Thread by @loicsecheresse

Petit point sur la manif à Nantes. J'ai envie de chialer, et c'est pas à cause des lacrymos, dont on a été abondamment arrosés.
A DEROULER.

Après la première manif des syndicats à 14h30, qui a fait un tour de la ville, une jonction a été faite avec le rassemblement pour la Zad de 16h30.

Plusieurs milliers de personnes. Syndicats, occupants de la ZAD, avec autour de nous un dispositif militaire impressionnant. Camions à eau, grille anti-émeutes, barrages de camions à n'en plus finir…

au bout de 45 minutes, cette jonction partie en manif a été bloquée par un dispositif militaire. Trop loin pour voir ce qui se passait. Mais on bous a interdit de manifester.

Au bout de 45 minutes, nous nous sommes retrouvés dans une nasse géante. En tête de cortège lacrymos à outrance, mais qui ne repoussait pas la tête de manif à cause du vent contraire.

Nous nous sommes retrouvés, à plusieurs milliers de personnes, pris entre 2 murs militaires. aspergés de lacrymos des 2 côtés. Le stress de ne pas se prendre une cannette de lacrymo sur la gueule.

Le message était claire, vous n'avez pas le droit de vous regrouper, de manifester, de vous sentir forts collectivement.
les tirs de lacrymos étaient à outrance, et sans discernement.

Nous sommes sortis mes amis et moi de la manif, somme sallés boire un verre. une poignée de centaines de manifestants étant encore vers le centre ville (commerce) malgré les tentatives de dispersion.

Et là, les militaires ont arrosé de lacrymos. Elles tombaient au pied des gens en terrasse. Des personnes de tous âges, des personnes en fauteuil, prises là-dedans.

J'ai accompagné une personne en fauteuil hors de la zone. En y revenant pour retrouver mes amis, j'ai eu 2 discussions avec des CRS. ET là, je flippe :

Je demande à un CRS par où passer. A sa réponse, un autre type qui voulait savoir par où passer lui répond : "bon courage"
Ce à quoi je dis "nous aussi, il nous faut du courage".

Au CRS interloqué par ma remarque, je parle des tirs de lacrymos sans discernement.
Il me répond : "il fallait bien voter monsieur".

Je lui demande ce que ça signifie. Il ne développe pas et m'engage à prendre mes petites jambes et passer par là où c'ets possible (sic).

Un peu plus loin, Place Royale, alors que des gens de toutes conditions sont coincés par les manœuvres militaires, je dis à un cordon de CRS que c'était n'importe quoi de faire du tir de lacrymo sans discernement ainsi.

L'un d'eux me répond :
"si vous ne voulez pas recevoir de lacrymos faut pas manifester"

je luid is "quoi ?"
Il répond :
"si vous étiez en train de manifester c'est que vous êtes un casseur".

Je lui demande s'il était bien en train de me dire que l'on avait pas le droit de manifester.
Pas de réponse. Une série de rires goguenards et de "allez bonne soirée Monsieur".

Il y a un an on nous a dit de voter contre le Front National.
Et on s'étonne maintenant que les gens dans la rue refusent d'être des moutons.

Le pire, c'est que ces CRS sont des prolos, comme moi, comme vous, comme 99% d'entre nous.
Il serait temps de redéfinir le terme "gardien de la paix".

Edit à ce thread, au lendemain.
Déjà, il fait lire cette article de Reporterre, sur la manif nantaise. Qi confirme le fait que la manifestation a été volontairement bloquée, puis prise en étau entre 2 lignes de camions et grilles.

Hier soir, apres avoir entendu ces 2 phrases de la part de crs, sur le "bien voter" et "si vous ne voulez pas de lacrymo faut pas manifester", je rejoins mes 2 camarades dans mon atelier, et écris immédiatement ce thread. Ils partent avant moi, je leur dis que je les rejoins.

Je récupère mon vélo garé Place du Commerce, là où 1 poignée de manifestants se trouvaient encore 1h30 avant, et où les CRS avaient arrosé sans discernement manifestants, gens de passage, touristes, familles, tous yeux rouges et brûlants, impossible d'échapper à la densité de gaz

Une 10 aine de CRS, sans leur casque ni bouclier, mais certains flash ball en main, sont onvectivés gentiment par quelques personnes. La discussion s'arrête, l'un des crs dit à la cantonnade "bonne soirée" alors que je partais en vélo.

Je lui réponds "mais comment vous pouvez nous dire ça après la journée que vous nous avez infligée"
Il était pas agressif, mais ne comprenait pas que discuter c'est pas juste parler mais c'est aussi écouter. Il parle de ses collègues blessés etc.

Quand je lui demande pquoi la manif a été bloquée il me répond qu'il n'étais pas en tête mais que c'ets à cause des casseurs (AH AH.)
Aujourd'hui l'article de Reporterre confirme bien que la manif a été bloquée,et qu'une vraie stratégie de répression avait été mise en place.

Donc ces types nous balancent des lacrymos parce que les ordres les envoient au contact de gens souhaitant exprimer leur mécontentement.
Quand je leur dis à tous qu'ils sont des prolos comme nous, l'un d'eux rigole. Mais vient parler apres.

Un mec qui vient du tarn, pas loin de Sivens, qui a sa maison à payer, sa compagne dont il est éloigné souvent.
Un pauvre type balladé loin de chez lui entraver d'autres pauvres gens.

Son chef (qui visiblement n'appréciait pas ces échanges entres crs et civils) vient me voir en guise de conclusion :
"Vous savez, Monsieur, quand y' une manif où c'est sûr que va y avoir du grabuge, si vous voulez pas de lacrymos, faut pas manifester"

Je lui réponds :
- je fais quoi alors ?
- allez à la campagne.

Voilà.
précision de taille :
Lundi soir dernier, la manifestation pro zad, réunissant 3000 personnes environ, s'est passé calmement.

Hier, le fait de nasser la manif, et de ne laisser comme échappatoire à la foule que des accès vers le centre ville (Bouffay), visait probablement à créer sentiment d'insécurité et panique ches les Nantais.e.s

Ce ne sont pas les manifestants qui se sont dirigés vers le centre, mais il y a eu une stratégie pour les y diriger. Au milieu des habitant.e.s, touristes, familles.

Comme ça ce vieux Collomb peut dire que les zadistes sont dangereux et attaquent le centre-ville, bravo.

Oh, et dernière précision : les zadistes, ou plutôt les occupant.e.s de la ZAD, sont 250. Les gens qui manifestaient hier étaient leur soutien, à elles eux et leur incroyable lutte. Tous nous qualifier de zadistes vise à mettre de la confusion pour effrayer.

car ces 250 zadistes sont des modèles d'inventivité, de création, de détermination, des gens d'une énergie folle dont les milliers de personnes présentes hier sont admiratives.