Au procès des attentats du #13Novembre l'audience va reprendre pour son 13e jour et le début des cinq semaines d'auditions de parties civiles.

Le compte-rendu de la journée de vendredi dernier est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, ce sont les parties civiles du Stade de France qui sont entendues.
Parmi elles, Walid Youssef, égyptien de 33 ans, grièvement blessé dans l'explosion du 2e kamikaze.

Son témoignage est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/13-nov…
Cette 13e journée d'audience est à suivre sur l'antenne de @franceinter avec @sophparm

En LT ici.

Avec les dessins de @ValPSQR
L'audience reprend. Avec, avant les premiers témoignages de victimes, l'appel de nouvelles constitutions de parties civiles, indique le président.
Les avocats se succèdent à la barre pour demander de la constitution de nouvelles parties civiles : survivants, proches de victimes décédées ou proches de survivants.
Le nombre de parties civiles a dépassé la barre des 2000 personnes désormais.
Me Claire Josserand-Schmitt annonce la constitution de parties civiles de Jesse Hugues, Matthiew
McJunkins et Shawn London, notamment, membres du groupe Eagles of Death Metal qui jouait ce #13Novembre 2015 au Bataclan.
Le président annonce avoir "réfléchi pendant le week-end" et ne pas avoir "trouvé d'argument procéduraux permettant de privilégier des témoignages à la barre de parties civiles qui ne déclineraient pas leur identité".
Il répond donc par la négative à cette demande.
Le président ajoute : "les parties civiles pourront toujours dire en arrivant à la barre qu'elles ne souhaitent pas que leur nom soit diffusé dans la presse. Et j'ai pu observer que la presse était très respectueuse de ces questions."
Les premières auditions de parties civiles vont débuter avec "les gendarmes de la garde républicaine".
Le président avertit en préalable : "nous en sommes à 350 auditions prévues. Je voudrais donc qu'on évite dans la mesure du possible les redites dans les dépositions".
Le premier garde républicain s'avance à la barre. Il a souhaité que son nom de famille ne soit pas communiqué dans les médias. "Je m'appelle Philippe, j'étais major de gendarmerie. Il est aujourd'hui retraité."
Philippe : "à chaque fois qu'il y a un événement au Stade de France, nous déployons des régiments de cavalerie. Ce jour-là, nous avions six chevaux. Nous arrivons quatre heures avant et puis quand démarre le concert ou la rencontre sportive, nous mettons les chevaux en repos".
"Ce soir-là, nous avions en plus des dix cavaliers", explique Philippe à la barre, trois personnes qui venaient pour la première fois.
"A 20h45, je passe un appel radio à toutes les patrouilles de deux cavaliers" pour qu'elles se mettent en réserve pendant la rencontre.
Philippe : "les chevaux avaient été attachés de part et d'autres du camion, j'avais la porte D dans mon dos et là, à une vingtaine de mètres, la déflagration. C'est la surprise. Il y avait énormément de fumée. J'entends un monsieur qui hurle "bande d'enculés, bande d'enculés".
Philippe (garde républicain) : "je me jette sur ce monsieur, il saignait de la tête. Et c'est là que je vois, à quelques mètres de moi, un monsieur en position à genoux, j'avais l'impression qu'il me regardait." Il s'agit de Manuel Dias, chauffeur de bus tué au Stade de France.
Philippe (garde républicain) : "j'ai vu une jambe. Et ma première pensée ça a été : "qu'est-ce que fait cette jambe de mannequin de vitrine là?"
"Puis j'ai vu la jeune lieutenant et je lui ai dit : "n'y allez pas, ce n'est pas beau à voir"."
Philippe (garde républicain) : "si je tenais à témoigner, parce que ça a été dur à décider, c'est pour vous expliquer qu'à l'époque des attentats j'avais 33 ans de gendarmerie. On est préparés à vivre des scènes hors du commun, c'est notre métier."
Philippe (garde républicain) : "le scénario habituel c'est : on nous appelle, on s'équipe, on se prépare psychologiquement. Ce soir-là nous on était sur l'explosion. Et on a d'abord du absorber le choc, comprendre et improviser avant que les gestes réflexes reviennent".
Philippe (garde républicain) : "ce qui me hante aussi", dit ce père de deux garçons très ému, "c'est que j'étais le patron ce soir-là. Et j'ai fait du mieux que j'ai pu. Je n'ai pas été blessé et la seule façon de marquer mon corps ça a été de faire un petit tatouage souvenir."
