Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 31e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015.

Le compte-rendu de la journée d'hier par @sophparm
est à retrouver ici >

franceinter.fr/justice/proces…
Vous pouvez également retrouver le témoignage d'Aurélie, qui a perdu son compagnon Matthieu Giroud au Bataclan, qu'elle a accepté de nous confié et que nous avons choisi de publier en intégralité >
franceinter.fr/justice/proces…
Au programme aujourd'hui, la suite des témoignages des familles endeuillées du Bataclan.

La cour devrait également entendre le témoignage de Kevin, qui a du être amputé après avoir été blessé de deux balles.
Il nous avait confié son témoignage ici >franceinter.fr/attentats-du-1…
L'audience du jour est à suivre en LT ici.

A l'antenne de @franceinter dès 13h avec @sophparm

Avec toujours les dessins de @ValPSQR
L'audience reprend avec le témoignage de Charles, frère de Pierre Innocenti, décédé au Bataclan. Il tient tout d'abord à remercier ceux qui ont permis la tenue de ce procès ainsi que les forces de l'ordre.
"Je suis là, aujourd'hui devant vous, pour la mémoire de mon frère".
Charles : "mon frère avait 40 ans quand il a respiré pour la dernière fois. il a été assassiné aux alentours de 21h40, il a pris une balle dans la tête. Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu'il aimait la vie. Il était beau, il aimait les gens."
Charles : "mourir parce que l'on aime écouter de la musique en buvant des coups avec ses potes et irréel. Quelle cruauté, quelle tristesse. J'aimais mon frère d'un amour total et inconditionnel. J'étais passionné par lui."
Charles : "néanmoins, comme aime à me le rappeler mon père : "ton frère a vécu alors que les terroristes qui lui ont ôté la vie ont tout simplement existé. Vous ne gagnerez pas, vous ne gagnerez jamais face à la tolérance et la vie".
Charles : "je continue et je continuerai sans relâche. La vie est fragile, éphémère et il faut en prendre soin. Je voudrais apporter mon soutien et ma compassion à toutes les victimes qui s'en sont sorties. Vous n'êtes pas responsables de la mort de mon frère".
Anaïs, soeur de Mayeul Gaubert, s'avance à la barre, elle est accompagnée de deux de ses proches qui veulent également témoigner. "Mais cela ne durera pas plus de 15 minutes", promet leur avocat Me Reinhart. "J'ai personnellement minuté".
Anaïs explique qu'elle témoigne pour son frère Mayeul, mais aussi leur maman "qui n'est plus là pour parler de son fils et notre père était déjà décédé en 2015".
Anaïs n'a elle découvert les attentats que le samedi matin. Elle rejoint sa famille, fait le tour des hôpitaux.
Anaïs arrive à l'hôpital, elle pense encore que son frère est en vie. "Je me suis mise à courir et un médecin me tombe dans les bras en me disant qu'il était désolé, que les blessures de mon frère étaient trop graves, il n'avait rien pu faire."
Anaïs explique qu'ensuite, il a fallu l'annoncer à leur mère. "Elle s'est effondrée, pour moi ça a été un poids immense qui m'est tombé dessus." Leur mère a développé ensuite un cancer, "pour les médecins c'était clair que son cancer était lié à la mort de Mayeul".
Anaïs a un mot pour sa belle-soeur, la compagne de Mayeul. "Je voudrais lui dire des mots gentils mais je ne sais pas trop comment. J'espère qu'elle aura la force de continuer sa vie".
C'est au tout de la femme de Vianney, frère de Mayeul de témoigner. Elle décrit "l'attente, les heures d'attente à guetter les personnes à la télé pour essayer d'apercevoir Mayeul".
Ils vivent à 4 heures de route de Paris, rejoignent l'hôpital Begin. "On y a cru jusqu'à la fin"
"Mayeul nous manque tous les jours", raconte sa belle-soeur. "Je pense à la naissance de sa nièce qui ne connaîtra jamais son tonton. L'absence de Mayeul a brisé des vies, des couples, des amitiés."
Puis Vianney, "petit dernier de la fratrie" veut parler de leur maman Odile.
Vianney: "notre maman est morte d'un cancer développé peu après la mort de Mayeul. Je pense qu'elle aurait assisté à tout le procès, elle voulait que tout le monde sache pour la mort de Mayeul. Elle aurait voulu écouter les autres victimes aussi."
Vianney : "elle a développé un cancer de d'endomètre, qui est une partie de l'utérus, donc lié à la maternité. Et bien sûr, les médecins lui ont dit que c'était lié au choc. Mais elle s'est battue jusqu'au bout. Même le jour de sa mort, elle voulait refaire une chimiothérapie".
"Le jour de sa mort, elle m'a dit : "excuse-moi, mais je n'en peux plus de vivre, je dois retrouver Mayeul et papa", conclut Vianney en larmes.
Me Reinhart : "nous sommes dans une des illustrations de ce que j'appelle l'effet Tchernobyl" des attentats du #13Novembre 2015
Chloé, compagne de Mayeul Gaubert, témoigne à son tour : "J'ai rencontré Mayeul début 2013, j'avais 23 ans. Je suis tombée très amoureuse de lui, il était beau, gentil, passionné et drôle même s'il avait une histoire de vie pas facile. En novembre 2015, on a fêté ses 30 ans."
