🙏@VietNam_UN pour l'invitation à présenter les points clés du rapport du GIEC climat 2021 à la réunion Arria-formula du conseil de sécurité de l'ONU lundi.
La zone côtière de faible altitude abrite 680 millions de personnes et des infrastructures critiques, avec une exposition et une vulnérabilité croissantes aux aléas côtiers.
Les augmentations régionales de l'élévation du niveau de la mer, les événements extrêmes liés au niveau de la mer, les inondations et l'érosion côtières qui en résultent affectent les risques tels que la submersion, la salinisation ou les entraves au drainage.
De nombreuses décisions prises aujourd'hui concernant l'aménagement du littoral ont un horizon temporel de plusieurs décennies ou siècles. Cela concerne les infrastructures critiques, la protection du littoral, ou l'urbanisme.
Il est possible de limiter les risques côtiers et renforcer la résilience par des interventions globales et locales, prenant en compte les connaissances sur les changements futurs du climat et du niveau de la mer.
Les changements régionaux de niveau de la mer dépendent de l'élévation du niveau moyen de la mer à l'échelle mondiale, modulée par des processus tels que les mouvements verticaux des terres et la dynamique océanique.
L'élévation du niveau moyen de la mer résulte de l'expansion thermique de l'océan qui se réchauffe, de la fonte des glaces terrestres (glaciers et calottes du Groenland et de l'Antarctique) et des changements du stockage des eaux continentales.
Les émissions de gaz à effet de serre résultant d'activités humaines telles que la combustion de combustibles fossiles, la déforestation et certaines activités agricoles provoquent le réchauffement du système climatique.
Avec 1,1°C de réchauffement planétaire dû aux activités humaines, nous avons mis en mouvement les composantes lentes du système climatique, et elles continueront à réagir au cours des générations à venir,
car les glaciers réagissent à des échelles de temps de plusieurs décennies ou plus, l'océan sur des échelles de temps de plusieurs siècles, et les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique sur des échelles de temps de plusieurs milliers d'années.
Du fait de l'émission de gaz à effet de serre (qui piègent la chaleur), le déséquilibre du bilan d'énergie de la Terre entraîne une accumulation d'énergie dans le système climatique.
Le réchauffement de l'océan correspond à 91 % de l'excès de chaleur accumulée dans le système climatique, et la fonte des glaces à environ 3 %.
L'influence humaine sur le climat est le principal facteur du réchauffement et de l'expansion thermique des océans, du recul global des glaciers et de la fonte de la surface du Groenland.
L'élévation moyenne du niveau de la mer observée à l'échelle mondiale résulte de l'expansion thermique due au réchauffement de l'océan, à la fonte des glaciers et à la contribution croissante des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique.
Le taux de perte de masse du Groenland & de l'Antarctique a été multipliée par 4 entre les années 1990 et la dernière décennie. Depuis 2006, la perte de masse des calottes glaciaires et des glaciers est le principal facteur de l'élévation du niveau moyen des mers.
L'influence humaine sur le climat est la cause principale de cette élévation observée du niveau de la mer.
Le niveau moyen de la mer a augmenté d'environ 20 cm entre 1901 et 2018.
C'est plus rapide qu'au cours de n'importe quel siècle au cours des derniers 3 000 ans, au moins.
Le niveau de la mer s'élève à un rythme qui accélère depuis les années 1970.
Le niveau de la mer va continuer à s'élever pendant de nombreux siècles, amplifiant encore les risques côtiers.
Concentrons-nous d'abord sur ce siècle.
De fortes réductions des émissions de gaz à effet de serre peuvent limiter la poursuite du réchauffement climatique en quelques décennies.
Toutefois, en raison de la lenteur de l'ajustement des glaciers, des calottes et de l'océan profond, le niveau de la mer continuera à s'élever pendant des siècles, voire des milliers d'années.
D'ici à 2050, le niveau de la mer devrait s'élever de 15 à 30 cm par rapport au niveau actuel, presque indépendamment de la vitesse à laquelle nous réduirions les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Au-delà de 2050, le niveau de la mer continuera à s'élever, mais à un rythme et avec une ampleur qui dépendront fortement des choix concernant les émissions de gaz à effet de serre à venir.
