Il arrive parfois que des gens nous agressent (verbalement), mais le plus impressionnant c’est quand tu ne t’y attends pas du tout.
Faut que je vous raconte.
Thread vécu ⤵️⤵️⤵️
Je conduis un corail TEOZ de Toulouse à Brive.
Il continuera à Paris avec un autre conducteur après Brive.
C’est un format court, j’ai 7 voitures derrière ma locomotive (notez bien).
Les corails TEOZ fonctionnaient par « coupon » de 7 voitures, soit tu en as 7, soit tu en as 14 (double rame).
C’est comme en banlieue parisienne , le train court / long.
Je m’arrête à Gourdon.
Gourdon c’est une petite ville au milieu du département du Lot.
Tranquillitude, calmitude, serenitude.
C’est un coin de France super tranquille. Paysages magnifiques.
Là bas les gens prennent le temps d’être bien.
La vie.
Je me suis arrêté à quai en respectant le règlement.
A la sncf, le règlement, ben c’est le règlement. Ça se respecte.
Je me suis arrêté à la pancarte 7V.
Car je vous le rappelle, j’ai que 7 caisses.
On doit donc arrêter la locomotive au droit de ce panneau.
Ça permet au passagers d’attendre ensemble au bon endroit sur le quai.
Voici un exemple concret si vous ne connaissez pas ce panneau.
Je suis donc arrêté au milieu du quai.
Et là-bas , tout au loin, je vois un mec de à peu près 50 balais, accompagné d’un couple de petits vieux.
Ils se sont trompés, ils attendaient à la pancarte 14V, et reviennent vers la rame.
Pas d’urgence, on partira pas sans eux.
Mais plus ils approchent, plus je vois le mec gueuler et gesticuler.
Ça tombe bien je suis à la fenêtre de ma cabine.
Et là, il me passe un savon comme quoi j’ai fait exprès de m’arrêter au milieu du quai pour bien le faire chier.
Pour les faire marcher.
Tout y passe, le feignant de cheminot, que c’est une honte de faire marcher des petits vieux, que je suis un incapable… un danger public.
Bref. Moi j’encaisse. J’ai conduit en banlieue. C’était bien pire. #BALEK
Sauf qu’il rajoute: « On se retrouvera à Austerlitz, je m’occuperai de toi, tu vas voir! »
Là, par contre changement de braquet. C’est une menace directe.
Je laisse pas passer.
Le temps de taper l’urgence du frein et de descendre de ma loco, le mec était monté dans le train.
Et les deux petits vieux sur le quai !
Déjà, et de une, c’est pas pépé et mémé qui prennent le train, c’était lui !
Donc ils pouvaient tranquillement lui dire au revoir au bout du quai depuis le début.
Je monte dans la rame, suivit de près par mon contrôleur qui venait voir quel était ce tapage.
Je retrouve mon gars en plein milieu des autres passagers, en train de s’installer.
Et là, c’est une tout autre histoire qui commence.
Je fais 1m90, 110 kilos, nourrit aux produits made in Perigord.
Le mec fait 1m70, le poids cumulé de 3 canards (avec les plumes mouillées).
Ça va chier dans le ventilateur.
Bien entendu il est hors de question que je touche le mec. Même pour le prendre par la main.
Et il le sait très bien.
Tout se joue au dialogue qui s’ensuit et a l’intonation.
« Vous, vous descendez direct ! , vous venez de me menacer, vous descendez du train !»
« Vous l’avez fais exprès de vous arrêtez loin, pour me faire chier, et puis de toute façon j’ai un billet, vous pouvez pas me virer du train ». #Rebellion
Dans la voiture, c’est The Voice, tous les passagers se sont retournés pour voir le spectacle.
Le jury complet.
Je précise les paroles.
« Billet ou pas billet, vous venez de commettre un délit, vous venez de menacer un agent effectuant une mission de service public.
Donc vous descendez, on va s’occuper de votre cas avec les gendarmes. »
Évidement, attendre les gendarmes, prendre l’identité du bonhomme, faire les procédures, dire à la gendarmerie qu’on reviendra poser plainte plus tard…c’est énormément de temps.
Mais il y a un autre moyen plus efficace.
Et je sors mon arme ultime. Le truc que tu apprends en banlieue.
Le retournement de situation. 👍
« Et si tous les passagers dans le train sont en retards de 2 heures, ça sera exclusivement de votre faute »
Là, les autres passagers ils sont comme ça :
Ça fonctionne du tonnerre, car si moi j’ai pas le droit de toucher le gars, les autres passagers non plus.
Mais ça, il le sait moins, et remarquez, eux non plus.😄😄😄
La pression du groupe.👍😁
Résultat, le mec devient doux comme un agneau.
Te sort 3000 excuses, qu’il est désolé, toussa toussa.
Et vu que je n’allais pas couler mon train pour ça, j’ai laissé pissé.
Charge à mon contrôleur de bien vérifier que l’individu ne fasse pas plus de problème en cours de route.
On est repartit, j’étais à l’heure à Brive.
J’ai quand même prévenu le collègue qui finissait à Paris de la situation.
Il a bien rigolé:
« Tu l’as pas tapé le gars? »
« Non t’inquiète, mais y’a des catcheurs qui le surveillent »
Fin du thread.
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C’était au début de ma carrière, une histoire de salopette rouge, d’un film célèbre, par un matin d’été.
Un de ces événement que tu n’oublies pas.
Thread histoire vécue.⤵️⤵️⤵️
C’était au tout début de ma carrière de conducteur, en 2001, je conduisais le premier RER C d’un petit matin d’été au départ de Ermont Eaubonne, direction la capitale.
Le premier RER, c’est toujours particulier.
Il y a les premiers travailleurs du matin, les derniers fêtards du soir.
Pas grand monde ce jour là, mois d’août oblige.
Aujourd’hui je vous parle de l’origine du mot Tortillard.
Retour vers le passé.
Thread ⤵️⤵️⤵️
Nous sommes dans les années 1920 - 1925.
L’apogée du chemin de fer.
Il y a des trains un peu partout, mais ce n’est pas tout à fait les mêmes.
Aux grands trains classiques qui roulent à travers la France s’ajoutent des « tramways départementaux ». Des petits trains en voie métrique ou en voie de 60 cm.
Aujourd’hui j’avais un train spécial.
Une des voitures derrière n’avait plus de frein. Si si.
Et spoiler, c’était fait exprès.
Explication technique en thread ⤵️⤵️⤵️
Parfois il arrive que certains wagon / voitures voyageur subissent des pannes.
Et assez rarement c’est le frein qui lâche.
Quand il lâche, il freine. #Sécurité
Et quand il freine, ben on ne peut plus avancer.
On va donc l’isoler.
C’est une procédure que je ne détaillerai pas, bien sûr, pour raison de sécurité, mais oui, on peut isoler le frein d’un wagon.