les plus riches. epi-phare.fr/rapports-detud…
Et les professionnels de santé du 93 ont très tôt alerté sur le fait que, parmi les premiers patients qu'ils voyaient tendre leur bras, beaucoup passaient le périphérique pour la première fois...
Or cette inégalité face à la vaccination n'a été prise en compte qu'à la marge par les politiques publiques.
1) Cela n'a jamais été une priorité nationale. 2) La pression énorme mise sur l'unique volume de personnes vaccinées a empêché toute prise en compte locale des inégalités
Un seul exemple : encore début mai, la com' gouvernementale faisait du rythme de travail des soignants l'axe principal de sa communication.
Pas un mot des inégalités.
Une pression sur le seul volume.
On pourrait parler de doctolib, de la politique des "flux tendus" de doses de vaccins, et même du passe sanitaire : tous ces sujets sont extrêmement liés à la question des inégalités dans cette crise.
Et justement, on compte bien vous en parler très vite avec @nosservicespub...
Parce que si ce sujet ne devient pas une priorité du débat, il n'y a aucune chance qu'il devienne une priorité de politique publique !
A très bientôt donc.
(vous pouvez déjà retrouver de premiers très bons éléments sur ce récent article de @Mediapart)
Des grands corps au 93, j'ai énormément appris. Y compris sur les dysfonctionnements structurels et idéologiques de l'Etat.
Alors il y a 2 jours nous avons lancé @nosservicespub pour porter de l'intérieur une parole alternative.
Rewind (1/X)⤵️
J'ai rejoint l'Etat pour y servir "l’instrument dont dispose la société pour conduire son propre avenir"
(comme je disais dans mon intro du grand O de l'ENA)
C'était un peu naïf, j'avais des grands et beaux idéaux.
Et j'y crois encore ..!
Mais la pratique m'a rendu moins naïf :
Et cela dès ma première expérience professionnelle.
Je contrôlais une agence de l'Etat.
Au sein de l'agence ils étaient 120, pour un budget RH de 15 M€.
Mais ils étaient trop peu, donc ils faisaient appel à 60 prestataires en continu. Pour un budget "prestataires" de... 15M€.
Je manque d'élégance, pardon : les premiers à en avoir parlé sont @_reflets_, où @jacquesduplessy signe une analyse fort précise de notre note
(merci !)
👇🏻
[Coup de gueule]
Je crois qu'on ne mesure pas bien la gravité des conséquences de l'opération de communication absurde qui a eu lieu ce WE sur la vaccination anti-Covid.
"Coup d’accélérateur partout en France" s'est gargarisée toute la presse.
Mais à quel prix 😠😡 ? ⤵️
Littéralement TOUS les médias en ont parlé : TV, chaînes d'info en continu, presse écrite nationale ou régionale, magazines people...
"50 000 personnes", "vaccination de masse", "grande campagne", n'en jetez plus !
Faut dire qu'on avait sorti le grand jeu :
➡️Les chiffres: "plus de 100 centres ce WE en Ile-de-France"
➡️ Le déplacement chez les pompiers (on aime tellement les pompiers)
➡️ Les témoignages de gens soulagés
➡️ Les DG ARS et les préfets de sortie
Et surtout les belles photos ✨
🔴 Aide médicale d’Etat : dans les coulisses d’une réforme régressive
La semaine dernière, des 100aines de professionnel.le.s dénonçaient une restriction grave de l’accès à la santé.
😳 Mais c'est aussi les méthodes employées par le gouvernement qui sont choquantes...
Thread⤵️
Rappelons que cette réforme c’est : 1. Une réduction du panier de soins accessibles aux sans-papiers 2. La suppression de centaines de lieux d’ouvertures des droits
Bref, une remise en cause grave et concrète du principe universel d’accès à la santé.
La semaine dernière, elle a été dénoncée par plus de 500 professionnel.le.s de la santé, mais aussi par toutes les associations travaillant sur la santé des étrangers…
Ce qui pose une question majeure : comment le gouvernement a-t-il fait passer une telle régression ?
Rewind ⏮️
Ok. Donc hier matin on en était à 8 612 personnes vaccinées en Seine-Saint-Denis.
Sur 1,6 million d’habitants. Soit 0,005% de la population.
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Faut que je vous raconte la chronologie épique de ces 10 derniers jours ⤵️
Replaçons-nous il y a quinze jours : à force de critiques sur la lenteur de la vaccination en France, le gouvernement a décidé une double accélération : 1) Vacciner les soignant.e.s de +50 ans ou à risque dès début janvier 2) Vacciner les +75 ans à partir du 18 janvier
Cette deuxième phase de la stratégie (+75 ans) passe par l'ouverture de "centres de vaccination ambulatoires" (CVA) comme ailleurs dans le monde.
On les avait jusqu'ici évités: le souvenir des vaccinodromes H1N1, symbole d'une campagne jugée disproportionnée, était trop cinglant.