Thread by @Enthoven_R

Chers amis, j’entends d’autant mieux chacune de vos objections que j’aurais pu me les faire à moi-même. Mais je veux ajouter ceci au vacarme avant de quitter (temporairement) cette arène. 👇🏿

Une shitstorm n’est rien quand on est sûr de ce qu’on avance, mais quand on est soi-même plein de doutes et qu’on commet l’erreur de les partager, les coups portent.

Accordez-moi que je n’ai pas appelé, dans l’absolu, à voter #MarineLePen (tout l’enjeu est, au contraire, de la battre le plus largement possible) mais j’ai tenté de répondre à ce qui, pour un républicain comme moi, est devenu un dilemme.

D’abord, à l’attention de ceux qui m’accusent de nier l’histoire…

https://twitter.com/Enthoven_R/status/1283857245076422662

Reste que le #RN n’est que partiellement « d’extrême-droite ». Je veux bien vous accorder que c’est son noyau dur et son histoire. Mais il n’atteindrait jamais les scores qu’il fait si ses propositions politiques et son électorat n’étaient que cela.

Le RN est, d’abord, aujourd’hui, le mandataire lamentable de doléances qui vont bien au-delà de la vilaine « extrême-droite ». Et ces doléances restent inaudibles (c’est-à-dire irrécupérables) quand on se bouche les oreilles en hurlant « extrême-droite » ou « fascisme ».

Parmi les électeurs de #LePen, il y a quantité de gens de bonne foi (et républicains) qu’on perd à la seconde où, du haut de nos absolus, on criminalise leur vote.

On se donne 1000 raisons de voter MLP.
L’insécurité, l’islamisme, les vaccins, la fiscalité indirecte, l’impression d’être oublié… Ces citoyens ne sont pas d’extrême-droite, ne veulent pas l’être. Leur dire qu’ils vendent leur âme au Diable aura un effet nul. A tous égards.

Aucune raison n’est une excuse, et rien ne retire à l’électeur « patriote » la responsabilité de son acte. En revanche, si l’enjeu est de priver ce parti d’oxygène, il faut apprendre à respirer toutes les odeurs et à ouvrir la discussion. Sinon, ça ne marchera pas.

Or, comment voulez-vous ouvrir un dialogue, c’est-à-dire un chemin, si vous commencez vos phrases par « JAMAIS » ? C’est confortable et ça permet d’éviter les emmerdes, mais ça ne marche pas du tout. Historiquement.

Que le RN soit le plus mauvais point de ralliement de préoccupations légitimes, c’est une certitude. Que le racisme y soit très présent, ce n’est pas douteux (et on ne cesse de le vérifier). Mais c’est un parti qu’il faut disséquer AVANT de le combattre.

Et quand on le dissèque, quand on l’analyse froidement, on y trouve des organes communs avec d’autres mouvements politiques qui tombent eux-mêmes sous le coup d’accusations républicaines. Comme la #FranceInsoumise, qui ressemble tant au RN et lui fournit quantité de transfuges.

J’assume la comparaison entre les deux mouvements. Ils sont commensurables. Leurs chefs sont jumeaux. Et voter pour l’un est (au moins) aussi absurde, à mon sens, que voter pour l’autre.

De ce point de vue, je n’ai pas détruit le #FrontRépublicain, je l’ai étendu.

Je regrette vivement de vous avoir pris à témoin de mes hésitations devant l’urne. D’autant qu’à rester dans la vérité, devant l’urne, je m’abstiendrais si j’avais à choisir entre ces fausses antipodes - mais je ne serais pas fier de moi.

Je vois dans la gémellité profonde entre ces 2 partis l’amorce d’une opposition véritable dans ce pays. Qui, pour l’heure, n’existe pas, et dont tout le monde a besoin. La France a déjà un parti démocrate. Elle n’a pas encore de GOP. C’est un pb collectif, qu’on y adhère ou non.

Ce qui retient, à mon avis, les insoumis, les patriotes et d’autres de convoler enfin, c’est l’ombre portée de querelles antiques et l’antagonisme de leurs chefs. Mais quand on discute avec les militants, on s’aperçoit qu’eux y sont souvent prêts et s’entendent volontiers.

Je n’ai pas d’ennemis. Je n’ai que des adversaires. Bien des malentendus seraient solubles dans des discussions qui n’ont pas lieu parce qu’il est plus facile de se détester.

Plus que l'extrême-droite, mon adversaire est le populisme, sous toutes ses formes, de l’insoumise à la patriote.

L’enjeu n’est pas de « dédiaboliser » un mouvement qui n’en a plus besoin. Mais de le comprendre et, sans flatter ses électeurs, de les écouter, de les contredire, de les traiter en citoyens, pas en « déplorables ».
Sans cet effort, nous périrons de mépris. 🙏🏿