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Charlotte Piret @ChPiret
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La première partie civile, Patrick, s'avance à la barre : "mon fils est décédé au Bataclan. Je l'ai vu le 16 novembre à l'institut médico-légal"
Patrick explique qu'il a demandé à voir l'expertise médicale de son fils : "rien de correspondait" avec ce qu'il avait lui-même constaté devant le corps de son fils. En réalité, on lui aurait envoyé les scanners d'une autre victime.
Patrick : "il est dit que toutes les victimes sont mortes sous les balles. Il semblerait que ça ne soit pas tout à fait le cas."
Procès #Jawad Bendaoud
Patrick : "il est tout à fait clair qu'il y a eu des blessures à l'arme blanche. Même si le juge Teissier déclare qu'on n'a jamais retrouvé d'arme blanche."
Patrick : "mon sentiment c'est que monsieur #Jawad Bendaoud ne pouvait que connaître ces terroristes."
Patrick: "je pense, et c'est mon intime conviction, que monsieur #Jawad Bendaoud savait."
La 2e partie civile à s'exprimer, Yolanka, s'avance à la barre. Elle est très éprouvée : "je vais essayer de parler calmement car chaque fois que je parle de mon fils, j'ai les larmes qui coulent."
Yolanka : "je suis veuve et j'ai perdu mon fils unique. Mon fils a fait de grande études, Science Po, il a travaillé à la commission européenne ... il venait d'avoir 37 ans."
Yolanka : "ce soir-là, il avait rendez-vous avec des amis de Bruxelles. Il était fatigué, il m'a dit "je ne vais pas rentrer trop tard ce soir." Il est parti et il n'est jamais revenu."
Yolanka : "mon fils, je me reposais sur lui pour tout. Il m'aidait. Ces trois personnes [les prévenus] c'est pas vraiment eux qui l'on tué mais ils ont plus ou moins contribué."
Yolanka : "mon fils, son corps a été troué de sept balles. C'est dur.
Je pense que ces trois personnes représentent un danger pour la société."
Yolanka : "ce que j'attends de vous c'est que ces trois personnes soient jugées sévèrement. Je ne crois pas qu'à leur sortie de prison ils auront conscience du mal qu'ils m'ont fait à moi et à tous les parents qui ont perdu leur enfant."
Patrick, 3e partie civile s'avance à son tour : "je m'excuse de parler avec beaucoup d'émotion. Je suis là pour ma fille, Nathalie. J'ai été outré des rires qu'ont suscité les accusés [en réalité les prévenus]."
Patrick : "pour moi ce n'est pas drôle. Je me serais bien passé d'être ici. Et j'aurais préféré passer ces moments avec ma fille, Nathalie."
Patrick : "Mohamed Soumah a présenté ses condoléances, mais cela sonne faux, creux."
Patrick : "Ils se rendent coupable des pires exactions et quand ils se font prendre, ils pleurent comme des petites filles et ne sont même pas capables d'assumer leurs actes"
Patrick : #Jawad Bendaoud "transforme le tribunal en comédie de boulevard, le Jawad Comedy Club comme j'ai pu le lire dans la presse. Mais moi ça me fait pas rire du tout."
Patrick : #Jawad Bendaoud "se plaint d'être enfermé depuis 27 mois. Mais moi c'est depuis le 13 novembre 2015 que je suis en prison, privé de ma fille."
Patrick : "pour ces individus la vie d'un homme ou d'une femme - et encore moins la vie des 130 morts du Bataclan, ne représente rien. Ils s'en fichent."
Patrick : "Nathalie c'était une fille qui était brillante. C'était la joie de vivre. Depuis le décès de sa maman en 2004, elle ne pensait qu'à la musique et, à ce titre là, elle avait été embauchée au Bataclan."
Patrick : "moi j'habite à Comines, en Belgique. Je suis arrivé à Paris le soir-même. Et pendant 48 heures, j'ai cherché ma fille."
Patrick : "à l'institut médico-légal, j'ai vu ma fille recouverte d'un linceul jusqu'au cou, derrière une vitre. J'ai même pas pu l'embrasser."