Philippe (garde républicain) évoque sa famille en pleurant à la barre : "le 14 novembre au matin, ma femme m'a dit : il faut que tu parles aux petits. Je leur ai dit : posez-moi cinq questions chacun et après on n'en parle plus. Et puis voilà, je n'en parle jamais en famille".
Un deuxième garde républicain s'avance à la barre, Pierre, lui aussi retraité de gendarmerie. Il appartenait au service des transports.
"Généralement, on fait des services d'honneur, le 14 juillet, transporter des musiciens", explique-t-il.
Pierre (garde républicain) : "moi mon rôle c'est d'attendre les cavaliers et de préparer le repas du soir. Et au moment où on allait se mettre à table, le premier kamikaze a explosé. Intervention tout de suite de toute l'équipe. Beaucoup de blessés, beaucoup de cris, de fumée".
Pierre (garde républicain) : "j'ai senti qu'il y avait quelque chose de grave et qu'il fallait donner l'alerte. Je suis au téléphone et le deuxième kamikaze va se faire exploser devant nous. Je garde en moi l'explosion, le bruit, l'odeur. On va se retrouver par terre."
Pierre (garde républicain) : "j'ai été choqué par la deuxième explosion, ce tronc humain, ces morceaux de chair un peu partout, cette odeur. Quand j'arrive chez moi, mes chaussures sont pleines de sang. Moi j'ai pas la force de mes camarades, j'ai du mal à dormir, à manger".
Pierre (garde républicain) : "j'ai pas de chance car je suis sur les Champs-Elysées le 20 avril 2017 quand un policier va se faire assassiner à 500 mètres de là où je suis stationné. J'ai été hospitalisé en psychiatrie un mois et demi, je suis toujours suivi, j'ai un traitement."
Pierre (garde républicain) : "je voudrais parler de mes enfants, de ma femme. Tout le monde a été touché dans ma famille par cet attentat. Je pense qu'il faut prendre en compte les victimes indirectes. J'aimerais qu'on en prenne compte. Il y a tout ceux derrière : familles, amis"
Pierre (garde républicain) : "ce soir-là en plus d'avoir tué monsieur Dias, les terroristes ont attaqué des familles entières. J'espère que mon intervention sera comprise et qu'on en tiendra compte".
Pierre, encore visiblement très marqué, retourne s'asseoir dans la salle.
Renaud (garde républicain) s'avance à la barre en uniforme : "après l'explosion, on retrouve des réflexes qui sortent de je ne sais où. Puis deuxième explosion, on reçoit des boulons. Il y avait un homme complètement paniqué qui cherchait son fils".
Renaud (garde républicain) explique que peu de temps après "je rentre chez moi. Je mets une heure à arriver à parler". Il est très ému. "C'était mon premier jour de reprise après mon congé paternité. Ma première fille avait 5 semaines. Elle aurait pu ne jamais connaître son père"
Renaud (garde républicain) : "le lendemain, je retourne au travail. Je me rends compte que quand j'ai l'uniforme, ça va à peu près. On a les chevaux en plus, je ne veux pas faire l'apologie de l'équithérapie mais ça aide. Mais à la maison, c'était compliqué."
Renaud (garde républicain) : "un jour, je suis dans le RER et il y avait un homme de confession musulmane qui ne demandait rien à personne et je le fixais. Je me suis rendu compte du problème. J'ai accepté d'avoir besoin d'être suivi."
Renaud (garde républicain) évoque aussi son amertume à la barre envers "les grands chefs" de la gendarmerie nationale : "zéro reconnaissance. Et ça vraiment c'est dur".
Le gendarme achève son audition, remet son couvre-chef et fait le salut militaire avant de tourner les talons. Lui succède Laurent, désormais retraité : "ce jour-là, je n'étais pas prévu", explique-t-il en préambule.
Laurent (garde républicain) explique, une fois la stupeur passée, avoir "déplacé les blessés, établi un périmètre de sécurité. On a reçu en pluie des boulons de la deuxième explosion. Puis on nous a ordonné la levée du dispositif. On a fait un débrief rapide et on est rentrés".
Laurent (garde républicain) : "moi j'ai deux sentiments : 1/ d'avoir échappé à la mort et 2/ je me dis que ça fait partie du boulot. Donc j'essaie de vivre comme ça. Mais, ma femme et mes enfants avaient peur donc ils se sont installés ailleurs. Et moi j'ai pris ma retraite"
Laurent (garde républicain) : "je voulais aussi parler un peu pour mes collègues qui n'ont pas pu ou voulu venir. Et puis, tout compte fait [il montre le box des accusés ndlr], c'est eux qui sont derrière. Nous on est libres et eux ils sont derrière."
Gregory, lui aussi en uniforme, s'avance à la barre : "je voudrais parler de l'explosion. Moi ce qui me traverser c'est une onde de choc. On peut être préparé à beaucoup de choses, mais quand on n'est pas préparé, on se pose beaucoup de questions."
