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Pierre Labrune @LabrunePierre
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Un ami nous ayant fait remarquer, à mon frère et moi, que Georges Perec avait une tête à porter l'anneau unique, nous avons entrepris de réécrire Le Seigneur des anneaux comme s'il s'agissait de la disparition.
Frodo Baggins au Mont Fatal annihila un bijou d'or puissant, accomplissant ainsi sa mission. Marchant, il combattit Nazguls, Orcs, Balrog.
Gollum, vil kobold pourtant plus malandrin qu’assassin, voulait à tout prix son brillant. Il croqua la main du hobbit, lui rabiotant ainsi un doigt, mais chut aussitôt au fond du volcan.
Sam, sous l’air balourd du quidam pissotant du haut du compost au fond du jardin, avait plus d’un tour dans son sac. Il talocha par trois fois du ciboulot d’Uruk Hai, sauvant ainsi son ami Frodon d’un futur pourri ou d’avoir son croupion bouilli.
Aragorn, roi sans donjon, rôdait tant au Nord qu'on lui donna "Grand-pas" pour surnom. Il avait, du fait d'Isildur, droit sur Gondor ainsi qu'Arnor. Mais pour qu'on vît un grand roi dans son profil, il lui fallait avoir raison du roi noir Sauron au bijou d'or puissant.
Gandalf, grisonnant chaman au bâton puissant, savait tout du roi Sauron, du vil futur pour Gondor si Frodon achoppait dans son combat. Il soutint un quatuor d'Hobbits, un duo d'humains, un nain ainsi qu'un grand individu blond maniant l'arc.
Alors qu'on ouit dans un canyon dans Rohan un cor tonnant pour la fin du combat, pour le sang, pour la mort, Gandalf arriva au point du jour. Il avait, l'accompagnant, moults soldats cavalant. Il occit, son ost suivant son pas, maints Uruk-Hai travaillant pour Saruman.
Du sang*
La smala du joyau comptait un quatuor d'hobbits aux arpions poilus, un simili Albus charlatan a Poudlard, un roi pas mal maudit, un grand blond l’air un brin tata, un nabot bourru, barbu, barbant, un figurant du roi pas folichon du ciboulot.
La Moria fut un nadir. À Kazad-dum un pont fut fatal à Gandalf. Un Balrog, obscur rogaton qu'oublia Morgoth, pourchassa nos compagnons. Gandalf, grandi par son pouvoir, fit front. Brandissant son bâton, il dit :"Tu n'iras pas plus loin." Kazad-dum cassa.
Radagast, futal brun, maillot marron, pouvoirs paranormaux un brin tocards, avait pour compagnons huit lapins (plus trois plus un) ainsi qu’un piaf chiant sur son gibus mou. Sans jamais faillir -ni rougir du guano malodorant - Brown Majax glissait sur son char à lapins.
(Pour qui adora un film sur un Hobbit)
À Fangorn, bois joli mais pas tout à fait charmant, squattait un ramassis d’acajous, pins parasol, buis, houx, fort costauds mais ni vifs ni bavards.
Pour autant, quand Pippin arriva à la tour du marabout pâlichon suivi du gang d’acacias - plutôt pas du gabarit bonsaï - pour lui pourrir l’occiput, Saruman comprit qu’on allait plutôt lui ravir son palantir.
Ayant franchi la Moria, nos compagnons - moins Gandalf donc - vont dans un bois aux frondaisons d'or. Là vivait la Noldo qui quitta Valinor. Commandant aux Galadrhim, la nana avait un grand savoir du fait du miroir qui l'aidait à agir.
Convaincu qu’il n’avait pas à mourir à la façon du fiston Boromir, l’ingrat faux roi du Gondor ordonna illico à son fils suivant, Faramir, d’agonir plus loin.
Faramir, las mais pas couard pour autant, partit donc pour Osgilitath. Là il souffrit quand un trait fit un trou dans son camail puis dans son cou.
