Le président fait prêter serment à une nouvelle interprète. Ils sont nombreux à ce procès, tant pour les accusés non francophones que pour les parties civiles étrangères.
Le premier policier que l'on doit entendre aujourd'hui s'avance à la barre. Il souhaite rester anonyme.
A noter que, comme Christophe Molmy que l'on entendra après lui, il est partie civile (et non simple témoin) à ce procès.
"Je souhaiterais avoir une pensée pour les victimes"
BAC 75N : "Nous avons fait le maximum et nous sommes même allés au-delà de nos capacités opérationnelles. Nous aurions souhaité faire plus et nous portons le poids de la culpabilité comme tous les policiers, depuis ce jour".
Le policier BAC 75 souhaite également rendre hommage aux policiers intervenus ce soir là, à ses collègues de la BAC nuit, à ceux de police-secours, aux forces de l'ordre qui ont oeuvré cette nuit du #13Novembre
BAC 75N : "ce #13Novembre 2015 c'était un vendredi banal, même si on sait en tant que policiers que les vendredis et samedis sont toujours un peu plus tendus. J'avais pris mes fonctions à 18h avec mon équipier. Nous étions en tenue de la BAC nuit, dans un véhicule banalisé".
BAC 75N : "vers 21h35, j'ai reçu un premier appel. Le chef de salle m'a informé d'une explosion qui venait de se produire au Stade de France. Quelques instants plus tard, un autre appel m'a informé d'une fusillade rue Bichat. Sans notion d'un attentat."
BAC 75N : "j'ai décidé avec mon coéquipier de me rendre au Stade de France. Sur le chemin, nous avons eu l'information d'une seconde explosion au Stade de France. Il y a une confusion sur les ondes avec une saturation des messages radio. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner."
BAC 75N : "arrivés à la porte de Clignancourt, nous avons eu l'information d'une nouvelle fusillade. Je n'avais plus aucun discernement sur ce qu'il fallait faire. J'ai pris la décision de reprendre le chemin de Paris car la situation semblait plus complexe".
BAC 75N : "en arrivant sur la place de la République, vers 21h47, est apparu sur les ondes le premier appel pour des tirs au Bataclan. J'ai demandé à mon coéquipier d'accélérer encore. A environ 200m des lieux, j'ai retiré le gyrophare pour arriver plus discrètement."
BAC 75N : "nous avons perçu les coups de feu, une scène immédiate de chaos. Nous n'avons pas eu le temps de nous organiser et de prendre le matériel dans le coffre. Au niveau du Bataclan café, gisaient déjà des victimes, deux ou trois corps".
BAC 75N : "la 1ere pensée que j'ai eue c'est : "ça y est, on y est". Car depuis le mois de janvier, on savait très bien qu'un attentat allait survenir. Donc le premier sentiment c'était la sidération. Et puis immédiatement, notre attention a été attirée vers l'entrée du Bataclan"
BAC 75N : "les portes se sont ouvertes d'un coup et une masse compacte d'une vingtaine ou trentaine de personnes nous est tombée dans les bras. Cette masse pour moi, elle a un visage : celui d'une femme terrorisée. Et elle a une voix : celle d'un homme qui crie : vite, vite".
BAC 75N : "les portes se sont refermées et j'ai passé un message radio pour avertir d'une attaque au Bataclan. Puis, il a fallu prendre une décision. Nous ne connaissions pas la configuration des lieux. Mais la certitude qu'il y avait des terroristes avec des armes de guerre".
BAC 75N : "nous avons avancé vers ces portes avec l'idée qu'on ne les franchirait peut-être jamais au retour. La première vision est celle des spots. Et puis des corps, des tapis de corps, des corps enchevêtrés, mélangés. Des corps parfois sur plus d'un mètre de hauteur."
BAC 75N : "il y avait ce contraste très marqué entre le chaos, les bruits, les tirs et une fois entrés, plus rien. Nous avons progressé sur la gauche de la scène. En arrivant vers le bar, j'ai entendu une voix, avant même de voir le terroriste qui a hurlé : couche toi au sol".
BAC 75N : "pour nous c'était le seul survivant à ce moment-là et il allait l'abattre. J'ai indiqué à mon coéquipier : "kalach" et je me suis avancé jusqu'à une rembarde pour ajuster mon tir. J'ai pris ma visée comme à un stand de tir. Nous étions suffisamment entraînés pour ça".