Gregory (garde républicain) : "puis il y a eu la deuxième explosion. On reçoit des débris. Moi, je suis rentré chez moi, j'avais des bouts de chair dans les cheveux.
Puis je voudrais témoigner à quel point la lâcheté humaine a un impact sur les familles."
Président : "vous êtes suivi vous?"
Gregory (garde républicain) : "ma thérapie, c'était l'outre-mer". Il contient ses larmes. "Mais j'ai continué à travailler."
Le dernier garde républicain s'avance à la barre : Jonathan, chef d'escadron. Il travaille aujourd'hui dans la Vienne.
"Je souhaite rendre victimes à l'ensemble des victimes, plus particulièrement Manuel Dias" [décédé au Stade de France ndlr].
Jonathan (garde républicain) : "le chaos régnait et on a tenté de redonner un semblant d'ordre."
Très ému, il énumère "les noms des militaires qui ne sont pas là aujourd'hui, parce qu'ils ne peuvent pas ou n'en ont pas la force".
Jonathan (garde républicain) : "j'avais 40 ans, 15 ans d'ancienneté. Mon premier réflexe est une explosion de gaz parce que j'en avais déjà vécu une. Mais je me dis que c'est beaucoup trop fort. Le temps s'arrête, un silence de mort s'installe. Et puis un cri déchirant."
Jonathan (garde républicain) : "je vois le visage de monsieur Manuel Dias, les yeux ouverts, agenouillé, le visage appuyé sur l'une de ses mains. Je constate qu'il est décédé. Et il me faut un moment pour réaliser que les débris humains sont trop nombreux pour un seul corps"
Jonathan (garde républicain) : "je m'avance, je vois des bras, des jambes. Et puis j'aperçois des fils. Et je pense : kamikaze, risque de surexplosion. Donc je décide de faire un gel des lieux pour protéger du danger."
Jonathan (garde républicain) ; "nous allons faire effacer de téléphone des photos des corps prises par des badauds. Ce qui me blesse aujourd'hui c'est d'être obligé de montrer ces photos pour justifier de ma présence sur les lieux et mon statut de victime."
Jonathan (garde républicain) : "j'ai l'image du Stade de France avec des cris de joie qui s'échappent. Et je pense que je suis entre deux mondes irréconciliables. La vie et la mort autour de moi. C'est une image qui me hante encore aujourd'hui."
Jonathan (garde républicain) : "à partir de la deuxième explosion, j'ai peur. J'ai peur de mourir. Et je vois dans chaque personne qui s'avance un possible kamikaze. On met chaque personne en jour, en faisant des somations. Jusqu'à ce qu'une d'elles me montre un écusson police."
Jonathan (garde républicain) : "arrive un commissaire de police avec un aéropage de forces de l'ordre et nous demande de partir. Le commissaire va me dire à trois reprises de dégager. Je vais désobéir estimant qu'il n'y a pas d'effectifs suffisants pour tenir la scène de crime".
Jonathan (garde républicain) explique qu'ils finissent par rentrer aux écuries : "je vois que mes militaires sont dans un état second. Et je m'aperçois qu'il manque une capitaine. Je la retrouve derrière une porte en bois, prostrée sur elle-même, en pleurs. Elle me serre fort".
Jonathan (garde républicain) : "j'appelle mon chef pour expliquer dans quel état sont les militaires, je demande un soutien psychologique. Mon colonel me dit qu'il est tard, qu'il viendra le lendemain. Je me sens seul, abandonné. Je m'assure que chacun ne rentre pas seul."
Jonathan (garde républicain) explique que le 14 novembre, il y a l'alerte d'un "individu avec une kalachnikov à quelques centaines de mètres." Il pleure. "J'ai juste eu le temps d'attraper mon épouse, de récupérer mes filles, de les mettre au sol, de leur dire de ne plus bouger".
C'est finalement une fausse alerte. "Et ensuite, va commencer un très long parcours, explique Jonathan (garde républicain), celui de faire le suivi de ces 12 militaires où j'ai l'impression d'être seul. Seul devant l'inconnu et l'incompréhension de mes supérieurs."
Jonathan (garde républicain) : "nous avions tous notre mission chevillée au corps. Le cheval nous a beaucoup aidé. Et je pense que le fait d'avoir tous été cavaliers nous a permis de rester debout et de ne pas être arrêtés. Il s'agissait de ne pas fléchir devant le terrorisme".
En plein coeur de l'audition du dernier gendarme républicain, le président s'agace car un avocat est au téléphone dans la salle.
"C'est invraisemblable ! Invraisemblable!".
