Emmanuel Macron s’est lancé dans un grand tour de France – qui sent bon la pré-campagne présidentielle. Au Moyen Âge, les entrées du souverain dans les villes sont un mode de communication politique privilégié. Un thread ⬇️ ! #histoire#medievaltwitter
Dans le royaume de France, l'entrée royale devient à partir du XIVe siècle un instrument de propagande de plus en plus théâtralisé. Elle demande une préparation soigneuse : on fait nettoyer la ville, repaver les rues, repeindre les portes, etc.
Parfois dans des délais très courts : en 1490, le roi de France Charles VIII écrit à peine une semaine à l’avance aux consuls de Lyon pour les prévenir de son arrivée prochaine !
Et le tout à grands frais : en 1494, la ville de Lyon embauche le peintre Jean Perréal qui travaille, avec toute son équipe, pendant 70 jours pour décorer la ville en prévision de l'arrivée du roi.
C'est que le roi attend du grand spectacle. Sur son itinéraire, on présente de petites scènes de théâtre, des saynètes symboliques : par exemple, en 1490 à Lyon, Charles VII voit une roue du zodiaque animée qui à son passage s'arrête sur le signe du lion, symbole de force...
Aux carrefours, on installe des fontaines distribuant du vin. Ces dispositifs ne sont pas que des jeux innocents mais contribuent à faire de l’arrivée du souverain un moment d’abondance et de liesse, renforçant ainsi la popularité et la légitimité royale.
L’entrée du roi en ville constitue une mise scène de l’harmonie entre le roi et ses sujets. Une procession plus ou moins nombreuse, avec à sa tête les magistrats et les notables de la ville, sort accueillir avec des cadeaux le souverain à l’extérieur de la muraille.
Souvent, les magistrats municipaux venus accueillir le roi sont précédés par un groupe d’enfants qui portent de petites bannières aux armes du roi et poussent des acclamations à sa louange.
Pas de gifleurs à l'époque : le rituel d’entrée est particulièrement codifié, car il a pour but de célébrer la bonne entente entre un roi perçu comme source d’abondance et ses sujets, et donc les sources restent discrètes sur les éventuels dérapages...
L’entrée du souverain représente donc pour ce dernier un grand moment de promotion politique, voire de propagande, d’autant que la cérémonie puise à une double influence antique (le triomphe romain) et chrétienne.
Le souverain s'expose comme un roi chrétien. A cheval, vêtue d'une longue robe fleurdelysée, il arbore les symboles de sa puissance – couronne, épée, bannières, dais au-dessus de sa tête. Il est à la fois accessible, on peut le voir, lui parler, et drapé de son aura
L'entrée royale est aussi un moment de grâce, où le souverain manifeste sa miséricorde en répondant aux suppliques adressées par les habitants et surtout en faisant libérer certains détenus.
Par exemple, en 1319, avant l’arrivée du roi de Naples Robert, les magistrats de Marseille désignent une commission chargée de supplier le souverain de faire relâcher des marins de la ville détenus en prison.
Les cérémonies d’entrée royales se développent dans le royaume de France tout particulièrement au cours des XIVe et XVe siècles, au moment où les Capétiens se montrent soucieux d’accroître leur autorité et de mettre en place un gouvernement plus centralisé.
Ces entrées de villes s’intègrent parfois dans de véritables tours de France, surtout en début de règne, quand le nouveau roi cherche à se faire connaître où à rassurer les principales villes du royaume sur sa politique fiscale.
Les actuelles tournées présidentielles s’insèrent dans un contexte historique différent, mais peuvent toutefois obéir à des logiques similaires : mise en scène du pouvoir, rencontres artificielles avec la population...
Retrouvez notre article du jour ! actuelmoyenage.wordpress.com/2021/06/10/qua…
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"Montjoie Saint Denis !" est l'un des cris de guerre de la dynastie capétienne au Moyen Âge, attesté a partir de Bouvines (1214). Une montjoie est une bannière, en l'occurrence le cri fait référence a l'oriflamme royal, conservé a Saint-Denis, où sont également enterrés les rois.
Le cri est bien sûr rendu célèbre dans Les Visiteurs, où Godefroy de Montmirail s'exclame "Montjoie Saint Denis, que trépasse si je faiblis !".
Difficile de savoir si l'agresseur d'E. Macron pense au Moyen Âge ou a en tête cette version contemporaine (les deux, probablement).
