1/Je suis de ceux qui saluent cette initiative. Ce n'est ni une reddition de #Mila, comme on l'entend déjà, ni une vulgaire "opération de com" de Chems-Eddine Hafiz, mais un geste courageux de la part de ce responsable religieux. Voici pourquoi :
2/En recevant Mila, en la traitant avec égard, le recteur Chems-Eddine Hafiz prend des risques personnels bien plus grands qu'on ne le croit. Mila a concentré sur elle une telle haine que le recteur va s'aliéner nombre de fidèles, et pas uniquement les fanatiques estampillés...
3/Ce recteur qui avait (avant les attentats) engagé un procès contre "Charlie" a, depuis, fait amende honorable. Aujourd'hui, il reçoit avec bienveillance une jeune fille qui avait injurié sa religion : convenons qu'il a fait du chemin et encourageons-le. lefigaro.fr/vox/religion/l…
3/Si le recteur avait critiqué Mila, on le lui aurait reproché ; s'il lui avait demandé des excuses, on le lui aurait reproché ; s'il s'était tu, on le lui aurait reproché. A bon droit. Voici qu'il fait un geste d'hospitalité, et on le soupçonne de propagande ou de taqîya.
4/Si on décide que tout geste de bonne volonté de la part d'un responsable musulman est nécessairement de la taqîya, c'est qu'on postule qu'aucun musulman ne peut avoir une conception et une pratique républicaines de l'islam. Cette position n'est pas la mienne.
5/Qu'on m'entende bien. Le recteur dit que l'islam bien compris une "religion de paix". Ce n'est nullement ma position et, en règle générale, ce type de discours sur le "vrai islam" me paraît oiseux. Mais je me réjouis qu'il promeuve cette interprétation-là plutôt qu'une autre.
6/De même qu'on ne peut pas attendre du Pape qu'il ne soit pas catholique, on ne peut pas attendre de Chems-Eddine Hafiz qu'il ne défende pas sa foi. On peut espérer en revanche qu'il en soutienne une interprétation honorable et qu'il en accepte inconditionnellement la critique.
7/En accueillant Mila, en prenant à rebrousse-poil la frange radicale ou fanatisée des musulmans, le recteur s'est conduit en républicain. Je ne sonde pas les reins et les cœurs. Je le prends au mot. S'il devait faire machine arrière, je le critiquerais. En attendant, dont acte.
8/Il faut savoir ce qu'on veut. Soit on encourage tout ce qui œuvre à "républicaniser" l'islam (et on salue le geste du recteur) ; soit on décide qu'il y a incompatibilité absolue entre islam et république (et on fourbit ses armes). Je préfère être du côté de ceux qui espèrent.
9/En résumé. Merci au recteur Chems-Eddine Hafiz de son geste de bonne volonté. Courage à Mila dans cette épreuve inouïe, scandaleuse et inhumaine qu'aucune jeune femme au monde ne devrait vivre.
Et face à l'islam : accepter la main tendue et garder les yeux ouverts.
10/Pour ceux qui ont du temps à perdre (!) et que ces pbs intéressent, je me permets de renvoyer à ce fil où, à l'occasion d'une déclaration de Ghaleb Bencheikh sur le blasphème, j'essayais de réfléchir aux vertus et aux limites de l'ouverture religieuse.
1/Témoignage fort d'une ancienne juge à la Cour Suprême de Californie, qui a grandi dans l'Amérique de la ségrégation raciale mais qui refuse de se reconnaître dans la "théorie critique de la race" et le nouvel antiracisme woke. lefigaro.fr/vox/monde/jani…
2/La partie la plus émouvante de son témoignage tient à ses souvenirs d'enfance. L'Amérique des lois "Jim Crow", des toilettes réservées aux noirs, des familles blanches d'Alabama qui refusaient l'inscription des élèves noirs dans les écoles, des humiliations quotidiennes.
3/Elle évoque aussi le sentiment de dignité, le sens de la fierté qu'elle doit à sa famille qui l'incitait à travailler sans relâche, même si "le jeu était truqué", car il n'y avait pas d'autre issue. Elle dit avoir flirté quelque temps, dans sa jeunesse, avec la radicalité.
1/Le professeur Lama Abu-Odeh ose un parallèle historique entre islamisme et wokisme.
