II.Le programme comportait 3 jours de séminaire (21-23 novembre), 1 jour à la #MSE-MGU (à l’université de Moscou) où j’étais invitait au « Jubilé » du département dans lequel j’enseigne, 1 jour à l’Académie des Sciences + une conférence pour les « français » de Moscou.
III.À cela ajoutons des rencontres (le soir de 21h à 23h) avec des journalistes et des politologues
IV.J’ai côtoyé des collègues (une cinquantaine), des étudiants et anciens étudiants (une bonne centaine), des académiciens, mais aussi des gens proches du pouvoir (journalistes et quelques gouverneurs de province) et des « gens dans la rue » suite à mes promenades moscovites.
V.Première sensation : la guerre n’est pas visible. Moscou vit normalement. Bien sûr, il y a des panneaux (1 par 500m) à la gloire de soldats morts « contre le fascisme ». Mais la propagande se fait essentiellement à la télévision.
VI.Il y a d’ailleurs une différence entre les chaînes : cela va de comptes-rendus factuels (dans le JT de 21h) à de la propagande assez grossière sur la chaine de l’Armée (Zvezda) qui est assez regardée car elle passe d’excellents vieux films soviétiques.
VII.Les sanctions sont quasiment invisibles. Les centres commerciaux bien achalandés. Idem pour les concessionnaires de voitures occidentales. Mais beaucoup de biens viennent d’Asie (téléphones, télé, ordinateurs, etc…)
VIII.Le sentiment des collègues va de la résignation à un patriotisme raisonné. Certains n’hésitent pas à critiquer la décision de commencer la guerre. Tous la soutiennent désormais et disent que la #Russie ira « jusqu’au bout »
IX.Cette guerre est désormais perçue comme une guerre Russie-OTAN bien plus que comme un conflit avec l’Ukraine. C’est ce qui explique le consensus sur le soutien au gouvernement.
X.Aucun collègue n’a soutenu l’idée d’un retour aux positions de départ du 24 février. Pour tous la prise des 4 oblasts (Lugansk, Donetsk, Zaporizhe, Kherson) est un fait acquis et indiscutable. C’est, semble-t-il, une position de base dans la population aussi.
XI.Tous pensent que la guerre va durer, fin du printemps pour les optimistes, jusqu’à l’automne, voire plus pour les pessimistes. Tous pensent que la guerre sera « dure », aucun ne se fait d’illusion sur les pertes.
XII.Par contre, il y a une différence sensible entre les collègues et les étudiants/anciens étudiants. Ces derniers sont bien plus « patriotiques ». Certains regrettent de n’avoir pas été mobilisés. D’autres s’engagent ou pensent à s’engager d’ici la fin du mois.
XIII.Les plus « chauds » questionnent sur l’aide militaire française à Kiev. Ils ne la comprennent pas. Ils sont révoltés par les sanctions et par ce qu’on leur présente (pas à tort) comme la « russophobie » de l’occident. La rupture avec l’Europe est massive – pas totale.
XIV.Ils pensent « faire leur devoir » et montrent beaucoup de détermination. Un m’a dit, cyniquement, « il faut aller au front si l’on veut avoir des grandes responsabilités dans le futur ». Cas isolé / fils de la petite bourgeoisie avec de grandes ambitions.
XV.On entend beaucoup de critiques contre le gouvernement et même contre #Poutine, mais c’est parce qu’ils n’en font pas assez ou « n’ont pas mis le paquet » une fois que l’engagement de l’OTAN était avéré.
XVI.Ils ont été humiliés par les mauvais résultats du commandement russe au début du conflit. Tous soutiennent la nomination de Surovikin. Certains l’appellent « notre Joukov ». Il inspire confiance malgré ou à cause de sa réputation de brutalité.
XVII.Les plus radicaux développent des idées comme la « dékoulakisation des oligarques ». Je les mets en garde contre cette logique mais clairement ils ne m’écoutent pas.
XVIII.Les idées du Parti Communiste (KPRF) semblent avoir fait d’énormes progrès chez les moins de 35 ans. Même « Russie Juste » (parti d’opposition modéré) semble se ranger sur les positions du KPRF.
