Thread by @helenesergent

Bonjour à toutes et à tous. Aujourd’hui je suis à la 17ème chambre du tribunal judiciaire de Paris. 8 personnes doivent comparaître pour « injure aggravée ». Elles sont soupçonnées d’avoir posté des tweets antisémites visant April Benayoum, Miss Provence en octobre dernier

Ces huit internautes sont âgés de 20 à 58 ans et sont originaires de toute la France. Plusieurs associations antiracistes entendent se constituer parties civiles à l’audience. Rappel des faits à lire ici 20minutes.fr/justice/312573…

J’en profite pour vous dire qu’aujourd’hui mes collègues de la team #PJ de @20Minutes sont mobilisés. @c_politi suit l’audience (particulièrement attendue) et le témoignage du policier de la BAC intervenu au Bataclan le soir des attentats du #13Novembre2015

Et @TiboChevillard sera lui au procès #Benalla qui se tient en ce moment également au palais de Justice de Paris.

Ce dossier est un autre dossier emblématique (après l’affaire Mila) du nouveau pôle de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris qui fêtera bientôt sa première année de création. #MissProvence

April Benayoum avait fait l’objet d’un raid antisémite après avoir précisé lors du concours Miss France que son père avait des origines israéliennes. Très critiqué pour son manque de modération le soir des faits, Twitter a toutefois collaboré avec les enquêteurs #MissProvence

Au total, 14 comptes Twitter ont fait l’objet d’investigations et huit suspects majeurs ont pu être identifiés par les policiers. Ils avaient été placés en garde a vue en mai dernier. #MissProvence

Parmi les tweets poursuivis, il y a celui de Rayanne M., 23 ans : « Comment on fait pour voter contre une miss ? Je vote contre la juive ». Ahmet I., 21 ans est lui renvoyé pour avoir qualifié la jeune femme de « chienne » #MissProvence

Une autre, Djamila T., la doyenne des prévenus, avait posté une photo d’Adolf Hitler accompagnée de ce tweet : « Moi quand j’ai entendu les origines de #MissProvence. »

L'audience est ouverte. Le tribunal doit rendre une décision avant d'aborder le dossier qui nous intéresse. Plusieurs prévenus sont là, en revanche ni April Benayoum ni son avocat, Jean Veil, ne sont là #MissProvence

Jean Veil, l'avocat de #MissProvence vient d'arriver dans la salle. Le tribunal examine toujours d'autres dossiers

Il est suivi d'April Benayoum, qui entre discrètement et s'installe au fond de la salle #MissProvence

La jeune femme n'est pas seule. Elle est entourée de @SylvieTellier, la directrice générale de la Société Miss France #MissProvence

On passe au dossier #MissProvence : "Nous allons dans un premier temps faire un appel ordonné pour que le tribunal puisse identifier qui est présent etc", précise la présidente de la 17e chambre

Sept des huit prévenus sont présents à l'audience. Parmi les sept présents, deux ne sont pas assistés d'avocat. #MissProvence

Le père d'April Benayoum est également représenté par Me Veil #MissProvence

De nombreuses associations souhaitent se constituer parties civiles dans ce dossier. Parmi elles SOS Racisme, le MRAP, la Licra, l'UEJF, la LDH, l'OJE #MissProvence

Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) souhaite également se constituer partie civile dans ce dossier #MissProvence

L'un des avocats des prévenus intervient et souligne qu'il n'a pas reçu de conclusions pour toutes les parties civiles et formule une demande de renvoi. "On ne sait pas qui est en face" et il réclame plus de temps #MissProvence

Un autre avocat des prévenus parle lui d'une "foire aux associations". Un de ses confrères, côté défense lui s'oppose au renvoi : "La procédure pénale est orale, on se met en état (...) il faut plaider ce dossier, un certain nombre de personnes viennent de province" #MissProvence

L'avocat de SOS Racisme s'oppose à cette demande de renvoi. "il n'y a pas de problème de respect du contradictoire (...) on s'est tous déplacé, y compris la victime Mlle Benayoum, qui est présente". #MissProvence

Le tribunal vient de délibérer sur le siège et s'oppose au renvoi. Ce dossier sera bien jugé aujourd'hui. On apprend également par la voix du parquet que la @DILCRAH, Sophie Elizeon est présente et souhaite être entendue par le tribunal #MissProvence