Ce cri de guerre n'a pas le statut de "devise officielle du royaume", cela n'existe pas. Et d'ailleurs l'oriflamme de saint Denis n'est pas non plus l'étendard du royaume (ça c'est le drapeau d'azur aux fleurs de lys).
Enfin, ce cri est largement abandonné à partir du XVIe siècle
Bon...comment dire... alors... 😵😑
D'abord, on dit "médiéval", pas moyenâgeux".
Ensuite, la comparaison est ici idiote et, surtout, fausse. Petit thread pour expliquer rapidement pourquoi ⬇️
E. Macron parle d'abord des grandes épidémies. Mais, précisément, le covid n'est pas la Peste (heureusement !) : rien à voir en termes de mortalité ni de gestion par les autorités. La comparaison n'a ici aucun intérêt.
Pour en savoir plus, cf nos articles actuelmoyenage.wordpress.com/category/epide…
E. Macron enchaine ensuite en évoquant les jacqueries, comparées aux gilets jaunes. Une autre comparaison inepte, souvent faite à l'automne 2018, et qui cache (mal) une volonté de délégitimer ce mouvement. On en avait parlé ici : actuelmoyenage.wordpress.com/2018/11/29/gil…
#Israel, à feu et à sang depuis quelques jours, est-il le « foyer national du peuple juif », comme le définit la loi fondamentale de 2018 ? Pour certains penseurs médiévaux, la question mérite déjà d'être posée. Un thread ⬇️! #histoire#medievaltwitter
Né dans le Languedoc vers 1279, Joseph ibn Caspi a beaucoup voyagé dans le monde juif du sud de l'Europe : la Catalogne, la Provence, Majorque. Auteur fécond, il défend un judaïsme rationnel, ouvert aux innovations scientifiques et philosophiques.
Dans une de ses œuvres, il s'attaque à un point essentiel de la foi juive : la restauration du Temple de Jérusalem. C'est un point, souligne-t-il, que peu de rabbins osent aborder, ce qu'il attribue à leur timidité
Aujourd’hui, c’est l’Ascension: un beau week-end de quatre jours en perspective...! Mais n'y aurait-il pas un peu trop de jours fériés...? Ce discours, porté ajd par le Medef par exemple, existe déjà au Moyen Âge. Un thread⬇️! #histoire#medievaltwitter
Il faut dire que les jours chômés sont alors nombreux. D'abord, les dimanches, puis une quantité croissante de fêtes liturgiques. Leur nombre varie en fonction des moments et des régions mais peut atteindre jusqu'à un tiers de l'année !
À partir du XIIe siècle, les spécialistes du droit canonique essaient de se mettre d’accord sur une liste complète et universelle des jours fériés. Gratien propose ainsi tous les dimanches et 36 jours de fêtes dédiées au Christ, à la Vierge, à quelques grands saints
Le hashtag #SaccageParis attire l'attention sur la saleté de la capitale : ordures, couleur de la Seine, air pollué... Un vieux problème, que les autorités médiévales prenaient très au sérieux. Un thread ⬇️! #histoire#medievaltwitter
D'abord : oui, il y a de la pollution au Moyen Âge. Ce n'est pas la même que la nôtre (pas de gaz à effet de serre, pas de plastique...), mais elle existe. La saleté et la pollution font partie du ressenti des contemporains actuelmoyenage.wordpress.com/2018/06/14/le-…
Cette pollution passe d'abord par... les défections, humaines ou animales. Dans le Paris médiéval, les sanitaires sont très rares, les égouts sont pratiquement abandonnés jusqu'au XIIIe siècle.
La « #PMApourtoutes » se fait encore attendre. Mais pas besoin d’attendre 2021 pour trouver des femmes qui se débrouillent pour avoir un bébé entre elles – du moins dans la fiction... La preuve avec un poème irlandais du XIIe siècle ! Un thread ⬇️! #histoire#medievaltwitter
Ce texte, conservé dans un manuscrit appelé le Book of Leinster, met en scène un roi irlandais du VIIIe siècle, Niall Frosach, donnant audience lors d’une foire. Vient le voir une femme avec un bébé, qui a l’air bien embêtée...
Cette femme jure en effet n’avoir pas couché avec un homme depuis des années : elle demande alors au roi d’utiliser son « pouvoir royal » pour trouver la vérité et lui dire qui est « le père charnel de cet enfant ».