Thread by @voixdunucleaire

La destruction du barrage de #Kakhovka ce 6 juin cause une inondation sans précédent en #Ukraine, mais ne représente pas de risque immédiat pour la centrale nucléaire de #Zaporijjia située loin en amont & disposant d'un réservoir indépendant. 🧵⤵️
(Carte Héloïse Krob France info)

Les causes exactes de sa destruction restent incertaines à ce stade, mais le #barrage de Kakhovka était mal surveillé/entretenu depuis plusieurs mois, et ses vannes restées fermées ce printemps ont entraîné une forte hausse du niveau du réservoir en amont.

Il s'agit probablement d'une des plus grandes ruptures de barrage de l'histoire.
theguardian.com/world/2023/jun…

#Kakhovka est un barrage en remblai sur le cours inférieur du Dniepr, à 60 km en amont de #Kherson.
Il mesure 3 650 mètres de long et 30 mètres de haut sur ses fondations.
francetvinfo.fr/monde/europe/m…

Il retient en temps normal, à une altitude maximale de 16.5 m, 18 milliards de m3 d'eau, soit 14 fois le volume du #barrage de Serre-Ponçon, le plus grand de France métropolitaine, et plus que l'ensemble des barrages de France réunis, DROM-COM compris.

C'est un barrage conçu en premier lieu pour fournir de l'eau pour les plaines agricoles du sud de l'#Ukraine, qui disposait d'une puissance installée de 350 MW, et fournissait en moyenne 1.4 TWh/an d'électricité.

En fonctionnement la centrale nucléaire de #Zaporijjia utilise son bassin de retenue comme source froide, mais elle dispose également de son propre bassin de refroidissement, indépendant du bassin de #Kakhovka, qui dans la configuration actuelle peut l'alimenter pendant des mois.

Actuellement 5 de ses réacteurs sont en arrêt à froid depuis plusieurs mois et un réacteur en arrêt à chaud.
L'unité 5 était passée d'arrêt chaud à arrêt froid il y a qqs semaines suite à une perte d'alimentation extérieure, puis remise en arrêt à chaud pour alimentation du site.

Ainsi même sans aucun refroidissement, la situation de la centrale de #Zaporijjia ne serait pas aussi à risque que dans le cas de l'accident de Fukushima.

La rupture du barrage de #Kakhovka est une immense catastrophe humaine et environnementale, et les plus graves conséquences immédiates sont pour le bassin de Kakhovka et le delta du #Dniepr.

Les flots ont submergé les rives de nombre des 80 localités situées dans la zone inondable. Le niveau du réservoir de Kakhovka baisse rapidement, et les autorités ukrainiennes continuent de mener des évacuations de la population sur la rive occidentale.

Au total, au moins 17 000 personnes doivent être rapidement mises en sécurité selon les autorités ukrainiennes.

Sur l'état de la centrale nucléaire de #Zaporijjia et sa sûreté il y a deux sources fiables, @iaeaorg et @IRSNFrance :

https://twitter.com/IRSNFrance/status/1666065672227397634

iaea.org/newscenter/pre…

Comme d'habitude beaucoup d'informations circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des personnalités parfois plus militantes qu'expertes envahissent les ondes et les plateaux télé, dont certains qui remettent en cause les informations des organismes compétents.

La qualité des informations, ainsi que le niveau d'éthique et de sérieux, sont variables, allant de la reprise factuelle des informations de l'AIEA à la réinformation pure et simple, quitte à tenter de jeter le discrédit sur les équipes de l'AIEA sur place.

En France l'#IRSN est en charge d'analyser les données disponibles avec rigueur, et d'informer les pouvoirs publics.
Le 5 mai l'IRSN a partagé des éléments sur son activité relative au sujet du nucléaire en #Ukraine depuis le début de l'invasion russe : irsn.fr/sites/default/…

Le document fait 16 pages et se lit très facilement. On y apprend que l'#IRSN a des partenariats de longue date avec son homologue ukrainien, et qu'une cellule de crise composée d'un noyau dur d'une trentaine de personnes a été mise en place dès le lendemain de l'invasion.

Au besoin la cellule de crise s'appuie sur des spécialistes en situations accidentelles, conséquences radiologiques, etc.
Les scénarios accidentels les plus crédibles ont été modélisés & leurs conséquences sont réévaluées chaque semaine en fonction des conditions météorologiques.

Des calculs complémentaires intégrant les conditions météorologiques des 10 dernières années sur toute l'Europe ont également été réalisés afin de disposer d'une approche statistique. Tout cela représente des centaines de calculs de sensibilité qui se poursuivent toujours.

La cellule de crise adapte son activité à la situation du terrain. Elle peut être en phase plus ou moins active, allant jusqu'à la veille.
L'#IRSN partage avec l'AIEA et ses homologues de façon continue pour recouper, vérifier les données & analyses produites, voire les assister.

Les Voix regrettent que la parole et les analyses de l'#IRSN ne soient pas plus médiatisées, mises en avant et considérées à leur juste valeur, face à d'autres informations et interventions souvent de bien moindre qualité.

La mission première de l'#IRSN est de produire de l'information fiable pour les pouvoirs publics, et dans un second temps informer le public.
La parole de l'IRSN est de fait très cadrée et pesée.

Il est critique de permettre à l'#IRSN de pouvoir communiquer davantage vers le grand public, de manière plus accessible, par des canaux diversifiés, & adapter ses moyens à la hauteur des enjeux, pour ne pas laisser les marchands de peur monopoliser l'espace d'information public.

Nous remercions les agents de @IRSNFrance et ceux de @iaeaorg, au siège et surtout sur site, en mission en zone de guerre loin de leurs familles pour notre sûreté à tous.

Nous avons une pensée pour les victimes de la guerre et des suites de la destruction de Nova #Kakhovka, pour les énergéticiens ukrainiens, et en particulier ceux de la centrale de #Zaporijjia, travaillant dans des conditions extrêmement difficiles.