BAC 75N : "à cette distance, j'ai préféré tirer dans son corps plutôt que ça tête qui était trop petite.
J'ai tiré quatre fois et mon coéquipier deux fois. On a touché l'auteur puisqu'il a poussé un gémissement et s'est affaissé sur le dos."
BAC 75N : "quelques secondes après qu'il soit tombé au sol, une grosse explosion a retenti avec une sorte de crépitement et une pluie de confettis, qui s'avèrera être de la chair humaine. Nous pensions que ses comparses avaient jeté une grenade depuis le plafond."
BAC 75N : "immédiatement, il y a eu des tirs nourris dans notre direction. Nous nous sommes abrités comme on pouvait derrière les pylônes. Et puis on a pris quelques secondes pour dire au revoir à nos proches. Car pour nous, nous allions mourir, c'était écrit".
BAC 75N : "notre action était limitée puisque nous étions deux avec des armes de poing et en face plusieurs terroristes avec des armes de guerre. Donc j'ai décidé de sortir pour voir si des renforts étaient arrivés. Je leur ai fait un rapide point de situation."
BAC 75N : "et à ce moment-là est apparue une ombre rasante avec des bruits de pas, un chargeur qui est tombé au sol et un bruit de culasse qui a claqué. Donc on pensait qu'un des auteurs allait sortir sur nous. Mais cette ombre a disparu et est repartie sur la gauche."
BAC 75N : "quelques secondes après, une seconde ombre est apparue et une main. C'était un des otages qui rampait et essayait de s'enfuir. On a décidé d'aller le chercher. Il m'a dit : "je ne peux plus marcher". On l'a tiré dans le verre brisé. Il était commissaire de police."
BAC 75N : "puis une seconde ombre est apparue. On est aussi allé la chercher. C'était une femme cette fois. Puis on a entendu des coups de feu assez éloignés qui faisait penser que les terroristes étaient en train de tuer les gens au coup par coup."
BAC 75N : "les collègues m'ont dit "patron, il faut attendre la BRI". J'ai dit "non, il faut y retourner". Cette fois, je savais ce qui nous attendait. C'était encore plus terrible. Mais mes collègues m'ont tous suivi avec un courage admirable."
BAC 75N : "nous n'avions plus assez de munition et nous n'avions que notre courage à opposer aux terroristes. Et notre courage n'était pas suffisant. On entendait les gens gémir. Et on pensait que des gens mourraient devant nous, à quelques mètres, et on ne pouvait rien faire".
BAC 75N : "la fosse était totalement à découvert. Des victimes nous demandaient : "qu'est-ce que vous attendez?" On les rassurait comme on pouvait. Et puis un otage est sorti et a donné un numéro de téléphone. Je n'avais rien pour noter donc je l'ai fait répéter plusieurs fois".
BAC 75N : "je suis tombé sur la BAC 75N qui était équipée d'armement lourd, des fusils à pompe, des fusils mitrailleurs etc. Donc je leur ai dit : "on va rentrer et quoi qu'il arrive, on ne recule pas." On est rentrés et je les ai placé en protection des victimes de la fosse".
BAC 75N : "les gens commençaient à sortir mais il fallait aussi qu'on mette en place un dispositif de palpation pour s'assurer qu'aucun terroriste ne se glissait parmi les victimes et qu'il y ait un surattentat".
BAC 75N : "à un moment donné c'est devenu insoutenable pour moi et j'ai décidé d'aller dans la fosse pour secourir les victimes. Je me souviens du visage du premier jeune homme. Mais les victimes étaient extrêmement lourdes car leurs vêtements étaient imbibés de sang."
BAC 75N : "j'ai cette image de ce policier qui est allé chercher un petit garçon de 5 ans qui était sous un corps avec son casque anti-bruit et qui était venu avec sa maman. Je sais que ses grands-parents nous écoute via la webradio et je leur adresse toute mon amitié".
BAC 75N : "je me souviens aussi de cet homme qui nous a dit : "merci, grâce à vous, je vais revoir mes enfants". Quand on est policier, ça marque."
BAC 75N : "ensuite, l'assaut a été donné. Et on a été libéré de notre service. J'ai regroupé mes effectifs sur la voie public, on est rentrés au service tous ensemble. Et puis on s'est réconforté et on est rentrés. Et puis, on a essayé de revivre comme avant."