Chloé : "il allait à tous les concerts des Eagles of Death Metal en France et il cherchait généralement quelqu'un pour l'accompagner. Cette fois, il n'avait pas réussi".
Chloé : "Mayeul m'a appelée à 21h40. J'ai entendu des explosions, il m'a dit qu'il y avait eu une attaque, qu'il était blessé, qu'il allait mourir et qu'il m'aimait. La dernière chose que je lui ai dite et je m'en veux beaucoup c'est : essaye de faire le mort".
Puis Chloé entend un grand bruit "comme quelque chose qui tombe". Elle n'entendra plus Mayeul, "mais j'ai gardé la communication, elle a duré 5 heures".
Chloé : "le samedi, il n'était toujours pas sur la liste des morts. On s'est rendues compte du chaos dans les hôpitaux. On m'a même dit, mot pour mot : "Mayeul vous attend à l'hôpital." En réalité, il était déjà mort. L'information n'avait pas été transmise."
Chloé : "j'ai du aller identifier Mayeul à l'IML, derrière une vitre froide".
Elle fait projeter une photo de Mayeul en train de l'embrasser. "C'est la photo qui était dans on portefeuille, elle est tâchée de sang".
Chloé explique qu'elle n'a pas eu ses règles pendant 24 mois, du fait du choc. "J'ai du faire plusieurs tests de grossesse après le #13Novembre ".
Elle évoque "le système psy défaillant" : "je me suis retrouvée dans le bureau d'une psychiatre qui n'avait pas dormi et pleurait".
Chloé évoque sa descente aux enfers après : "ma mère m'a dit que c'était comme si je laissais les terroristes gagner, mais personne ne comprenais dans quel état de désespoir je me trouvais".
Après avoir été hôtesse d'accueil, elle décide de préparer le concours de l'ENM.
Chloé : "je n'ai pas pu suivre les entraînements au tir ni sur les autopsies parce que je n'y arrivais pas". Mais elle est désormais "magistrate placée".
"Malgré tout, je me sens souvent en décalage. Quand j'imagine Mayeul tout seul qui se vide de son sang, j'ai envie de mourir"
Chloé : "si quelqu'un l'a vu ou lui a parlé dans la zone près du bar, je serais très heureuse de l'entendre. A chaque fois que j'entends parler d'une personne aux cheveux frisés ou blessée à la fesse, j'ai l'impression qu'on parle de lui."
Chloé finit sa déposition par un poème écrit par Mayeul avant qu'ils ne se rencontrent. Il y est question de "l'instant précis de l'impact encore chaud d'une balle en pleine tête".
La mère de Stéphane Albertini, s'est avancée à la barre. Elle souhaite que ni son nom, ni son prénom n'apparaissent dans la presse.
Elle raconte les projets, dont une création musicale diffusée à la Philarmonie, créés en hommage à son fils.
La mère de Stéphane Albertini explique que : "le procès, nécessaire, nous conduit à revenir six ans en arrière. Stéphane, qui approchait de la quarantaine, avait opéré des changements dans sa vie."
La mère de Stéphane Albertini explique que le #13Novembre 2015, elle garde ses petits-enfants alors que sa fille vient de s'envoler en voyage de noces.
C'est le lendemain qu'elle apprend que son fils était au Bataclan : "mais j'étais certaine qu'il était vivant. Invulnérable"
La mère de Stéphane Albertini raconte la visite à l'IML : "il était beau, il semblait détendu, juste endormi. Mais en réalité, il a eu le temps de souffrir de ses blessures, d'avoir peur et d'être désespéré de laisser sa compagne et leur jeune fils qu'il avait tant désiré."
La mère de Stéphane Albertini explique qu'en fait, son fils est mort dans un local à l'extérieur du Bataclan : "il est seul, torse nu, recouvert d'une couverture de survie. Et je vois mon fils abandonné là mort ou mourant. J'imagine dans quelle solitude il est parti."
"L'enquêteur a expliqué qu'un corps avait été retrouvé dans ce local parce que le régisseur du Bataclan avait eu besoin d'y retourner. Il a été laissé là pour mort, trouvé par hasard, alors qu'il a été vu par de nombreuses personnes", raconte la mère de Stéphane Albertini.
"Stéphane était un être lumineux, il avait un petit garçon de 4 ans. Aujourd'hui, ce petit garçon a 10 ans. Il est passé de "mon papa chéri" à "mon père". Je regrette qu'il ne puisse voir la fierté dans les yeux de son père", explique la mère de Stéphane Albertini.
"Tout nous sépare ici des personnes qui seront irrémédiablement condamnées et en même temps nous sommes liés. D'une certaine façon, nous serons tous condamnés", conclut la mère de Stéphane Albertini.
Jean-Pierre, père de Stéphane Albertini, s'avance à son tour à la barre. Il fait projeter une photo de son fils, souriant dans un jardin.
Jean-Pierre raconte tout d'abord ce #13Novembre 2019 où il retrouve son petit-fils. "Je lui ai dit : "aujourd'hui, c'est mercredi, il n'y a pas d'école, c'est le jour des papys et mamys". Il m'a regardé les yeux pleins de larmes et m'a dit : "non, c'est le jour où papa est mort".
