Thread by @AmauryBrelet

[THREAD] Le choix du président #Biden d'abandonner l'#Afghanistan aux #talibans est vieux, délibéré et assumé.

En 2009, en visite à Kaboul avec le sénateur républicain Graham, le VP d'Obama rencontrait le président Karzai. Mais la réunion tournait vite à l’aigre lors du dîner.

"Les choses doivent changer. Le président Obama veut vous aider, mais il faut que vous sachiez que vous ne pourrez plus décrocher le téléphone pour lui parler comme vous le faisiez avec Bush", insistait Biden. "Pas de problème", assurait Karzai en lançant des "formidable !"

Puis, #Biden critiquait son pouvoir corrompu et despotique à Kaboul. "Le seul problème qui nous gêne, ce sont les victimes civiles", rétorquait Karzai. "Les Afghans ne veulent pas que vous partiez. Notre intérêt est que vous l’emportiez sur le terrorisme. Nous allons vous aider."

Aux reproches de Biden sur ses diatribes anti-américaines contre les dégâts collatéraux de l'armée US, Karzai haussait même le ton : "Tout cela dure depuis trop longtemps. Le peuple afghan ne le supportera plus du tout. Le peuple afghan doit être un partenaire, pas une victime."

Joe Biden n’appréciait guère. "Nous allons nous améliorer. Mais si vous ne voulez plus de nous, nous partirons avec plaisir", menaçait le VP américain. "Il suffit de nous le dire. Au lieu d’envoyer 30 000 soldats, nous n’en mettrons que 10 000. Peut être même aucun." #Afghanistan

"Nous ne sommes que de pauvres Afghans. Je sais bien que tout le monde se moque de…", se lamentait alors Karzai. "C’est indigne de vous, M. le président", lâchait aussitôt Biden, en jetant sa serviette sur la table. #Afghanistan #talibans

De retour à Washington, Joe #Biden rendait compte à Barack Obama à la Maison Blanche : "Quand vous demandez à dix de nos soldats ce que nous sommes en train de faire là-bas, vous obtenez dix réponses
différentes. Nous sommes en pilotage automatique." #Afghanistan #Talibans

"D’ici un an, vous serez entièrement responsable de la situation en #Afghanistan", ajoutait le sénateur républicain modéré et faucon Lindsey Graham face au président américain. #Biden #talibans

Lors de la première réunion du Conseil national de sécurité dédiée à l'Afghanistan, où Obama et ses généraux discutaient renforts, #Biden s'emportait aussi. "Nous n’avons pas examiné en détail nos objectifs stratégiques", se plaignait le vice-président américain, isolé. #talibans

"Nous ne gagnons pas mais la guerre est loin d'être perdue", déclarait Biden. Il est pourtant le seul en février 2009 à s'opposer dans l'administration à l'envoi de 17 000 soldats de plus pour sécuriser la présidentielle afghane, en août, dans l'attente de la révision stratégique

En mars 2009, Obama et son Conseil national de sécurité passent en revue le rapport Riedel sur la situation en #Afghanistan. Dans l’équipe, tout le monde valide l’envoi de 4 000 instructeurs supplémentaires pour former les forces locales, sauf #Biden. #talibans

Sa désapprobation consignée, Joe Biden soutient alors la décision de Barack Obama. "Nous sommes à peu près d’accord sur la marche à suivre. Cela m’inspire certaines inquiétudes, mais les dés sont jetés", dit-il. #Afghanistan #Talibans

Apres la réélection frauduleuse de Karzai et une vague d'attentats, Obama réclame une refonte de sa
stratégie de contre-insurrection (COIN) consistant à combattre les insurgés tout en gagnant les
cœurs de la population. Biden y est farouchement opposé et le dit. #Afghanistan

Opposé à la COIN et à l’envoi de renforts, proposés par le Pentagone et validés par Obama, #Biden défend lui une doctrine de "contre terrorisme amélioré" (CT-Plus) qui associe forces spéciales, frappes de drones contre Al Qaida et formation de l’armée et de la police afghanes.

