Reprise de l'audience au procès de l'attentat de #SaintEtienneDuRouvray. La journée est consacrée aux plaidoiries de la défense des trois accusés. Le verdict est attendu demain.
La première des avocats à prendre la parole est Me Katy Mira, qui représente Yassine Sebaihia, ce jeune homme de 27 ans qui a traversé la France pour retrouver les terroristes deux jours avant les faits. Il a expliqué avoir voulu prendre des cours de religion avec Adel Kermiche.
L'avocate cite une déclaration de son client en garde-à-vue : "Je ne suis pas un terroriste, je n'ai pas envie de mourir, je n'ai pas envie de tuer. J'ai l'impression d'avoir été manipulé, je voulais juste avoir des amis", "une version maintenue pendant 5 ans et demi"
"Dans ce dossier, il manque des acteurs d'un scénario qu'ils ont eux-même écrit, pensé et réalisé ce 26 juillet 2016. Ce n'est pas qu'il ne veut pas répondre aux questions en suspens, c'est qu'il ne peut pas. Dans ce scénario, Yassine Sebaihia n'a jamais eu de rôle à jouer"
Me Mira cite le rapport d'un psychologue au sujet de son client : "Monsieur semble présenter le tableau clinique de l'enfant à haut potentiel non diagnostiqué, avec les conséquences que cela entraîne sur le plan relationnel et psychique"
Selon un autre rapport de l'Administration pénitentiaire, rédigé en janvier 2018, Yassine Sebaihia ne représente "pas de risque de prosélytisme et de violence".
Elle cite les amis du jeune homme dont il s'éloigne les uns après les autres, avant que Yassine Sebaihia se tourne vers les écrans : "Cette communication est si simple, si facile, il n'y a pas de contact physique"
"Juillet 2016 : tout le monde part en vacances. Et lui, Yassine, il ne part pas. Il est sur ses écrans, dans sa chambre", continue Me Katy Mira.
Elle rappelle que l'association de malfaiteurs terroriste ne nécessite pas "d'avoir une connaissance concrète et précise du projet. Concrète et précise. Cela veut dire qu'il faut avoir connaissance du projet"
Me Mira revient sur l'audition de la directrice du renseignement de la préfecture: "Je sais que j'ai le vent de face lorsque je vais dire ça (...) Elle nous dit 'nous n'avons pas vu un critère imminent de passage à l'acte' ", dans la chaîne d'Adel Kermiche, suivie par son client.
Yassine Sebaihia "a perdu tout lien avec l'extérieur, n'a pas osé posé ses questions à l'imam de Toulouse". En face, sur sa chaîne Adel Kermiche "au-delà de draguer ces jeunes en perte de vitesse, il se dit sachant".
Pour l'avocate, Yassine Sebaihia n'aurait pas écrit à Adel Kermiche qu'il venait le voir "un jour, selon [sa] disponibilité" s'il avait été au courant d'un projet d'attentat.
Me Mira revient sur la rencontre entre Yassine Sebaihia et, d'abord, Abdel-Malik Petitjean, lorsque le premier arrive à Saint-Etienne-du-Rouvray. Le futur assaillant lui reproche son attitude.
"J'ai entendu hier 'on a toujours le choix, on fait des choix dans la vie'. A ce moment-là, Yassine Sebaihia fait le choix de continuer à écouter du rap et regarder des vidéos, d'être libre."
"Au bout de qqs heures,on ne discute plus trop parce qu'on n'a plus de connections.On va finalement arriver au domicile d'A. Kermiche, qui est méfiant, parce qu'il se doute que celui-ci,qui écoute Jul, regarde des films, ne sait pas faire ses ablutions, va prévenir les autorités"
"Alors, très vite, Yassine Sebaihia partira de cet endroit, en comprenant que, en réalité, tout ce qu'il a vu sur Internet, ces jeunes, 'on prie ensemble, on mange ensemble, on s'entraide', tout ça, ça n'existe pas à Saint-Etienne-du-Rouvray"
Au sujet de Telegram : "Sur ces chaînes, il y a 150, 200, voire 500 abonnés. Alors, cette conclusion hâtive, 'vous aviez nécessairement connaissance qu'il était en train de se tramer un attentat', n'est pas possible. Vous ne pouvez pas ne pas avoir de doutes à ce titre"
"J'ai entendu 'si on utilise le terme de Kouffar [mécréant], c'est qu'on est des leurs'. Yassine Sebaihia, pour communiquer avec son interlocuteur, il va utiliser les mêmes termes que lui, alors,une fois, une seule fois, il va utiliser le terme de 'kouffar'."