Angmar avait un tyran, noir Nazgul, qui volait sur un dragon. Lors du combat à Minas Tirith, il fondit sur l'ost du Gondor, du Rohan.
L'iris brûlant du tout-puissant Sauron fixait tour à tour Frodon puis la baston opposant Aragorn aux Nazguls.
Or la zouz du Rohan, qui passait pour un gars, ôta son foulard, sortit son dard, dit au tyran d'Angmar: "Fi du vaticinant qui dit qu'un couillard faillirait au combat à mort. Zouz suis, crains-moi donc."
Un choc bruyant ! Bazar sans comparaison ! Rohirrim sur canassons, courroux d'orcs, nains hurlant à la mort, haradrim sur oliphants (ou mumakils, s'il vous plaît plus) ici, morts-vivants là...
Assourdissant brouhaha martial mais pas d'agitation pour Brandibouc, tapi dans son trou. Soudain, il saisit son schlass, tranchant dans du vilain jambon, dans la chair d'Angmar.
Fort loin du souk du Gondor, Tom Bombadil passa son chandail d'azur, chaussa kroumirs curcuma (ou chaussons safrans, kif kif pour un gai luron), ajusta son barda puis partit gambadant haut sur un galgal du pays Cardolain.
Nul tracas sur son front toujours doux. Il n'a pas grand rapport au schmilblick.
Dur dur l’amour pour la go d’Aragorn. Un choix issu du Cid !
Son daron, baron d’Imaldris, voudrait fuir aux ports gris : futur infini mais rasant.
Ou abandonnant tout pour son mari qui doit avoir au front un joyau d'or battu (un jour, inchallah), gros swag royal pour six fois dix ans au Gondor mais sûr d’y mourir croulants, grisons, humains.
La nana qui pourrait voir à l'infini saisons, ans fait à la fin son choix. L'amour ravit son palpitant. Toujours l'amour, toujours souffrir, toujours mourir.
Trois joyaux pour trois grands rois aimant ouïr du luth sous l'azur,
Cinq plus un plus un pour rois nains vivant sous roc dans grands palais,
Cinq plus trois plus un pour humains allant mourir,
Un pour un noir tyran sur son noir divan,
Au pays du Mordor où l'obscur couvrit tout.
Un joyau commandant tous, un joyau trouvant tous,
Un joyau apportant, liant tous dans la nuit,
Au pays du Mordor où l'obscur couvrit tout.
Gandalf, toujours gris mais alors quasi-craintif, cria à Frodon : “Diamants, rubis, or, tout paraît vain par rapport au rond joyau du malin Sauron. Il corrompra ta passion, mauvais don du tonton."
(Ton scribouillard trouva l'inspiration pour la conclusion dans l'art qu'un avocat normand consacra au soldat qu'honnissait Pacorus.)
À Cirith Ungol, col sur un mont surplombant Minas Morgul, Sam, Frodon, suivant Gollum, sont dans l'humiliation. Gollum a trahi. Un arachno-titan qu'Ungolianth mit au jour, suintant l'ichor, du pus, du poison plus nocif qu'Upas, attaqua.
Brandissant un lampion qu'offrit la nana au miroir, nos Hobbits font fuir l'abomination. Plus tard, profitant d'un instant où Frodon n'a plus Sam pour lui garantir son salut, l'affront ord aux proportions sauta sur l'hobbit guignard. Du fil, un cocon, voilà Frodon un gigot !
Un bois grouillant d’orcs à tribord, un banc sablonneux à babord, voilà nos amis hobbits, duos d’avortons rabougris mais saufs, tapis dans un canot voguant sur un grand rû bruyant, là où l'Anduin choit au Rauros. Frodon pagayait, Sam, assoupi au fond du kayak, ronflait.
Là Boromir, vrai Roland du Gondor, connut sa fin quand il sonna du cor. Sarrasins ? Point ! Mais Uruk-Hai arborant la main du tyran d'Ortanc sur son pavois.
Un banc aux gravillons arrondis*
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