Passons sur le titre, on s’en est déjà expliqués. Passons directement à la phrase d’accroche : « il faut accepter de réduire les rendements »
Alors il faut faire un peu de sémantique : le rendement, c’est quoi ?
Le rendement, c’est la production que l’on tire de la surface agricole.
Si on veut que le revenu soit constant, il faut soit avoir un rendement faible MAIS des prix élevés, soit un rendement élevé qui nous permet des prix bas.
Globalement l’agriculture conventionnelle est plutôt dans la deuxième catégorie, quand que l’agriculture bio se situe sur la première.
Ok, il arrive aussi qu’on produise beaucoup et qu’on vende cher, ou l’inverse, mais restons sur les généralités pour rester simples.
Côté consommateur, on a donc des gens qui payent plus cher leur alimentation, et des gens qui cherchent toujours (pour plein de raison) le moins cher du moins cher.
Fournir des bien alimentaires à des gens qui ont un pouvoir d’achat élevé, ça n’a jamais été un problème, on sait très bien faire.
Malheureusement, ce créneau est minoritaire dans le panel des consommateurs Français.
Pour faire un parallèle automobile, on vend plus de Dacia que de Ferrari en France
Bien sûr pour avoir un rendement plus élevé, il faut plus d’intrants (engrais et produits phytos) que pour produire moins. Ce qui implique des coûts supplémentaires : jusque-là, rien de bien compliqué.
L’ambition de @sandrousseau est donc de réduire au max, voir de supprimer ces intrants, pour ne plus subir l’impact sur l’environnement et sortir d’une dépendance fantasmée a bayer-monsanto.
Effectivement, on peut aussi se dire que les voitures polluent, donc on supprime les voitures, et on a plus de pollution.
Le problème de la pollution est résolu , mais on s’en crée d’autres, à court terme, très impactants.
@agrikol explique que ces produits sont utilisés quand nécessaire et à la dose minimale, grâce notamment à des outils de précisions qui n’existaient pas il y a 10 ans par exemple.
Vient un désaccord sur les chiffres de ventes de pesticides : la réalité est que ça augmente en pesticides bio et biocontrole, et que ça diminue en produits classés CMR
Pour faire simple, on utilise plus de produits réputés peu dangereux, et moins de produits réputés dangereux.
Donc oui, c’est positif. Mais @sandrousseau insiste : il faut réduire TOUS les pesticides, même en bio, quitte a produire moins.
C’est un point fondamental qu’il faut comprendre : la quantité de nourriture dont la planète a besoin augmente chaque année en raison de la hausse démographique, mais aussi de la hausse continue du niveau de vie moyen.
Des gens qui sortent de la pauvreté, c’est plutôt positif.
Il faut donc produire un peu plus cette année que l’année derniere, et il faudra produire au global , un peu plus l’année prochaine que cette année si on veut nourrir tout le monde.
Bien sûr, toute cette nourriture produite n’est pas utilisée de façon optimale : le gaspillage est très important, mais il n’a pas lieu au meme stade dans tous les pays.
Globalement dans les pays développés comme le nôtre, il a plutôt lieu a l’étape distribution / consommation qu’a l’étape production.
Donc merci de finir votre assiette et de ne pas laisse permier des trucs au frigo.
On pourrait aussi se dire que certains pays comme la Russie pourraient tout a fait servir de grenier du monde, d’ailleurs c’est ce qu’ils sont devenus en quelques années, et leurs ambitions en la matière sont colossales.
Certains pays d’afrique sub saharienne ont aussi des terres cultivables qui pourraient servir de réserve pour la production.
Mais ça risque d’augmenter la déforestation.
Sauf que aujourd’hui, le ventre du monde est en Asie : la Chine importe 60%, le Japon et l’indonésie figurent parmi les plus gros acheteurs de céréales. Il ne s’agit pas de pays pauvres dont l’agriculture est écrasée par les importations…
… mais de pays dont le sol, le relief, le climat, la population ne permt pas, et ne permettra jamais de produire suffisamment.
D’autres pays , moins riches, sont pourtant dans la même problématique, Egypte et Algérie en tête.