Jonathan (garde républicain) : "ma grande hantise était d'être déclaré inapte au service pour raisons psychologique. Mais je n'étais plus le même à la maison. Impatience, énervement, colère. Beaucoup de temps passé au travail, à m'occuper du suivi des douze militaires."
Mais Jonathan (garde républicain) explique aussi avoir pu bénéficier de stages de reconstruction avec d'autres militaires blessés ou traumatisés. Ces stages lui ont notamment permis de "trouver la force pour un dépôt de plainte".
Jonathan (garde républicain) : "et puis est arrivé le temps des décorations militaires."
Il la montre sur son uniforme, détaille la musique, l'escadron de la gendarmerie de Reims etc. de la remise de médaille.
"Ca a été un véritable honneur de recevoir ces décorations".
Jonathan explique qu'en revanche, il n'a pas pu recevoir la médaille des victimes de terrorisme. "Dans son statut, il écrit noir sur blanc que cette médaille peut être remise à un militaire. Mais en pratique, le ministère de la défense refuse qu'elle soit portée sur un uniforme".
Jonathan (garde républicain) : "je souhaite que vous condamniez le plus fermement possible les auteurs de ce type d'actes. Quand je vois aujourd'hui l'état dans lequel cela peut nous mettre, je prends la pleine mesure de l'état dans lequel sont les victimes civiles aujourd'hui."
Jonathan (garde républicain) : "je me souviens de cette femme, allongée, qui me tire le pantalon, qui me fait mal et qui me dit : "ne nous abandonnez pas, ne nous abandonnez pas." Si j'ai désobéi ce soir là, c'est pour ne pas les abandonner".
Fin de les auditions des gardes républicains. L'audience est suspendue avant la suite des auditions de victimes de l'attentat du Stade de France.
L'audience reprend. Avant de passer aux auditions des autres parties civiles du Stade de France, le président fait visionner des vidéos amateur des abords du Stade de France, à la demande de Me Berger-Stenger, avocate des gardes républicains qui ont déposé à la barre.
Sophie Dias, 39 ans, fille de Manuel Dias, seule victime décédée au Stade de France s'avance à la barre.
"Le #13Novembre 2015, je me trouvais au Portugal pour préparer mon mariage. J'ai ma mère au téléphone, elle me dit que mon papa m'embrasse."
Sophie Dias : "je pars au restaurant, je vois défiler les premières alertes sur des chaînes d'informations portugaises. Je me rassure comme je peux, je me dis que c'est au Bataclan. J'appelle mon père, qui ne réponds pas. J'insiste une dizaine, vingtaine, trentaine de fois".
Sophie Dias : "l'angoisse m'envahit. Le numéro vert est injoignable depuis l'étranger. Ma mère réussit à l'avoir après insistance, on lui dit que mon père n'est pas sur la liste des décédés et que c'est plutôt bon signe. Vers midi, on me confirme que mon papa est bien décédé."
Sophie Dias : "je n'y crois pas car la police m'a contactée juste avant le contraire. Le monde s'écroule.
Débute alors le parcours du combattant, seuls, qui va nous anéantir chaque jour un peu plus. Avec de lourdes démarches, un manque d'empathie constant."
Sophie Dias : "un besoin de se justifier et de justifier de notre statut de victime, continûment.
Mon papa était un papa poule comme il en existe peu. Le papa qui m'attendait dans la voiture pendant les épreuves du bac, mon permis. Un vrai pilier pour toute notre famille".
Sophie Dias : "un papa qui voulait qu'on étudie le plus possible pour avoir une réussite professionnelle. C'était aussi un mari qui offrait des roses rouges à son épouse, continuant à la surprendre par des invitations au restaurant. Ma vie n'a plus jamais été la même."
Sophie Dias : "j'ai du me marier sans mon papa, sans qu'il puisse m'accompagner à l'église. Cela fait plus de 5 ans que nous nous battons avec nos avocats. Le fonds de garantie nous contraint à faire de plus en plus d'expertises avec des experts froids qui n'ont aucune empathie"
Sophie Dias : "c'est important de parler du Stade de France, je veux vraiment oeuvrer pour qu'on n'oublie pas le Stade de France et non pas le passant comme plusieurs médias ont pu le dire ces derniers jours mais Manuel Dias, la victime décédée sur ce site."
Sophie Dias : "le président Hollande aura été beaucoup à nos côtés mais depuis, on se sent oubliés. On a un président de la République qui n'est plus là le #13Novembre et au fil du temps il y a beaucoup moins d'implication."
Sophie Dias : "ce procès pour moi c'est vraiment le devoir de mémoire qui prime. Parfois on me dit : mais c'était quel attentat? Et je trouve lamentable qu'il n'y ait pas un travail dans les écoles pour sensibiliser les jeunes à ce qui s'est passé et comment on en est arrivé là".