"Il a plané au-dessus de ce procès une ombre d'un aigle noir, Rachid Kassim [4ème accusé, le seul renvoyé pour 'complicité', présumé mort en Irak]. On a vu son ombre, elle est repartie très vite. Je suis persuadée que nous aurions eu un autre procès"
Pour Me Katy Mira, "Adel Kermiche ne s'attendait pas à ce que son appel soit entendu"
Sur les chaînes Telegram : "On a pas des questions à se poser, à un moment, à laisser diffuser tous ces messages ? Certes, il y a la liberté d'expression, je le sais, mais, tout de même ! On doit se poser des question sur ces chaînes qui diffusent tous ces messages à des jeunes"
L'avocate conclut en disant qu'il n'y a que deux personnes qui ont des réponses aux questions en suspens. "Mais ils sont absents à ce procès".
L'audience est suspendue 15mn.
L'audience reprend avec la défense de Farid Khelil, le cousin d'Abdel-Malik, dont l'une des avocates générales disait hier qu'il a "galvanisé" le terroriste, au cours de leurs échanges.
Me Léa Dordilly, l'une des deux avocats de l'accusé, prend la parole en premier. Elle démarre en expliquant que, à la question "que juge-t-on ?" est liée la question "que ne juge-t-on pas ?"
"Vous ne jugez pas l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, vous jugez ces trois hommes-là dans le box pour d'autres faits", continue l'avocate, en rappelant que le seul poursuivi pour complicité, Rachid Kassim, est absent.
"Nous avons été aspirés dans un gouffre béant qui nous a conduits à être de moins en moins exigeants en termes de preuves", et de plus en plus lourds en termes de peine, juge l'avocate.
Elle rappelle l'argument avancé au cours des réquisitions : " 'Il nous est inutile de démontrer', c'est quand même fort de dire ça !"
"On peut retenir comme un acte préparatoire, comme un élément déterminant, le simple fait d'avoir reçu un CV que l'on n'a même pas transmis. Rien ne se démontre, tout se présume, c'est absolument vertigineux."
"Comment je fais face à une accusation dont je cerne si mal les contours, dont je cerne si mal les limites qui sont hasardeusement fixées ?" s'interroge Me Dordilly au sujet de son client.
"Comment doit-il se défendre? Tout vous dire ? Vous allez trouver des espaces pour des contradictions. Rien dire? Vous allez y voir des dissimulations. Etre-lui-même ? Vous allez y trouver des petites laideurs. Donner la meilleure image de lui ? Vous allez y voir un manipulateur"
"En matière d'association de malfaiteurs terroriste, tout est interprété en votre défaveur", juge l'avocate.
"On ne peut pas honnêtement avoir une telle bienveillance et une telle indulgence - que je partage - pour tous ceux qui sont passés à côté [du projet d'attentat], et faire montre d'une telle intransigeance et d'une telle sévérité avec Farid Khelil".
"Quels faits il ne reconnaît pas si ce n'est les faits qu'il n'a pas commis ?"
"Toute la difficulté dans laquelle il est enfermé est 'comment on se défend quand personne ne vous croit jamais ?' (...). On va juger les accusés sur le sentiment de l'accusation à leur endroit"
Me Léa Dordilly regrette que l'on attende "de l'accusé qu'il démontre qu'il est sincère au lieu d'attendre du parquet qu'il prouve les faits".