BAC 75N : "on a eu le dispositif de soutien psychologique qu'il fallait. Mais on reste marqués à vie par un tel événement."
Président : c'est un exposé très complet et impressionnant. Votre intervention a permis de réduire le nombre de victimes".
Le commissaire BAC 75N explique qu'il est donc entré trois fois dans le Bataclan. La première seul avec son coéquipier, puis avec d'autres effectifs de la BAC nuit, puis avec la BAC 75 plus lourdement armée. "Quand la BRI arrive, il n'y a plus de tirs depuis plusieurs minutes."
BAC 75N : "pour moi la soirée a été très longue et chaque moment a été très long. Mais après, dire si l'assaut est intervenu trop tôt ou trop tard, je ne peux pas répondre à cette question."
Le président rappelle "vous avez été entendu dans le cas de cette enquête et dans le cadre de la commission d'enquête parlementaire sur le rôle des primo-intervenant".
BAC 75N : "le dispositif tel qu'on l'apprenait en école de police c'est "on fige les lieux, on sécurise et puis on attend les forces d'intervention type BRI etc. Puis, suite à notre intervention le #13Novembre des niveaux d'intervention on été établis"
Président : "donc actuellement une intervention telle que vous l'avez pratiquée ne serait pas encouragée?"
BAC 75N : "psychologiquement, on serait plus préparés. Il y a certaines barrière qui ont sauté. Et puis on sait exactement ce qu'on doit faire".
Président : "si vous ne prenez pas cette décision, il n'y aurait pas eu d'indication pour que vous rentriez. Vous auriez du attendre?"
BAC 75N : "ma conception du métier de commissaire c'est que c'est celui qui est sur le terrain qui décide. Pas un opérateur derrière sa radio."
BAC 75N : "avec mon coéquipier, on était quand même suffisamment spécialisés. Ce n'était pas de la bravoure déplacée. Même s'il y avait un risque."
Président : "je vous remercie. Encore une fois, je pense que votre intervention a pu sauver de nombreuses vies".
BAC 75N : "Pour moi quand j'entendais les coups de feu c'est qu'ils étaient en train d'achever des gens. Il fallait donc retourner sécuriser au moins de rez-de-chaussée. Une des missions de la police c'est d'attirer le feu sur soit pour éviter que des civils soient touchés."
BAC 75N : "à chaque fois que j'entrais dans le Bataclan, je coupais ma radio pour ne pas me faire repérer mais aussi pour garder une acuité auditive maximale." Ce n'est donc qu'une fois à l'extérieur qu'il peut transmettre les informations sur les ondes radio de la police.
Assesseure : "vous avez personnellement vécu ces faits-là. Est-ce que vous avez des regrets sur certaines choses ?"
BAC 75N : "je me dis que peut-être qu'on aurait pu extraire des personnes qui étaient à quelques mètres de nous, les tirer. Mais on ne pouvait pas aller trop loin"
BAC 75N : "en moins de 5 minutes, des forces de l'ordre étaient présentes. J'imagine que les terroristes ne s'attendaient peut-être pas à une intervention aussi rapide puisqu'ils avaient organisés leur plan pour que les forces de l'ordre soient mobilisés sur les terrasses."
BAC 75N : "en terme d'équipement, on a notre arme de poing avec 30 cartouches chacun. Plus notre gilet pare-balle léger. Ensuite, on a du matériel dans le coffre mais on n'a pas eu le temps de s'équiper. De toute façon, un casque contre une kalachnikov ..."
Avocate générale : "vous avez eu des nouvelles de cet otage que le terroriste tenait en joue quand vous êtes intervenus ?"
BAC 75N : "ce jeune homme, on a eu la chance de le retrouver quelques semaines après, comme d'autres victimes qui nous ont contactés"
Me Jérôme Andréï, avocat du commissaire : "vous avez contacté vos proches parce que vous pensiez que vous alliez mourir ?"
BAC 75N : "oui, très rapidement, pendant 5 ou 6 secondes. Sans même attendre la réponse de l'interlocuteur. J'étais persuadé que j'allais mourir".
BAC 75N : "la législation a évolué et nous sommes désormais autorisés à porter notre arme 7/7 jours. Depuis, il n'y a pas un jour où je ne porte pas mon arme de service. Il est inenvisageable pour moi d'aller dans une salle de spectacle ou un lieu fermé sans porter mon arme."