Si les émissions mondiales restent proches du niveau actuel pendant quelques décennies encore, le réchauffement de la planète se situerait entre 2 et 3,5°C d'ici 2100 et dépasserait 3°C au siècle prochain.
Dans ce cas, le niveau moyen mondial de la mer monterait encore de 45 à 75 cm d'ici 2100 (par rapport à 1995-2014).
Si le réchauffement était limité largement sous 2°C, cette montée serait de 30 à 60 cm de plus d'ici 2100.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement augmente aussi les chances d'éviter de déclencher des instabilités irréversibles d'écoulement de l'Antarctique qui pourraient considérablement accroître l'élévation du niveau de la mer.
Les chiffres indiqués précédemment ne tiennent compte que des processus les mieux compris et de la plage probable (66 %) de l'élévation du niveau de la mer.
Pour des émissions en très forte hausse et des niveaux de réchauffement + importants (4°C), nous ne pouvons pas exclure l'éventualité de faible probabilité d'écoulement rapide de secteurs de l'Antarctique conduisant à une élévation du niveau de la mer de 2 m d'ici 2100.
Regardons à plus long terme, d'ici 2300.
Une baisse importante des émissions de gaz à effet de serre entraînerait une élévation du niveau de la mer d'environ 50 cm à 3 m d'ici à 2300,
tandis que de émissions de gaz à effet de serre en très forte hausse pourraient entraîner une élévation de 2 à 7 m, et potentiellement de plusieurs mètres supplémentaires si l'on tient compte des processus d'instabilité de la calotte glaciaire.
Que peut-on anticiper à l'échelle de millénaires?
Si le pic de réchauffement est < 3°C, le niveau moyen mondial des mers s'élèverait de 4 à 10 m au cours des 2000 prochaines années, et de 10 à plus de 20 m sur 10 000 ans.
Si le pic de réchauffement global est limité à 2°C, cette élévation serait d'environ 2 à 6 m au cours des 2000 prochaines années, et de 8 à 13 m au cours des 10 000 prochaines années.
Ce serait plus bas pour un pic de réchauffement plus bas, proche de 1,5°C.
Chaque fraction de réchauffement supplémentaire ou évitée a des implications à très long terme.
Diminuer rapidement les émissions de gaz à effet de serre permet de limiter l'ampleur des changements et d'avoir davantage de temps pour que les interventions côtières renforcent la résilience - notamment en utilisant les solutions fondées sur la nature.
Par exemple, un niveau de 1 m au-dessus du niveau actuel serait atteint au milieu du siècle prochain pour des émissions intermédiaires, mais environ 40 ans plus tard pour des émissions faibles.
Ces estimations concernent le niveau moyen mondial de la mer.
Ce qui compte pour les risques côtiers et l'adaptation, c'est la variation locale et relative du niveau de la mer.
L'élévation du niveau de la mer à l'échelle régionale augmente la fréquence et la gravité des événements extrêmes liés au niveau de la mer, qui se manifestent lors des marées hautes et des ondes de tempête.
L'évolution du niveau de la mer à l'échelle régionale a déjà entraîné un quasi-doublement de la fréquence des inondations côtières à marée haute depuis les années 1960 pour de nombreux littoraux du monde entier.
Les inondations composites (onde de tempête + précipitations extrêmes plus intenses) ont également augmenté dans certains endroits.
Les projections d'élévation régionale relative du niveau de la mer sont proches de l'augmentation moyenne mondiale (±20 %) pour 2/3 du littoral.
Vous trouverez un outil interactif sur le site @NASAsealevel.nasa.gov. Cet outil vous permet de générer les projections pour chaque site de marégraphe correspondant aux projections mondiales issues du rapport du GIEC.
D'ici 2050, les événements extrêmes liés au niveau de la mer qui se produisaient une fois par siècle dans le passé récent se produiront globalement 20 à 30 fois plus fréquemment. Ils se produiraient annuellement ou plus fréquemment dans 19 à 31 % des emplacements de marégraphes.
D'ici 2100, ce serait > 160 fois plus fréquemment (même si le réchauffement est limité sous 2°C) et ils se produiraient au moins annuellement dans 60% de ces endroits (pour un réchauffement inférieur à 2°C) et jusqu'à 80% de ces endroits (pour un réchauffement de 4°C).
