Thread by @BB27000

C’était au début de ma carrière, une histoire de salopette rouge, d’un film célèbre, par un matin d’été.

Un de ces événement que tu n’oublies pas.

Thread histoire vécue.⤵️⤵️⤵️

C’était au tout début de ma carrière de conducteur, en 2001, je conduisais le premier RER C d’un petit matin d’été au départ de Ermont Eaubonne, direction la capitale.

Le premier RER, c’est toujours particulier.

Il y a les premiers travailleurs du matin, les derniers fêtards du soir.
Pas grand monde ce jour là, mois d’août oblige.

Il est 5h00, paris s’éveille. Doucement.

Les trains du matin l’été ont cette saveur particulière.

La torpeur d’une nuit qui s’achève, la douceur des températures avant les grosses chaleurs.

Le calme avant le bruit.

Rouler fenêtre ouverte.

Je m’arrête à Épinay-sur-Seine.

Et bim, signal d’alarme dans la rame.
Je décroche, personne ne parle.

Je préviens le régulateur, et je descend voir quel événement se déroule dans ma rame nécessite ma présence impérieuse.

En banlieue, un signal d’alarme, sans personne qui répond au bout, c’est jamais net.
Donc j’applique un truc simple: on y va prudemment.

Je remonte la rame, jamais en longeant (pour pas se prendre une manchette à une porte).

Arrivé devant la remorque en question, je regarde en haut et en bas les espaces voyageurs pour voir si il y a du mouvement.

Et ensuite, si tout est calme, je monte demander qui a tiré le signal d’alarme.

Bon, la réponse je l’ai tout de suite.
Il n’y a que 4 gugusses. Un petit groupe de jeune des « téci ».

Et la panoplie complète: 4 joints, 4 bouteilles de coca.

(En gros, ils achètent 4 bouteilles de coca, une bouteille de whisky qu’ils partagent dans chacune des bouteilles)

Ça fait 1,5 de whisky coca. Plus le joint.
Ça fait des yeux rouges. 😁

« On est chez nous, on fait ce qu’on veut ».

C’est en gros la seule réponse que j’obtiens.
Bon, ils sont plus défoncé que méchant.
Je leur dit que je dois réarmer le signal car c’est mon boulot.

« On est chez nous, on fait ce qu’on veut ». Bis repetita. 😑

Je suis donc pas encore retourné dans ma cabine que déjà un deuxième signal a été déclenché.

On tourne en rond.

Je préviens le régulateur qui doit prévenir la police.
Et vu l’heure matinale, on va attendre un peu.

Je repart voir mes gaziers. Toujours dans les vapeurs.
« On est chez nous ».

Situation bloquée.

Et là, sur le quai, je vois descendre deux mecs qui viennent à ma rencontre.
Deux passagers de la rame, deux travailleurs du matin.

Y’en a un des deux, putain, c’est un Golgoth. Un monstre.

Un immense Black, le sosie de l’acteur de La Ligne Verte.

Il a une salopette rouge, avec un immense logo Citroën en blanc dessus.
Je me rappellerai de ce vêtement toute ma vie.

C’est le mec, dans l’usine Citroën, il doit installer les moteurs de Xantia à mains nues dans la chaîne de montage.

Ses bras sont sponsorisés par Caterpillar.

Des paluches gros comme des godets de pelleteuse.

Je fais 1m90, et je suis obligé de lui parler en levant la tête.

De sa voie calme, il me demande ce qui se passe.

Je lui explique: signal d’alarme ▶️ 4 jeunes ▶️ alcool - joint ▶️ attente police ▶️ retard.

Il a juste dit « Ok, je m’en occupe »

Autant vous dire que pour plusieurs raison je me suis pas opposé à lui.
Un, parce qu’il est super baleze.
Deux, parce qu’il est vraiment super baleze.

Il est rentré là dedans.
Et comment vous dire.

On aurait pu mettre la bande son de ACDC - Hard as a Rock, que ça aurait été parfait dans la scène qui s’en est suivit.

Moins de 2 minutes plus tard, il m’a dit: vous pouvez remettre le signal d’alarme, on repart.

4 combattants au sol.
Enfin, ils ont pas eu trop le temps de combattre en fait.

Ma journée c’est bien fini par la suite.

J’adore les matins d’été.