Fin de la déposition de Sophie Dias. Bilal Mokono, "père de 5 enfants, victime des attentats du #13Novembre au Stade de France" s'avance à la barre en fauteuil roulant. A ses côtés à la barre, "un ami qui m'accompagne depuis longtemps qui m'a évité de nombreux écarts".
Bilal Mokono : "le #13Novembre 2015, j'ai emmené mon fils de 13 ans qui n'avait jamais vu le Stade de France."
Il explique qu'il veut aller "se faire une grillade" à l'Events. "Et mon fils me sensibilise, il me dit : regarde papa le gars qui passe est bizarre"
Bilal Mokono livre son récit avec beaucoup de détails. Il arrive au moment où "je me retourne et là : Boum ! Explosion du kamikaze. Je vois une dame, je la passe aux CRS et là dans ses cheveux je vois ce que je crois être de la côte de boeuf mais c'était des débris humains".
Bilal Mokono : "je ne vois plus mon fils."
Il finit pas le retrouver. "Et là, il faut imaginer un gamin de 13 ans qui ouvre les bras et c'est lui qui me prend dans les bras. Il me dit : "papa, arrête de pleurer".
Bilal Mokono se tourne vers le box des accusés : "quand j'entends qu'on dit qu'on fait ça pour Allah, je ne peux pas pardonner. Moi je suis croyant et la première chose qu'on nous apprend dans notre religion c'est de ne pas tuer"
Bilal Mokono : "quand je suis arrivé à mon domicile, escorté. J'ai dit : moi Bilal Mokono, vivre dans la peur ? Vivre protégé? Mais ce n'est pas possible."
Bilal Mokono : "j'ai un fils qui pleure tout le temps parce qu'il dit : ce qui est arrivé à papa c'est injuste. J'ai une femme qui a pris vingt ans à vivre avec moi. "
Le président interroge Bilal Mokono sur ses blessures. "Et le fauteuil, il remonte à quand?"
Bilal Mokono : "à fin 2015".
- Et vous alternez entre fauteuil et béquilles?
- Fauteuil tout le temps.
Marylin (dont l'avocate demande à la presse de ne pas citer son nom de famille) s'avance à la barre.
"Vous étiez également au Stade de France", indique le président.
Marylin : "j'avais 33 ans. J'avais travaillé pendant 10 ans dans l'audiovisuel"
Marylin : "j'avais accepté une pige de faire des interview de supporteurs allemands. Je parle couramment allemand, j'avais accepté. On a fait notre travail. A 21h, on avait fini."
Elle va du côté des restaurants pour voir si il était possible de faire quelques plans.
Marylin : "d'un coup, il y a eu l'explosion. Je suis restée debout. Je ne suis pas tombée, mais j'ai été stoppée nette par l'explosion. J'ai eu le reflexe de fuir, j'avais senti des impacts au niveau de mes jambes mais je pouvais courir donc j'ai pris la fuite en criant."
Marylin : "je savais que j'avais été impactée au niveau du visage et j'avais très très peur d'être défigurée, d'avoir la joue arrachée. J'ai impact là. [Elle montre son visage]. Il ne se voit plus beaucoup. Mais moi je le vois tous les jours."
Marylin : "j'ai été prise en charge par un camion de la sécurité civile. C'est là que l'adrénaline a arrêté de faire effet. J'ai commencé à avoir mal, avoir peur. J'avais des brûlures aux jambes au 2e et 3e degré, j'avais un impact au visage."
Marylin a apporté le morceau d'écrou "qui a pénétré dans ma joue". Elle le fait montrer à la cour. "Mais je souhaiterais le conserver", explique-t-elle.
Marylin : "j'ai développé un syndrome de stress post-traumatique qui est encore présent aujourd'hui. Qui a des conséquences importantes dans ma vie professionnelle, ma vie personnelles. "
Elle raconte l'hypervigilance, "la peur de tout".
Marylin :"je n'ai plus aucune résistance à la moindre émotion. Je ne sais pas si vous avez vu "Adieu les cons", film plutôt burlesque? Et bien c'est le genre de film qui me déclenche des crises d'angoisse."
Marylin explique avoir quitté Paris, déménagé dans la Nièvre. "La relation avec mon compagnon a changé aussi après les attentats. Je suis devenue colérique. Je pétais des câbles."
Marylin : "aujourd'hui, je me suis séparée du père de ma fille. Car notre couple n'a pas résisté aux attentats. On a parlé de la libido en berne, de la perte d'enthousiasme, de l'anxiété généralisée, des pétages de plombs incompréhensibles pour l'autre. Tout est parti en éclats."
Marylin : "j'espère qu'en témoignant aujourd'hui, cela me donnera aussi les mots pour expliquer un jour à ma fille qui a aujourd'hui trois ans ce qui m'est arrivé. Elle, elle n'a rien demandé et d'apprendre que sa maman a été blessé psychologiquement et physiquement, c'est dur."