Me Chemla (PC) : "est-ce que vous avez rencontré, pendant votre temps de présence, des militaires des forces Sentinelles?"
BAC 75N : "non, je n'ai eu aucun contact. Et je n'ai pas entendu cette information sur les ondes."
Me Chemla (PC) : "est-ce que vous auriez été capable, vous, de vous servir d'une arme de type Famas?"
BAC 75N : "je connais les Famas de mon service national. Je pense que tout policier qui a l'habitude de se servir d'une arme peut utiliser un Famas."
Me Chemla (PC) : "qu'est-ce que ça peut changer dans la vie d'un homme aguerri comme vous?"
BAC 75N : "il y a des impacts post-traumatiques manifestes chez la plupart des policiers. On voit la vie autrement. Chacun réagit différemment."
Le commissaire BAC 75N en réponse à une question de Me Reinhart (PC) sur ses relations avec son coéquipier ce soir-là : "on se revoit évidemment, on échange régulièrement, mais on ne parle pas spécialement du sujet. Je crois qu'on a tous les deux envie de passer à autre chose."
BAC 75N : "j'ai une casquette de commissaire qui consiste à prendre des décisions. Et une casquette d'homme. Il m'est apparu inconcevable de rester à l'extérieur en étant armé alors qu'on était les seuls à pouvoir faire quelque chose pour essayer de sauver des gens".
Me Morice (PC) : "vous savez que vous êtes sous-armés, qu'est-ce qui vous pousse à y aller quand même?"
BAC 75N : "c'est dans les tripes, on ressent ce qu'on doit faire".
Fin de l'audition du commissaire BAC 75N. L'audience est suspendue avant que la cour entende l'ancien chef de la BRI, Christophe Molmy.
L'audience reprend. Christophe Molmy, à l'époque chef de la BRI s'est avancé à la barre. Lui aussi témoigne en qualité de partie civile. Outre son rôle professionnel, il a aussi perdu un ami au Bataclan.
Christophe Molmy, ancien chef de la BRI a choisi de débuter son audition par un retour sur l'histoire de la BRI et sa composition. Il fait projeter plusieurs graphiques qui reprennent les différents groupes : maître-chien formés à l'assaut, les médecins etc.
Christophe Molmy poursuit son exposé sur la BRI et ses missions. IL insiste sur "la forte expérience de la BRI en matière de contre terrorisme", souligne son rôle également "dans la négociation tactique" lors de prise d'otages avec "des négociateurs formés à l'islam radical".
Christophe Molmy (BRI) : "ce soir là, on a accusé le coup de huit attentats en 33 minutes. C'est terrible. Ca pèse sur le moral des intervenants, ça embouteille les salles de commandement, ça désorganise. C'est d'ailleurs le but de ces attaques."
Christophe Molmy : "nous sommes arrivés vers 22h20. J'ai été prévenu des tirs sur les terrasses par un SMS de journaliste. Je prends la décision d'aller au 36 quai des orfèvres". De là, ils prennent le chemin de la rue de Charonne. Sur la route, ils sont réorientés au Bataclan.
Christophe Molmy : "nous sommes rentrés vers 22h25. On a découvert une scène à laquelle personne n'était préparé. Sur le sol, on avait des centaines de corps. Il y avait tous les morts, les blessés, les valides. Tout le monde était couché. On a cette image saisissante".
Christophe Molmy (BRI) : "on a cette odeur de sang qui prend à la gorge, l'odeur de poudre très entêtante. Il n'y avait aucun coup de feu et aucun mouvement. Donc rien qui nous permettait de savoir où étaient les terroristes".
Christophe Molmy (BRI) : "on a commencer à évacuer. Evacuer ça implique de fouiller les personnes, les tenir debout parfois, les rassurer aussi."
A 22h40, "on a quasiment terminé l'évacuation du rez-de-chaussée".
Christophe Molmy (BRI) : "à 23h, on a constitué deux colonnes et on a commencé l'exploration des étages. On a vu des otages sortir des faux plafond, sortir des placards électriques. Je me souviens avoir ouvert une porte des toilettes et être tombé sur 5 ou 6 personnes entassées"
Christophe Molmy : "à 23h15, le chef de colonne tombe sur une porte derrière laquelle on entendu hurler. Ils hurlent qu'ils sont sous le joug de deux terroristes qui menacent de tout faire exploser."
