Thread by @TristanKamin

On m'a interrogé ce matin sur les #déchetsradioactifs étrangers entreposés en France. Combien, et a quels pays appartiennent-ils ?

#transparence #nucléaire #déchets

Primo, qu'est-ce qu'on fiche avec des déchets étrangers, sachant qu'il est inscrit dans la loi que leur stockage est interdit en France (avec ne exception pour Monaco) ?

L'usine de retraitement Orano la Hague, outre le combustible EDF, a traité et traite encore du combustible de réacteurs nucléaires étrangers (notamment de pays européens proches et du Japon).

⚠ Ces pays ne nous envoient pas leurs déchets. Ils envoient leur combustible usé.

En France, on entrepose ensuite plus ou moins longtemps le combustible si besoin est, puis on le retraite à peu pres comme le nôtre : cisaillage, dissolution, puis séparation des structures, du plutonium, de l'uranium et des produits de fission.

doseequivalentbanana.home.blog/2019/03/03/cyc…

Les éléments de structure sont compactés dans des colis standard de déchets compactés, et les produits de fission (ainsi que les actinides mineurs) sont vitrifiés et couples dans des colis standards de déchets vitrifiés.

Et tôt ou tard, selon des accords prévus dans le contrat de traitement mais aussi dans l'accord inter-États qui accompagne un tel contrat, on renvoie au client ses déchets compactés et vitrifiés.

Et pour certains pays, c'est plutôt tard. Le renvoi est repoussé au maximum, voire même, les accords sont révisés pour repousser ce maximum.

Du coup, on parle de quelles quantités ? Telle était la question qu'on m'a posé.

Et je n'avais pas la réponse. Et je n'étais même pas sûr de pouvoir mettre la main dessus : la transparence en matière de nucléaire en France s'arrêtait-elle aux frontières ?

Première recherche : on parle de déchets, donc premier réflexe, le site de l'ANDRA et notamment l'Inventaire des déchets radioactifs.
Une base de donnée accessible au public sur tous les déchets radioactifs français.

inventaire.andra.fr

Pas l'temps de niaiser avec les très bons résumés, je télécharge directement le tableur brut et je filtre.

Département : 50.
Nom du site : Orano - La Hague -Usine.
Groupe de déchets : structures, vitrification.

Ça laisse 24 lignes à regarder seulement et... Déception. Rien qui ne permette de discriminer les déchets français des étrangers. A supposer qu'il compte les deux, l'Inventaire ne fait pas la distinction.

Bon, bah étape suivante : le PNGMDR.

Le quoi ?

Le péènnegé des hmaires !

Le quoi ?

🙄

Le

Retenez bien ce nom !
Ce document doit être révisé depuis l'automne dernier et ça traine, ça traine... Parce que le débat public qui doit précéder cette révision est repoussé depuis.

Mais là, ça y est, le débat public commence le mois prochain, donc on va beaucoup en parler !

Et c'est un autre document, parfaitement public, bourré d'informations sur les déchets nucléaires, entre autres.

Existe en version intégrale (282 pages) et synthétique (24 pages).

asn.fr/Informer/Dossi…

Et là encore, sur les déchets étrangers, c'est la dèche. On a juste droit à ça :

Et les notes de bas de page qui vont avec, dont

Évidemment, AREVA NC n'existant plus, l'adresse web redirige juste vers la page d'accueil du site d'Orano. Génial.

Mais bon, on a quelques mots clés, et... Miracle !

Attention les yeux 😁

orano.group/docs/default-s…

Mais on y arrive. Page 37, on a enfin nos données sur les déchets étrangers expédiés et entreposés, en pourcentage du nombre total de colis étrangers produits.

Pour les vitrifiés (essentiellement haute activité, vie longue), où l'on voit qu'on a déjà presque tout renvoyé.

Et pour les compactés, essentiellement des déchets de moyenne activité à vie longue, pour lesquels on est plutôt dans la tendance inverse, avec davantage à faire que fait 😁

Et ils donnent quelques chiffres à la même page qui permettent de remonter au nombre de colis, à une poignée près.
Et votre serviteur s'y est collé. Pour les HAVL :

Et les MAVL !

La morale de cette histoire ?

C'est que le transparence en matière de nucléaire, et surtout de déchets, c'est pas une connerie. Y'a davantage d'infos parfaitement publiques qu'on ne l'imagine ; même moi, sur ce coup, j'étais pas sûr de trouver.

La morale de cette morale, c'est que la transparence perd vachement en intérêt si le public ne sait pas que telle ou telle info est accessible, ou s'il ne sait pas la trouver.

Y'a du progrès à faire de ce côté là !

Pourquoi pas centraliser ? Une base de donnée des documents publics, avec la doc des exploitants, des autorités, des institutions diverses, et un moteur de recherche associé ? Sur le site de @ASN ou du HCTISN ?

Je balance juste ça comme ça...
Parce qu'aussi erronées soient les accusations d'opacité à l'égard d'une filière industrielle transparente comme nulle autre, elles ne sont peut-être pas infondées...

En attendant, dans ce thread, vous avez quelques excellentes sources à garder sous le coude !

L'inventaire ANDRA, le PNGMDR, et les rapports d'information des établissements établis au titre de l'article L.125-15 du Code de l'environnement.

Tchou !

Et tout ceci est valable pour moi aussi, parce qu'en fait, il existe un rapport spécialement dédié à ce sujet... Fait chier x)

https://twitter.com/OranoMelox/status/1110471445635887105?s=19