Bonjour, retour au palais de justice de Paris en ce début de semaine pour suivre le procès des attentats du #13Novembre2015 pour les journaux du groupe @EBRApresse #PQR
Ce lundi, la cour d'assises spécialement composée devrait examiner le dernier volet des constatations des tueries du 13-Novembre, avec un retour sur les terrasses endeuillées: la fusillade de la Belle Equipe où 21 personnes ont été tuées, et le Comptoir Voltaire.
C'est au Comptoir Voltaire de Brahim Abdeslam, le frère de Salah, a activé sa ceinture explosive, sans faire de mort mais blessant de nombreuses personnes.
La semaine dernière, des enquêteurs intervenus sur les scènes de crime du Carillon, du Petit Cambodge, pui de la Bonne Bière et du Casa Nostra ont dit l'état de "sidération" face aux "scènes de guerre" auxquelles ils ont été confrontés. c.dna.fr/faits-divers-j…
Puis vendredi, c'est un policier chargé des constatations au Bataclan qui est venu livrer son témoignage. c.dna.fr/societe/2021/0…
On ne connaît pas encor avec précision le planning de la semaine, mais la cour devrait se pencher mardi sur les revendications des frères Clain avant les dépositions, mercredi, des policiers intervenus au Bataclan (Bac et BRI) pour faire cesser l'attaque.
La journée de jeudi devrait être consacrée aux constatations médico-légales, et vendredi aux experts scientifiques qui évoqueront les relevés ADN et la constitution des ceintures explosives.
13h12: l'audience est reprise au procès des attentats du #13Novembre2015.
Si l'audience avec tant de retard, c'est parce qu'un accusé libre a eu un souci de RER. Le président lui demande de "prendre [ses] précautions."
Le président indique que le témoin "Sdat 99" déjà intervenu la semaine dernière ne pourra pas être entendu comme prévu demain. Il le sera vendredi. En conséquence, et en l'absence d'autres auditions prévues, il n'y aura pas d'audience mardi.
Le premier témoin à s'approcher de la barre est le policier qui dirigeait la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles le soir des attentats.
En avant-propos, il s'excuse si ses propos peuvent "paraître froids ou déshumanisés" et il dit penser tant aux victimes, à leurs familles, qu'aux rescapés.
C'est son services qui, exceptionnellement et dans le cadre du "plan attentat" déclenché le soir du 13-Novembre que la PJ de Versailles est intervenue dans Paris, pour assurer les constatations sur la terrasse de la Belle Equipe.
C'est vers minuit qu'ils sont arrivés sur place. "L'ambiance était assez pesante, dit-il. Il n'y a pas de bruit, pas de circulation à part les secours, et les sirènes des secours. Les rues sont bloquées par la police ou l'armée."
La terrasse de la Belle Equipe fait une "grosse quarantaine de mètres carrés". Il y a là 13 victimes dont les corps sont recouverts par des draps. Dans un restaurant voisin, le Petit Bïona qui avait été transformé en poste médical avancé, 6 victimes n'ont pu être réanimées.
Le policier commence à détailler la même méthode de travail que ses collègues la semaine dernière: découpage de la scène en différentes zones de travail.
Le policier va présenter un film tourné par un témoin de l'attaque avec son téléphone. On n'y voit aucune victime précise-t-il.
Mais on y verra les terroristes, qui ont agi à visage découvert, et leur cheminement.
C'est un film qui dure 28 secondes. On entend "beaucoup de tirs", prévient le président Periès.
La vidéo vient d'être projetée. Elle est effroyable. Elle est prise d'un immeuble, assez haut. On y entend des rafales de tirs, au moins 25 coups de feu.
Il enchaîne avec une photo de la terrasse telle qu'elle se présente quand il arrive sur place: de nombreux corps, sur un petit espace. Tous sont recouverts de couvertures de couleurs très différentes.
Quelques bancs derrière, une femme partie civile s'est effondrée en pleurs devant la vidéo qui ne présente aucune victime mais qui était d'une grande violence.