La stratégie ciblée et limitée, aux coûts financier, humain et politique moindres, permet de satisfaire l’opinion lassée par les guerres longues. "Pourquoi ne pas nous contenter de renforcer le CT ?" insiste Biden, rappelant qu’il y a moins de 100 combattants d’AQ en Afghanistan.

Les intérêts US doivent prévaloir. "L’idée d’un Etat de droit fort dirigé par un gouvernement Karzai centralisé n’est pas réaliste", dit Biden. "Il y a une incohérence fondamentale dans la stratégie." Sa position séduit les conseillers politiques d'Obama mais rebute les généraux.

En fait, c’est Obama qui a incité Biden à défier les militaires avec agressivité. "Poussez-les", l’a-t-il encouragé. "Exprimez très librement votre pensée. Poser les questions les plus impitoyables." Il joue le ventriloque et lui demande de dire tout haut ce qu’il pense tout bas.

Obama demande d’ailleurs à l’état major de se pencher sur l'option de Biden, mais le plan ne lui sera jamais envoyé. Pour le Pentagone, la CT est inopérante et vouée à l’échec sans renseignements humains, que seule la contre insurrection peut faire remonter. #Afghanistan

"Mener une campagne plus intense de contre-insurrection aux quatre coins du pays ne fera qu’accroître les coûts et exiger de nouveaux moyens", prévient Biden en réunion. "Il y a un effet ballon, on appuie ici, ça enfle ailleurs." #Afghanistan
#talibans #alqaida

"Sommes-nous prêts à nous engager partout où Al Qaida risque de surgir ?", ajoute Biden, jugeant "maigres" les perspectives de cette stratégie qui "demande toujours sept à dix ans". #Afghanistan #Talibans #alqaida

"La solution alternative n’est pas de nous en aller", remarque Biden mais la CT. "Si l’on arrange pas les choses au Pakistan, on ne peut pas gagner, dit-il aussi à Obama. Et si vous adoptez la stratégie du Pentagone, "ce sera votre guerre". "Ça l’est déjà", répond le président

En octobre 2009, Hillary Clinton, Robert Gates et les généraux (Mullen, Petraeus et McChrystal) réclament au moins 40 000 soldats supplémentaires. En face, Biden et d'autres sont contre. En privé, Obama penche lui pour la stratégie limitée de son vice-président. #Afghanistan

"Si le gouvernement afghan est toujours une association de malfaiteurs l’an prochain, en quoi les renforts feront-ils une différence ?" demande encore Joe #Biden en réunion à la Maison Blanche. Pas de réponse. #Afghanistan #talibans #Karzai

Une option hybride combinant CT (10 000 forces spéciales) et COIN (10 000 instructeurs) est aussi suggérée par Biden et Cartwright, le général préféré d'Obama. Le VP présente même le mémo en personne au président. Mais le document est enterré par le Pentagone. #Afghanistan

En novembre 2009, Obama annonce à son équipe à la sécurité nationale dans le Bureau Ovale en présence de Biden: "Le chiffre définitif du surge est de 30 000 hommes." Et "en juillet 2011, nous commencerons la réduction", soit un retrait lancé un an avant sa réélection #Afghanistan

"Je ne vous demande pas de changer ce en quoi vous croyez", dit Obama, "mais si vous n'êtes pas d'accord avec moi, dites le maintenant." Silence. "Dites moi." Et "si vous êtes d’accord, j’attends de vous un soutien inconditionnel." #Afghanistan #Biden

"Je vous soutiens entièrement", répond le général Mullen. "Idem", ajoute Petraeus. "Notre dossier est solide", affirme Gates, secrétaire à la Défense. "Je suis sûr que le Congrès nous appuiera" et les délais sont "corrects". Puis, Biden prend la parole... #Afghanistan #Obama

"Mon soutien est entier", affirme Biden. "Je considère cela comme un ordre du commandant en chef." Obama confirme : "Ce processus a été très utile. Il s’agit d’un ordre. Nous serons tous unis." Et le président assure à son VP que la deadline ne sera pas "annulée" par le Pentagone

"Le vice-président a joué un rôle vital dans ce processus", expliquera plus tard Barack Obama. Pour sauver la face, il a accordé aux généraux ce qu’ils voulaient, mais leur a demandé de quitter le pays plus tôt pour ne pas fâcher sa base électorale. #Biden #Afghanistan