Les auditions de parties civiles se poursuivent avec l'audition de Saadi : "j'ai perdu mes deux soeurs le 13 novembre. Ce qui me frappe par-dessus tout c'est la légereté avec laquelle ce procès est pris par #Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah".
Abdallah s'adresse aux prévenus : "il y a quelque chose que vous avez oublié : c'est pas un show, c'est pas un défilé de mode ici. Il y a minimum de respect à avoir. Il y a des familles qui sont KO."
Abdallah : "monsieur Soumah et monsieur Bendaoud, ils étaient sans doute pas au courant, vraiment. Mais tenez-vous correctement. J'ai perdu mes deux soeurs, mon frère était présent également."
Sophie s'avance à la barre et lit un texte qu'elle a préparé : "pendant que le monde tourne, on meurt, on agonise. Agonie, c'est un mot qui transpire encore dans mes veines. A l'hôpital Bichat, mon mari agonise."
La salle d'audience s'est figée pour les auditions de parties civiles. Une tonalité à l'opposé de ce qu'on a vécu jusqu'alors au procès de #Jawad Bendaoud
Partie civile : "il y a à peu près 20 ans, je suis venue dans ce palais de justice en tant que jurée d'assises pour faire mon devoir de citoyen"
En fauteuil roulant, Bilal, blessé au Stade de France s'avance à son tour : "ma présence à ce procès est indispensable avec ce 13 novembre où je pensais avoir perdu mon fils."
Bilal : "je suis né dans les milieux populaires, à Cergy. J'étais boxeur, free fighter, garde du corps. Je fais 1,95 m et faisais 125 kilos. Je pensais jamais prendre peur."
Bilal : "j'avais le sentiment qu'il se passait quelque chose. Je me suis dit, "c'est un braquage." Quand vous avez cette expérience des quartiers populaires, vous savez déceler les mauvais comportements."
Bilal : "je vois le premier individu. Je pensais qu'il me regardait. Et "boum", je vois le corps éclater."
Bilal : "j'ai grandi dans les quartiers et ces jeunes ne peuvent pas me raconter n'importe quoi. C'est pour ça que j'ai voulu venir. Pour qu'ils me regardent dans les yeux."
Bilal : " #Jawad Bendaoud, j'ai l'impression que c'est mon petit-frère dont j'ai raté l'éducation. Moi j'ai perdu mon cousin aux terrasses, mon fils a failli être tué. Oui, on a pris cher ce jour-là."
Bilal : "je vous dis la vérité : j'ai acheté un pistolet plein de balles pour me suicider parce que j'en pouvais plus d'être dans cet état et aussi pour me défendre."
Bilal : "j'ai dit au gendarme de se mettre à côté de moi parce que je ne sais pas de quoi je suis capable; J'ai plus de filtre parce que j'ai plus peur."
Bilal : "je le dis à toutes les personnes qui sont ici : #Jawad m'a convaincu qu'il n'était pas au courant. Je suis venu chercher une information dont je sais maintenant que j'ai la réponse."
Bilal : "javais besoin de savoir s'ils étaient des terroristes ou des imbéciles. #Jawad est un imbécile."
Dans le box, les deux prévenus se sont levés pour écouter.
Dans le box, #Jawad qui s'est levé pour écouter Bilal : "je te jure sur ma tête, tout ce que je dis depuis le début est la stricte vérité. Les mecs ils étaient suspects mais j'ai pensé à de la voyoucratie. Je te remercie d'avoir été correct."
Mohamed Soumah : "Bilal, sur la tombe de ma mère, comment t'as parlé, franchement ça m'a touché. J'ai fait l'imbécile, Bilal Je suis pas un assassin. J'ai une famille comme toi. J'ai mal analysé la situation."
Mohamed Soumah : "je suis vraiment désolé de ce qui t'es arrivé, Bilal, et à toutes les familles. Je dis pas ça pour prendre une peine plus basse, je vais la prendre la peine."
Youssef Aït Boulahcen à Bilal, qui témoigne en ce moment :'t'as toute ma compassion, mon amour. On ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas l'utérus duquel on est sorti."
