Puisqu'il est — et c'est bien normal avec le procès en appel — de nouveau question de l'affaire Cahuzac, j'aimerais revenir sur un épisode largement oublié de ce dossier, qui fut des plus embarrassants pour le gouvernement au-delà du seul cas de M. Cahuzac. [Petit thread]
J'ai l'ai un peu raconté hier à l'occasion d'un entretien avec @brutofficiel.
Les faits. Alors que la justice avait ouvert une enquête sur les révélations de Mediapart, le gouvernement auquel appartenait M. Cahuzac a diligenté secrètement, dans le dos de la justice et des policiers, sa propre enquête parallèle.
Il s'est agi pour ledit gouvernement, composé d'amis politiques et d'amis tout court, de M. Cahuzac d'envoyer des questions à l'administration suisse sur son compte suisse. Les questions étaient mauvaises, les réponses guère meilleures: Cahuzac n'a pas de compte en Suisse.
Cela avait donné lieu à un tonitruant papier dans Le Journal du Dimanche. lejdd.fr/Societe/Actual…
Si le gouvernement avait malencontreusement omis de prévenir le parquet et la police de son enquête parallèle, il ne s'est pas privé en revanche de transmettre à l'autorité judiciaire la réponse des Suisses, favorable à M. Cahuzac.
C'est là que, d'un point de vue judiciaire, toute l'affaire Cahuzac s'est jouée. Imaginez que le procureur Molins, qui est statutairement soumis au pouvoir exécutif, accepte de prendre pour argent comptant la démarche du gouvernement. Fin de l'histoire. Affaire classée.
Heureusement pour la vérité, M. Molins ne s'est pas laissé avoir. Et il n'a pas caché, dans des termes toujours très diplomatiques, sa stupeur lors de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac. En voici quelques extraits. 
Et. 
Et encore. 
Mais aussi. 
Puis. 
Pierre Moscovici, ministre de l'Économie sous l'autorité du quel cette enquête parallèle a été diligentée, ira jusqu'à déclarer le 7 février 2013 au micro de France Inter: «Je n’avais pas de doute sur le résultat que pouvait engendrer cette procédure.»
Que croyez-vous que cela ait eu comme conséquence ? Aucune. M. Moscovici est aujourd'hui commissaire européen.
Il a beaucoup été dit par le pouvoir d'alors que l'affaire Cahuzac a été la faute d'un homme. J'ai la faiblesse de penser, à la lumière de ce seul épisode, que ce fut un peu plus compliqué que cela. Bonne journée à tous.