Fin de l'audition de Marylin. Elle récupère son éclat d'écrou et quitte la barre.
Paul-Henri Baure, stadier au Stade de France, le 13 novembre 2015 s'avance à la barre.
Paul-Henri Baure se trouvait au niveau de la porte H. "Vers 21h15, nous avons entendu une première explosion. On pensait que c'était un gros pétard. Puis j'ai entendu une deuxième explosion, un bruit invraisemblable, je me suis retrouvé par terre".
Paul-Henri Baure : "j'ai été emmené à l'hôpital car j'avais une perte d'audition, mal à l'oeil gauche et des douleurs au pied et à la cheville gauche".
Ce n'est que le lendemain, à la télévision, qu'il apprend la réalité des attentats du #13Novembre 2015
Sur question du président, Paul-Henri Baure explique n'avoir rien remarqué de suspect avant les explosions des kamikazes.
"Il y a plein de gens qui ne savent pas où ils sont, ils cherchent la porte." Il a ainsi aperçu l'un des kamikazes : "on était prêts à le renseigner".
Paul-Henri Baure détaille le dispositif de sécurité du stade de France.
Assesseure : "dans l'hypothèse où l'on veut entrer dans le stade avec un gilet explosif ... "
- "ah ben, à la palpation, on le voit tout de suite"
Mohamed Amghar s'avance à son tour à la barre. "Vous étiez vous aussi dans le secteur de la porte H", indique le président.
Lui aussi était agent de sécurité. "Je faisais une vacation pour compléter la fin du mois pour les besoins de mes filles parce que j'ai un autre travail".
Mohamed Amghar était en charge de la vérification des billets. Lors de la deuxième explosion, il reçoit "cinq impacts de boulons. Qui ont perforé un poumon, la fesse gauche ... mais je suis resté debout. Je suis un combattant, je suis très solide."
Mohamed Amghar : "je comprenais pas. Moi j'étais juste venu faire une vacation. J'ai vu que j'étais blessé. Je me suis assis, j'ai fait une prière, j'ai parlé à mon créateur. J'ai dit : écoute ..."
Il pleure, n'arrive plus à témoigner. Quitte la barre et retourne dans la salle.
En attendant que Mohamed Amghar reprenne ses esprits, le président invite Hervé Morin à s'avancer à la barre.
Le #13Novembre il se trouvait porte H "pour gérer les litiges billeterie pour les billets perdus, volés, mal imprimés" explique-t-il à la barre.
Hervé Morin : "tout d'un coup, nous avons ressenti le souffle de la bombe dans les jambes. J'ai eu des maux de tête très violents et des sifflement dans les oreilles. Nous étions complètement abasourdis."
Hervé Morin explique qu'aujourd'hui, il a réussi à surmonter son traumatisme et continue à travailler dans l'événementiel. Mais "j'ai toujours des acouphènes qui la nuit me réveillent constamment et me rappellent à chaque fois ce qu'il s'est passé ce #13Novembre "
Mohamed Amghar revient à la barre pour la suite de son témoignage. Il s'excuse. "Vous n'avez pas à être désolé".
Mohamed Amghar reprend, explique avoir "parlé à mon créateur, j'ai demandé plus de temps pour voir mes filles grandir. Il m'a entendu."
Mohamed Amghar : "j'essayais de sortir mon mouchoir pour empêcher le sang de couler. Tout le monde était rentré [dans le stade ndlr], les portes étaient fermées. J'avais des morceaux de chair humaine, qui n'était pas à moi."
Il rejoint l'hôpital à pied, tout seul.
Mohamed Amghar : "j'ai trouvé quelque chose qui m'aide beaucoup : une fois par semaine, je vais au cimetière du Père-Lachaise. Je marche entre les tombes. Ca me fait du bien. J'ai l'impression qu'une partie de moi est enterrée là."
Mohamed Amghar : "je sais qu'il y a un avant et un après. Mais il faut vivre avec.
Je demande juste une chose : ne faites pas d'amalgame. Je suis de confession musulmane, c'est important pour moi."
C'est au tour du témoignage de Walid Youssef, égyptien de 33 ans, grièvement blessé au Stade de France. Nous l'avons rencontré avant sa venue au procès. Un récit à retrouver ici > franceinter.fr/justice/13-nov…
Walid Youssef s'excuse de ne pas s'exprimer en français, mais dans sa langue maternelle, l'arabe. "Avec les accusés, la seule chose qui nous unit est la langue arabe. J'ai 33 ans, je suis venu d'Eygpte apporter mon témoignage car j'ai une confiance totale en la justice française"
Walid Youssef : "je menais une vie épanouie en Egypte jusqu'au mois d'août 2015 quand on a appris que mon frère était atteint d'un cancer. Quand on a su que son état était critique, on a décidé de venir en France. On est arrivés le 6 novembre 2015."