La probabilité d'inondations composites (onde de tempête + précipitations ou débit fluvial extrêmes) continuera à augmenter via l'élévation du niveau de la mer et l'intensification des fortes précipitations (y compris pour les cyclones tropicaux) dans un monde plus chaud.
Presque toutes les régions côtières connaîtront de plus en plus de changements simultanés et multiples dans les facteurs climatiques côtiers générateurs d'impacts, et ces changements seront exacerbés avec davantage d'émissions de gaz à effet de serre.
L'élévation régionale du niveau de la mer contribue à l'augmentation de la fréquence et de la sévérité des inondations côtières dans les zones de faible altitude et à l'érosion côtière le long de la plupart des côtes sableuses.
Je reçois de multiples sollicitations pour réagir à la divulgations de commentaires de relecture de la dernière version de travail du rapport du groupe III du GIEC.
Quelques éléments de réponse.
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Sur les versions successives des rapports du GIEC : je ne commente jamais une version intermédiaire de rapport, je respecte le travail (volontaire) des scientifiques qui le rédigent (c'est une charge de travail énorme).
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La qualité de l'évaluation de l'état des connaissances repose sur l'analyse des éléments factuels issus des publications scientifiques, techniques, socio-économiques.
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Suite aux échanges avec les sénateurs dans le cadre de cette commission, quelques précisions sur les intersections climat et action climat - développement durable - processus délibératifs, sur la base des récents rapports spéciaux du GIEC de 2018 et 2019...
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Les rapports spéciaux sur 1.5°C, l'océan et la cryosphère, et climat et utilisation des terres soulignent tous les multiples intersections entre changement climatique et objectifs du développement durable, ...
et les co-bénéfices ou effets indésirables (et donc les mesures compensatoires à construire) de différentes options de réponse (adaptation et atténuation).
"Pourquoi devrions-nous agir"
"La France ne représente qu'1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre"
"Nous sommes exemplaires"
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Qu'en est-il vraiment?
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Notre empreinte carbone provient des émissions territoriales, du bilan net importations - exportations, et de notre part des transports internationaux.
Source : hautconseilclimat.fr/publications/r…
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Par personne, c'est donc 6,5 tonnes CO2e/an pour les émissions territoriales, mais 10 tonnes CO2e/an pour l'empreinte complète. hautconseilclimat.fr/publications/m…
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L'ouverture du congrès mondial de la conservation 2021 de l'@UICN 2021 est l'occasion de souligner les liens étroits qui existent entre biodiversité et le changement climatique.
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Cela a été l'objet d'un atelier de travail commun à @ipbesfr et le GIEC @IPCC_CH, donnant lieu à un document scientifique et un rapport d'atelier, disponibles ici en 🇬🇧: ipbes.net/events/launch-…, et dont voici les points clés en 🇫🇷
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@ipbesfr@IPCC_CH Limiter le réchauffement de la planète pour garantir un climat habitable et protéger la biodiversité sont des objectifs qui se soutiennent mutuellement, et leur réalisation est essentielle pour fournir des avantages durables et équitables aux populations.
On the opening of the 2021 @UICN world conservation congress, it is an opportunity to flag the close inter-connections between biodiversity and climate change.
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This has been the focus of an @IPBES@IPCC_CH co-sponsored workshop, with a scientific outcome and workshop report available here : ipbes.net/events/launch-…
Here are the main points of the workshop report :
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Limiting global warming to ensure a habitable climate and protecting biodiversity are mutually supporting goals, and their achievement is essential for sustainably and equitably providing benefits to people.
Comment trouver les points clés du rapport du groupe I du #GIEC@IPCC_CH qui concernent le changement climatique régional pertinent pour la France 🇫🇷, en métropole et pour les outre-mers, et accéder aux informations climatiques régionales?
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Environ 1/3 du rapport porte sur l'évaluation de l'information climatique régionale, et cela fait l'objet de fiches de synthèses régionales ("regional fact sheets"), entièrement basées sur l'évaluation complète (en anglais). ipcc.ch/report/ar6/wg1/
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Ces fiches présentent des conclusions clés pour 11 régions types (qui combinent des sous-ensembles des régions de référence présentées sur la carte ci-dessous).
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