"Il faut négocier", explique l'ancien chef de la BRI.
En tous, il y aura 5 contacts téléphoniques avec les terroristes (entre 23h15 et 00h18).
Christophe Molmy (BRI) : "je laisse les négociateurs travailler. Il y avait une femme enceinte dans le couloir, on pouvait peut-être négocier la sortie de quelqu'un".
Christophe Molmy (BRI) : "le négociateur me dit qu'à son avis, on n'arrivera pas à négocier. Qu'il n'en tirera rien."
Il sort alors du Bataclan pour aller discuter directement avec discuter avec le procureur François Molins et le préfet de police Michel Cadot à l'extérieur.
Christophe Molmy (BRI) : "on a donné l'autorisation [de l'assaut, ndlr] immédiatement. Un couloir c'est compliqué, il n'y a pas beaucoup d'endroit pour se cacher. Mais ce soir-là, tout le monde était volontaire pour être dans la colonne."
Christophe Molmy (BRI) fait projeter un schéma du couloir sur lequel il a représenté les deux terroristes, les otages agenouillés, ceux que les terroristes avaient placés devant les fenêtres, les spectateurs réfugiés dans la loge juste en dessous.
Christophe Molmy (BRI) : "dès que nous sommes entrés, le premier terroriste a vidé un chargeur dans le bouclier. On avait pour objectif d'encaisser un maximum, de ne pas tirer pour ne pas provoquer de feux croisés. Donc ils ont très peu tirés, une dizaine de tirs je crois".
Christophe Molmy (BRI) : "on a réussi à sortir les otages du couloir, fait replier les terroristes au fond du couloir avec l'usage de grenades aveuglantes et incapacitantes. Les collègues ont continué à avancer dans des conditions très dégradées car on y voyait plus rien".
Christophe Molmy (BRI) : "le premier terroriste s'est fait sauter. C'est extrêmement impressionnant. Heureusement aucun de nous n'a été blessé. Tout est parti vers le haut. Le deuxième terroriste est abattu."
Christophe Molmy (BRI) : "dans la loge, on a fait sortir les otages. Ils sont sortis en enjambant le corps du terroriste qui avait toujours son gilet, protégés par le démineur qui était couché sur le terroriste, faisant une sorte de pont alors que ça aurait pu exploser."
Christophe Molmy (BRI) : "on a fini vers 1h15. Je les ai réuni brièvement. Je leur ai dit la fierté que j'avais de les avoir commandé. Car c'était une intervention quasi impossible. Ensuite on rentre au service et ensuite tout le monde rentre à la maison, voir nos familles."
Christophe Molmy (BRI) fait projeter deux photos du couloir, un étroite coursive. On découvre aussi en photo les impacts de balles sur le bouclier.
Il rappelle encore qu'un des homme de la BRI a été blessé à la main, qu'"il a failli perdre". "Il a du quitter la BRI".
Christophe Molmy (BRI) explique que les policiers qui ont mené l'assaut ont pu débriefer avec des psychologues "par groupe", "puis individuellement". Les familles aussi ont pu bénéficier d'un soutien psychologique, "car ça a été compliqué, notamment pour les enfants".
Christophe Molmy (BRI) : "lorsque le préfet de police me donne l'autorisation de l'assaut, après, il m'attrape et me dit : "Christophe, est-ce que ça va bien se passer?" Je lui dis : "non".
Il fallait accepter l'idée de pertes et dans les otages et dans les opérateurs".
Christophe Molmy : "quand on est arrivés, les gens sont extrêmement tendus, blêmes. On nous a dit qu'il n'y avait probablement plus de terroristes".
Président : "l'information s'est perdue ?"
"C'est tellement difficile à gérer. C'est possible qu'une info soit passée au travers".
Le président tente de recadrer le débat : "on comprend que c'est une situation de chaos inédite. Ce n'est pas de moi que vont venir les critiques sur les dysfonctionnement éventuels. Et je ne pense pas que ce soit l'objet de ce procès qui est de juger les accusés."
Le président : "il va falloir quand même une heure pour se rendre compte qu'il y a des otages avec des terroristes à l'étage".
Christophe Molmy (BRI) : "ça peut paraître très long, mais il a fallu sécuriser le rez-de-chaussée, il y avait des centaines de personnes."
