Il y a quand même un problème dans les discours de gauche.
Avant, la gauche, c'était la défense des salariés, des classes populaires, voire des classes moyennes. C'était clair, net, on voyait bien qui elle défendait et à qui elle s'en prenait (les patrons, les riches).
Aujourd'hui la gauche c'est aussi la défense de la planète, la lutte contre le changement climatique, la protection de l'environnement.
Ce sont évidemment de nobles causes, mais elles concernent tout le monde. Elles ne s'adressent pas spécifiquement aux classes populaires.
Le problème c'est qu'en ajoutant une dimension écologique à son projet social, en passant du socialisme à la social-écologie, elle prend le risque de diluer son message et surtout elle donne l'impression que la lutte contre les inégalités passerait en arrière-plan.
Prenons un exemple concret.
Hier, lors de son grand meeting de Lille, @Anne_Hidalgo a annoncé son programme et ses principales mesures. Et en bonne place dans ces mesures elle propose un "ISF climatique".
Rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune, c'est très bien. C'est de gauche, ça parle à tout le monde, c'est une mesure indispensable au partage des richesses.
Mais pourquoi diable en faire un objet "climatique"?
Pourquoi transformer une mesure sociale en mesure écologique?
On a l'impression qu'elle pense que la question du partage des richesses à elle seule n'est pas suffisante pour mériter la réinstauration de l'ISF. Donc il faudrait lui ajouter un adjectif écologique pour rendre la mesure acceptable.
Mais c'est quoi ce discours?!
Vous voudriez démontrer que la justice sociale est reléguée derrière les questions environnementales que vous ne vous y prendrez pas autrement.
Les mecs, le rétablissement de l'ISF est un impératif social, pas une mesure pour le climat!
Le propos du fil ci-dessus ⬆️ n'est pas de dire qu'il ne faut pas articuler ensemble l'écologie et le social mais qu'il faut le faire intelligemment et sans donner l'impression qu'on substitue l'un pour l'autre.
Sinon j'ai écrit ça sur l'écosocialisme:
Et oui, j'ai conscience que la crise environnementale touche davantage les populations pauvres que les bourgeois. Mais ce n'est pas le sujet ici.
Si le sujet vous intéresse vous pouvez lire cette très bonne synthèse d'Éloi Laurent. 👇 cairn.info/revue-francais…
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
2/ Si le droit européen s'impose sur le droit national c'est parce que les Constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas explicitement.
Ainsi, en France, l'appartenance européenne est inscrite dans la Constitution et cette dernière a été régulièrement modifiée pour éviter toute incompatibilité du texte constitutionnel sur le droit européen.
2/ Si le droit européen s'impose sur droit national ce n'est que parce que les constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas.
3/ La meilleure preuve de cet état de fait est que l'Union européenne ne parvient pas à imposer à la Pologne et à la Hongrie qu'elles respectent un certain nombre de principes qu'elle défend.
Une anecdote amusante à ce sujet.
En 2009, jeune MCF à Angers j'envoie début septembre une tribune au Monde sur la rentrée universitaire très difficile que nous connaissions après les grèves de la loi LRU qui paralysèrent les universités pendant des mois.
Après plusieurs semaines sans aucun retour, je la publie sur un blog Mediapart, puis je n'y pense plus.
À la mi-octobre, je reçois un email du Monde m'informant que cette tribune avait été sélectionnée pour paraître en fin de semaine. Je suis évidemment très heureux.
J'achète le numéro du lendemain pour trouver ma tribune. Il y a bien un dossier sur la rentrée universitaire avec des points de vues de chercheur, mais point de papier signé David Cayla. 😭😭
Beaucoup s'interrogent sur le sens de cette corrélation.
J'entends que ce serait lié au niveau d'instruction ou même d'intelligence, à la faiblesse des services publics, à des considérations politiques (les macronistes se vaccinant plus), au conformisme des classes supérieures...
Le problème de ces explications est qu'elles analysent la réticence vaccinale comme la conséquence de choix purement individuels.
Or, je pense au contraire qu'on a affaire à un phénomène social, qui résulte de l'histoire récente et de choix politiques.
#Thread 1/ Le taux de vaccination est lié à la confiance envers les institutions. Or, cela fait bien longtemps que les gouvernements ont abandonné les classes populaires. De ce fait la défiance dans cette catégorie de la population est extrêmement élevée. D'où le succès du RN.
2/ La gauche aurait dû reprendre le rôle qui a longtemps été le sien et s'intéresser à leurs pbs, y compris à l'insécurité, à l'islamisme, à la dégradation des services publics. Mais elle se réfugie dans les thématiques écologiques et sociétales et perd l'électorat populaire.
3/ Vient la pandémie de Covid-19, avec ses morts, pas mal de gens qui souffrent de séquelles, le burn-out des soignants, l'incompétence du gouvernement systématiquement dans la réaction, parfois le mensonge (l'épisode des masques) et jamais dans l'anticipation. Bref.