Thread by @OpexNews

🇺🇸🇺🇦 Pendant des mois, l'administration #Biden a observé avec inquiétude #Poutine masser des dizaines de milliers de soldats le long de la frontière ukrainienne.

Le @washingtonpost livre un récit passionnant des mois qui ont précédé l'attaque.

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washingtonpost.com/national-secur…

Oct. 2021, les responsables du renseignement, de l'armée et de la diplomatie US se rendent à la Maison-Blanche pour une réunion urgente, munis de renseignements hautement confidentiels, compilés à partir d'images satellites, de communications interceptées et de sources humaines.

Sur des chevalets, le Gen. Milley montre, à l'aide de cartes, les positions des troupes 🇷🇺 et le territoire ukrainien qu'elles ont l'intention de conquérir. Il s'agit d'un "plan d'une audace stupéfiante" qui pourrait constituer une menace directe pour le flanc oriental de l'OTAN.

Selon le rens. US, les 🇷🇺 viendraient du nord. Se déplaceraient à l'est de #Kiev en passant par la ville de #Tchernihiv. D'autres viendraient de l'ouest, en poussant vers le sud depuis la 🇧🇾 par une brèche naturelle entre la zone d'exclusion de Tchernobyl et les marais voisins.

L'attaque aurait lieu en hiver, afin que le sol soit facilement praticable pour les chars. Formant une tenaille autour de #Kiev, les troupes russes prévoient de s'en emparer en 3 ou 4jrs. Les #Spetsnaz trouveraient et destitueraient #Zelensky, en le tuant si nécessaire.

Les USA ont obtenu des "détails extraordinaires" sur les plans secrets du Kremlin. Il s'agissait non seulement du positionnement des troupes, de l'armement et de la stratégie opé., mais aussi de "l'augmentation inhabituelle et brutale du financement des opérations militaires".

Certains membres de la Maison-Blanche ont eu du mal à se faire une idée de l'ampleur des ambitions de #Poutine. "Cela ne semblait pas être le genre de chose qu'un pays rationnel entreprendrait."

Dans une sombre évaluation actuarielle, les analystes ont conclu que #Poutine, qui allait avoir 69 ans, avait compris qu'il lui restait peu de temps pour cimenter son héritage en tant que l'un des grands dirigeants de la #Russie.

Selon les analystes, #Poutine a calculé que toute réponse occidentale à une tentative de reconquête de l'Ukraine par la force serait marquée par l'indignation mais limitée en termes de sanctions réelles.

#Poutine pensait que l'administration #Biden était humilié des États-Unis d'Afghanistan et voulait éviter de nouvelles guerres. Les États-Unis et l'Europe étaient toujours aux prises avec la pandémie de #coronavirus.

#Merkel, leader européen de facto, quittait son poste et transmettait le pouvoir à un successeur qui n'avait pas fait ses preuves. #Macron était confronté à une bataille de réélection contre une droite résurgente, et l'UK souffrait d'un ralentissement économique post-Brexit.

Lorsque #Biden a pris connaissance de ces nouveaux renseignements, il a eu "deux réactions" :

1/ Tenter de dissuader #Poutine en envoyant quelqu'un lui dire "si vous faites ça, voici les conséquences".
2/ informer et rallier les alliés afin d'avoir une position unique et sévère

🇷🇺🇺🇸 Problème : "Comment garantir et faire respecter l'ordre international fondé sur des règles" contre un pays doté d'une capacité nucléaire extraordinaire, "sans aller jusqu'à la Troisième Guerre mondiale ?"

1/ "Ne pas avoir de conflit cinétique entre l'armée américaine et l'OTAN avec la #Russie."

2/ "Contenir la guerre à l'intérieur des frontières géographiques de l'Ukraine."

3/ "Renforcer et maintenir l'unité de l'#OTAN."

4/ "Donner à l'Ukraine les moyens de se battre."

Les conseillers de #Biden étaient convaincus que l'Ukraine se battrait. Les USA, l'UK et d'autres membres de l'OTAN avaient passé des années à former et à équiper l'armée ukrainienne, qui était plus professionnelle et mieux organisée qu'avant l'invasion de la Crimée/Donbass.

Biden était très préoccupé par #Zelensky, ancien comique TV qui avait été élu grâce à une énorme vague populaire, mais qui avait perdu la cote parce qu'il n'avait pas réussi à faire la paix avec la Russie. Zelensky ne semblait pas être à la hauteur de l'impitoyable #Poutine.