Sa demande de témoignage est acceptée par les magistrates de la 17e. Sophie Elizeon doit donc quitter la salle jusqu'à son témoignage #MissProvence

On passe à l'appel des prévenus. Julien H., 33 ans, crâne rasé, barbe fournie et chemise à carreaux, est le premier à s'avancer à la barre. #MissProvence

Il lui est reproché d'avoir tweeté ceci : "#AprilBenayoum le mur des lamentations en direct sur Twitter - la Lycra. Les grand juifs de ce monde. BHMERDE et j'en passe, tous en train de pleurer pour changer" #MissProvence

Mélika A., 22 ans, col roulé noir et longue queue de cheval brune est appelée à la barre. Elle avait posté le soir du concours Miss France : "Miss Provence a perdu 1.000 points avec ses origines. Maxi Bitch" #MissProvence

Jasmine B., 23 ans, tailleur en tweed et chignon brun, s'avance à son tour. Elle avait posté ce message : "Miss Provence, je boycotte en fait, Tfou, Israël????" #MissProvence

Ahmet I., 21 ans, chemise verte, cheveux mi-long est appelée à donner son identité. La présidente lit son tweet : "Miss Provence, c'est israélienne, c'est chienne (sic)" #MissProvence

Mickael K., né en 1999, chemise noire, cheveux blonds coupés ras a lui tweeté : "Ahahahaha trop la haine que la représentante de ma région soit un feuj" (une "juive") #MissProvence

On passe maintenant à Rayanne M., chemise noire, 23 ans. Il avait tweeté : "Cmt on ft ("Comment on fait") pr voter contre une miss ? Je vote contre la juive". À noter que la présidente lit phonétiquement le tweet "C-M-T on F-T P-R voter.." #MissProvence

Djamila T., la doyenne des prévenus, 58 ans, petites lunettes sombres et tailleur noir est appelée à la barre. Elle avait posté une photo d'Adolphe Hitler sur son compte Twitter accompagné du message suivant : "Moi quand j'ai entendu les origines de #MissProvence"

Un avocat des prévenus, Julien H., plaide la nullité de sa garde à vue réalisée en mai dernier. Il rappelle que son client est un homme inséré et stable, père de deux enfants, qu'il n'y avait "aucun risque de fuite". #MissProvence

La demande de nullité est jointe au fond et la présidente de la 17e chambre passe maintenant au fond du dossier. Elle lit un rapide rapport pour résumer les faits #MissProvence

"De manière générale je peux indiquer que tous ont reconnu être titulaires des comptes sur lesquels les messages incriminés avaient été postés et tous ont reconnus avoir été à l’origine des messages incriminés", précise la magistrate #MissProvence

"Mais aucun n'a reconnu la visée raciste ou antisémite des leurs messages", ajoute la présidente #MissProvence

April Benayoum a été expertisée dans le cadre de ces investigations. Le médecin a noté : "Un état de stress post traumatique" et a délivré à la jeune femme une ITT pénale de 12 jours pour un traumatisme important #MissProvence

Jasmine B., 23 ans est la première à être appelée à la barre. Elle a reconnu être titulaire de son compte et être à l'origine des propos incriminés #MissProvence

Après les faits, Jasmine B. a décidé de supprimer son compte en raison de "la tournure des événements" avait elle expliqué devant les policiers #MissProvence

"J’ai réagi à vif, il y avait beaucoup d’interactions (...) J’avoue que quand j’ai entendu le mot Israël, j’ai été surprise par le fait de promouvoir le nom d’Israël - qui est un pays qui ne respecte les droits de l’Homme", explique Jasimine B. #MissProvence

"Ça nécessitait pas une réaction forcément (...) j’ai été interpellée quand j’ai entendu ce mot parce qu’on sait que c’est un sujet qui porte à débat, j’ai mêlé la politique à cette émission, c’était pas par rapport à elle, ca allait à l’inverse de mes convictions politiques"

La jeune femme explique que si April Benayoum avait évoqué l'Arabie Saoudite "ou n'importe quel autre pays qui ne respecte pas les droits de l'Homme", elle "aurait réagi pareil" #MissProvence

La présidente demande à Jasmine B., pourquoi elle a supprimé son compte Twitter : "J’ai été choquée, ça a pris des proportions que ça n’aurait pas dû prendre, je me suis retrouvée au milieu de ce bain d’injures et d’insultes alors que mon tweet n’insulte personne" #MissProvence

Jasmine B. assure qu'elle ne visait absolument pas #MissProvence, qu'elle appelait à boycotter Israël, et qu'elle a écrit ce message parce que le mot "Israël" l'a "choquée". Pour rappel, elle avait tweeté : "Miss Provence je boycotte en fait, tfou, Israël??"

