Ça fait longtemps que ça vous manquait alors #UnLapinUnThread sur les troubles du sommeil...chez les femmes.
(Oui maintenant y'a un logo...)
Alors on est d'accord que la question du sommeil des femmes peut paraître incongrue.
D'une part parce que le sommeil est un des phénomènes les comparables chez les mammifères
D'autre part parce qu'a priori les différences hommes/femmes en terme d'hormones et de reproduction sont responsables de presque toutes les différences observées.
Sauf que les a priori sont souvent trompeurs et on va regarder ça de plus près.
Commençons par un flot de données épidémiologiques. C'est bien, ça fait savant, et ça permet de faire la malin en discutant avec les caisses automatiques du parking.
Les femmes dorment mieux que les hommes quand on prend des paramètres cliniques (durée et qualité du sommeil profond en polysomnographie).
Cependant le ressenti est mauvais :
- 60% disent dormir mal
- 46% disent dormir mal toutes les nuits.
Et cette mauvaise qualité est perçue à tous les âges.
Avec parfois des choses mal enseignées, donc mal expliquées, donc sources d'inquiétudes, de stress et de consultation totalement inutile.
On a par exemple les troubles lors des premières règles, avec alternance insomnies/hypersomnies pendant plusieurs mois et une somnolence diurne éliminée par la prise de contaceptifs oraux (ce qui illustre le rôle des hormones sans que cela ne soit une indication de prescription)
On a aussi la grossesse avec
- 30% de femmes qui ont de très mauvaises nuit
- 84% de femmes qui ont au moins quelques mauvaise nuit par mois
- 40% de femmes présentant des ronflements, d'apnée du sommeil ou un syndrome des jambes sans repos.
Et certaines études corrélent un mauvais score sur l'échelle d'Epworth (échelle de qualité du sommeil) avec le risque de diabète gestationnel.
En post partum, et indépendamment de l'activité nocturne de l'enfant :
- 52% dorment mal
- 19% ont une dépression du post partum avec des insomnies sévères
- et presque toutes ont des anomalies électrophysiologiques
Lors de la ménopause
- le nb de femmes qui se plaignent d'un mauvais sommeil passe de 35% à 60%
- en l'absence d'hormonothérapie substitutive la prévalence de l'apnée du sommeil rejoint celle des hommes
- les bouffées de chaleur provoquent des insomnies chez 60% d'entre elles
Et pour ceux qui ne le savent pas, l'apnée du sommeil est un facteur de risque indépendant d'accident vasculaires cérébraux avec une augmentation de ce risque de 1,6 à 2 fois.
Il existe également d'autres corrélation entre apnée du sommeil et sexe féminin comme par exemple plus de céphalées matinales que les hommes en particulier si elles sont par ailleurs migraineuses (les hommes eux se viandent plus souvent en bagnole à cause de la somnolence).
Petit focus (ça fait très présentation DRH ça) sur le syndrome des jambes sans repos (SJSR) (un truc vraiment encore plus pénibles que le vrombissement aigu des moustiques en plein été quand il fait 43° dans le chambre) :
Le SJSR touche 5 à 10% de la population générale. Mais il est jusqu'à 3 fois plus fréquent chez les femmes, âgées, ou lors du 3e trimestre de la grossesse.
Le SJSR est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant avec 1,45 fois de décès par une de ces pathologies.
Autre focus (là on est dans de l'hubris de DRH) l'insomnie en elle-même est un facteur de risque de douleurs chroniques, de dépression, et de troubles du comportement alimentaire.
Elle est également responsable d'une augmentation des anomalies inflammatoires.
Dernier focus sur les troubles alimentaires nocturnes liés à un mauvais sommeil :
- ils touchent à 80% les femmes
- représentent un surpoids de 12,6 kg en moyenne
- sont particulièrement présents vers 40 ans.
Bon là vous êtes gavés de chiffres, donc faites une pause, pour que je puisse vous en redonner d'autre.
Pour vous aider à vous embrouiller, en voici une autre série assez curieuse :
On a vu qu'un mauvais sommeil pouvait provoquer tout un tas de trucs graves, en dehors de la baisse de la qualité de vie.
Mais dormir plus (en temps et qualité) est-il meilleur ?
Une seule étude (qui est pas mal faite, mais qui reste à confirmer) montre que :
Les cancers associés aux hormones féminines (seins, ovaires, utérus) sont légèrement plus fréquents chez les femmes qui dorment le plus..
Bon mais une fois qu'a pulvérisé des chiffres partout dans la pièce au point de saturer l'atmosphère, est-ce qu'on une explication logique ?