Walid Youssef : "le #13Novembre au matin, on était à l'hôpital. On a appris de mauvaises nouvelles par rapport à l'état de santé de mon frère. J'essayais de rester fort devant lui. Au dernier moment, j'ai choisi d'aller assister au match. Mais je suis parti au parc des princes"
Walid Youssef : "je suis arrivé au Stade de France après le début du match. J'ai acheté un billet à un vendeur clandestin. Je courais pour arriver à l'heure. Au moment où je me suis approché de la porte H, j'ai vu trois personnes de dos. Et il y a eu l'explosion."
Walid Youssef : "j'ai été soulevé de terre. J'avais l'impression d'avoir reçu 20 tirs. Le son était très fort au point que jusqu'à aujourd'hui, je sens le sifflement dans mes oreilles. Je l'entends en ce moment. Et je l'entendrai toute ma vie. Il me poursuis dans mes cauchemars"
Walid Youssef : "j'ai rouvert mes yeux. J'ai vu que ma jambe droite était séparée de mon corps. J'ai découvert que je perdais beaucoup de sang. J'avais l'impression que c'étaient mes derniers instants de vie. Tout devenait noir devant moi. Au point de perdre connaissance après."
Walid Youssef : "j'ai su plus tard que les compétences et le dévouement des médecins qui m'ont pris en charge sont la raison de ma présence aujourd'hui. Ils ne savaient même pas si j'étais auteur ou victime mais ils ont fait ce qu'ils pouvaient pour sauver la vie d'un homme."
Walid Youssef : "c'est la différence entre ces gens qui sont miséricordieux, humanitaires. Et d'autres gens qui tuent sans connaître."
Walid Youssef : "je suis resté dans le coma pendant huit jours. Je vais essayer de vous donner une idée de l'ampleur de ma douleur."
Walid Youssef demande à pouvoir s'asseoir pour la suite de sa déposition.
Walid Youssef : "mon corps a reçu plus de 15 projectiles. Trois sont toujours dans mon corps, je vais devoir vivre avec. J'ai subi un nombre énorme d'interventions chirurgicales. J'ai passé 100 jours en soins intensifs, je partais tous les deux ou trois jours au bloc opératoire".
Walid Youssef : "j'étais tellement faible que mon corps ne supportait plus les anesthésies générales. J'ai été atteint de plusieurs infections, donc j'ai du subir des perfusions sous cutanées, placées à vif."
Walid Youssef : Après les 100 jours de soins intensifs, je devais subir une dernière intervention avant une hospitalisation à domicile. Mais la dernière intervention a échoué. J'ai frôlé la mort une nouvelle fois. J'ai du passer 45 jours de plus en soins intensifs."
Walid Youssef : "pendant un an, j'ai gardé le ventre ouvert avec une poche pour mes besoins.
Je souffrais de voir ma mère, mon frère était dans un autre hôpital. Ma mère alternait entre mon frère et moi."
Walid Youssef : "au mois de mai, mon frère est décédé. Vu que mon état était encore très très critique, on n'a même pas pu nous rendre en Egypte pour assister aux funérailles de mon frère."
Walid Youssef : "à mon réveil du coma, j'ai su que j'avais été soupçonné d'avoir été un des kamikazes. Ca a été médiatisé. Ca a été un autre choc."
Son passeport, tombé lors de l'explosion, avait été retrouvé à proximité du corps du kamikaze.
Walid Youssef explique avoir subi des interventions chirurgicales "pendant trois à quatre ans". La dernière, pour retirer la poche intestinale avec laquelle il a vécu pendant plus de deux ans.
Walid Youssef : "je fais beaucoup de cauchemars. Parfois j'ai peur de dormir. Je ne dors que sous médicaments."
Aujourd'hui, il explique ne pas être capable de retravailler.
A son tour, comme les autres victimes avant lui, Walid Youssef explique avoir "subi de nombreuses expertises" pour le fonds de garantie. "A chaque fois, je dois raconter mon histoire".
Me Samia Maktouf, avocate de Walid Youssef, lit les déclarations de Salah Abdeslam devant la cour dans les premiers jours de l'audience. "Qu'en pensez-vous, Walid?"
Walid Youssef : "ce sont les déclarations d'un ignorant. C'est un islam inventé. L'islam se désavoue de ces gens-là. Nous en Egypte, on connait les terroristes et leurs agissements. Ils rentrent dans des églises et tuent des gens. Et je suis sûr que cela recommencera."
Fin des auditions de parties civiles pour aujourd'hui.
L'audience est suspendue jusqu'à demain 12h30 avec la suite des témoignages de victimes du Stade de France et le début de celles des terrasses.
Le compte-rendu de l'audience du jour, illustré par Valentin Pasquier (@ValPSQR ) est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/13-nov…