L'avocate de l'OJE, Me Ouaknine Melki lui demande ce qu'April Benayoum aurait dû répondre pour évoquer ses origines. "Avec du recul, elle aurait rien à changer à son discours, mais pour moi c’était pas le lieu d’amener un débat politique" #MissProvence

"C’est un concours national où on doit parler de ses origines régionales", poursuit Jasmine B. Elle ajoute que "c’est pas une origine dont on doit être fier, pour moi c’était pas l’endroit pour parler de ça" #MissProvence

-"De quelles origines on peut être fier ?", demande la représentante du parquer.
- "De toutes mais pas des pays qui ne respectent pas les droits de l'Homme"
- "On doit le cacher?", poursuite la procureure
- "Pas forcément le cacher mais pas le revendiquer" #MissProvence

On passe à sa situation personnelle : La jeune femme est pédicure podologue, fille de militaire "c'est lui qui nous a transmis cet esprit chauvin" dit-elle. Son casier judiciaire est vierge. #MissProvence

Jasmine B. retourne s'asseoir. Le 2e prévenu à être interrogé est Mickael K., 22 ans. Il avait au moment des faits environ 400 abonnés et son compte était public. Aux enquêteurs il avait dit avoir posté son message "sans réfléchir" #MissProvence

"Je voulais présenter mes excuses à la victimes (...) je nie pas les faits (...) mais je voulais pas lui causer du tort, on a tous une sœur, une mère, elle a rien demandé,
J’ai suivi un mouvement", dit-il #MissProvence

"C'était quoi le mouvement ?", demande la présidente
"C'était pleins de tweets qui visaient une personne sur ses origines (...) c'est complémente débile je vous l'accorde", répond Mickaël K. #MissProvence

Il dit qu'il utilisait "mal" Twitter à l'époque : "J’arrive pas à faire la différence entre la réalité et le virtuel, je m’emporte à dire des choses que je dirais pas dans la vraie vie, mais j’avais pas de revendication", assure le jeune homme #MissProvence

"J’ai lu le rapport d’expertise de la victime et ça m’a fait de la peine de me dire que j’avais participé à ça, alors qu’elle avait rien demandé" poursuit le prévenu #MissProvence

On en a terminé avec les faits. Sur sa situation personnelle, Mickaël K. est en alternance, en Master II gestion de projets. La présidente lui demande : "Vous êtes marié? Vous avez des enfants". Lui répond : "Je vis chez mes parents" #MissProvence

"J'appelle désormais à la barre Rayanne M.", continue la présidente. Lui est reproché d'avoir posté : "Comment on fait pour voter contre une miss ? Je vote contre la Juive" #MissProvence

Il a également publié une série de "#" dont "#Israel, #Juif, #Judaisme, #Sionnisme, #Sionniste, #Miss Provence".

À l'époque, Rayanne avait une petite notoriété sur Twitter puisqu'il cumulait plus de 4.000 abonnés #MissProvence

Pendant son audition face aux enquêteurs, Rayanne M. avait dit : "C’est un troll, rien de sérieux, rien d’antisémite c’était pour amuser la galerie et faire réagir, compte tenu de l’ampleur que ça a pris j’ai de gros regrets d’avoir tweeté cela" #MissProvence

"D’abord je tiens à m’excuser auprès de Mlle Benayoum. C’est des tweets faits au millième degré. Mes 4.000 abonnés me connaissent, j’ai créé ce compte en 2012 et j’ai toujours caricaturé les racistes, les homophobes, les antisémites" #MissProvence

Il explique qu'il ne sait pas, quand il tweete son message, qu'un hashtag a été créé et qu'un déferlement de haine se propage. "Je me rends pas compte que derrière y'a des gens qui vont taper Miss Provence + Juif pour voir ce qui se dit" #MissProvence