Christophe Molmy (BRI) : "Bien sûr qu'il fallait aller vite. On le savait. On était au milieu des corps qui nous tiraient le pantalon pour qu'on les aide. Mais aller vite ce n'est pas se précipiter. On piétinait au milieu des corps, dans le sang."
Christophe Molmy (BRI) : "bien sûr que froidement, on nous a dit : "vous avez mis une heure pour vous rendre compte qu'il y avait des terroristes à l'étage avec des otages. Mais c'est un vieux bâtiment, 10 000 mètres carrés. C'est très complexe. Il a fallu se coordonner".
Christophe Molmy (BRI) : "je comprends les blessés qui ont eu le sentiment d'attendre deux heures. Je m'excuse auprès d'eux. Je souffre avec eux. J'ai d'ailleurs perdu quelqu'un au Bataclan. Mais il y avait des risques de surattentat."
Christophe Molmy (BRI) :"si on s'arrête à chaque personne qui nous tire le pantalon et nous dit "aidez-moi", rapidement on perd pied. Donc les gars sont assez formés à ça. Ils font ce qu'ils ont à faire. Et ils avancent."
Président : "vous avez cité un de vos hommes qui s'est couché sur un des terroristes dont le gilet n'avait pas explosé [pour protéger les otages, ndlr]. C'est un protocole ?"
Christophe Molmy (BRI) : "Non, c'est de son propre chef. Mais ils ont tous été héroïques ce soir-là":
Assesseure : "qu'elle étaient les revendications des terroristes?"
Christophe Molmy (BRI) : "ils voulaient qu'on partent. Ils ont revendiqué. Mais on n'a pas eu vraiment d'échange. Dès qu'on a demandé qu'ils lâchent des otages, comme la femme enceinte, ils se sont braqués".
Assesseure : "comment étaient les terroristes?"
Christophe Molmy (BRI) : "ils étaient plus jeunes, plus instables que Coulibaly [terroriste de l'Hyper Cacher, ndlr] puisqu'il avait cette référence. C'est d'ailleurs ce qui l'a conduit à me suggérer de lancer l'assaut."
Christophe Molmy (BRI) : "en effet je suis partie civile et en tant que partie civile, on n'est pas obligé de témoigner. Mais je pensais qu'il était utile d'expliquer. Je ne ressens pas le besoin de me justifier, mais il me semble qu'il y avait devoir d'explications".
Christophe Molmy (BRI) en réponse à une question de l'avocate générale : "la BRI est naturellement l'unité d'intervention du contre terrorisme à Paris. On est dans un délai contraint d'intervention de 20 minutes. Il n'y avait de mon point de vue pas de discussion".
Christophe Molmy au sujet des otages : "On les a rencontré après. J'ai été très touché par ces hommes et ses femmes, par leur dignité. Ils ont passé 2h sous la menace des terroristes et ils ne sont pas policiers, ils passent d'un concert à une prise d'otages. C'est abominable".
Me Topalov (PC) : "est-ce qu'on ne perd pas de temps à essayer de négocier avec ce type de personnes?"
Christophe Molmy (BRI) : "imaginez qu'on intervienne tout de suite et que ce soit un massacre. Vous ne trouveriez pas qu'il aurait fallu essayer de négocier?"
Christophe Molmy (BRI) : "si le négociateur avait eu le sentiment qu'on aurait pu arriver à quelque chose, je l'aurais laissé travailler. Ca aurait pu durer trois heures. Moi j'ai confiance en lui. En l'occurrence, très vite, il se rend compte qu'on arrivera à rien".
Me Morice (PC) : "vous trouvez normal que vous qui coordonnez l'action pour la BRI ne soyez pas en mesure d'avoir les informations qu'il y a des otages alors que d'autres l'ont ?"
Christophe Molmy (BRI) : "il faut avoir un peu d'indulgence. C'est une situation de chaos."
Me Morice (PC) : "il y a des membres de la BI ont fait part de leur regret de ne pas avoir eu l'autorisation d'intervenir plus tôt alors qu'ils étaient en capacité de le faire. Vous en pensez quoi ?"
Christophe Molmy (BRI) : "dans le reportage indigne auquel vous faites référence, les membres de la BI disent qu'ils auraient pu intervenir à 21h30 alors qu'il n'y avait pas encore eu les 1ers coups de feu au Bataclan".