"La défense a compris qu'en raison de la nature de la menace, il faille se positionner en amont. Mais, au nom du risque, attention aux risques que nous prenons"
"Si accepter de se placer en amont est une nécessité - que nous acceptons - son corollaire doit être une exigence d'une rigueur totale"
"Du vertige à l'abîme, il n'y a qu'un pas qu'il ne faut jamais franchir", conclut Me Léa Dordilly, qui cède la place à son confrère Me Simon Clemenceau. #SaintEtienneDuRouvray
Me Simon Clemenceau : "Depuis le départ, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, on lui dit 'vous êtes insincère, vous êtes fuyant, vous êtes menteur'. Par principe. Et on l'a mis dans un rapport à la preuve impossible"
"Ce qu'on nous dit, c'est 'quelles que soient vos explications, j'ai une mauvaise opinion sur vous'. Et, de fait, depuis le départ, on se fonde sur cette opinion fausse qui a rendu impossible (...) une chose que je juge essentielle, le souci de la vérité".
"Dans ce dossier, au lieu de la manifestation de la vérité, nous avons contraint l'accusé à se justifier sur ce qu'il était, plutôt que d'examiner sereinement et calmement ce qu'il avait fait", continue Me Clemenceau.
L'avocat rappelle que Farid Khelil "reconnaît les faits d'association de malfaiteurs terroriste qu'on lui reproche".
"On se fonde beaucoup sur des impressions (...). Je souhaite entrer dans ce dossier, vous dire ce que j'en est compris. Je ne me fonderai pas sur une impression sur un a priori, mais sur ce que j'en est compris"
"Pour commencer, j'aimerais écarter un malentendu (…). Dans les échanges entre Abdel-Malik Petitjean et Farid Khelil, cette discussion n'est pas une blague : ll parle d'un projet sérieux. C'est un projet de Hijra [départ en Syrie]".
"Et dès sa garde-à-vue, Farid Khelil dit qu'il a eu l'idée de partir en Syrie, mais n'a jamais fait d'acte positif [en ce sens]. En revanche, ce qu'a toujours dit Farid Khelil et ce qui ressort du dossier, c'est le manque de sérieux de Farid Khelil dans ce projet"
"Farid Khelil cherche d'abord une compagnie, avant de chercher une idéologie".
"Le lien de Farid Khelil avec la jihadosphère est exclusivement, uniquement, lié à sa relation avec le cousin" Abdel-Malik Petitjean.
L'avocat revient sur la situation personnelle de Farid Khelil en juin 2016 (licenciement économique, rupture conjugale).
"S'il n'y a pas d'échange entre Farid Khelil et Abdel-Malik Petitjean entre le 16 juillet et le 24 juillet, c'est que les causes qui l'avaient conduit là-dedans à la mi-juin commencent à s'estomper"
"Le moment précis où la détermination criminelle s'accélère, c'est le moment où Khelil s'éloigne du groupement auquel on lui reproche d'appartenir" (un enquêteur a expliqué au cours du procès qu'Abdel-Malik Petitjean avait sérieusement nourri son projet à partir de mi-juillet.)
Me Clemenceau cite Lacan : "Le réel, c'est quand on se cogne. Je crois que, le 25 juillet 2016, Farid Khelil se cogne. Le délire virtuel sort de terre, il devient réel, pour une seule et bonne raison, l'intervention d'un tiers : la mère [d'Abdel-Malik Petitjean]".
"Pour la première fois, personne ne sait où est Petitjean", continue Me Simon Clemenceau.
"Farid Khelil, de toute cette séquence réagit mal, réagit tardivement, réagit insuffisamment, mais je veux que l'on comprenne les explications qu'il apporte dans cette procédure"
"Replaçons nous dans le contexte : Farid Khelil a eu des échanges au mois de juin sur un projet de hijra [départ]. Que lui dit Abdel-Malik Petitjean ? 'J'ai un projet flou, j'attends des Kalachnikov, j'attends un frère afghan, mais je veux partir, j'aimerais partir avec toi' "
"Des informations dont disposait Farid Khelil à ce moment-là, il ne pouvait que penser que son cousin entrait dans une logique pour partir en Syrie."
Tout ceci "ne remet pas en cause la culpabilité de Khelil mais permet de comprendre les explications qu'il a pu apporter. Nous en sommes réduits, et c'est souvent le cas dans ce dossier, à des interprétations".
"Permettez-moi cette certitude absolue, j'en ai peu dans ce dossier, mais j'ai celle-là : Khelil n'a, à aucun moment, la certitude absolue que son cousin" est l'auteur de l'attentat.