"Y’a rien de sincère, c’est une facilité de dire ça, j’aime pas dire ça, mais je traîne avec tout le monde, j’ai des amis juifs (...) je suis complètement dans le millième degré et d’être assimilé à un antisémite alors que c’est tout ce que je combat" #MissProvence

"J’ai honte d’être là, j’ai honte qu’on ait cette image de moi (...) c'est de l'humour nul", dit-il. La présidente tique : "Mais je comprends pas. Où est l'humour là?" #MissProvence

Elle veut savoir s'il fait la différence entre "ce qu'on peut se dire entre amis de façon plus ou moins intelligente" et poster un message comme celui qu'il a envoyé à 4.000 personnes sur Twitter #MissProvence

Il dit qu'il "comprend" mais que lorsqu'il tweete, il le fait dans "une sphère" : "Tous mes abonnés me connaissent (...) dans ma tête y’a pas d’autres gens qui vont voir son tweet, c’est pour ça que je mets pas de hashtag" quand il poste son message. #MissProvence

Il assure que son compte a été "fermé par ses soins", il a recrée un compte mais il tweete très peu dit-il. À la barre, il reconnait être allé "trop loin dans le trolling" #MissProvence

"J’ai pris conscience après ça de la dangerosité de messages mal perçus, de personnes qui ne voient que la façade, c’est pour ça que j’ai décidé de fermer mon compte et de ne plus faire d’humour", assure Rayanne M., qui s'est présenté comme un "fin connaisseur de Twitter"

Une avocate de la PC lit des extraits des PV d'audition de Rayanne M. Il a dit aux policiers notamment qu'il trouvait April Benayoum "très belle", et "qu'il était dégoûté de ne pas avoir pu voter pour elle" #MissProvence

- "Quand vous rencontrez quelqu'un, vous pensez d'abord à ses origines?" demande une avocate
- «Non pas du tout! Je suis quelqu’un qui aime toutes les origines » répond Rayanne à la barre #MissProvence

Il répète qu'il n'a aucun grief à l'encontre des juifs ou d'Israël #MissProvence

La magistrate du parquet souligne que Rayanne M. a dû demander à l'un de ses amis de créer son propre compte Twitter. Pourquoi demande-t-elle ?. Le jeune homme explique qu'il ne retrouvait plus le mot de passe du mail auquel son précédent compte était affilié #MissProvence

"Vous n’avez pas l’impression de vouloir brouiller les pistes ?"
"Absolument pas, je l’ai dit, j’ai honte d’être là et honte d’être assimilé à un antisémite", répète Rayanne M. #MissProvence

L'avocat du prévenu tente de repréciser les arguments de son client. Depuis le début de son interrogatoire, Rayanne M. explique qu'il a utilisé la même rhétorique que la fachosphère pour "décrédibiliser" et "moquer" leurs propos #MissProvence

Mais à la barre il reconnait que "à l’heure actuelle, ce mode de fonctionnement est nul" et "totalement débile": "Il est négatif et a vocation à blesser certaines personnes". #MissProvence

Rayanne M. est commercial, il est actuellement à la recherche d'un emploi. Célibataire, sans enfant et son casier porte mention d'une seule condamnation (une amende) pour conduite d'un véhicule sans permis #MissProvence

On poursuit avec l'interrogatoire de la doyenne des prévenus, Djamila T. Elle n'a pas d'avocat pour l'assister #MissProvence

La quinquagénaire est très émue, elle "s’excuse profondément":"Je voulais pas faire de mal et je suis pas une personne qui a l’habitude de faire du mal aux gens". La présidente lui demande quel était le sens de son message: "Je sais pas, je me rappelle même pas ce que j’ai dit"

Elle répète qu'elle ne se souvient pas ce qui s'est passé, ni où elle a trouvé la photo d'Hitler qui a accompagné son message dans lequel elle écrivait : "Moi quand j'ai entendu de #MissProvence"

-"Quand vous avez écrit ça, vous savez quelles sont les origines ? Vous regardiez l’émission ?", demande la présidente
- "Oui, qu’elle était d’Australie, non pas d’Australie. Israélienne" corrige la prévenue #MissProvence

Djamila T. s'exprime avec un fort accent marseillais :" Je regrette, je sais que j’ai été stupide (...)c’est la première fois que je suis convoquée comme ça, je sais pas comment vous dire. Je regrette elle est jeune, toute la méchanceté qu’elle a eu" répète-t-elle #MissProvence