Deux jours plus tard, Obama annonce sa décision à West Point, le 1er décembre 2009. Bientôt, 100 000 soldats US seront en #Afghanistan. Le candidat, qui a promis le retrait et "d’achever le combat contre Al Qaida et les talibans", préside alors à l’escalade militaire. #Biden

Obama promet aussi de protéger le peuple afghan et de lui fournir un gouvernement compétent. En revanche, la politique de "nation building" est abandonnée. Et les mots "victoire" et "gagner" ne sont jamais prononcés. "Contre insurrection" non plus. #Biden #Afghanistan

Pour l’équipe Obama, la catastrophe à venir semble pourtant prédestinée. "Bon sang !", s’alarme son conseiller adjoint à la sécurité nationale Tom Donilon. "Dans quel pétrin est-on en train de le fourrer ?" Dans les 3 ans, 13 000 soldats US seront tués ou blessés en #Afghanistan

En privé, le choix d’un départ précipité est durement critiqué par les généraux. "C’était clairement une décision politique", regrette alors un cadre du Pentagone. #Afghanistan #Biden

Le général David Petraeus avait aussi prévenu : "Si nous quittons le pays, le retour des talibans se produira sans tarder." Comme en Irak, "je ne pense pas que vous gagnerez cette guerre", avait-il même confié au président Obama. #Biden #Afghanistan

Mais la pression des élus progressistes et des activistes anti-guerre aura été trop forte. "C’est dur. Je ne peux pas perdre la totalité du Parti démocrate", a ainsi avoué Barack Obama au sénateur républicain Lindsey Graham. #Biden #Afghanistan

En privé, Hillary et Gates redoutent aussi la deadline. "C’est verrouillé. Il n’y aura aucune flexibilité", confirme pourtant Obama. "Les troupes commenceront à rentrer en juillet 2011. Point. C’est gravé dans le marbre." Son porte-parole, Gibbs, dit même avoir gardé le burin.

"Ho ho, c’est la première fois que j’entends ça. C’est un problème", dit Petraeus, surpris, à Graham. "Nous ne courrons pas vers la sortie, loin de là." Et il n’est "pas sûr" que la guerre s’achève fin 2014. Mais pour Biden le conflit se terminera à cette date "quoi qu’il arrive"

Sur le terrain, la COIN est un échec mais les raids des forces spéciales et les frappes de drones déciment Al Qaida. Suivront le retrait des troupes, le transfert aux forces afghanes et le processus de réconciliation avec les talibans #Biden #Afghanistan cfr.org/timeline/us-wa…

Sans surprise, Biden est partisan de la réconciliation. "Les talibans ne sont pas en soi nos ennemis. C’est crucial", dit-il fin 2011. "Il n’y a pas une seule déclaration faite par le président affirmant que les talibans sont nos ennemis parce qu’ils menaceraient les intérêts US"

2 mois plus tôt, les talibans tuaient pourtant 13 militaires et civils US dans un attentat. 4 mois plus tôt, ils tuaient 30 autres GIs. Pire, la MB prétend que les talibans ne sont pas une organisation "terroriste" mais une "insurrection armée" formée de "combattants ennemis"

Pour #Biden, "5% des talibans sont incorrigibles, insensibles à quoi que ce soit d'autre que d'être vaincus. 25% environ ne sont pas très sûrs de l'intensité de leur engagement dans l'insurrection. Et 70% sont impliqués à cause de l'argent." Une analyse démontée par les experts.

On connait la suite... #Biden #Afghanistan #Taliban

https://twitter.com/RichardEngel/status/1426854846506876936?s=19

Quelques articles pour comprendre le processus de décision récent de l'administration #Biden de quitter l'#Afghanistan. #Taliban
>nytimes.com/2021/08/14/us/…
>washingtonpost.com/national-secur…
>politico.com/amp/news/2021/…

Je laisse le mot de la fin à Robert Gates, ancien secrétaire à la Défense des présidents Bush et Obama... #Biden #Afghanistan #Taliban

https://twitter.com/TommyPigott/status/1426666027992195074?s=19

*Conseil de sécurité nationale

*Posez