Jean-Pierre : "Stéphane était le seul garçon d'une fratrie de trois enfants. Il était directeur du restaurant Chez Livio, qui avait repris par les frères Charles et Pierre Innocenti. Il habitait à l'étage et était totalement dévoué au restaurant."
Jean-Pierre : "sa soeur s'était mariée le dernier week-end d'août. Ils se sont dit qu'ils s'organiseraient pour fêter Noël ensemble. Et en repartant, ils se sont embrassés et on ne savait pas que c'était la dernière fois que la famille était réunie."
Jean-Pierre ce souviens de cette soirée du #13Novembre qu'il passe avec sa mère de 96 ans : "il faisait très très beau, le ciel était bleu avec des traînées rouges. Je me suis dit que c'était dommage que les enfants ne voient pas ça, cette sérénité."
Ce soir-là, Jean-Pierre et sa mère regardent les informations sur les attentats jusqu'à 2 heures du matin. Et au moment de se coucher, ma mère a cette question : "tu crois que tes enfants pourraient être concernés?" Je lui dis : "mais non". Et puis on est allés se coucher."
Jean-Pierre : "notre famille a sombré dans un cauchemar éveillé. Une foule se pressait devant l'institut médico-légal. La psychologue nous a dit : "vous avez de la chance, son visage parait serein, il semblerait qu'il n'a pas souffert".
Jean-Pierre : "perdre un père ou une mère c'est déjà très dur parce qu'on perd une partie de son passé. Mais perdre un enfant, c'est terrible parce qu'on perd une partie de son passé et tout son avenir."
Jean-Pierre : "Il a fallu annoncer à ce petit garçon de 4 ans que son papa était mort. Sa mère lui a dit : "chéri, j'ai quelque chose de très important à te dire". Et, comme Noël approchait, il a cru que c'était des cadeaux ou une surprise. Il disait : "c'est quoi maman?"
Jean-Pierre : "on a découvert que Stéphane a été retrouvé seul, pas au Bataclan mais au numéro 56, sous une couverture de survie, qu'il avait été tué d'une unique balle qui l'avait traversé de part en part. Et pendant longtemps, on en est resté là".
Jean-Pierre raconte qu'ensuite, lors d'une commémoration, il a rencontré une victime qui s'était occupé de son fils Stéphane Albertini à la sortie du Bataclan, avant de le confier à quelqu'un d'autre.
Jean-Pierre : "après, il a fallu continuer à vivre ou à survivre. En juillet 2016, j'étais à Nice en famille et je m'étais promis d'aller regarder le feu d'artifice. Mais en fait, je me suis trompé d'heure.
Ca faisait vraiment beaucoup, j'ai commencé un peu à craquer."
Jean-Pierre : "j'ai essayé de trouver de la rationalité dans tout cela. J'ai lu le rapport de la commission parlementaire. Je pense que les pouvoirs publics n'avaient pas pris la mesure de l'importance de la menace".
Jean-Pierre : "je tiens à dire que je n'ai pas de haine, mais pour autant je n'arrive pas à pardonner. Et j'espère que Dieu me pardonnera de ne pas pardonner."
Jean-Pierre : "notre petit-fils aide à perpétuer la mémoire de son père, il est aujourd'hui pupille de la nation. "
C'est au tour de Kevin de s'avancer à la barre. Kévin, ancien pompier de Pairs, est très stressé pour son témoignage. Nous l'avions rencontré pour @franceinter.
Un reportage à réécouter ici > franceinter.fr/emissions/le-z…
Kevin : "en 2014, j'ai rencontré Morgane. On s'est rencontré au code de la route, c'est plutôt original. C'est moi qui l'ai initiée au rock, et on a décidé de fête notre anniversaire de couple au concert du Bataclan."
Kevin: "quelques minutes après l'entrée des terroristes, j'ai pris deux balles dans la jambe. J'ai senti une grosse onde de choc. Je me suis dit : "pas de regret". J'étais très amoureux, peut-être même trop, mais si tout c'était arrêté à ce moment-là, je serais parti en paix".
Kevin : "j'avais la jambe très abîmée, il y avait un morceau qui pendait."
Il parvient néanmoins à sortir, se fait un premier garrot à l'aide d'une ceinture. Puis il est pris en charge par les pompiers qui lui font un massage cardiaque. "Je me dis : cette fois c'est la fin".
Kevin : "après avoir fait le lourd choix de me faire amputer, je me suis concentré sur ma rééducation. Six mois après, je reprends du service, je me sentais redevable de la considération que j'avais reçue, je me disais : "chez les pompiers, on est une grande famille".
Kevin : "j'ai tenu six mois puis coup de grâce, on s'est séparés avec Morgane, les propriétaires de mon appartement m'apprennent qu'ils ont vendu. Et s'ensuit une hospitalisation en psychiatrie".
A son retour, les choses se compliquent avec les pompiers de Paris.
Kevin quitte les sapeurs-pompiers de Paris et suit une formation pour devenir infographiste.
"La simple vue d'un camion de pompier me donne envie de pleurer. J'ai beaucoup de rancoeur mais j'aime beaucoup cette institution".