L'interrogatoire de Djamila T. s'arrête là. On passe à sa situation personnelle. Elle est veuve, femme de ménage et un de ses enfants est encore à sa charge. Son casier judiciaire est vierge #MissProvence

5e prévenu dans ce dossier à s'avancer, Ahmet I., 21 ans. Il est assisté d'un avocat. À l'époque des faits, le jeune homme était suivi par un petit millier de personnes sur Twitter #MissProvence

Le jeune homme a du mal à répondre aux questions. "Je suis très stressé, c'est la première fois que.." bafouille-t-il #MissProvence

Aux enquêteurs, Ahmet I. a expliqué qu'il avait insulté le soir du concours toutes les miss qui concouraient. "Je visais la personne, la femme mais pas une communauté" a-t-il indiqué en garde à vue #MissProvence

Comme Rayanne M., il a expliqué qu'il avait tweeté son message dans lequel il traite April Benayoum de "chienne", pour "rigoler" #MissProvence

Punchline. Ahmet I. explique qu'il a "le tweet facile". "Je suis pas misogyne, on m'a traité de misogyne, j'ai une soeur et une mère (...) j'ai pas pu distinguer la réalité de Twitter" #MissProvence

Alors même qu'Ahmet dit qu'il "insulte régulièrement" sur Twitter, il assure qu'il n'a "jamais été banni" par la plateforme. La présidente secoue la tête. #MissProvence

"On m'a traité de raciste aussi"
"Bah c'est qu'il est écrit Miss est israélienne c'est chienne", rappelle la présidente. #MissProvence

"J’ai honte d’être ici, on me voit comme un antisémite ou un raciste, je m’excuse de Mme Benayoum (...) C’était sur le coup, je me suis emporté en suivant les autres tweets, mais mon tweet n’a pas duré très longtemps, il a tenu 20minutes et quand j’ai vu l’ampleur, j’ai supprimé"

"Quand je dis j'ai le tweet facile, je me contrôle pas, j'arrive pas à avoir les conséquences qui allaient arriver"
-"Est ce qu'on peut dire que vous tweetez et que vous réfléchissez après ?", demande la procureure
- "Ouais", dit-il "et je le regrette"
#MissProvence

On aborde sa situation personnelle : Ahmet I. est étudiant, il veut devenir développeur. Il vit chez ses parents mais il précise, ému :"Mes parents me parlent plus depuis l’affaire, le jour où ils sont venus m’embarquer, mon père voulait me jeter la maison" #MissProvence

Julien H., crâne rasé, barbe fournie est appelé à la barre. Il avait tweeté : "#AprilBenayoum le mur des lamentations en direct sur Twitter - La Lycra . Les grands juifs de ce monde. BHMERDE et j'en passe, tous en train de pleurer pour changer" #MissProvence

Au moment des faits, Julien H. était suivi par 7 personnes sur son compte Twitter. #MissProvence

Devant les policiers, Julien H. avait assuré que son message ne contenait aucune connotation raciste ou antisémite : "Je maintiens", dit-il aujourd'hui #MissProvence

Il estime avoir un cursus "qui lui permet de parler de certains sujets". Il est allé le soir du concours sur le hashtag "#AprilBenayoum" et avoir constaté que des personnalités comme Bernard HenrI Lévy parlaient de géopolitique #MissProvence

"Je vois des gens parler de géopolitique alors qu'on est dans un concours de beauté". Il dit avoir voulu retranscrire son incompréhension mais "visiblement ça n'a pas été compris" #MissProvence

- "Où est la dimension géopolitique ou le distinguo que vous faites ? (...) Comment on peut comprendre ce message de manière un peu immédiate ?"
- "Non, parce que je n’ai pas de mot péjoratif (...) Je me suis exprimé maladroitement(..) C’est pas un tweet méchant de base"

L'avocate de la Licra l'interroge sur le fond de son message.
- "Pourquoi vous parlez du mur des lamentations?
- "C’était une petite partie pour piquer une réponse de BHL, qui se plaignait"
#MissProvence

- "Et quand vous parlez des grands juifs de ce monde, c'est qui ?"
- "Je me souviens plus, mais y'avait la figure de BHL , je pourrais pas vous les redire"
#MissProvence