Bilal énumère ses blessures "à la hanche, à l'épaule, à l'oreille" : "ma santé se dégrade de jour en jour. J'ai envie de me remettre debout et le seul moyen de me remettre debout c'est d'être là"
Bilal : "la décision que vous prendrez, elle peut être douloureuse pour nous. Moi, je 'y attends. On ne peut pas retenir des personnes pour rien."
Bilal : "je compte sur vous, j'ai confiance en vous. Je vous demande de nous protéger parce que des fous, il y en a partout."
Deux prévenus applaudissent.
L'audience est suspendue 15 minutes.
L'audience reprend avec une nouvelle audition de partie civile : "ces attentats c'est comme une toile d'araignée où chaque rouage, que ce soit dans la préparation ou dans la fuite, a son importance."
La partie civile qu'on entend a perdu son fils, Victor, à la Belle équipe. Il avait 24 ans.
Partie civile : "Victor avait 24 ans, il venait de terminer ses études. il avait parlé mariage avec son ami la veille au soir. Tous ces rêves et les rêves de toute la famille ont été brisés.e"
Partie civile : "dans ces circonstances, c'est incroyable qu'ils ne se soient pas posé la question et qu'ils aient pris - pour eux-même d'ailleurs - un tel risque".
La soeur de Piscrilla Correia s'avance à la barre : "c'est pour parler d'elle que je suis là. Elle aimait la musique, boire des verre en terrasse, la cuisine, la pâtisserie ... "
Partie civile : "le rapport d'autopsie indique que Priscilla n'est pas morte sur le coup. Elle a eu le temps d'avoir peur. Elle s'est vidée de son sang avant d'agoniser. C'est avec ça que je dois vivre."
Fin des auditions de victimes des attentats du 13 novembre. Un habitant de l'immeuble de Saint-Denis s'avance maintenant à la barre.
La personne qui s'avance à la barre est le (vrai) propriétaire de l'appartement de Saint-Denis dans lequel les terroristes du 13 novembre ont été hébergé par #Jawad Bendaoud qui se l'était approprié.
Le propriétaire de l'appartement explique qu'il louait à un même locataire depuis des années. Celui-ci a eu des problèmes de santé et a cessé de payer. "J'ai eu 12 000 euros de loyers impayés"
Le propriétaire de l'appartement raconte comment en septembre 2015, il va voir son locataire qui ne paie plus. "J'étais même prêt à lui laisser les loyers, vu sa situation." Puis, le locataire disparaît. Et #Jawad Bendaoud s'approprie les lieux.
Un homme qui souhaite rester anonyme s'avance : il est propriétaire, comme son frère, d'un appartement dans l'immeuble de la rue du Corbillon.
Partie civile : "j'ai la particularité d'être le malheureux voisin de l'appartement qui a hébergé les terroristes."
L'homme à la barre voit son nom cité (à tort) par la mairie de Saint-Denis comme le véritable propriétaire de l'appartement et "marchande sommeil". Dans cet article, #Jawad Bendaoud est qualifié de "son homme de main".
L'homme a la barre cite plusieurs articles qui le qualifie de "marchand de sommeil notoire au passé sulfureux" et font de lui le véritable propriétaire de l'appartement : "je précise que j'ai un casier judiciaire vierge et que je suis ingénieur en informatique."
Cet homme explique aujourd'hui être toujours "suivi et sous traitement", avoir "dormi tout habillé" par crainte d'une intervention des forces de l'ordre alors qu'il vivait seul avec sa fille.
Partie civile : "ça peut paraître dérisoire mais nous sommes les malheureux propriétaires. C'était pas une copropriété exemplaire, c'était pas Versailles. Mais c'était pas un squat, les appartements étaient entendus."
Ce propriétaire d'un appartement de l'immeuble explique qu'il doit toujours payer pour la mise en sécurité de l'immeuble. "Les assurances de couvrent pas car ce n'est pas reconnu comme un acte de terrorisme."
L'audience est suspendue jusqu'à demain 13h30.
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