La réponse est : bof.
Les oestrogènes réduisant la durée et la qualité du sommeil REM
La progestérone augmente la latence et réduit la durée du sommeil REM
Mais il y a sans doute plein d'autres facteurs qui jouent.
Et du coup peut-on y faire quelque chose ?
Bah pas vraiment (mais un peu plus qu'en neurologie pure quand même)
En dehors des conseils habituels sur l'hygiène du sommeil on peut :
- proposer d'adapter les traitements hormonaux (instauration, modification, arrêt, selon la situation, ce qui signifie qu'il est des situations où un traitement peut être proposé non pas à visée contraceptive, mais pour permettre un meilleur sommeil).
- proposer des IRS, non pas pour leur effet antidépresseurs, mais pour leur effet régulateur du sommeil (qu'on oublie toujours)
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Le seul truc inhabituel du jour dans mon hôpital est la lumière jaune qui clignote quand on badge pour entrer dans le service. Il va sans doute falloir changer les piles.
Après il existe des hôpitaux où la situation est légèrement plus compliquées mais sans que ce soit le chaos qu'on a connu. Et ce pour deux raisons :
1- on a appris (dans la douleur) à se réorganiser. Là où l'absence d'un IDE ou d'une médecin était un drame il y a deux ans, cela n'est maintenant pas plus perturbant que le flux d'absentéisme habituel.
2- on a également appris (toujours dans la douleur) à aller à l'essentiel.
Pendant que vous bossez et que Twitter est calme, voilà un #UnLapinUnThread qui devrait, si j'arrive à synthétiser mes idées, vous faire revoir totalement la notion de cerveau. Rien que ça.
Et on va même utiliser des mots compliqués, mais avant ça, on va parler d'Imhotep.
Préambule.
Pour comprendre en quoi on est en train de revoir la notion même de cerveau et de neuroanatomie, il faut déjà comprendre ce que l'on pensait comprendre (!).
Et pour cela il faut comprendre d'où l'on vient.
Alors on va faire un peu d'histoire.
Il est mince, il fait beau (oui parce qu'on ne sait sait pas si le héros en lui-même l'était), il sent bon le sable chaud... Et notre héros est une sorte de légionnaire.
Nous sommes quelque part au XXVII (27e) siècle avant notre ère en Égypte.
Les anciens neurologues utilisaient des noms propres imprononçables pour tout est n'importe quoi afin de dérouter l'ennemi. Mais on a du mal à imaginer à quel point. En voici un exemple avec :
Vladimir Mikhaïlovitvh BECHTEREV
(1857-1927).
Grâce à Vladimir on a :
Le réflexe de BECHTEREV (1er)
-- flexion du gros orteil quand on tape le tarse et qui est un équivalent de signe pyramidal --
Le réflexe de BECHTEREV (2e)
-- flexion du pectoral quand on tape son tendon d'insertion humérale (ça sert à rien, c'est juste drôle) --
Suite à une idée de @trulleauPT_PhD je vais essayer de vous donner mon point de vue totalement subjectif sur les autres professions qui interviennent dans les soins en neurologie.
Et logiquement on va commencer par les kinés.
Alors commençons par ma déclaration d'intérêts : je ne suis pas kiné, aucun membre de ma famille n'est kiné, aucun kiné ne me paye et vice versa. D'ailleurs je ne suis suivi par aucun kiné alors que je devrais.
Mais sinon pourquoi la kinésithérapie est-elle utile en neurologie ?
Vous allez pas le croire, mais la réponse est bien plus fondamentale qu'une simple énumération de techniques ou de maladies.
La réponse est liée à la neuroanatomie fonctionnelle.
Tout commence quelque part il y'a une environ cinq ans à dix ans près.
Monsieur X bosse dans une administration quelconque dans un endroit qui l'est tout autant, avec une passion pour son boulot fluctuant entre le rien et le pas grand chose.
C'est important pour la suite.
Un jour monsieur X va voir son médecin traitant (et non je vais pas le critiquer) pour renouveler un traitement antidépresseur au long cours qui marche bien.
L'idée de discuter de la fatigue dans les pathologies neurologiques vient d'une conversation récente avec quelqu'un que j'apprécie énormément et qui souhaitait savoir si cela est connu, fréquent, et, accessoirement, si on pouvait y faire quelque chose (spoil : bof).
Du coup commençons par un problème de vocabulaire auquel se heurtent beaucoup de patients fatigués, qui les prive parfois d'une prise en charge adaptée, et qui induit des erreurs diagnostiques :