"D'abord, parce qu'il ne dispose d'aucune information lui permettant de faire le lien (...). Ensuite, parce que c'est inimaginable, inconcevable , appelez ça du déni si vous voulez"
"Troisième raison : par son attitude", poursuit l'avocat, qui rappelle que, avec le renseignement territorial, l'accusé à dit "Je viens de me faire dépasser" : "Ça veut dire 'moi ce n'était que des parole, lui ça devient réel' "
"Farid Khelil n'appelle pas le renseignement [territorial] - soyons sérieux - il appelle le commissariat de Nancy, qui le redirige vers le renseignement"
"Il y va autant pour avouer que pour dénoncer son cousin, et lui-même" dit Me Clemenceau, au sujet de l'appel de son client au renseignement territorial.
"C'est un acte de rupture, prenons la mesure de ce que nous jugeons. On va reprocher à un coupable d'avoir une réaction humble, qui a consisté à appeler la police. On en est là ? On en est à discuter de ça ?"
"En réalité, Khelil reconnaît les faits depuis avant-même son interpellation".
"Que dire de cette vérité dont personne ne semble vouloir parler ? Je pense qu'aucune vérité n'est mauvaise à dire : les policiers du renseignement proposent un travail à Farid Khelil"
"Il y a un lien de confiance qui se noue avec les policiers (…). A aucun moment Khelil ne demande de l'argent, c'est faux. C'est le policier qui propose de l'argent, au tout départ" ["Qu'est-ce que vous voulez en échange de cette information, vous voulez de l'argent ?"]
"On présente mon client parfois comme un génie manipulateur (…) et on lui reproche surtout d'avoir manipulé des gens qui ne se sentent absolument pas manipulés", dit Me Clemenceau en faisant référence aux policiers du renseignement territorial.
Le jour du 2e rendez-vous avec les policiers, Farid Khelil "se présente calmement, se laisse interpeller, laissera accès à sa messagerie".
"Je note une sorte de décalage dans l'accusation : plus vous donnez d'éléments, plus vous apportez d'explications, plus on est susceptible de vous reprocher une insincérité, une contradiction, un silence…"
"Moins la personne donne, plus elle supprime, moins il y a d'éléments, plus on lui reprochera d'être insincère, sur la base d'éléments qu'on n'aura pas"
"Il ne s'agit pas de se comprendre, d'être d'accord. Il s'agit juste de créer un espace, une vérité commune, admise par tous", estime Me Clemenceau au sujet des débats.
"Vous condamnerez Farid Khelil, pas sur des fantasmes, des hypothèses, mais sur ce qu'il a commis".
Il admet que son client a pu être agaçant au cours de certaines auditions, pendant l'instruction. "Peut-on entendre qu'à force de ne pas être entendu, on ne trouve plus les mots ?"
"Khelil n'est pas, n'a pas été endoctriné. Il n'a jamais été, même au pire des faits reconnus, d'un seul bloc. Sa personnalité complexe, qu'on lui reproche tant, est une chance.Parce que c'est ce qui lui permet d'être accessible au doute, se poser des questions, aimer la liberté"
"Sur les 22.000 messages qu'on a relevés sur le téléphone de Farid Khelil au moment des faits, combien étaient ceux d'un père, d'un fils pour une mère mourante, d'un libertin ? "
Fin de la plaidoirie des avocats de Farid Khelil, contre qui neuf ans d'emprisonnement ont été requis. L'audience est suspendue, elle reprend à 14h avec la défense de Jean-Philippe Steven Jean-Louis.
L'audience reprend, au procès de l'attentat de #SaintEtienneDuRouvray, avec les avocats de Jean-Philippe Steven Jean-Louis, contre lequel 14 ans de réclusion ont été requis hier.
Me Céline Esen prend la parole en premier, sur les faits de "soustraction de mineur", pour lesquels comparait également l'accusé, soupçonné d'avoir aidé un adolescents à tenter de partir en Syrie, en mai 2015.