Kevin au sujet des accusés : "je les plains d'avoir été aussi naïves de croire qu'on peut aller au paradis en tuant des gens. Aujourd'hui, je suis victime de mon pays qui n'a pas su me protéger. J'espère qu'on en tirera des conclusions."
Kevin : "j'arrive plus à aimer, je n'ai plus de sentiments, plus rien. Mais j'ai beau dire que j'ai de la résilience, le soir seul, je pleure. Et je me dis qu'il n'aurait peut-être pas fallu me réanimer après mon troisième arrêt cardiaque ce soir-là.".
Nathalie "cousine germaine de Pierre Innocenti et amie éternelle de Stéphane Albertini" témoigne à son tour à la barre. Elle évoque sa propre fille, âgé de 26 ans aujourd'hui et "qui se bat chaque jour pour surmonter cette épreuve insoutenable".
Nathalie : "si je témoigne aujourd'hui, c'est pour vous exprimer cette indéfinissable douleur lorsque j'ai appris l'attentat puis plus tard la mort des miens. Une plaie béante massée chaque jour pour qu'elle ne devienne pas purulente mais aussi douce que possible."
Nathalie :"derrière ce box d'accusés, ce sont-ils seulement observés ? Ils ne sont à mes yeux qu'arrogance. Ils brandissent l'étendard de la haine qui n'a que la couleur rouge du sang. Ils n'ont que mon plus profond dégoût et mon profond mépris"
Au tour de Caroline, épouse de Christophe Foultier, mort au Bataclan et dont la photo s'affiche sur le grand écran, de s'avancer à la barre.
"Mon mari a été assassiné au Bataclan, il avait 39 ans. Il était graphiste, directeur artistique."
Caroline : "Parler aujourd'hui est sans doute l'exercice le plus difficile que j'ai jamais eu à faire. Et je voudrais peser chaque mot pour qu'il puisse rendre hommage à l'homme de ma vie, qu'on a arraché à sa vie".
Caroline : "Christophe était au départ mon amour de lycée, celui qui m'emmenait sur son skate. Il est devenu mon mari depuis. Et celui qui emmenait son fils d'une main, sa fille sur les épaules. Il était un père si fier de ses deux trésors, âgés de 2 et 6 ans."
Caroline : "dans son monde à lui, les dieux étaient de grands musiciens. L'autopsie ne l'a pas dit mais la musique coulait dans ses veines. Le seul blasphème selon lui : celui de confondre une guitare et une basse. Il disait souvent : "on se reposera quand on sera vieux"
Caroline : "le #13novembre 2015, il était heureux d'aller au concert et j'étais heureuse de le voir heureux. A 22h, je reçois une alerte : "prise d'otages au Bataclan". Mes parents m'appellent, viennent immédiatement à la maison."
Caroline : "nous passerons toute la nuit à téléphoner aux hôpitaux et il n'est nulle part. Les enfants se lèvent et quoi dire ? "Papa est à l'hôpital". "Pas là, papa?": mon fils de 2 ans ne comprend pas. Ma fille de 6 ans : "j'espère qu'il ne s'st pas cassé la jambe".
Caroline : "les policiers me demandent de le décrire. C'est au moins la 40e fois que je le décris : ses deux grands tatouages, ce grand brun mal rasé. Comment est-ce que ça peut être si compliqué de le retrouver?"
Caroline : "le dimanche en fin de journée, mon frère est retourné à l'école militaire. On m'annonce qu'il n'y a plus de personne vivante non identifiée à l'hôpital. Je comprends qu'il est mort mais à ce jour, on ne me l'a jamais annoncé. Et c'est moi qui doit l'annoncer à tous."
Caroline : "le lundi, alors que j'ai déjà annoncé à mes enfants la mort de leur père, on me dit : "si, il reste une personne vivante non identifiée". Puis un policier : "non, désolé". Quelques minutes après, rebelote. J'ai l'impression qu'on me secoue la tête comme un cocotier".
Caroline : "et je ne comprends pas, lui qui depuis toujours prend tout la lumière d'une pièce. Vraiment, on ne peut pas le louper.
Finalement, il fait froid ce lundi 16 à l'IML. Il était là. Agrippée à mon père, je le reverrai quelques minutes, derrière une vitre".
Caroline : "ses instruments se sont tus, son absence est immense. Elle prend toute la place. Plus de goût, plus de couleur. Et la présence d'une douleur indescriptible qui se dompte mais ne nous quitte plus un instant."
Caroline : "c'en est suivi une période longue d'effondrement et une décision intransigeante : celle de vivre une vie qu'on n'a pas choisie. Et si moi je suis la seule à être restée, alors nos enfants ont le droit que je sois courageuse."
Caroline: "il a fallu récupérer son téléphone, découvrir sa dernière photo à 21h45. Et depuis 6 ans, sans que je m'en rends compte, tous les jours je regarde l'heure à cette heure-là. Comme s'il allait se passer quelques chose. Et je suis soulagée qu'il ne se passe rien."
Caroline : "je suis épuisée d'imaginer ce que je n'ai pas vécu. Une fausse victime me décrira précisément la mort de Christophe. Il a fallu ensuite lentement déconstruire ce récit. "
Caroline : "pendant environ 3 ans, les enfants ne voudront pas aller ce coucher. La nuit c'est bien trop dangereux, on peut y perdre ses parents. A l'âge où le méchant ne devrait être qu'un loup dans un compte, il est devenu pour eux celui qui leur confisque leur avenir."