"Un jour, on s’est aperçu que toutes les femmes portaient le voile, et tous les hommes la barbe et qu'il était trop tard. L’idéologie «woke» se répand de la même façon." lefigaro.fr/vox/monde/lama…
2/"L’idéologie «woke» a tous les aspects d’un phénomène religieux. (...) Contre cette nouvelle censure, les gens de gauche sont incapables de défendre les principes les +fondamentaux (...) L’islamisme a commencé ainsi, en recrutant dans la classe moyenne éduquée" (Lama Abu-Odeh).
3/"Qu’est-ce que c’est que le racisme structurel? Vous ne pouvez pas le voir, ni le définir, mais il est partout! C’est une croyance, un concept quasiment mystique. Chaque fois que vous voyez une inégalité raciale, vous pouvez l’expliquer par le racisme structurel!" Lama Abu-Odeh
1/Il ne s'agit pas de décerner à #Mila un brevet de bonnes manières, mais de défendre sa liberté et sa sécurité. Parce que sa liberté et sa sécurité sont les nôtres.
Et que dans le sort de la jeune Mila se joue peut-être le destin de la vieille Europe.
2/On lit souvent que la nouvelle donne multiculturelle doit nous inciter à ménager davantage les sensibilités religieuses -en réalité, surtout celle de l'islam.
Cette approche, sous des dehors raisonnables, menace la possibilité même de la coexistence qu'elle prétend préserver.
3/C'est le contraire qui est vrai. On ne nous convaincra de l'innocuité de la coexistence avec l'islam que quand plus une seule Mila d'Europe ne sera menacée.
Mila, c'est le canari de la mine.
La sécurité de Mila, c'est le "crash test" de nos sociétés ouvertes.
1/Très belle réflexion de Cincinnatus sur le clivage droite/gauche. Un clivage que toute personne sensée reconnaît comme simpliste et appauvrissant, mais dont toute personne raisonnable sait combien il est difficile, sinon illusoire, de vouloir se passer tout à fait.
2/Cincinnatus montre bien que ce qui définit la droite et la gauche dépend de deux paramètres : un ensemble de valeurs et d'idées en recomposition permanente d'une part et un axe séparateur lui-même mobile selon les pays et les époques d'autre part.
3/Parfois c'est l'axe qui se déplace ("glissement tectonique" vers la droite ou la gauche), parfois ce sont les valeurs qui changent de camp (exemple : la "nation", valeur de gauche sous la Révolution, valeur de droite un siècle plus tard...).
1/Incompétence ou mauvaise foi? Prenons ce sempiternel exemple visant à dénoncer le sexisme de l'accord au masculin pluriel:
"«100 femmes et un chien sont revenus» : «La violence symbolique est hallucinante, analyse le psycholinguiste Pascal Gygax."
Non. letemps.ch/societe/lecrit…
2/Dans cet exemple (très artificiel), il faut être aveugle pour ne pas voir que la "violence insoutenable" n'a rien à voir avec l'accord au masculin pluriel. C'est l'énoncé lui-même qui est d'une muflerie sans nom en ce qu'il place sur le même plan une femme et des chiens...
3/Ce "psycholinguiste" militant attribue donc à une simple fonction grammaticale une dimension vexatoire qu'elle n'a nullement, sans voir que le sexisme est dans l'énoncé : "100 femmes et un chien". Incompétence ou idéologie, je ne sais.
1/Indispensable Brice Couturier qui - sur les ondes d'une radio à laquelle je reste fidèle mais trop souvent perméable ou complaisante au wokisme - nous offre de quoi penser et résister.
Témoin cette série de chroniques sur les politiques identitaires venues des Etats-Unis.
2/Quand on proclame que "le personnel est politique", qd l'identité se fait révolutionnaire, quand "parler en tant que" se substitue à "l’échange d’arguments entre personnes jouissant d’un statut épistémologique égal", la "déraison" (D. Murray) s'installe. franceculture.fr/emissions/le-t…
3/Le livre de Douglas Murray rend compte des divisions qui affectent la "communauté" lgbt, entre des militants homosexuels qui aspirent à la normalisation et la tendance queer, intolérante, dont le combat vise à "une transformation radicale de la société". franceculture.fr/emissions/le-t…