L'avocate revient sur la notion de "soustraction", et précise que son client n'a "ni enlevé, ni déplacé, ni détourné" le jeune homme. "Il n'a été en contact avec lui en tout et pour tout pas même une heure : 30mn en gare du Nord, 20mn à [l'aéroport] Charles-de-Gaulle"
Me Esen précise que l'adolescent et Jean-Philippe Steven Jean-Louis n'ont eu aucun échange avant le jour de la tentative de départ, ni écrit ni oral, et ajoute que son client "n'a joué aucun rôle dans son déplacement de Bruxelles à Paris", où l'accusé est venu attendre le mineur.
"Un soutien logistique, ce n'est pas une soustraction", plaide Me Céline Esen.
"N'aurions-nous pas dû retrouver sur le banc des parties civiles le mineur en tant que partie civile, et sa mère en tant que victime ? Les avez-vous seulement avisés mesdames les avocates générales ?"
"J'ai cherché : aucun avis à victime. J'ai regardé dans le calendrier d'audience : aucun créneau ne leur a été réservé. Alors que l'on ne me reproche pas d'avoir fait deux victimes, une mère, un fils, alors que ce statut ne leur est pas reconnu". Elle demande la relaxe.
Me Céline Esen cède la place à Me Bérenger Tourné, qui précise que sa consœur a prêté serment il y a moins de trois mois, et vient de tenir sa première plaidoirie.
L'avocat dit avoir voulu plaider non pas à la barre, face au président, mais face aux parties civiles. Évoquant ses confrères de la défense, il dit : "Je les englobe pour dire que la défense s'incline devant la mémoire de Jacques Hamel, devant la peine endurée par toutes et tous"
"Et peut-être davantage devant la violence atroce infligée à Monsieur Guy Coponet ou la souffrance infinie éprouvée par Madame Roseline Hamel"
"Vous nous avez donné une leçon d'humanité dont les murs et les boiseries de cette salle d'audience resteront à jamais imprégnés"
Il cite Victor Hugo, après avoir pointé du doigt "l'ignorance, l'inculture, l'illettrisme" des assaillants : "Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne"
"Kermiche, Petitjean, des mots ils n'en avaient pas dans leurs têtes. Ils se sont remplis de maux : la misère sociale, la pauvreté intellectuelle. Et ainsi vient la nuit. Voilà comme se produit le crime", poursuit Me Tourné.
"Le terrorisme a pour matrice l'ignorance, il a pour carburant l'argent"
"Le jihadisme est le bras séculier de l'impérialisme dans sa quête immodérée de profit et de ressource", continue Me Bérenger Tourné.
Il rappelle que ce procès vise à répondre à 39 questions concernant Rachid Kassim, deux pour son client. "Le problème, c'est que Kassim est mort. Depuis cinq ans, plus de son, plus d'image, et on continue à lui faire des procès. D'assises en correctionnelle, ça doit être le 6e"
"On se moque de qui ? On ne fait pas le procès d'un mort, l'action publique devrait être éteinte à son encontre"
L'avocat revient sur la note du Renseignement territorial : "Kermiche a posté ce sonore dans lequel il n'est pas évoqué un choix indécis entre partir en vacances en Syrie ou commettre un attentat en France, non, il est dit qu'il faut attaquer les mécréants ici, comme on le peut"
Me Tourné rappelle que le futur assaillant appelle à viser une église. "Cette note signe le fiasco complet, la faute inexcusable de l'Etat, elle a été envoyée au ministère de l'Intérieur, au cabinet, à la DGPN, à la DGGN, à la DRPP, à la SDAT"
"C’est-à-dire qu'à peu près toute la fine-fleur de l'antiterrorisme était au courant, non pas qu'il y avait de l'apologie sur une chaîne, mais d'un projet d'attentat. Et nous étions le 21 juillet !"
"On a recours à Kassim, fantôme pratique qui donne à la cours sa jurisdictio, mais, comme il faut bien remplir le box autrement qu'en chimère, on convoque des lampistes"
"Vous avez, d'un côté, la chair à canon, de l'autre la chair à procès. Et pour y parvenir, que n'a-t-on courbé le droit, que n'a-t-on fait varier la procédure ! (...) A chaque fois que mon client est entendu, la qualification change !"