Caroline : "pendant des années, s'absenter provoquait une panique incommensurable. Certains m'ont dit : "ton fils, il n'a pas trop s'en rendre compte?" Tandis que mon fils de 3 ans me demandait : "à quoi ressemble une balle, comment elle est rentrée dans le corps de papa".
Caroline : "ce que je constate toutefois c'est que malgré la culpabilité de n'avoir rien pu empêcher, nous qui l'aimions tant, nous sommes reconnaissant à la justice d'oeuvrer pour Christophe comme pour tous ceux qui n'ont plus leur voix pour s'exprimer."
Caroline : "il a fallu faire le deuil de notre futur, de nos projets, de ce troisième enfant dont il évoquait l'idée. Alors mon obsession a été d'apaiser mes enfants."
Caroline salue son employeur de l'époque qui lui a financé une formation tout en maintenant son salaire.
Elle salue aussi "ces trésors d'amitiés. Ma reconnaissance est infinie à l'égard de chaque personne qui nous a aidés".
Caroline : "je répare les autres depuis 4 ans parce que je n'ai pas pu réparer Christophe. Je répare les autres de leurs traumas, leurs deuils, leurs peurs pour me réparer moi-même. Christophe était très philosophe. Il aurait dit : "tu sais bien que la mort fait partie de la vie"
Caroline : "j'ai expliqué à mes enfants la chance que nous avions que leur papa nous ai laissé tout son amour. Cet amour là n'a que faire des balles de kalachnikov. Il est immortel."
L'audience est suspendue jusqu'à 16 heures avant les autres témoignages de familles endeuillées du Bataclan.
L'audience reprend avec le témoignage d'Alicia : "j'avais 26 ans le #13Novembre J'étais au Bataclan avec mon conjoint Rémi.
Je ne crois pas du tout en une bonne étoile, pas du tout. Je ne ne peux pas expliquer comment on a fait, mais on est là. On est sortis sains et saufs"
Alicia évoque, en larmes, Mael, 5 ans, qu'elle a vu dans la salle : "j'ai dit à mon compagnon : regarde sa mère comme elle est belle. Et comme elle a pris soin de lui, il a son casque antibruit, il est mignon. Il avait une petit couverture."
Alicia : "je parle de cet enfant parce que dans la fuite, je n'y ai plus pensé. Je n'y ai repensé qu'une fois chez moi. Et sa maman et sa grand-mère ne sont plus là. Donc si quelqu'un de sa famille m'entend, je voudrais m'excuser."
Alicia : "j'ai commencé à me faire marcher dessus, par les gens qui fuyaient. Je suis restée comme ça quelques instants, complètement dans mon monte. Mon conjoint m'a dit : "ils rechargent, lève-toi". Je n'ai pas compris, mais je me suis levée".
Alicia : "on s'est retrouvés dans un couloir avec un premier palier. J'ai dit à mon conjoint : on est coincés, on va se faire tirer dessus comme des lapins. J'étais persuadée que quoi qu'il arrive de toute façon, j'étais prise au piège".
Alicia : "je me disais : "toi qui ne sais pas décider, qui prends des heures pour choisir comment t'habiller, tu vas devoir décider comment tu vas mourir et comment tu vas emmener ton conjoint dans la mort. Et je me suis dit, mais je vais décider. Donc j'ai ouvert la porte."
Alicia : " là, il y avait une femme accroupie auprès d'un corps. Je ne sais pas si cette femme se reconnait. Mais si oui, je m'excuserai toute ma vie. Parce que cette femme avait besoin d'aide pour soulever son conjoint ou son ami et moi, je l'ai regardée et je suis partie".
Alicia : "j'étais pas dans la fosse, je n'ai pas passé deux heures sous les corps, je n'ai pas perdu mon conjoint, je n'ai aimé personne, je n'ai pas été héroïque. J'aurais tellement aimé pouvoir dire devant vous que j'ai aidé quelqu'un. Mais je n'ai aidé personne en fait."
Alicia : "je suis retournée travailler, c'était très dur parce que j'avais des élèves de 7 ans cette année-là qui parlaient de ça et qui parfois mimaient des armes à feu. Je n'avais déjà pas beaucoup d'humour avec ça. Mais là ..."
Alicia : "pendant longtemps, le soir, j'attendais que mon conjoint dorme pour m'enfermer dans la salle-de-bain et regarder des témoignages sur mon téléphone. Mon conjoint, lui, n'a pas de culpabilité du survivant, il est très fort. Et je l'envie."
Alicia : "aujourd'hui, je suis devenue maman. J'ai accouché d'un petit garçon très angoissé, qui se réveille encore toutes les nuits à 4 ans.
Et moi, même le bruit des jouets de pompiers de mon fils, c'est compliqué".
Alicia : "ce qui m'anime, c'est le sentiment d'être une "imposteuse". Pendant 5 ans, on a jeté tous les documents liés au Bataclan. On n'allait pas demander d'indemnisation parce qu'on n'était pas des victimes et on n'allait pas prendre de l'argent aux vraies victimes."