"Vous avez dit qu"haïr quelqu’un n'était pas une valeur que vous souhaitiez transmettre à vos enfants. Ça ce sont des mots et en face, il y a les mots que vous écrivez : « BHMerde », c’est pas de la haine ça ?", demande l'avocate de l'OJE, Me Ouaknine Melki #MissProvence

"Non... enfin c’est pas.. c’est peut être mon vocabulaire, le mot merde c’est plus taquin", bafouille le prévenu #MissProvence

"Je maintiens que je ne visais pas April Benayoum", répète-t-il. #MissProvence

La magistrate du parquet a retenu le fait que le prévenu a lancé au début de son interrogatoire qu'il avait fait "une thèse sur le conflit israélo-palestinien". Elle l'interroge à ce sujet. "Vous êtes docteur en Histoire"? "Non, dit Julien H., j'ai une licence d'Histoire".

On passe aux questions de son avocat. Il rappelle que son client n'avait pas vu la présentation d'April Benayoum dans laquelle elle évoquait les origines de son père. Il tweete son message après les résultats du concours #MissProvence

Pacsé, il a deux enfants de 6 et 2 ans. Comme pour la majorité des prévenus, son casier judiciaire est vierge #MissProvence

Dernière prévenu à passer à la barre : Mélika A, 22 ans. La jeune femme, née en Bosnie Herzégovine et explique avoir tweeté son message non pas en référence aux origines israéliennes de son père mais par rapport aux origines Serbo-croates de la mère d'April Benayoum #MissProvence

Pour rappel, Mélika avait tweeté ça : "Miss Provence a perdu 1000 points avec ses origines maxi bitch" #MissProvence

Melika démarre en disant : "J’aimerais présenter mes excuses à Mme Benayoum. Je suis différente depuis cette histoire". Elle est très émue, s'arrête puis reprend : "J’ai pris conscience de mon erreur, j’ai assumé tout ce que j’ai dit, l’histoire de mon pays me touche énormément"

"Tous mes réseaux sociaux sont en privés, je suis très discrète en général (...) Là j'ai mis un hashtag mais je savais pas que ça allait rendre public mon tweet", poursuit la jeune femme #MissProvence

Elle ajoute qu'elle a "beaucoup réfléchi" à toute cette histoire et elle regrette en précisant qu'April Benayoum n'avait pas à porter seule "le poids de tout un conflit". #MissProvence

La jeune femme est mariée, sans enfant. Elle travaille dans une usine, en intérim mais a obtenu un BTS d'"assistant manager" #MissProvence

La présidente va maintenant lire la déposition de la seule prévenue qui n'est pas présente à l'audience. Sheyma B., est étudiante en droit et est poursuivie pour avoir tweeté : "Miss Provence POUBELLE, n'en déplaise au sioniste" (sic) #MissProvence

L'audience est suspendue jusqu'à 18h40. #MissProvence

L'audience est reprise. Le tribunal entend April Benayoum. Tailleur en tweet rose, la jeune femme dit avoir découvert le flot de messages le lendemain du concours Miss France : "j'avais du mal à croire ce qui s'était passé (...) je me suis sentie extrêmement mal" #MissProvence

"Si je suis présente aujourd’hui c’est tout simplement parce que je ne veux pas que ces personnes restent impunies et cachées derrière des écrans" ajoute la dauphine du concours Miss France #MissProvence

La présidente revient sur les propos des prévenus qui ont vu dans les propos de Miss France une "revendication géopolitique" en évoquant les origines israéliennes de son père #MissProvence

April Benayoum réfute cet argument. "C’était une manière très simple pour moi d’illustrer ma passion pour la géographie depuis que j’ai l’âge de 9 ans" explique-t-elle #MissProvence

Elle confie qu'elle a "encore un peu du mal à en parler" aujourd'hui. Sur les répercussions de cette affaire, elle explique: "J’ai eu du mal à dormir (...) mais ça n'a pas touché que moi mais aussi ma famille, je m’en veux de leur avoir infligé ça" #MissProvence

Fanny Attal, l'avocate d'April Benayoum avec Jean Veil est la première à plaider. "Sur les réseaux sociaux, chacun sait, qu’il n’y a pas de repentir possible (...) Les tweets sont là, ils le seront toujours et compte tenu des algorithmes, ils ne disparaitront jamais", dit-elle