"Très honnêtement, lorsque je relis l'accusation portée contre moi, il me semble qu'il reste une sorte de sangria judiciaire inacceptable où on a mélangé tout ce qu'il y avait sur la table"
Me Bérenger Tourné revient lui aussi sur la qualification d'association de malfaiteurs terroriste : "Elle impose que l'accusation démontre que je savais la résolution d'agir concertée par les terroristes, à laquelle on me reproche de m'être agrégé".
"Je veux dire et plaider avec force que Jean-Louis relève de la seule police correctionnelle. D'abord, il n'a pas de sang sur les mains. Et puis il n'a pas participé à cette entente [menant au passage à l'acte] entre le 22 et le 26 juillet"
"Je reconnais qu'à travers ma chaîne j'ai fait cette propagande. Je ne vois pas en quoi cela m'associerait à une quelconque association de malfaiteurs terroriste", continue l'avocat, qui rappelle qu'il existe les délits de "provocation ou apologie du terrorisme"
Me Tourné explique que son client reconnaît avoir cherché à partir en Syrie, "on a des mots malheureux, mais aucune résolution de commettre un attentat, même pas si je n'arrive pas à aller au Shâm".
"Jean-Louis n'est jamais en contact avec Kermiche, qu'il ne connaît pas"
"On ne peut pas s'agréger à une association de malfaiteurs a posteriori, puisque l'association de malfaiteurs, c'est la préparation d'un crime", plaide l'avocat, au sujet des messages reprochés à son client les 26 et 27 juillet.
L'avocat explique que Jean-Philippe Steven Jean-Louis a pensé ouvrir une cagnotte à la demande d'Abdel-Malik Petitjean dans le but de financer un trajets vers la Syrie. Une trentaine d'euros ont été récoltés, qu'il vire finalement à quelqu'un d'autre.
"Participer à quelque chose, c'est prendre part, et pour prendre part à une chose fomentée par un autre, il faut y être invité", plaide Me Tourné.
"On ne me propose pas de venir les rejoindre".
"Je ne me suis pas agrégé à cette résolution d'agir. L'acquittement s'impose irrésistiblement, ou, en tout cas, la déqualification. Et cela s'impose d'autant plus qu'en réalité, le projet d'attentat, c'est le 27 juillet que je le découvre"
"Il y en a assez de faire dire aux mots ce qu'ils ne disent pas. Lorsque je pose la question après l'attentat 't'es là ?' c'est que je ne savais pas. Il y en a assez de cette dystopie permanente que l'on retrouve systématiquement dans ces dossiers d'association de malfaiteurs"
Me Bérenger Tourné rappelle qu'une peine maximale de dix ans est encourue en cas de poursuites pour "association de malfaiteurs délictuelle".
"J'ai commencé par Hugo, je vais finir avce Hugo. Jean-Louis est un misérable, il est comme Causette, fils d'une Fantine amourachée d'un riche ingénieur informatique qui les a abandonnés pour poursuivre sa vie au Canada"
"Mais, à la différence de Causette, il n'y a pas eu de Valjean dans sa vie".
L'avocat rappelle que son client est né grand prématuré, à cinq mois, et regrette que les experts "passent plus de temps à écrire leurs rapports" qu'avec les accusés.
"Jean-Louis est un enfant abandonné à son sort médical par sa mère (...). La pauvre femme avait-elle les moyens financiers et physiques, avec sa tumeur au cerveau, de faire autrement ? Le voilà seul dans sa pouponnière, seul au foyer".
"Viols, violences, bizutages sont son quotidien"
"Comment voulez-vous que le Jean-Louis de 2015, 2016, ne porte pas en lui, non pas une colère, mais une fureur, une fureur de vivre une autre vie ?"
"Alors, quand Daech lui ouvre sa seule fenêtre sur l'extérieur, Windows, il se retrouve la proie facile de ces gens qu'il ne connaît pas, auxquels il n'a pas à cacher ses tares"
"Ce garçon-là, en 2016, n'était pas fini dans sa tête, ne pensait qu'en deux dimensions, sa pensée n'avait pas de nuance"
"Condamnez-le pour ce qu'il a commis, acquittez-le du reste. Je ne vous demande certainement pas l'absolution de Jean-Louis. Peut-être le père Jacques Hamel la lui aurait accordé"
Fin de la plaidoirie de Me Béranger Tourné. L'audience est suspendue. Les accusés auront une dernière fois la parole demain, à 9h30, le verdict est attendu dans la journée de demain.