Alicia: "finalement en mars, ils nous ont relancé une énième fois. Mais cette fois c'était un coup de téléphone et j'ai répondu. Quand mon conjoint est rentré du travail, j'ai eu honte mais je lui ai dit : "tu sais il y a le procès qui arrive et je crois que je vais y participer"
Alicia : "et ça a tout réveillé. Depuis, mon conjoint il écoute tous les témoignages ou il les lit. Même au travail. Et plusieurs fois, je l'ai récupéré en pleurs dans mes bras."
Alicia : "j'ai l'impression que je triche depuis 6 ans. Parfois je regarde mes enfants de 1 et 4 ans et je me dis qu'ils ne sont pas sensés être là. Parce que moi je ne suis pas sensée être là. Parce que j'aurais du mourir à la place de ceux qui avaient des enfants à l'époque."
Alicia : "alors voilà, je suis là aujourd'hui. Pour m'excuser en fait. Auprès des familles des victimes. Je voudrais m'excuser d'être là. J'aurais tellement aimé leur dire que je vis deux fois plus fort pour leurs conjoints, leur frère, leur soeur. Mais c'est faux."
Alicia : "j'ai toujours pensé que j'étais quelqu'un de faible. C'est encore plus vrai depuis les attentats. Et je m'excuse mille fois pour cette jeune femme avec son conjoint sur le dos d'âne du passage Amelot. Je m'excuse de ne pas l'avoir aidée. J'ai honte d'être là."
Alicia : "je voudrais dire un mot aux accusés. Je n'ai aucune haine envers eux. Je suis juste triste pour eux. Je me dis qu'ils ont du être tellement malheureux pour en arriver là. Ils ont gâché leur vie comme ils ont gâché la nôtre."
Alicia : "je me dis que c'est peut-être pour moi le début d'une nouvelle famille. Parce que je découvre les associations de victimes. Je vais trouver le courage de relever la tête, d'assumer que je suis une victime. Je crois qu'il ne faut pas qu'on ait honte".
La famille de Lola Salines, tuée au Bataclan, s'avance à la barre.
Emmanuelle, la maman de Lola s'exprime en premier : "le soir du #13Novembre nous sommes allés nous coucher de bonne heure, nous avons été réveillés vers 1 heure du matin par un appel de notre fils Clément."
Emmanuelle raconte, comme beaucoup d'autres, l'attente d'informations. "Finalement, nous allons recevoir vers 18h des condoléances sur les réseaux sociaux, puis un appel nous confirmons sont décès".
Ensuite c'est, "aller voir Lola à l'IML, choisir le cercueil de notre enfant"
Clément, frère aîné de Lola prend la suite de sa mère : "j'exerce la profession d'avocat, je ne compte pas le nombre d'affaires que j'ai plaidées, les tribunaux ne sont pas aussi impressionnant pour moi et pourtant parler de Lola est pour moi un exercice très difficile."
Clément : "le fait de parler de notre Lola est un exercice intime, presque égoïste mais nous avons souhaité le faire parce que c'est un procès historique et nous souhaitons que Lola y soit mentionnée."
Clément : "l'un de mes premiers souvenirs de Lola est qu'on m'avait permis de sécher l'école maternelle pour aller la voir à la maternité.
Clément : "Lola, enfant, était souvent plus courageuse que ses grands frères. C'est elle qui donnait le signal sous la couverture qu'on pouvait de nouveau regarder le film qui faisait peur".
Clément : "au sortir de l'adolescence, elle a développé un talent, rare, celui de savoir s'entourer d'amis exceptionnels. Autant de personnes à qui nous serons éternellement reconnaissant de leur soutien depuis la mort de Lola."
Clément : "La Lola adulte était passionnée par son métier, elle était devenue éditrice de BD pour enfants.
Lola, on l'a toujours connue en mouvement. Et ce mouvement s'est arrêté brutalement le #13Novembre 2015"
Clément : "il y a une dernière Lola, la Lola disparue et qui nous accompagne toujours. Nous avons le souvenir d'une personne éternellement jeune et pleine de promesses."
Clément : "le dernier souvenir que j'ai de Lola était un coup de téléphone où ma compagne et moi lui avions annoncé que nous allions devenir parents. Notre fille, Olivia, a aujourd'hui 5 ans. Elle lui ressemble. Et on se trompe souvent, ma famille et moi, on l'appelle Lola".
Au tour de Georges, père de Lola Salines : "les attentats du #13Novembre ont été un tsunami de chagrin qui a envoyé des gouttelettes de tristesse un peu partout. J'ose croire que tout être humain en a été éclaboussé".
Georges : "j'admire la capacité de la grande majorité des victimes à ne pas céder à la haine, à rappeler l'importance de l'état de Droit. Ceci rend confiance en l'humanité dont nous aurions parfois des raisons de douter. J'en suis heureux mais pas surpris."
Georges : "à travers l'association @13onze15 que j'ai contribué à créé, j'ai rencontré de nombreuses victimes. J'ai aussi rencontré des victimes d'autres attentats, certains très anciens, certains survenus loin de Paris, certains commis par des nationalistes, des islamistes"
Georges : "et partout, tout le temps, on trouve des gens qui font face à l'adversité avec courage et humanité".