Me Morice (PC) : "les membres de la BI sont pourtant entraînés et ils étaient équipés puisqu'ils revenaient d'un entraînement."
Christophe Molmy (BRI) :"ils revenaient d'un entraînement de varappe, à la tour Eiffel. Ce n'est pas tout à fait le même équipement."
Me Morice (PC) : "donc tout s'est passé au mieux?"
Christophe Molmy (BRI) : "si j'en crois le résultat, cela ne s'est pas si mal passé, maître."
Me De Montrbial (PC) : "entre le moment où vous êtes chez vous en famille et le moment où vous êtes devant le Bataclan après être repassés par le 36 quai des orfèvres vous équiper, il se passe 32 minutes?"
Christophe Molmy (BRI) : "tout à fait".
Me de Montbrial (PC) : "comme vous n'avez pas d'avocat, je vais vous poser une question comme si j'étais votre avocat. Vous avez expliqué que vous avez tenu à être dans la colonne. Pourquoi?"
Christophe Molmy (BRI) : "on ne commande pas de l'arrière."
Christophe Molmy (BRI) : "la décision de proposer l'assaut est très lourde. Et une fois que j'ai eu l'autorisation, je ne me voyais pas dire aux gars "allez-y" et puis ressortir attendre que ce soit fini. Ce n'était pas concevable pour moi. Donc je suis resté".
Les avocats de parties civiles sont nombreux, au nom de leurs clients à présenter leurs remerciements pour le travail effectué ce soir là par les policiers de la BRI.
Fin de l'audition de Christophe Molmy. L'audience est suspendue jusqu'à demain 12h30.
Le compte-rendu de l'audience du jour, illustrée par Valentin Pasquier, est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
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Une avocate de parties civiles souhaite prendre la parole. Me Dorothée Bisaccia-Bernstein demande à ce que les parties civiles ne soient pas obligées de décliner leur nom dans le micro au moment où elles viendront témoigner à la barre.
Me Dorothée Bisaccia-Bernstein : "cette semaine une personne partie civile s'est vue dispenser de décliner son identité à la barre. Je crois qu'il n'apparaît pas complètement disproportionné de le permettre."
Au programme aujourd'hui : la suite des constatations sur les scènes de crime des terrasses de la Belle équipe (où le plus grand nombre de victimes a été à déplorer) et au Comptoir voltaire (où l'un des kamikazes s'est fait exploser).
Deux enquêteurs sont attendus à la barre.
L'audience s'apprête à reprendre. Trois enquêteurs doivent être entendus aujourd'hui.
Le premier devrait tout d'abord revenir sur les constatations du Stade de France.
L'audience reprend. Le président fait tout d'abord un petit rappel sur "le port du masque, obligatoire pour tout le monde. En espérant que les choses évolueront et qu'on pourra un jour s'en passer au cours de ces débats mais ce n'est pas encore le cas".
Au procès des attentats du #13Novembre la salle d'audience vient d'ouvrir dans la perspective de la reprise d'audience à 12h30.
Petite précision d'ailleurs, en réponse à de nombreuses questions sur ces débuts d'audience en décalé ...
... il a été décidé par le président de commencer tous les jours à 12h30 pour deux raisons. La principale est d'éviter de multiplier les déplacements des accusés, notamment pour la pause déjeuner ...
L'autre raison, plus secondaire, est de permettre à tous les professionnels du procès de pouvoir travailler le matin. Le président du procès des attentats de janvier 2015 a par exemple expliqué qu'il se levait tous les jours à 4 heures du matin pour travailler avant l'audience.
La salle d'audience vient d'ouvrir avant la reprise prévue à 12h30. Aujourd'hui, la cour entend la juge d'instruction belge Isabelle Panou pour évoquer l'enquête du côté belge.
Hier, le volet français a été détaillé par un commissaire de la SDAT.
Bonjour à tous,
L'audience du procès des attentats du #13Novembre doit reprendre dans un peu plus d'une heure pour sa 3e journée.
Au programme aujourd'hui : la lecture du rapport du président, prévue pour durer 8 heures environ. Il s'agit d'un résumé des faits et des charges.
Les accusés sont arrivés dans le box. La salle d'audience se remplit progressivement. Les parties civiles sont venues plus nombreuses aujourd'hui pour écouter la lecture du rapport du président, exercice prévu par le code de procédure pénale avant l'ouverture des débats.