XIX.Parmi mes étudiants, certains se disent des anciens partisans de Navalny. Ils sont parmi les plus radicaux. Seuls Glazev et Rogozin trouvent grâce à leurs yeux.
XX.Chez les collègues, les critiques contre le gouvernement, le Ministère des Finances et la Banque Centrale, pleuvent. Critique parfois voilées, parfois ouvertes et même violentes. Certains les qualifient de « traitres ».
XXI.Il est clair pour de nombreux collègues que le système économique de la #Russie devra évoluer. Énormément de questions sur la planification et sur mon livre ainsi que sur l’article qui venait juste d’être publié.
XXII.L’ambiance est quand même au maintien de relations avec l’occident. Ils sont persuadés que les relations reprendront, une fois la guerre achevée. Mais, l’Europe n’a plus le même attrait pour eux qu’avant. Ils savent que quelque chose s’est cassé.
XXIII.Chez les académiciens tout est plus feutré dans la forme, mais le fond montre la même détermination. Eux aussi pensent que c’est un tournant et que la Russie se dirige vers autre chose, probablement de plus « asiatique ».
XXIV.Les journalistes récitent le discours du pouvoir. Certains y croient. D’autres sont plus critiques, mais soutiennent eux aussi la guerre.
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III.L’#Arménie qui est intégrée à la fois dans SWIFT et dans le système russe #Mir devient ainsi une plateforme financière importante tant pour le commerce que pour les opérations d’investissement.
I.Petit ajout au #Thread sur la situation économique de la Russie de hier soir car statistiques (comme ailleurs) le diable git souvent dans les détails. @MarcTouati @DariusRochebin
II.Les statistiques russes sont généralement en glissement, autrement dit elles comparent le résultat d’un mois avec le même mois de l’année précédente. Ce que l’INSEE appelle un « glissement annuel ».
III.Mais, les statistiques russes fournissent aussi les mêmes données en accroissement mensuel (le mois d’octobre par rapport au mois de septembre, par exemple).
I. #Thread sur les résultats de l'économie russe qui viennent d'être publiés.
Après le mauvais résultat de septembre, le résultats semblent s'améliorer un peu (-3,2% en glissement annuel)
II. La dynamique actuelle semble privilégier l'hypothèse optimiste et l'on pourrait se retrouver avec une contraction de l'économie de -2,2% à -2,7% pour 2022
III. Ces résultats vont dans le sens d'une reprise de la croissance dès le 2ème semestre de 2023, ce qui correspond à l'hypothèse optimiste formulée lors du #séminaireFrancoRusse
II.Quels sont les résultats de l’économie sous le double fardeau de la #Guerre et des #Sanctions ? Les prévisions vont pour 2022 de -3,7% (au pire) à -1,9% (au mieux)
III.Si l’économie ne s’est nullement effondrée, et si les chiffres annoncés en Europe et aux USA (-10%/-8%) ont été fantaisistes, néanmoins l’économie russe a été affectée par la situation créée par la guerre.
I.Premier petit #thread issu du #SéminaireFrancoRusse qui s’est tenu les 21-24 novembre à #Moscou sur les transformations financières induites par les sanctions et les mesures correctives adoptées par la #Russie.
II.Les volumes des opérations en USD et en Euro se sont fortement réduits tandis que celles dans les « autres monnaies » ont fortement augmenté.
III.En février 2022 l’USD représentait 83% des opérations de change sur Moscou. Il ne représentait plus que 42% en octobre 2022. A cette date le #Yuan représentait 25% et les « autres monnaies » (la Roupie) 7%
I.Petit #fil ou #Thread sur les relations entre la Russie et le Japon qui sont en train de s’améliorer de manière signification quoi que le Japon soit censé appliquer les sanctions.
II.« Tokyo s'engage fermement à résoudre la question territoriale (des îles Kouriles) et à conclure un traité de paix avec Moscou », a déclaré mardi dernier le secrétaire général du cabinet japonais, Hirokazu Matsuno,
III. Cette déclaration a été faite à une conférence de presse et confirmée par un communiqué du Premier ministre Kushida