Thread by @lapsyrevoltee

Aujourd'hui dans les #ThreadLaPsy j'aimerais vous parler du moment où des patientes TSA (autistes) n'arrivent plus à masquer leurs difficultés une fois qu'elles ont pris conscience de leur fonctionnement. Le MOMENT POST-DIAGNOSTIC OU CA EMPIRE :

Ces derniers temps, j'ai vu arriver plusieurs fois le même schéma : une patiente arrive au moment de sa thérapie où on aborde des traits autistiques, on travaille cela pendant quelques temps, elle décide (ou pas) d'avoir un diagnostic : bref elle prend conscience d'un

certains nombres de traits, de mécanismes et de fonctionnements. Et lors de cette prise de conscience, la patiente se rend compte qu'elle éprouve plus de difficultés à contenir ces traits, à prendre sur elle.

Le "masking" est un mécanisme très connu dans l'autisme féminin, il

s'agit du fait de prendre sur soi pour masquer un certain nombres de traits qui seraient mal perçus dans la société. Dès leur plus jeune âge, les femmes sont conditionnées à répondre aux attentes de l'autre, à se montrer douces, obéissantes et calmes sous peine d'être vues comme

la fameuse "hystérique". On sait que les femmes ont tendance à avoir des intérêts spécifiques qui passent plus facilement inaperçus ou qui sont plus socialement valorisés. Elles masquent leurs traits autistiques par tous un tas de procédés (le mimétisme par exemple) et prennent

énormément sur elles pour supporter. Ce masking a un coût psychique immense & pèse lourd ds un certains nombres d'effondrements (shutdown ou meltdown) parce que parfois elles ne se rendent pas compte à quel point elles ont tiré sur la corde, à quel point elles ont exigés d'elles

des efforts qui dépassaient leurs limites. Lorsque durant la thérapie ou le processus diagnostic, elles prennent conscience de ces différents traits, par ex que le bruit les agresse VRAIMENT, que le contact de certaines matières leur est VRAIMENT insupportable, que faire les

courses ou assister à des événements sociaux les épuise VRAIMENT, que l'angoisse qu'elles ressentent quand elles doivent interagir avec quelqu'un est bien réelle, quand elle prennent conscience de tout ce qu'elle exigent d'elles-mêmes, il y a ce moment où ça déborde où elles ne

se sentent plus capables de prendre autant sur elles. Il y a ce moment de panique où elles ont l'impression de régresser, de devenir plus fragiles, plus handicapées. Mais ce moment, c'est surtout le moment où un peu du masking tombe et où elles peuvent enfin s'écouter, ne plus

banaliser ce qu'elles ressentent en le qualifiant de lubie ou en acceptant qu'on leur dise qu'elles exagèrent. Elles prennent conscience d'à quel point le monde les agresse parfois, d'à quel point ça bouffe de l'énergie. Et ca les fait paniquer de se dire qu'elles ne pourront

plus autant supporter. Mais en réalité, c'est le point de départ. C'est le moment, où elles peuvent apprendre à connaître leurs déclencheurs, ce qui leur pompe le plus d'énergie, apprendre à imposer leurs priorités, leurs limites. C'est le moment où elles peuvent essayer

d'aménager leur quotidien pour que les effondrements soient moins nombreux, les limites moins souvent atteintes. C'est le moment où elles peuvent enfin dire à leur entourage de les prendre au sérieux, de respecter leur ressenti. Ce moment où le masking se fissure est un moment

anxiogène dans la thérapie, un moment de fragilité mais il est tout à fait normal et c'est même le signe qu'elles peuvent commencer à s'écouter.

Si vous passez par là, je sais que c'est dur, je suis passée par là, mes patientes passent par là mais après on apprend à se préserver