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Le verdict approche au procès de l'attentat de #SaintEtienneDuRouvray, la salle se re-remplit, en attendant les éventuelles peines des trois accusés. 7, 9 et 14 ans de détention ont été requis. Ils encourent jusqu'à 30 ans de réclusion pour "association de malfaiteurs terroriste"
En attendant le verdict, Roseline Hamel, la sœur du prêtre assassiné, va dans la salle saluer les sœurs de l'accusé Jean-Philippe Steven Jean-Louis. Ce matin, ce-dernier a émis le souhait de la revoir, quand il sortira de détention.
C'est maintenant Mgr Dominique Lebrun, l'archevêque de Rouen, qui s'appuie sur le box des accusés pour aller discuter avec l'accusé Farid Khelil. "Je n'ai jamais vu ça", dit un avocat de parties civiles. #SaintEtienneDuRouvray
Au palais de justice de Paris, dernier jour du procès de l'attentat de #SaintEtienneDuRouvray. Les accusés s'exprimeront une dernière fois ce matin, le verdict est attendu dans la journée. Des peines de 7 à 14 ans d'emprisonnement ont été requises à l'encontre des trois accusés.
Yassine Sebaihia prend la parole en premier. Il se tord les mains. "Jamais je n'ai voulu participer à un attentat, je n'ai pas voulu partir en Syrie, j'ai été profondément peiné par ce qui est arrivé"
Farid Khelil : "Je voulais dire que ça fait un mois de procès, ça a été très dur pour les victimes, mais aussi pour moi. J'ai été vraiment marqué par les témoignages de M. Coponet et Mme Hamel"
Dernière semaine, au procès de l'attentat de #SaintEtienneDuRouvray, au cours duquel le prêtre Jacques #Hamel avait été tué et un paroissien gravement blessé, le 26 juillet 2016.
Ce lundi matin est consacré aux plaidoiries de parties civiles. Verdict attendu mercredi.
L'audience démarre. Le président annonce que l'un des assesseurs titulaires est malade et est remplacé.
Me Eric Morain, avocat de la Fenvac, la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs, prend la parole.
Quatrième jour du procès de l'attentat de #saintetiennedurouvray, ce matin, Guy Coponet, le rescapé de l'attentat, 92 ans, vient témoigner.
Il témoigne assis, la voix vive : "Je vais vous raconter cette journée, c'est bien frais, y a pas de problème".
Le 26 juillet, jour de l'attaque, est aussi celui de son anniversaire. "Il y avait beaucoup moins de monde que d'habitude à la messe, c'était les vacances, heureusement (...). En cours de route, on a entendu frapper à la sacristie"
Retour au procès d'Alexandre #Benalla, Vincent Crase, Maxence Creusat et Laurent Simonin, pour l'avant-dernière journée d'audience. Aujourd'hui, au programme : les plaidoiries de PC et, peut-être, en fonction de l'heure, les réquisitions.
L'avocate de VigiMientame les plaidoiries. Elle explique que le syndicat de policiers est partie civile "parce que le préjudice est énorme, parce que ce 1er-Mai là, une atteinte considérable a été portée à l'ensemble des fonctionnaires de police présents sur le territoire.
"Ils ont trahi l'institution, les fonctionnaires de police présents ce 1er mai en considérant qu'ils étaient sans doute incapable de pouvoir interpeller", continue l"avocate
7ème jour du procès d'Alexandre #Benalla. Ce vendredi, il sera question des soupçons de violences volontaires place de la Contrescarpe, le 1er mai 2018. C'est la diffusion de ces images qui a déclenché toute l'affaire.
Chloé P. et Georgios D. sont les deux personnes "interpellées" par Alexandre #Benalla place de la Contrescarpe. Ils sont assis à la place des parties civiles.
Georgios D. a lancé une carafe vers les CRS et Chloé P. une bouteille en plastique. Ils ont été condamnés à 500 euros d'amende pour ces faits.