Sur les écrans apparaît maintenant un plan de la terrasse, avec les corps dessinés en petites silhouettes de couleur qui prennent la forme des corps tels qu'ils étaient positionnés. De A à M.
"Toutes les blessures étaient des blessures par balles."
Le policier reprend chaque victime une à une: nom, prénom, date de naissance, position du corps, et zones blessées.
La victime "A" a été touchée "au cou, la clavicule, à l'abdomen,à la poitrine." La victime B "à la bouche, au cou à l'abdomen, à l'épaule droite, à la jambe gauche". Les blessures sont toutes multiples. On prend conscience de la brutalité de ces faits.
Cette déposition sonne comme un dramatique écho à celles de la semaine dernière: une image de la terrasse ensanglantée est projetée.
Le policier opère de la même manière pour les six victimes retrouvées au Petit Baïona, devenu poste de secours avancé.
Le policier précise que la Belle Equipe "est un lieu de rencontre entre gens qui se connaissaient. Il y avait ce soir-là au moins deux anniversaires: la plupart des victimes étaient venues en groupe."
La PJ de Versailles a également recueilli des témoignages, dont celui de deux internes qui ont croisé les terroristes juste avant l'attentat. "Ce soir l'Etat islamique est venu vous égorger", leur ont-ils dit, ajoutant: "C'est pas une blague."
Le policier conclut son exposé, avec notamment cette remarque: "aucune trace de lutte" n'a été relevée sur la scène de crime. Les victimes n'ont pas pu se défendre.
Les trois terroristes ont tiré au moins 164 fois sur la terrasse de la Belle Equipe. Les 3 armes ont tiré. Sur la vidéo, on peut voir l'un d'eux (Brahim Abdeslam) tirer en continu pendant 20 secondes, vidant son chargeur.
Le policier, qui répond maintenant aux questions des parties, précise que l'attaque a duré au total "entre une et deux minutes". La vidéo de 28 secondes, filmée du 6e étage d'un immeuble de la rue de Charonne, n'en montre que la fin.
Un avocat pose une question très simple, mais sans doute importante pour les proches d'une victime retrouvée assise sur sa chaise. "Est-elle morte sur le coup?" "On peut le privilégier, répond le policier. Sa position laisse penser qu'elle était inanimée à l'arrivée des secours."
Il explique toutefois qu'il est "impossible" de reconstituer l'attaque précisément. On se sait pas quel terroriste a tiré sur quelle victime.
Les questions sont terminées. L'audience est suspendue, mais juste avant, Salah Abdeslam a repris la parole.
Dans un discours à nouveau politique, il a déclaré qu'il fallait remettre les attentats "dans leur contexte" et les a de nouveau justifiés par les frappes contre Dzceh: "Si la France compte ses morts, nous avons arrêté de les compter", dit-il.
"On peut se faire la guerre, s'entretuer et se détester mais la porte du dialogue doit toujours rester ouverte", dit même le terroriste, provoquant stupéfaction et même rires dans la salle d'audience.
"Ce n'est pas en tirant sur des civils dans un restaurant, dans une salle de spectacle ou ou une salle de sport qu'on est dans le dialogue", reprend alors le président Periès.
Le président renvoie la question au volet sur les contexte géopolitique des attentats, qui sera évoqué début novembre: "ce que vous dites est sujet à caution", rappelle-t-il à Salah Abdeslam, qui accuse la France d'avoir "tué, massacré" des gens en Syrie.
"Le 13-Novembre était inévitable, ajoute le terroriste. Mais vous pouvez éviter de nouveaux 13-Novembre. C'est pour ça que je parle de dialogue." Nouvelles réprobations dans la salle.
"Ces terroristes, ce sont mes frères, conclut Salah Abdeslam." L'audience est maintenant suspendue.