Les chiffres ne sont pas en faveur de l'🇺🇦. La 🇷🇺 dispose de + de troupes, + de chars, + d'artillerie, + d'avions de chasse et de missiles guidés, et a démontré lors de précédents conflits sa volonté de soumettre ses adversaires les + faibles, sans se soucier des pertes civiles.

Les Américains ont conclu que #Kiev ne tomberait peut-être pas aussi rapidement que les Russes l'avaient prévu, mais qu'elle tomberait.

En Nov. 2021, @SecBlinken rencontre #Zelensky à #Glasgow, en marge d'un sommet international sur le changement climatique. Le président ukrainien est alerté des intentions russes. Celui-ci reste "sérieux, stoïque, circonspect".

#Zelensky indique qu'il va informer ses équipes. Mais les Ukrainiens avaient "vu un certain nombre de feintes russes dans le passé", selon @SecBlinken, et Zelensky était clairement inquiet d'un effondrement économique si son pays paniquait.

La présentation de #Blinken, et le scepticisme de #Zelensky, ont établi un modèle qui allait se répéter en privé et en public au cours des mois suivants. Les Ukrainiens ne peuvent se permettre de rejeter en bloc les rens. US. Mais de leur point de vue, l'info était spéculative.

"Vous pouvez dire un million de fois [qu'il va y avoir une invasion]."

OK, [mais] vous nous donnerez des avions ?" a déclaré #Zelensky.

"Allez-vous nous donner des défenses aériennes ?

Eh bien, vous n'êtes pas membre de l'OTAN...

Oh, d'accord, alors de quoi parlons-nous ?"

Les Américains ont offert peu de renseignements spécifiques pour appuyer leurs avertissements "jusqu'aux quatre ou cinq derniers jours avant le début de l'invasion", selon @DmytroKuleba, le ministre des Affaires étrangères de #Zelensky.

Moins de deux semaines après la réunion de Glasgow, lorsque @DmytroKuleba et @AndriyYermak, se sont rendus au DOS à Washington, un haut fonctionnaire américain les a accueillis avec une tasse de café et un sourire.

"Les gars, creusez les tranchées !" a commencé le fonctionnaire.

"Je suis sérieux. Commencez à creuser des tranchées.

Vous allez être attaqués.

Une attaque à grande échelle, et vous devez vous y préparer".

@DmytroKuleba a demandé des détails, "il n'y en avait pas."

"Nous avons dû trouver un équilibre entre une évaluation réaliste des risques et la préparation du pays au pire. Et le maintien du fonctionnement économique et financier du pays." @DmytroKuleba

"Chaque commentaire venant des États-Unis sur le caractère inévitable de la guerre était immédiatement répercuté sur le taux de change de la monnaie [ukrainienne]." @DmytroKuleba

Pourtant, lorsqu'il s'agissait de l'🇺🇦, le renseignement US était loin d'être un livre ouvert. Les directives officielles interdisaient aux agences d'espionnage de partager des infos tactiques que l'🇺🇦 pourrait utiliser pour lancer des attaques contre les troupes 🇷🇺 en Crimée.

L'appareil de renseignement ukrainien était lui aussi truffé de taupes russes, et les responsables US craignaient que des infos sensibles ne tombent entre les mains de Moscou.

Mais Paris et Berlin se souviennent des affirmations catégoriques des États-Unis concernant les renseignements sur l'Irak. L'ombre de cette analyse profondément défectueuse plane sur toutes les discussions qui précèdent l'invasion.

"Les renseignements US ne sont pas considérés comme une source naturellement fiable. Il était considéré comme enclin à la manipulation politique." @FHeisbourg

Selon un haut fonctionnaire US, "pour beaucoup d'Européens de l'Ouest, ce que les Russes faisaient était "de la diplomatie coercitive, [#Poutine] était juste en train de se renforcer pour voir ce qu'il pouvait obtenir. Il ne va pas nous envahir... c'est de la folie".

.@DmytroKuleba et d'autres membres du gouvernement croyaient qu'il y aurait une guerre. Mais jusqu'à la veille de l'invasion, "je ne pouvais pas croire que nous serions confrontés à une guerre d'une telle ampleur".

"Le seul pays au monde qui nous disait sans cesse qu'il y aurait des frappes de missiles était les 🇺🇸. (...) Tous les autres pays ne partageaient pas cette analyse et [au contraire] disaient, oui, la guerre est possible, mais ce sera plutôt un conflit localisé dans l'est de l'🇺🇦.

"Mettez-vous à notre place" déclare @DmytroKuleba. "Vous avez, d'un côté, les États-Unis qui vous disent quelque chose de complètement inimaginable, et tous les autres qui clignent des yeux en disant que ce n'est pas ce que nous pensons qui va se passer."

