Thread by @vvantighem

#Fillon : Bonjour ! En ce lundi glacial, on est à la Cour d’appel de Paris pour suivre l’audition de François Fillon dans le dossier dit du « Penelopegate ». Avec toujours la magnifique Sainte-Chapelle en toile de fond. cc @BFMTV

#Fillon : Passion gargouilles…

#Fillon : L’audience doit donc débuter à 13h30 par l’interrogatoire de François Fillon. La semaine dernière, il a déjà donné le ton, expliquant que le travail de son épouse, à ses côtés, était « incontestable ».

#Fillon : François et Penelope Fillon viennent de faire leur entrée dans le prétoire baigné de la lumière d'automne. Le seul truc qui réchauffe un peu l'atmosphère. #PointMeteo

#Fillon : François Fillon porte un costume bleu foncé et la traditionnelle pochette à élastiques orange qui semble plus épaisse que la semaine dernière. Masque noir. Cravate bleue.

#Fillon : Penelope arbore quant à elle un petit haut noir surmonté d'une veste rouge chinée. Les époux sont assis sur le premier rang à côté du micro. #PointMode

#Fillon : L'audience est ouverte.

#Fillon : « C’est au tour de M. François Fillon de se placer à la barre », indique le président François Reygrobellet.

#Fillon : « Il y a deux axes. Sans surprise. Les contrats d’assistante parlementaire que vous avez signés avec votre épouse. Et les conditions d’embauche de vos deux enfants, lorsque vous étiez sénateur... »

#Fillon : Mains jointes devant lui, François Fillon écoute le préambule du président de la Cour d'appel. Un petit carnet noir est posé sur le pupitre du prévenu.

#Fillon : Le président de la cour rappelle que François Fillon a été élu, pour la première fois, au printemps 1981. Le 22 novembre 1981, Penelope signe son premier contrat de "collaborateur de député". S'en suivront neuf autres contrats.

#Fillon : « J’ai été élu en 1981. C’était une élection qui n’était pas évidente. Je suis le seul nouvel élu de droite. Je n’avais pas de légitimité propre. J’ai rapidement compris qu’il fallait passer du temps sur le terrain, il fallait voir les habitants. »

#Fillon : « A l'époque, j’ai découvert que la moitié des députés du département travaillaient avec leurs conjoints... »

#Fillon : « La fonction de député est particulière, elle nécessite un investissement. Beaucoup de parlementaires avaient choisi de travailler avec leurs conjoints, afin de ne pas être séparé. Mais aussi car la présence du conjoint permet d’incarner la présence du parlementaire. »

#Fillon : L'ancien Premier ministre explique qu'il a commencé à intégrer son épouse à son équipe avec des missions locales : un rapport sur le bocage sabolien, une étude sur les perspectives économiques du département...

#Fillon : Le président Reygrobellet l'interrompt et l'interroge. Il s'étonne que Penelope Fillon n'ait pas travaillé sur les sujets du moment : abolition de la peine de mort, éducation, etc...

#Fillon : « Penelope travaillait sur mon implantation locale. Elle est fondamentale. C’est elle qui [me] donne [ma] légitimité. »

#Fillon : François Fillon tente de justifier le travail particulier de son épouse, Penelope. « Le jugement de première instance rappelle que le rôle (...) 'ne dépasse pas la présence aux manifestations locales et l’écoute des administrés'. L’ennui, c’est que c’est ça ! »

#Fillon : « Le rôle d'une assistante parlementaire, ce n’est pas la gestion administrative. Ce n’est pas des rapports... C’est le lien personnel avec les habitants. Il est mieux incarné, du point de vue des habitants, par un proche ! »

#Fillon : De retour dans le prétoire après une légère interruption pour cause de duplex à honorer.

#Fillon : La suite de l'audition de François Fillon est dans le même ton. Le président François Reygrobellet lui fait remarquer que la collaboration de son épouse apparaît quand même très "immatérielle"...

#Fillon : L'ancien Premier ministre rappelle, à chaque fois, que la mission de son épouse, Penelope, était « d’être sur le terrain »...

#Fillon : A plusieurs reprises, le président a fait appel aux souvenirs du prévenu pour qu'il rappelle des discours auxquels Penelope a participé, soit en les écrivant, soit en les annotant, soit en les relisant...

#Fillon : Mais François Fillon élude bien souvent et parle essentiellement d'implantation locale.

#Fillon : Au passage, l'ancien Premier ministre a rappelé à la barre qu'il aurait fallu suspendre l'enquête pénale le visant le temps de la campagne présidentielle de 2017.

#Fillon : Le président Reygrobellet cite plusieurs témoignages mettant en difficulté la défense de François Fillon.

#Fillon : Notamment des témoins qui expliquent que François Fillon était suivi par des collaborateurs parisiens quand ils venaient dans la Sarthe... Donc que Penelope n'était pas la seule collaboratrice dans la Sarthe...