L'audience reprend avec un nouveau témoin. Il s'agit du policier chargé de synthétiser les constatations réalisées au comptoir Voltaire, la terrasse où Brahim Abdeslam a activé sa ceinture explosive, blessant des dizaines de personnes.
Le policier, qui dépose lui aussi anonymement, dénote un peu de ses jeunes collègues qui l'ont précédé: chemise bleue et veste en cuir, sans cravate, une cinquantaine d'années.
Il nous présentera également une vidéo.
Le policier explique qu'il est aujourd'hui retraité de la police. Le soir des attentats, il était chef de la brigade criminelle de la PJ de Lille, appelée en renfort le soir des attentats.
La vidéo que nous venons de voir vient de la vidéosurveillance de l'établissement. Elle est en couleur, de bonne qualité, et filme près de la scène de crime.
Sur ces quelques secondes de vidéo sans son, on voit Brahim Abdeslam entrer tranquillement dans le bar. Il passe derrière une serveuse qu'il bouscule légèrement, puis il disparaît soudainement dans l'explosion qu'il provoque.
IL n'y a pas de souffle visible sur les images, et le regard se porte sur un client tout près, très grièvement blessé, qui ne bouge pas au milieu de la panique générale.
L'absence de mort sur cette scène semble tenir du miracle: 120 écrous et 58 impacts de boulons retrouvés dans les vitrines de la terrasse, d'autres découverts de l'autre côté de la rue (dont un au 2e étage).
Le policier demande s'il doit montrer l'image du cadavre de Brahim Abdeslam, le kamikaze: "Non pas forcément", répond le président. "Il va falloir que je fasse le tri dans les photos alors", reprend le témoin.
A noter que seule la partie dorsale de la ceinture explosive a fonctionné, pas la partie ventrale.
Sur la ceinture ADN, les enquêteurs ont retrouvé les profils génétiques de Brahim Abdeslam bien sûr mais aussi d'autres membres des commandos: Bilal Hadfi (terrasses), Foued Mohamed-Aggad (Bataclan) et Ahmed Alkhald, l'artificier de Daech, lui aussi accusé mais sans doute mort.
Voilà, l'audience du jour est terminée. Elle reprendra mercredi. Bonne fin de journée à tous.

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17 Sep
"Des victimes sont acheminées sur des barrières ou sur des chaises." "C'est terrible, dit-il. Il y a des personnes décédées, des gens encore stabilisés, avec des potences. Des blessés sont sur le trottoir, hagards."
"Il y a des victimes qui crient, qui hurlent, ensanglantées", explique le policier.
"Il n'y a pas d'autre mot: c'est la sidération", dit-il en décrivant son état d'esprit quand il arrive devant le Bataclan.
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17 Sep
Bonjour et bienvenue au palais de justice de Paris pour cette journée d'audience au procès des attentats du #13Novembre2015 qui s'annonce importante: la cour va se plonger dans les constatations réalisées au Bataclan, où 90 personnes ont été tuées.
Hier déjà, elle a examiné les scènes de crime du Stade de France et de deux fusillades sur les terrasses parisiennes: Le Carillon et Le Petit Cambodge, puis La Bonne Bière et le Casa Nostra. leprogres.fr/faits-divers-j…
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16 Sep
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Ce sont des extraits de vidéosurveillance.
Première vidéo: il s'agit en fait d'une succession d'images de vidéosurveillance. On y voit la deuxième explosion, puis l'arrivée des secours.
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16 Sep
Bonjour, nous voici ce jeudi au palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité, pour suivre l'audience du jour au procès des attentats du #13Novembre2015 pour les quotidiens du groupe @Ebra.
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15 Sep
Bonjour, nous venons d'arriver au palais de justice de Paris pour le procès des attentats du #13Novembre2015. Ce mercredi marque la première semaine d'audience. @EBRApresse
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14 Sep
Bonjour à tous, pas de live-tweets du procès des attentats du #13Novembre2015 pour nous aujourd'hui. La cour entendra la juge d'instruction belge en charge du dossier, Isabelle Panou.
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