Thread by @qffwffq

Et si on parlait d'un truc tellement complexe,

- qu'il implique plusieurs régions corticales pour son exécution

- qu'il est d'autant plus long qu'on étudie des mammifères avec des neurones nombreux

- et dont on ignore la fonction

J'ai nommé, la bâillement.

D'ailleurs toujours dans les trucs rigolos il existe des normes pour le bâillement qui ne doit pas excéder 10 secondes et ne doit pas se reproduire plus de 3 fois par 15 minutes.

Et le bâillement est contagieux.

60% des individus baillent s'ils voient quelqu'un d'autre le faire, et ce d'autant plus que l'autre est un proche (ami, famille...)

D'ailleurs, il existe une corrélation forte entre l'insensibilité au bâillement des autres et la probabilité d'être atteint d'un trouble du spectre autistique ou d'une schizophrénie.

Et quand on dit que le bâillement est un phénomène complexe, il faut comprendre que pour baillet il fait l'activation de 6 nerfs crâniens sur 12, de la moelle, de région profondes insulaires de régions hypothalamiques...BREF BEAUCOUP DE MACHINS POUR JUSTE OUVRIR LA BOUCHE.

Et quand on dit qu'on ne sait pas à quoi ça sert...en 2021...les moins mauvaises théories... proposent que le bâillement est un phénomène qui permet de refroidir le cerveau.

Et ouais.

Je sais c'est tout pourri.

Mais ces théories ne sortent pas de nulle part. Elles viennent de fait que beaucoup de régions impliquées dans le contrôle du bâillement le sont également dans la thermorégulation.

Et par ailleurs la sensibilité au bâillement des autres varie selon la saison (chaude).

Et l'augmentation physiologique de la durée et de l'intensité des bâillements est corrélée à l'existence d'une situation où le cerveau est exposé à un risque de surchauffe (migraine, épilepsie, stress, manque de sommeil...).

MAIS...

Mais il existe également des situations anormales qui peuvent provoquer des bâillements pathologiques, dont pas mal de pathologies neurologiques et surtout des médicaments.

On peut citer notamment :
- TOUS les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
- TOUS les dopaminergiques
- et d'autres trucs comme l'ocytocine, les benzodiazépines (indépendamment de leur effet sédatif)
- et ceux qui empêchent la somnolence (METHYLPHNIDATE)

Alors maintenant qu'on a dit tout ça, est-ce que ça a un intérêt réel ?

Ou pour le dire autrement, est-ce que savoir comment vous bâillez à un quelconque intérêt dans la vie de tous les jours ?

La réponse est bien évidemment non... Mais.

Le "mais" n'est pas lié aux maladies super rares dont de toute façon on fera le diagnostic sur d'autres signes.

Le mais vient plutôt du fait que contrairement à l'image qu'on en a, le bâillement n'est pas un signe d'ennui ou de somnolence.

Il est le signe que vous devez modifier quelque chose à votre état. Un peu comme lorsque vous sentez que vous êtes mal assis et que vous devez bouger.

La différence étant que le bâillement est un marqueur de troubles parfois plus complexe qu'un simple coude posé sur un bureau inconfortable.

Il peut être un marqueur d'anxiété, de dépression, de stress, qui, peuvent pendant longtemps ne pas se manifester autrement.

Bon bref. Si vous bâillez vraiment souvent, il est peut être temps de faire autre chose que de prendre un café.