Georges : "je souhaiterais m'engager dans des actions de justice restaurative avec les accusés. La possibilité en a été ouverte dans notre pays pas un article du code de procédure pénale qui indique que la victime et l'auteur d'une infraction peuvent entamer une telle action."
Georges : "j'aimerais rencontrer ceux des accusés qui, pour autant qu'ils soient condamnés et qui auraient le courage, le vrai courage, d'accepter une telle rencontre, sans enjeu pénal, médiatique, sans publicité."
Georges : "les terroristes qui ont tué ma fille étaient dans une mission suicide ce qui affaiblit considérable la thèse en faveur d'un durcissement des peines. Ils ne sont par ailleurs par venus dans notre pays, mais revenus puisqu'ils étaient tous les 3 de nationalité française"
George : "je ne voudrais cependant pas qu'on confonde ma position avec une sorte de pardon. Je ne pardonne rien.
J'attends aussi de ce procès qu'il puisse avoir un effet positif pour les proches des accusés."
Georges : "je souhaite aux proches des accusés beaucoup de courage face à cette difficulté et j'espère que ce procès pourra les aider à la surmonter."
C'est au tour de Philippe et Chantal, parents de Thomas Duperron de témoigner. "J'ai compris qu'il fallait sortir de l'anonymat des chiffres des victimes pour redonner vie à nos enfants", déclare Chantal à la barre. "Raconter Thomas c'est vous faire partager 30 ans de bonheur"
Chantal raconte son fils à la première personne, comme une lettre qu'il aurait envoyé à la cour. Elle y raconte la scoliose, puis la tumeur cérébrale dont il a souffert enfant.
Chantal rappelle que Thomas était scolarisé au collège d'Alençon, "le même où on était Jean-Michel et Fabien Clain", accusés à ce procès pour avoir notamment été les voix des revendications des attentats du #13Novembre 2015.
Chantal achève sa lettre à la première personne : "et puis, il y a ce concert des Eagles of Death Metal. Et là, le choc, la sidération, la peur. Couché sous le bar, les tirs. Je suis touché. Nous sortons, j'ai froid."
Philippe, père de Thomas Duperron, s'exprime à son tour : "dans la nuit du 13 au 14 novembre, nous avons reçu l'appel de Nicolas, le frère de Thomas. Au petit matin, nous prenons la route vers Paris avec le sentiment de rouler vers la mort".
Philippe : "c'est ensemble que nous nous sommes relevés, que nous avons fait face. Ensemble et avec nos enfants, nos amis, nos proches à qui nous sommes reconnaissants de nous avoir soutenus."
Philippe : "C'est pour Thomas que nous témoignons aujourd'hui, nous ne saurons jamais ce que Thomas a pensé, à qui il a pensé, qui il a appelé. C'est pour ses frères qu'il admirait, leurs épouses, leurs enfants. C'est pour Lucile qui accompagnait Thomas au Bataclan."
Philippe : "c'est pour vous dire la douleur La tristesse des fêtes des mères où l'on recevra deux appels, le troisième n'arrivera jamais plus. La tristesse des Noël et anniversaires où l'on sait que le plus beau cadeau que l'on fera à Thomas sont des fleurs fraîches sur sa tombe"
Philippe : "quel gâchis. Comment imaginer que Thomas mourrait dans un acte de guerre? C'est pour dire enfin que tous ces hommes et toutes ces femmes ont tous un nom. Notre fils s'appelait Thomas, il avait 30 ans. Il aimait la vie, ses amis, sa famille. Il nous manque. Enormément"
La fille de Christopher Neuet-Shalter, témoigne à son tour : "je suis devant vous aujourd'hui, j'ai les mains moites, je suis un peu triste. Je suis ici pour papa. J'ai du en faire le deuil. Mais j'ai aussi du faire de deuil de la petite fille que j'étais et de ma vie d'avant."
La fille de Christopher Neuet-Shalter : "j'espère ne jamais oublier sa voix, son odeur, le sentiment qui m'envahissait lorsque je le voyais à la sortie de l'école avec sa trottinette. Mon papa était un geek, il m'a transmis sa passion des jeux vidéos. Mon papa était un rockeur"
La fille de Christopher Neuet-Schalter poursuit : "il me manquera toujours. Mais comme il disait souvent : "les chutes servent à se relever". Une phrase qui résonne souvent comme un mantra. J'ai la fierté de l'avoir connu."
Catherine, veuve de Christopher Neuet-Schalter confie son désarroi : "je viens de m'apercevoir que j'ai oublié les trois premières pages du texte écrit en pesant chaque mot".
"Le #13Novembre c'était une journée très douce. Il m'a dit : "je t'aime tellement que j'en pleure".
Catherine : "Juliette a commencé à appelé son papa. Une fois, deux fois, trois fois. Christopher a décroché, il était 22h. Il a dit à sa fille : "Juliette, je ne peux pas te parler. Je suis blessé mais vivant, je t'aime". "
Catherine : "ça a été le début d'une nuit, la plus longue de ma vie et véritablement la plus terrible."
Plus tard, Catherine est entrée en contact avec l'un des pompiers qui a tenté de sauver Christopher. Elle lit sa réponse à la barre : "il a marqué toute mon équipe par sa volonté de vivre, son courage en répondant à l'appel de sa fille alors qu'il savait qu'il allait mourir."