Début janvier 2022, la secrétaire d'État adjointe Wendy Sherman (@DeputySecState) conduit une délégation diplomatique à Genève et rencontre son homologue russe, Sergei Ryabkov, qu'elle connait bien.

La Maison-Blanche avait envisagé cette rencontre comme "une chance de tester si les Russes étaient sérieux quant à la substance de leurs préoccupations ... et s'il y avait une voie à suivre pour toute forme de diplomatie".

"Je pense qu'il est devenu assez clair, assez rapidement, que [les Russes] faisaient de la diplomatie, sans vraiment en entreprendre. Ils ne le faisaient même pas avec beaucoup de sérieux." déclare Emily Horne, alors porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Avec l'autorisation de la #NSA, les USA établissent une ligne de communication directe entre l'armée ukrainienne et l'EUCOM. Ce système hautement sécurisé permettait aux US de rester en contact direct avec leurs homologues ukrainiens à mesure que les événements se déroulaient.

"Je pense que cette guerre - avec des milliers de morts et de blessés, des territoires perdus, une partie de l'économie détruite... est la meilleure réponse à ceux qui prônent encore la non-provocation de la #Russie." @DmytroKuleba

Les services de renseignement US avaient repéré des opérations "false flag" planifiées par les Russes, dans lesquelles ils mettaient en scène des attaques contre leurs propres forces comme si elles venaient d'Ukraine.

En prévision de divulgations plus sélectives de renseignements, @jakejsullivan a mis en place un processus régulier à la Maison-Blanche dans lequel une équipe détermine si une info particulière, si elle est rendue publique, pourrait contrecarrer les plans ou la propagande russes.

Et début février, l'administration #Biden a révélé que Moscou envisageait de filmer une fausse attaque ukrainienne contre le territoire russe ou des personnes parlant russe - le "false flag" que les services de renseignement avaient détecté.

Selon les responsables, le film de propagande ferait la part belle au spectacle, avec des scènes graphiques d'explosions, accompagnées de cadavres présentés comme des victimes et de personnes en deuil faisant semblant de pleurer les morts.

"Vous ne pouvez pas simplement me dire :

'Écoutez, vous devriez commencer à préparer les gens maintenant et leur dire qu'ils doivent mettre de l'argent de côté, qu'ils doivent stocker de la nourriture'", se souvient #Zelensky.

"Si nous avions communiqué cela - et c'est ce que voulaient certaines personnes, que je ne nommerai pas - j'aurais perdu 7 Mds$/mois depuis octobre 2021, et [les Russes] nous auraient pris en 3jrs." #Zelensky

"Notre [intuition] était bonne : si nous semons le chaos parmi la population avant l'invasion, les Russes nous dévoreront. Parce que pendant le chaos, les gens fuient le pays." #Zelensky

Les responsables ukrainiens restent irrités par le fait que les US n'en disent pas plus sur leurs sources de renseignement.

"Les infos que nous recevions étaient, je dirais, un exposé des faits sans que soient divulguées les origines de ces faits" selon @DmytroKuleba.

"[Certains] partenaires occidentaux voulaient [...] probablement en finir plus rapidement. Je pense que la majorité des personnes qui m'ont appelé - enfin, presque tout le monde - n'avaient pas la foi que l'Ukraine peut résister à cela et persévérer." #Zelensky

Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, certains responsables EU n'étaient toujours pas convaincus de l'imminence d'une attaque.

"Nous n'avons pas nous-mêmes de preuves claires que #Poutine a pris sa décision, et nous n'avons rien vu qui puisse suggérer le contraire."

"On avait l'impression d'être dans un autre monde", selon un fonctionnaire britannique.

Dans les conversations à bâtons rompus, les responsables US et UK étaient convaincus de l'imminence d'une invasion, mais "ce n'était tout simplement pas l'ambiance dans la salle".

"Si vous découvrez les plans de quelqu'un pour attaquer un pays et que ces plans semblent complètement farfelus, il y a de fortes chances que vous réagissiez rationnellement et que vous considériez que c'est tellement farfelu que cela ne va pas se produire." @FHeisbourg

"Les Européens ont surestimé leur compréhension de Poutine."

"Les Américains, je suppose... plutôt que d'essayer de se mettre dans la tête de #Poutine, ont décidé qu'ils allaient agir sur la base des données et ne pas s'inquiéter de savoir si cela a un sens ou non." @FHeisbourg

Fin de ce premier THREAD lié à la guerre en Ukraine et à l'enquête du @washingtonpost.

Bravo aux journalistes @shaneharris, @karendeyoung1, @ikhurshudyan, @AshleyRParker et @LizSly pour cette enquête.