Thread by @Maitre_Eolas

Les trolls sont là. Le premier est un jeune tout maigre, à peine sorti de l'adolescence. L'autre est plus âgé, la trentaine, chauve, Van Dyke.

L'avocat du premier sera en retard. Affaire retenue pour plus tard.

Dû à la petitesse de la salle, le premier troll est assis à deux places de Nadia Daam.

Premiere affaire : accident de voiture ayant renversé un cycliste, conduite sans permis, délit de fuite.

Une autre affaire est appelée en attendant Godot. Violences conjugales ordinaires. Donc épouvantables. Auteur (l’homme comme le plus souvent) dans le déni complet (« je ne lui ai pas donné un coup de pied, je l’ai repoussée du plat du pied »).

Il manquait la victimisation. La voici.
La présidente est parfaite. Elle reste impassible, ses questions sont sur un ton calme. Elle oppose méthodiquement les preuves aux dénégations du prévenu, qui est obligé de concéder.

Godot est arrivé. L’affaire du jour devrait passer après.

Spotted @PenelopeB dans la salle.

La prestation du prévenu est désastreuse. Soit le client a été mal préparé, soit il n’a pas écouté son avocat. La plaignante est maintenant à la barre.

Elle raconte un mari qui la prenait pour sa chose, qui la tripotait en disant que son corps était à sa disposition. Jurisprudence à l’appui (Le fameux arrêt de la CA d’Aix). « Ce soir, je te préviens je te baise ».
Si vous vous demandez ce que c’est que la culture du viol…

Elle raconte un long travail de sape de son estime de soi (« t’es qu’une merde, t’es moche »), l’isolement de ses amis et de sa famille pour qu’elle ne parle de ça à personne.

Elle l’appelle par son nom « Monsieur Untel », elle l’appelle « Mon ex-femme ». Elle n’a pas de nom, elle ne se définit que par rapport à lui.

Personne n’a de questions. Plaidoirie de la partie civile.

L’avocat de la partie civile démonte les excuses invoquées par le prévenu, qui expliquait son comportement de harcèlement par de la « provocation ».
Il expliquait la réaction « excessive » de sa femme par la dépression de celle-ci,l’avocat affirme qu’il l’a causée.

Revenus annuels du prévenu : 336000 euros. Yep, pas le gibier de correctionnelle habituel.
NB : les violences conjugales concernent TOUS les milieux (sauf les célibataires, ça va de soi).

La plaidoirie de la partie civile traine un peu en longueur. C’est ce qu’on appelle « corps présent » et « pas à l’AJ ».
Ah, place aux réquisitions.
« J’aurais presque envie d’être assez long, mais on peut être court et convainquant. »
Oh le scud.

Il commence par des prétéritions : « je ne reviendrai pas sur… » et il revient sur les principaux points de l’accusation.
Il rappelle la souffrance exprimée par les enfants dans la procédure. Il est le premier à le faire.

Exprime un doute sur la sincérité des regrets exprimés à la barre et auprès des conseillers de probation du SPIP. « C’est joli, c’est bien tourné. La maitrise du discours, c’est bien ; la maitrise de soi, c’est mieux. »

Requiert un mois d’emprisonnement avec sursis.
Plaidoirie de la défense. Une avocate.

La défense relativise les faits. Elle concède que le coup de pied constitue les violences. Ca ne va pas plaider la relaxe. Pour le reste, elle conteste tout.
La strangulation ? Il l’a attrappée par le t-shirt « près du coup » selon les propos de la victime.

Le coup de pied dans le postérieur ? « Pour l’éloigner de la section de l’appartement consacré aux enfants ».

La dépression ? « Elle est réelle mais causée par son travail ». Donc le prévenu n’en est pas responsable selon elle, ce qui a des conséquences sur les dommages-intérêts.

L’avocate attribue à plusieurs reprises à la partie civile un comportement « hystérique » et affirme qu’elle essaie d’en tirer parti dans cette procédure.

« Mon client gagne à être connu ». ELle produit plein d’attestation de gens assurant que c’est un type formidable. Il fait même partie d’un programme de promotion des femmes dans sa boîte.

Plaide l’ajournement de peine.