Clairement, si la France se retire du commerce des grains, ces pays trouveront ailleurs. Cela fera mécaniquement augmenter les prix de quelques dollars, mais ça ne changera pas la face du monde.
En revanche, si tout le monde applique la même logique, c’est la famine assurée pour une large partie de la planète.
Revenons donc aux intrants dont a besoin un agriculteur, ils sont (en gros) de 3 ordres :(Oui je simplifie, râlez pas)
-les engrais
-les produits phytos, les méchants pesticide
-les semences
Les fabricants d’engrais sont peu connus du grand public, mais leur nombre est tout de même assez limité : c’est une industrie lourde qui nécessite de gros capitaux, les regroupements ont donc eu lieu.
Aujourd’hui les fabricants d’engrais sous forme d’urée/ d’ammonitrate/ potasse se comptent peut etre sur les doigts des deux mains.
Pour les phytos, les mêmes motifs conduisent aux mêmes conséquences : la recherche coute tellement cher que de gros regroupements ont eu lieu.
Bon en même temps, celui qui mettait au point une molécule plébiscitée par le monde agricole se retrouvait assez vite avec beaucoup d’acheteurs interessé, il y avait donc un monopole de fait, sauvegardé par la propriété intellectuelle.
D’ailleurs vu qu’on en parle, la formule du glyphosate est tombée dans le domaine public il y a près de 20 ans, il est aujourd’hui fabriqué en Chine par des gens dont vous ignorez le nom.
#Monsanto n’a donc plus sa poule aux œufs d’or depuis quelques années déjà.
Pour les semences, c’est radicalement différent. Si certains fabricants de phytos font aussi des semences, il existe une foule de semenciers qui se battent pour proposer la meilleure variété possible.
Pas vraiment d’oligopole dans ce domaine-là, d’autant qu’on peut fabriquer sa propre semence de céréales soi-même, sans la racheter à qui que ce soit.
Tous ces produits ne sont pas achetés directement par les agris auprès des fabricants, ce sont des groupements d’achats (négoces/ coopératives/unions) qui s’en chargent pour leur compte : le but est de peser face aux « gros » pour avoir de meilleures conditions.
Je passe sur la petite phrase « faites attention à ne pas vous faire leurrer par des discours faits pour que vous continuiez à acheter ces produits » , c’est très méprisant.
Les agris achetent ce qu’ils veulent, quand ils estiment en avoir besoin et pas parce qu’ils ont vu une pub dans @FranceAgricole
Par contre, il y a des points d’accord , notamment sur les importations : ne pas importer de produits dont le mode de production est interdit en Europe.
En conclusion : des idées très théoriques qui part de bonnes intentions ( sauvegarder l’environnement) mais qui très rapidement pose des problèmes qui n’ont pas de solution .
Pour mémoire je vous recolle ici mon #thread Dans lequel je détaille pourquoi on ne peut pas voir l’agriculture uniquement par le biais de son impact sur l’environnement ou par la nécessité de produire à manger.
Il faudrait selon eux des « communautés autonomes », et il surtout « s’extraire du capitalisme ». Ca peut marcher à la marge : chacun est libre de vivre en totale autonomie sur sa ferme.
Les exemples cités ici sont soit des #ZAD comme a #NDDL, soit des jardins partagés : un des points communs est donc de n’avoir jamais acheté ou loué les terres en question, mais les avoir soit occupés par la force, soit en avoir obtenu la jouissance par une administration.
Mais au-delà de l’anecdote, il faut comprendre que l’Italie, qui est très importatrices de matières 1ères agricoles car très déficitaire, veut reprendre la main et, petit à petit, remets en place des productions en filière tracée
Le but est de réussir à produire au moins le « haut-de-gamme » que ce soit en farine, ou ici, avec des noisettes. @Barilla fait la même chose avec le blé tendre pour ses biscuits.
Le prix des céréales dans le monde remonte, c’est vrai.
Mauvaise récolte et en Amérique du Nord, moins bon que prévu en Russie, qualité très dégradée en France, etc.
En face de cela il y a toujours autant de besoin à couvrir, voir même de plus en plus au fur et à mesure de l’augmentation de la population mondiale et de son niveau de vie.