Puis ce sont les jours et les mois qui suivent que décrit Catherine à la barre : "quelque chose s'est figé dans notre appartement que nous n'avons pas quitté. Les affaires de Christopher sont toujours là".
Catherine salue le courage de ses beaux-parents : "je ne sais pas comment j'aurais fait à leur place. Quand on a perdu un parent, on devient orphelin. Quand on perd un enfant, j'ai cherché, il n'y a pas de mot."
Catherine évoque le mariage posthume qu'elle a célébré avec Christopher Neuet-Schalter : "que c'est triste un mariage posthume, sortir de la mairie debout, veuve."
C'est au tour de la soeur et de la mère de Gilles Leclerc de s'avancer pour témoigner à la barre.
Nelly, sa mère évoque la mort de son fils et son mari "qui, de tristesse, a développé un cancer. Je survis pour mon mari".
Nelly fait projeter l'échange de SMS qu'elle a avec sa belle-fille, au Bataclan avec Gilles. Sur la capture d'écran du téléphone portable, on peut lire : "Gilles a été touché", puis "Ils nous font sortir mais Gilles ne bouge plus au secours".
Nelly : "nous ne savions pas où se trouvait Gilles ni même s'il était encore en vie. Mais nous gardions espoir. Le lundi 16 novembre, vers 19h, nous avons été appelé par un responsable d'un ministère. On était effondrés."
Nelly : "en ce qui concerne les terroristes, ce ne sont pas des être humains mais des monstres, des êtres sans coeur. Pourquoi ont-ils fait ça ? J'ai de la haine, cette haine me ronge de l'intérieur et ne sort pas. Je ne supporte plus le bonheur des autres."
Nelly : "je reste des heures sur mon canapé à ne rien faire. Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Aujourd'hui par contre, j'ai découvert tous les témoignages émouvants qui seront peut-être le déclic pour continuer à vivre."
Alexandre, la soeur de Gilles Leclerc témoigne à son tour : "Gilles était un homme de 32 ans qui était fleuriste, qui aimait et avait compris le bonheur de vivre l'instant présent. Artiste dans l'âme, il travaillait dans la boutique familiale de fleurs."
Alexandra : "la nuit de l'horreur, de la descente aux enfers, la nuit où ils ont décidé d'enlever la vie à 130 personnes qui avaient juste choisi de profiter de cette douce nuit d'audience."
Elle a fait diffusé un selfie de son frère au Bataclan, "partagé sur sa page Facebook"
Alexandra évoque à son tour le trop court instant à l'institut médico-légal, derrière une vitre, sans intimité. "Ca rend difficile le début du travail de deuil", explique la soeur de Gilles Leclerc.
Après une brève suspension d'audience, la mère de Priscilla Correia livre son témoignage : "en quelques secondes ma vie a basculé dans l'horreur."
Sur l'écran géant, Patricia a fait elle aussi projeter les derniers sms échangés avec sa fille. "Je vais en profiter".
Aujourd'hui, Patricia explique : "je ne suis pas encore mesure de décrocher son pyjama dans la salle-de-bain". "Si je croise une mère avec sa fille, mes tripes se tordent. Plus jamais je n'entendrai le mot "maman". Je suis habitée par sa présence."
Patricia : "Priscillia, même si ton enveloppe a disparu, c'est au travers de moi que ta voix résonne dans ce palais de justice. Ton âme et celles de toutes les personnes arrachées à la vie, seront conservées dans un écrin".
La dernière partie civile du jour s'avance à son tour à la barre.
Arlette, mère de Nicolas Catinat dont elle fait projeter des photos sur l'écran géant de la salle explique qu'"il a fait partie des première victimes, qu'il est mort sur le coup et qu'il n'a pas souffert"
Arlette raconte à son tour l'espoir qui s'amenuise et les nombreux appels aux hôpitaux parisiens.
"Il était plus de 15h30 lorsque notre fille nous a appelés. Ses paroles ont été : maman, c'est fini, je viens d'appeler l'institut médico-légal. J'ai hurlé comme une bête."
Arlette : "Nicolas venait d'avoir 37 ans. J'avais 30 ans lorsqu'il est né. Nous fêtions nos dizaines ensemble. Je ne pourrai plus jamais."
Arlette : "notre fils était très attachant, tolérant, bosseur. Peu de temps avant sa disparition, il nous avait dit qu'il avait eu une enfance heureuse. Il était bien dans sa vie."
Arlette : "j'ai mis mes enfants au monde à une époque où la péridurale n'existait pas. Cela a été un peu douloureux, mais assez supportable. Lorsque que vous apprenez le décès d'un enfant, la douleur que vous ressentez au plus profond de vous est d'une extrême intensité."
Fin des auditions de parties civiles pour aujourd'hui. L'audience est suspendue. Elle reprendra lundi à 12h30.
Le compte-rendu rendu de l'audience du jour, illustré par @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Un dernier tweet avant le week-end pour vous remercier, une nouvelle fois, pour les nombreux messages de soutien et d'encouragement. Les semaines sont éprouvantes. Elles rendent ces messages d'autant plus précieux et réconfortants.
Très beau week-end à tous.

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