Thread by @mimiryudo

🚨 EXCLUSIF 🚨
La première version de la préface du livre de Jean-Michel Blanquer vient de fuiter ! (Il parait que c'est un peu édulcoré dans le texte final). ⤵️

https://twitter.com/mimiryudo/status/1428684100995530759

Le précédent titre était un peu moins fort que "l'Ecole ouverte" mais je trouve quand même que "L’école que personne n’a voulu fermer mais que j’ai maintenu ouverte tout seul" était plus réaliste.
En tout cas, belle entrée dans la collection "N'a Rien Foutu" de Gallimard 👍

« Je fais et ferai tout pour que cette épidémie ait eu au moins ce mérite : me permettre de réécrire l’Histoire en ma faveur chez Gallimard.
Il y a encore dix-huit mois, je n’étais critiqué que par les enseignants, et l’effet de l’habitude avait comme dilué ce sens.

L’arrivée du virus a constitué un point de bascule historique : désormais, en plus du personnel de l’éducation, élèves, parents, médecins et scientifiques attendaient de moi que je sécurise l’école. Mais je n'avais pas envie, en plus il y avait l'Euro et les JO.

Dans cette situation incertaine s’est joué le choix entre une école vue comme un lieu d’apprentissage ou comme une garderie visant à laisser les parents au travail, une variable d’ajustement à une reprise économique fantasmée.

Il me fallait créer une diversion. Ainsi, chaque fois que les gens me demandent ce que je compte faire pour sécuriser les écoles, je leur réponds que je vais les laisser ouvertes. Quand ils me rétorquent que ça n’est pas leur question, je leur propose de la fermer. »

Voilà. Ça c’est moi. Jean-Michel Covid, ministre de l’Éducation, de la Jeunesse, d’Avenir Lycéen, des Masques-Slips, du Service National et surtout des Sports. Je suis dans la vie comme sur un ring : droite, droite, droite et encore droite.

Je suis là pour dicter l’Histoire, pas pour subir la réalité.

Dans mon Histoire, les enfants n’attrapent pas le virus. Et s’ils sont infectés, ce n’est jamais à l’école : c’est à la maison par les proches, qui se sont contaminés dans les transports en commun (ndlr : démenti par JB Djebbari) ou au travail (ndlr : démenti par E Borne).

Je suis là pour dicter cette Histoire, afin qu’elle remplace cette réalité sordide, qui m’a obligé à imposer le masque et rédiger des protocoles sans envie — en choisissant parmi les scientifiques ceux qui partageaient mon avis, quitte à en changer au fil du temps.

Après tout, manipuler l’Histoire, c’est déjà un peu la toucher du doigt...

L’Histoire… Ce mot m’obsède, alors que je termine cette préface. Nous sommes en mai 2021. Il me faudra désormais faire coller les protocoles sanitaires à mon Histoire ; je ne peux pas permettre ce variant delta gâcher mes prédictions. Je suis préparé à tout, mais pas à ça.

Bien sûr, je pourrais aussi ne rien écrire. Mais ce serait indigne de ma part : les scientifiques réclament de l’aération, je me dois de leur fournir du vent.

Avec d’autres ambitions, j’aurais pu réduire drastiquement les infections virales pour les décennies à venir, promouvoir un air de qualité qui favorise concentration et apprentissage ; j’aurais pu faire de l’école le combat de notre siècle…

Mais l’Histoire ne retient pas ce qui n’a pas été fait, juste ce qu’on lui dicte. Alors je vais lui conter celle d’un homme qui a maintenu les écoles ouvertes, contre ceux qui réclamaient davantage de prévention.

L’exploit est là : personne n’en a réclamé la fermeture, mais moi, j’ai réussi à la maintenir ouverte malgré tout — sauf quand il a fallu la fermer à la dernière minute, faute de prévention.
Je suis celui qui a maintenu l’école ouverte, envers personne.

Je suis celui qui a refusé la prévention, quoi qu’il ait pu en coûter.
Mais peu importe les erreurs que j’ai commises : l’Histoire est écrite par les gagnants, et je vais me blanchir dans la Blanche.
(Fin de la préface).