Pour son avocate le préjudice est impossible à mesurer pour April Benayoum, estimant que "toute sa vie, son nom sera associé à ces messages haineux" #MissProvence

"Nous sommes en 2021 et on continue à utiliser les expressions qui se veulent négatives et qui ferait des nous des gens différents des uns des autres, en France. Je trouve ça insupportable et penser qu’à l’âge de 21 ans, April Benayoum a été confrontée à ceci" #MissProvence

L'avocate de la Licra plaide à son tour. Elle estime que l'audience ne doit pas devenir le "procès de Twitter": "Twitter n’a pris la main à aucun des internautes pour rédiger leurs tweets" #MissProvence

Elle s'adresse aux prévenus : "Ils ont le droit de s’exprimer, de manifester des idées, le droit de critiquer une religion, un gouvernement, celui de Netanyahu ou des Talibans. ils ont le droit d’emmerde Dieu, car nous ne sommes pas dans un régime totalitaire" #MissProvence

"S’ils ont le droit de le faire, ils n’ont pas le droit d’injurer April Benayoum pour ses origines", ajoute-t-elle. #MissProvence

Elle revient sur les propos de Jasmine B. qui a dit ne pas comprendre pourquoi April Benayoum avait "revendiqué" ses origines : "Elle confond origine et conviction politique, les origines on nait avec, on les choisit pas, elles nous sont intrinsèques" #MissProvence

Jean-Louis Lagarde, autre avocat des parties civiles, plaide pour cinq associations. Il décrit "le grand bal de l’hypocrisie" de ces dossiers: "Ce sont des dossiers ou vous avez une déferlante de racisme et d’antisémitisme mais à en croire les prévenus sans raciste ni antisémite"

Il qualifie les prévenus de "mercenaires" de la haine et de "tigres de papier cachés derrière leurs écrans" et "qui ne reconnaissent plus rien, essayant de slalomer entre les faits" #MissProvence

"Nous ne savons que trop, ici, que ces mots là tweetés le 19 décembre ne sont pas des mots ayant un quelconque rapport avec de l’humour ou de l’ironie", lance l'avocate de l'OJE, Me Ouaknine-Melki #MissProvence

Elle attend des "peines sévères" de la part du tribunal et estime que "les stages de citoyenneté ne servent à rien" dans ce domaine #MissProvence

On passe aux réquisitions du parquet. "J’avais un peu l’impression que ça pouvait être un peu l’ancien monde contre ce nouveau monde qui nous est un peu étranger. Les prévenus, pour six d’entre eux sont nés entre 98 et 2001", rappelle la procureure #MissProvence

"On est une seule et même personne dans la vie, il n’y a qu’un Ahmet I., qui traite April Benayoum de chienne", dit-elle en évoquant un des 8 prévenus #MissProvence

Pour le parquet, "Chacun des tweets des prévenus sont pour moi l’expression d’un mépris a minima ou d’une invective à l’égard d’une personne à raison de son origine" #MissProvence

Sur Twitter le soir de l'élection de Miss France, "Il n’y a aucun débat d’intérêt général ou de débat positif. C’était pas l’ambiance d’un débat sur la politique israélienne" rappelle la magistrate du parquet #MissProvence

"Il s’agit bien d’attaques personnelles contre April Benayoum qui a fait état de ses origines cosmopolites" (parquet) #MissProvence

"Je souhaite quand même attirer l’attention sur le fait que derrière ces injures en raison de l’origine, il y a aussi la volonté d’atteindre la liberté d’expression", poursuit la procureure #MissProvence

"Qu’est-ce qu’on a voulu faire derrière ces injures ? On a voulu dire à April Benayoum que non, il ne faut pas être fière de ses origines, comme si c’était un sujet tabou. En condamnant les prévenus, c’est aussi défendre la liberté d’expression" (parquet) #MissProvence

"Je demande de déclarer l’ensemble des prévenus coupables des faits (...) Le sujet c’est de trouver la juste peine au regard des faits et de la personnalité des prévenus" #MissProvence

Le parquet requiert une peine de 2 mois de prison avec sursis à l'encontre des 8 prévenus #MissProvence

J'interrompt ce live-tweet maintenant mais le compte rendu sera à retrouver dans la soirée sur le site de @20Minutes Merci de l'avoir suivi !