Il y a quelque chose que j'aime bien dans La construction sociale de la réalité de Berger et Luckman, c'est que nos connaissances (notre "réalité") nous paraissent vraies non pas parce qu'elles le sont mais par un processus social.
Du coup, ça fait relativiser beaucoup je pense sur notre propre conception du monde. Ainsi, la croyance en la terre plate ou celle en la terre ronde sont dépendantes non pas de ce qu'il en est vraiment mais de réseaux, d'interactions, etc.
Il n'y a donc pas une connaissance pure et objective car la réalité du monde est une construction sociale.
Cela implique par exemple qu'on peut accèder à une croyance "vraie" par des biais assez importants (confiance excessive dans une institution par exemple).
Et inversement, par exemple la découverte du feu par le frottement de deux bâtons ne viendrait pas de connaissances poussées en physique mais reléverait de croyances égales à celle de la danse de la pluie.
Si on veut comprendre pourquoi les gens croient en ce qu'ils croient, il faudrait arrêter de les prendre pour des idiot.e.s et au moins dans un premier temps avoir une oreille qui ne soit pas condescendante vis-à-vis d'eux.
Les individus ont de bonnes raisons de penser ce qu'ils pensent.
Bien sûr ça ne signifie nullement que les faits n'existeraient pas ou qu'il n'y a aucune réalité.
Simplement, c'est socialement que nous construisons la perception de notre monde (d'ailleurs, les sciences tentent de s'imposer des règles sociales pour essayer d'observer et d'interpréter le monde).
Donc même des gens qui nous paraissent subir des biais individuels profonds sont souvent dans des logiques sociales qui nous dépassent. La croyance en la terre plate (par exemple) est un fait social, pas un défaut intellectuel.
