Thread by @lapsyrevoltee

Aujourd'hui dans les #ThreadLaPsy on parle des préjugés qui empêchent les gens d'aller chez le psy parce que soit iels ne se sentent pas légitimes soient iels ont une image erronée PARTIE 3 (basée sur vos remarques) :

- "Parce qu'on se sentirait jugé.e par nos proches" : Il se trouve que cette inquiétude du regard de l'autre est encore très présente. Plusieurs de mes patient.e.s viennent me voir en cachette, de leur partenaire, de leur famille. C'est à la fois leur jardin secret mais c'est

aussi parqu'iels disent qu'iels recevraient bcp de réflexions désobligeantes du type : "Tu as quel genre de problème si tu vas voir une psy ?" "De toutes façons, ne cherche pas à comprendre x, iel est suivi.e par une psy" "Quoi tu vas voir une psy ? c'est tous des charlatans, ça

m'étonne que tu sois si naif.ve, tu pourrais te débrouiller tout.e seul.e !" Autant de réflexions qui se répètent régulièrement tant que la personne est suivie et qui la font se sentir honteuse ou anormale. Comme si la personne devait culpabiliser d'avoir pris la

décision de demander de l'aide, comme si c'était honteux ou une faiblesse. Et cela découle vraiment du système patriarcal dans lequel nous vivons qui glorifie la maitrise des émotions, l'individualisme et le fait de se débrouiller. Lutter contre ce préjugé, le dénoncer c'est

aussi dénoncer le patriarcat.

- Parce que, souvent, on consulte pour réparer les dégâts faits par quelqu'un d'autre : D'une certaine manière c'est vrai, dans les cabinets des psy il y a beaucoup de personne qui ont été maltraité.e.s de

différentes manières et ça peut être rageant de se dire qu'on a besoin de cette aide. Comme si ça nous rappelait les dommages que l'autre a pu faire sur nous, notre corps, notre psychisme. "Si je suis là, si j'ai besoin de thérapie, c'est parce que X est passé dans ma vie". C'est

tout à fait juste, mais le processus de la thérapie est justement du côté de l'appropriation, pour parvenir à ne plus subir plus ce trauma, pour essayer de récupérer une position de sujet, une position active. C'est aussi une façon de se dire qu'on a le droit à cet espace

de soin et de reconstruction

- "Ce n'est que du blabla, j'ai besoin d'action concrète" : on a tou.te.s fait l'expérience de savoir ce qui règlerait notre problème sans pouvoir le faire. Soit parce que ça ne dépend pas de nous et qu'on est impuissant.e, soit parce que même si on

sait ce qui doit être fait, on n'arrive pas à passer à l'action. Et la thérapie est là pour ça, pour nous aider à supporter l'impuissance, pour nous donner la place de crier notre rage, pour essayer de donner du sens à tout ça quand vraiment rien ne dépend de nous ou, dans le 2nd

cas, pour nous aider à comprendre ce qui résiste en nous, ce qui nous retient. Car, en thérapie, la paresse n'existe pas, on cherche à comprendre les freins sans les juger.

"Je sais d'où viennent mes problèmes" : on sait tous et toutes au moins en partie d'où viennent nos

problèmes mais nous sommes à l'intérieur de nous même, nous avons une vision forcément partielle. Plus encore, il y a pour tout le monde des zones d'ombre, des choses qu'on ne peut ou ne veut pas voir, ou qui nous paraissent sans importance. Quand on dit qu'on sait d'où viennent

nos problèmes c'est parfois vrai mais très souvent cette vision est incomplète. Le regard du psy, sa formation, son écoute sont là pour mettre en lumière ces petites et grandes choses à laquelle on n'avait pas donné de valeur, et ça vaut même pour les psy qui doivent aussi

être accompagné.e.s pour éviter de faire peser leurs propres problématiques sur leurs patient.e.s