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24 Sep
Cette 12e journée d'audience est à suivre à la radio avec @sophparm et en LT ici.

Avec, toujours, les dessins de @ValPSQR
Une avocate de parties civiles souhaite prendre la parole. Me Dorothée Bisaccia-Bernstein demande à ce que les parties civiles ne soient pas obligées de décliner leur nom dans le micro au moment où elles viendront témoigner à la barre.
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22 Sep
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En live-tweet ici.

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Les potages du #13Novembre très amis dans la vie, c'est aussi un reportage que vous pouvez réécouter ici > franceinter.fr/emissions/le-z…
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20 Sep
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Et les temps forts de la 2e semaine ici > video.twimg.com/amplify_video/…
Au programme aujourd'hui : la suite des constatations sur les scènes de crime des terrasses de la Belle équipe (où le plus grand nombre de victimes a été à déplorer) et au Comptoir voltaire (où l'un des kamikazes s'est fait exploser).
Deux enquêteurs sont attendus à la barre.
Pour suivre cette audience :

A la radio avec @sophparm dans les journaux de @franceinter

En LT ici.

Et retrouvez ce soir les dessins de @ValPSQR dans le compte-rendu de la journée sur le site de France Inter.
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16 Sep
Une audience à suivre sur l'antenne de @franceinter avec @sophparm

En dessins avec @ValPSQR

Et en LT ici.
L'audience s'apprête à reprendre. Trois enquêteurs doivent être entendus aujourd'hui.
Le premier devrait tout d'abord revenir sur les constatations du Stade de France.
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15 Sep
Bonjour à tous,

Au procès des attentats du #13Novembre la salle d'audience vient d'ouvrir dans la perspective de la reprise d'audience à 12h30.
Petite précision d'ailleurs, en réponse à de nombreuses questions sur ces débuts d'audience en décalé ...
... il a été décidé par le président de commencer tous les jours à 12h30 pour deux raisons. La principale est d'éviter de multiplier les déplacements des accusés, notamment pour la pause déjeuner ...
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14 Sep
Bonjour à tous,

La salle d'audience vient d'ouvrir avant la reprise prévue à 12h30. Aujourd'hui, la cour entend la juge d'instruction belge Isabelle Panou pour évoquer l'enquête du côté belge.
Hier, le volet français a été détaillé par un commissaire de la SDAT.

Retrouvez le compte-rendu d'audience de @sophparm ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, retrouvez @sophparm à l'antenne de France Inter.
LT à suivre ici.
Et toujours, les dessins de Valentin Pasquier (@ValPSQR )
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