#Fillon : Comme en première instance, on reparle des témoignages et notamment d'une journaliste locale qui a travaillé 25 ans dans la Sarthe. Et qui a croisé Penelope deux fois dans sa carrière : à un festival baroque et à un repas des anciens de Solesmes...

#Fillon : « C’est son point de vue bien sûr », précise le président François Reygrobellet.

#Fillon : Comme en première instance, François Fillon répond de la même manière... « Cette journaliste couvrait Sablé mais pas toute la circonscription... »

#Fillon : « C’est quelque chose que j’ai du mal à faire comprendre, à expliquer… Les manifestations dans les communes sont sous le radar de la presse. Au mieux, au mieux, il y a un correspondant local. Il envoie un petit texte et une photo. C‘est tout. »

#Fillon : L'ancien Premier ministre se défend aussi en disant que cette journaliste n'a pas été capable de citer un autre de ses collaborateurs parlementaires...

#Fillon : Et au sujet du festival baroque, il précise que la journaliste n'a dû y aller qu'une fois si elle n'a croisé Penelope qu'une fois. Parce que Penelope y assiste chaque année. #PointClavecin

#Fillon : On passe à la rémunération de Penelope qui a augmenté au fil des ans. « Son rôle devenait de plus en plus essentiel. »

#Fillon : Le président lui fait remarquer qu'il était dans la limite de ce qui était autorisé par l'Assemblée nationale. François Fillon rétorque qu'il était dans "ce qui était autorisé" par l'Assemblée nationale.

#Fillon : L'impression vraiment de revivre le procès de première instance.

#Fillon : On discute désormais des contrats signés avec le suppléant Marc Joulaud, une fois que François Fillon bascule au gouvernement.

#Fillon : Question de François Reygrobellet : « Comment, alors que vous êtes ministre, vous décidez des conditions d'embauche de votre femme avec votre successeur ? »

#Fillon : Réponse du prévenu : « Je l'ai demandé à Marc Joulaud. C'était une pratique extrêmement répandue », admet-il.

#Fillon : A l'époque, Marc Joulaud (et donc François Fillon) prévoyait un salaire de 5.300 euros pour Penelope. « Compte-tenu de ses diplômes et de la qualité de son travail... » L'ex-Premier ministre trouve cela normal.

#Fillon : Moment intéressant où François Fillon livre son sentiment sur le fond et la « suspicion immédiate » que subit perpétuellement Penelope.

#Fillon : « Parce que c’est mon épouse, ce n’est pas possible qu’elle soit compétente... » L'ex Premier ministre parle du « biais » qui consiste à penser que Penelope n'était qu'une épouse de député, qu'une femme de...

#Fillon : « Cette manière de voir les choses occulte le travail qu’elle a fait. Vous avez trouvé toute une série de documents, de témoignages qui montrent qu’elle est engagée dans la vie politique. On se demande vraiment pourquoi elle fait tout ça [si ce n’est qu’une épouse]. »

#Fillon : Même si sur « la série de documents et de témoignages », la cour reste sceptique...

#Fillon : Petit moment de flottement dans le prétoire avec un coup de perceuse, non annoncé. Puis un second... "Oui", répond le président de la Cour d'appel...
Suspension

#Fillon : Avant cela, il venait d'évoquer le témoignage d'une stagiaire de Marc Joulaud qui n'a jamais entendu parler du travail de Penelope Fillon. Premier signe d'agacement à la barre.

#Fillon : « Oui, je connais cette jeune fille. Elle venait jouer à la maison avec les enfants quand elle avait 15 ans... », commence par répondre François Fillon.

#Fillon : Et puis... « Il y a un moment où quand même… Il y a certains témoignages qui ne sont pas sérieux. On parle d’une jeune fille qui est stagiaire, qui a 18 ans, qui n’a pas de bureau, n’est pas la mieux placée pour savoir quel est le travail de Penelope. »

#Fillon : L'audience est donc suspendue pour cause de perçage non annoncé... On reprend tout à l'heure.

#Fillon : L'audience a repris. On interroge désormais François Fillon sur l'embauche de deux de ses enfants, Charles et Marie, lorsqu'il était sénateur.

#Fillon : A ce propos, les enfants de François Fillon ont admis avoir "restitué" à leur père une partie des salaires qu'ils ont touchés en tant que collaborateurs.

#Fillon : Notamment Marie qui a admis avoir reversé une partie des fonds pour rembourser une partie des frais de son mariage.

#Fillon : Le président fait remarquer qu'il y a peu de documents [prouvant le travail de Penelope Fillon] et que pour Marie, il n'y en a que pour un trimestre...

#Fillon : Charles, lui, a expliqué avoir travaillé six mois. Mais n'avoir jamais mis les pieds au Sénat. Il travaillait dans une bibliothèque appartenant à la faculté de droit où il étudiait.

#Fillon : Et le président de lister les sujets sur lesquels il a bossés : participations publiques, la problématique juridique des privatisations, la réforme des institutions... « On peut dire que c’est un travailleur ce garçon. »

#Fillon : Son père explique qu'il était "bien plus capable" que certains hommes politiques avec qui il a travaillé.

#Fillon : Le problème, c'est aussi la restitution des fonds sur le compte de François Fillon...

#Fillon : « C’est un peu particulier. Mais que les enfants… Parfois, on a des enfants qui veulent travailler. Et on les aides à trouver un emploi. Bon, pas à l’Assemblée ou au Sénat. Pour qu’ils ouvrent un compte-chèque... », lâche le Président.

#Fillon : Très belle utilisation du mot "Compte-chèque" par ailleurs...

#Fillon : Le président Reygrobellet s'interroge notamment sur le fait que Marie Fillon a remboursé l'équivalent de 50% des frais de son mariage à son père... mais 6 mois avant le mariage...

#Fillon : Toujours les mains jointes devant lui, François Fillon confirme. Il se défend. La voix est très calme. Très posée. Sur le fond rien n'a changé par rapport à la première instance. Mais sur la forme, il est beaucoup moins cassant.

#Fillon : On passe à l'emploi de Penelope à "La revue des deux mondes", dirigée par Marc Ladreit de Lacharrière, grand ami de François Fillon.

#Fillon : A ce sujet, on rappelle que Penelope Fillon devait d'abord travaillé au projet d'antenne du Louvre à Abu-Dhabi. Mais cela ne s'est pas fait. Du coup, vient la proposition d'emploi à "La revue des deux mondes"...

#Fillon : Elle est donc devenue conseillère littéraire de la revue. Conseillère unique. Il n'y en avait pas d'autre. « Elle n’est jamais parue dans les lieux », précise le président Reygrobellet.

#Fillon : Très rapidement, l'équipe de la "Revue" prend en grippe Penelope, rappelle le président.

#Fillon : A ce propos, on rappelle que Marc Ladreit de Lacharrière a reconnu sa culpabilité dans le cadre d'une CRPC (plaider-coupable). Il a été condamné pour "abus de biens sociaux" (8 mois de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende).

#Fillon : Ce qui ne facilite pas la défense des époux Fillon...

#Fillon : « On est à la fin de 5 ans à Matignon (2012). La présidentielle se profile. En tout état de cause, je sais que je ne resterai pas dans mes fonctions. J’ai gravi quasiment tous les échelons d’un cursus politique. Et j’envisage sérieusement de quitter la vie politique. »

#Fillon : « Finalement, je suis candidat à Paris (député) contre l’avis de mon épouse. Penelope souhaite avoir une activité qui lui soit propre. Or si je suis député de Paris, la labourage de la circonscription de la Sarthe n’a plus de sens. Elle cherche donc quelque chose. »

#Fillon : « J’en ai parlé à Marc dont je suis proche. J’apprends qu’on lui a proposé d’intégrer l’équipe qui travaillait sur le Louvre à Abu-Dhabi. Elle a immédiatement refusé. Ce qui prouve bien que ce n’est pas la recherche d’un emploi fictif, sinon on aurait accepté. »

#Fillon : « Ensuite, il y a la proposition à la Revue des deux mondes. C’est une période compliquée. Je suis candidat à la présidence de mon parti. Je vais d’ailleurs finir par perdre. Je réfléchis avec des amis à être candidat à la présidentielle. Je suis assez peu présent... »

#Fillon : Mais l'ancien Premier ministre explique qu'il se souvient très bien du travail réalisé par Penelope sur ses notes de lecture.

#Fillon : Oh !! François Fillon vient de sourire, presque de rigoler en racontant une anecdote...

#Fillon : Il a raconté qu'en 1981, il avait écrit un article sur la stratégie de défense de la France. Qu'il l'a présenté à un homme très très âgé gérant une revue et que celui-ci s'est endormi pendant son exposé...

#Fillon : Où l'on reparle du courrier... Qui était donc géré par une collaboratrice de François Fillon. Mais Penelope était chargée de rassembler une partie des enveloppes...

#Fillon : A l'époque, il y avait cinq moyens d'écrire à François Fillon : domicile, mairie de Sablé, mairie de Solesmes, microparti (Force Républicaine) et bureau parlementaire...

#Fillon : Et Penelope était chargée de rassembler une partie de ce courrier. Mais pas de le traiter. Cette tâche incombait à une autre de ses collaboratrices.

#Fillon : « On peut dire quand même que vous n’avez pas fait le choix de la simplicité... »
« Je ne voudrais pas multiplier l’ironie mais (…) c’est pas très simple... », lâche le président Reygrobellet.

#Fillon : « C’est une organisation qui était très certainement perfectible », admet le prévenu, toujours d'une voix calme.

#Fillon : Et qui ajoute que son épouse avait un vrai rôle en matière de traitement du courrier. « J'avais des gardes du corps, des chauffeurs. S'il s'agissait seulement de transmettre du courrier, ils auraient pu le faire... »

#Fillon : Et l'on repart sur Marc de Lacharrière... Le président interroge François Fillon sur le fait que son ami a reconnu sa culpabilité...

#Fillon : « Il n’a pas voulu subir ce que nous venons de subir pendant 5 ans. Il n’a pas voulu voir son nom associé au procès médiatique. Il a des responsabilités assez importantes. »

#Fillon : Alors que le président François Reygrobellet vient d'attaquer l'une de ses questions par un magnifique "Sans vouloir être indiscret..." #Précaution

#Fillon : La question était de savoir s'il avait debriefé avec Marc de Lacharrière sur toute cette affaire. La réponse est un peu fourre-tout...

#Fillon : On passe à la personnalité de François Fillon. Et le président Reygrobellet est très intéressé...

#Fillon :
- Où vivez-où ?
- A Solesmes (Sarthe).
- Vous ne vivez plus dans le 7e arrondissement.
- J'ai toujours un pied-à-terre, mais non.

#Fillon : « Aujourd’hui, je suis retraité. J’ai exercé des fonctions comme associé dans une société d’investissement jusqu’en juillet 2020. J’ai quitté ses fonctions après l’affaire. Pareil pour des fonctions à la Fédération automobile. »

#Fillon : « J’ai conservé une toute petite activité de conseils. Et je siège dans quelques conseils d’administration... »

#Fillon :
- Les médias se sont fait écho de votre nomination dans le conseil d'administration d'une société russe.
- C'est exact
- S’agit -il d’une fonction rémunérée ?

#Fillon : « Je suis membre du conseil d'administration. Il y a 4 réunions par an. J'en ai fait une. Ces quatre réunions sont rémunérées. Je n’ai encore rien touché. Et je n’ai aucune idée ni de la date, ni des montants »

#Fillon :
- La cour est totalement dans l’ignorance des revenus de la famille Fillon.
- Je vais vous répondre. J’ai une seule ressource fixe permanente, c’est ma retraite. Pour le reste, ce que je vous propose, c’est de vous remettre un dossier complet...

#Fillon : Légèrement pince-sans-rire, François Reygrobellet précise sa demande : « On ne sait trop pourquoi. Ce sont des questions qui, parfois, peuvent nous intéresser. »

#Fillon : Légère interruption dans ce LT pour cause de papier à écrire…

#Fillon : De retour dans le prétoire. Ce sont désormais les avocats de la défense qui posent des questions à François Fillon.

#Fillon : Vous l'aurez compris, il s'agit donc de questions (pas très spontanées) qui doivent permettre à François Fillon de prouver que sa femme exerçait un vrai rôle. #ExerciceEntendu

#Fillon : On revient sur les discours puisque le président a expliqué tout à l'heure qu'il y avait très peu (pas?) de discours sur lesquels on a la preuve que Penelope a participé...

#Fillon : Mais la défense avance des discours de 2015 / 2016, à l'époque où François Fillon donnait des conférences. Des discours visés par Penelope. Mais ils sont hors des dates de prévention retenues par la justice (1998-2013)

#Fillon : Autrement dit, la défense estime qu'on peut tirer la conclusion qu'elle relisait bien les autres discours...

#Fillon : Où l'on parle maintenant des archives des Fillon, très très très nombreuses. Mais dans lesquelles on a trouvé peu de traces. François Fillon explique qu'une partie a été détruite.

#Fillon : Et là à 18h40, cela s'anime un peu...

#Fillon : Le président Reygrobellet demande à la défense d'éviter de poser des questions qui ont déjà (et souvent) été posées. Antonin Lévy, avocat de François Fillon, s'insurge pour dire que le président a posé aussi plusieurs fois les mêmes questions...

#Fillon : Bonhomme, François Reygrobellet en convient. Et termine, de façon un peu condescendante : « Allez-y ! Que la jeunesse poursuive ! »
Est ainsi visé Me Joris Monin de Flauguergues qui défend François Fillon avec Me Antonin Lévy.

#Fillon : Mais, gourmand, François Reygrobellet ne peut pas s'empêcher... « Vous savez... Quand des avocats posent des questions à leur client qui ont déjà été posées, on peut se dire qu'ils n'ont pas été satisfaits des réponses qu'il a formulées... »

#Fillon : L'audience est levée. Merci à tous pour vos remarques et votre suivi. A très vite.

#Fillon : Évidemment, pas un mot en sortant…