,
47 tweets,
7 min read
Read on Twitter
Bonjour. Cette semaine je vais essayer d'expliquer un peu ce que fait un chef de département d'IUT. Je vais rester parfois un peu flou pour respecter la confidentialité des choses mais l'esprit c'est de faire comme @EnDirectDuLabo mais sans recherche dedans.
Je m'appelle Jean-Christophe Dubacq, je suis maître de conférences en informatique, et depuis trois ans et demi je suis élu chef de département à l'IUT de Villetaneuse (un des trois IUT de @univ_paris13).
Chef de département est une fonction à laquelle on est élu pour trois ans, renouvelable une seule fois (dans la foulée). Rien n'empêche d'adopter la méthode Poutine pour refaire chef de département après une (courte) interruption.
En tant que chef de département, j'ai un rôle à la fois pédagogique et administratif. Pédagogique car je garantis que le DUT qui est délivré à nos élèves est suffisamment conforme à sa définition, et administratif car je gère le budget et certaines carrières.
Je reviendrai sur les carrières plus tard, il se trouve que j'ai des entretiens professionnels à faire cette semaine, mais c'est essentiellement le personnel BIATSS du département (secrétariat) et les appréciations sur les dossiers des enseignants à temps plein.
Aujourd'hui je commence par un conseil de direction de l'IUT. Depuis que je suis chef c'est environ tous les quinze jours avec la direction de l'IUT, les autres chefs de département, le responsable administratif et financier (RAF) et d'autres représentants du personnel.
On y aborde tous les sujets du moment pour prendre des décisions opérationnelles et préparer les dossiers à venir. Informations de la direction vers les départements, remontées de problèmes : c'est souvent très denses.
Beaucoup de sujets ont leur calendrier dicté par des dates extérieures à l'IUT (notamment par l'université) et du coup il est fréquent de reporter des sujets urgents mais pas assez à la fois d'après.
Là, je n'ai pas reçu l'ordre du jour, ça va donc être là surprise. Je sais que nous devrions parler d'un truc autour de notre futur nouveau département (en particulier comment on s'organise pour le diriger tant qu'il n'a pas encore la taille d'un grand).
Pendant ce temps c'est le jour de la double tonte juste à côté : tondeuses animales et mécaniques. 
Là nous discutons de ce qui s'est passé il y a 20 ans lors de la création d'un autre département. Les discussions sur les statuts sont toujours très techniques.
Comme je suis dans le conseil, j'en profite pour dire qui y vient : outre directeur et chef(fe)s de département, il y a le RAF, la présidente du conseil restreint, le chef du CRIT la présidente de la commission du personnel et le responsable FC et alternance.
Le conseil de direction restreint, qui se réunit sur les sujets n'ayant que trait aux enseignants n'a plus que les départements, la direction et la présidence du conseil d'administration restreint.
Un aparté : historiquement, il y a eu des chefs et des cheffes, indépendamment de la discipline (il y a un biais quand même en fonction du nombre de personnel de chaque genre).
Le directeur du CRIT doit être nommé, le précédent étant parti à la retraite. Les manœuvres pour le remplacement sur le poste ne sont pas encore (très) entamé, mais le directeur par intérim devient directeur (pas une surprise).
Les remplacements chez nous ne se font plus poste par poste. On fait un peu de prospective sur les possibilités de postes mais autant faire de la divination en regardant le vol des oiseaux (ou les entrailles de moutons).
On dit au directeur qu'il peut le nommer, et on propose d'avoir un exposé rapide sur sa vision du poste d'ici quelques semaines.
C'est un peu la charrue avant les bœufs, mais de toute façon il n'y a qu'une candidature et à la fin c'est la direction qui choisit la politique.
C'est un peu la charrue avant les bœufs, mais de toute façon il n'y a qu'une candidature et à la fin c'est la direction qui choisit la politique.
Plus qu'une demi-heure de réunion et il reste trois points à traiter sur six. Normal.
Bon. Il est midi. Nous venons décider de ne pas faire une réunion 👌qui aurait viré de toute façon à l'école des fans (c'est mon expression). On va clore la réunion, puis je saute rapidement en réunion disciplinaire informatique pour préparer l'an prochain.
Manger, c'est pour les faibles.
Pour bien commencer une réunion pédagogique d'informatique, on peut toujours commencer par poser la question : « quel language utiliser ? ». Ça garantit l'embourbement.
Constatation : nous ne sommes pas assez nombreux pour faire la réunion correctement mais il faut bien la faire. Sept personnes sur une vingtaine, ça fait court.
L'argument « les besoins professionnels vont dicter l'implémentation du module » vient d'être utilisé. Et vu comme on parle de modules hyper-centraux de la formation, c'est difficile de le balayer sans en tenir compte.
Après avoir balayé notre première nouvelle formation (STID), et être sortis avec plus de questions que de réponses, nous passons à notre nouvelle licence professionnelle (LP info & réseaux parcours IoT data).
Pour le coup les modules sont beaucoup plus techniques qu'en DUT. Ce qui est normal.
J'apprends que les plaquettes pointées par le site web ne sont pas les bonnes. Voilà une tâche pour super-chef !
On en vient à parler des trous à remplir. Ce sont toujours les mêmes modules. 🤷♂️
La réunion s'est terminée. Il est 14h25 et je m'assois enfin à mon bureau.
Auparavant j'ai été intercepté dans les couloirs pour discuter de problèmes d'étudiants. C'est difficile d'avancer dans les couloirs.
Par exemple, j'ai acquiescé lorsque le responsable des stages m'a parlé de l'élève qui voudrait partir en chine mais dont l'encadrant sur place ne parle pas français ni anglais (enfin, pas suffisamment pour avoir une conversation raisonnable au téléphone).
J'ai poussé un problème d'étudiant vers le directeur des étues qui veut un rattrapage immédiat dans un module au prétexte qu'il va faire un stage à l'étranger, stage qui n'est pas du tout dans ma liste. Bon.
À quinze heures, je reçois un groupe d'étudiants qui veut s'inscrire pour les 24h de l'info. di.iut.univ-lehavre.fr/24hinfo/ C'est un concours réservé aux étudiants de DUT informatique.
J'aime bien ce genre d'actions vers les étudiants, ça permet de donner un peu plus aux étudiants qui ont de la motivation pour faire plus.
Maintenant, il faut que je m'occupe de modifier un avis de poursuite d'études sur lequel il y a eu une erreur.
C'est plutôt une tâche de secrétariat, mais suite à une fraude il y a deux ans, j'ai intégré des QR-codes sur les avis de poursuite d'études qui permettent de voir directement les originaux. Ça rend la fraude plus compliquée.
Mon petit exemple :
Bon, réunion terminée. Il s'agissait de préparer la rentrée. J'ai le jour et l'heure de la rentrée (c'est bien), j'ai dû concéder que pour la première promotion du nouveau département, il y aura sans doute un buffet. Bref, nous rentrons le mardi 3 septembre.
Ce qui laisse la possibilité de faire la réunion de rentrée le lundi 2 septembre après-midi. Le matin, c'est plus compliqué, parce que beaucoup de collègues ont des enfants en primaire ou début de collège, et ce sera donc la rentrée des enfants.
Et j'ai déjà émis l'idée de faire la réunion de rentrée fin août, je ne proposerai pas deux fois. De toute façon, moi je serai là (en gros, à partir du 20 août, pour gérer les problèmes de Parcoursup').
Au passage, on a dû discuter de réaffectation de bureau. Les gens aiment bien ne pas bouger, du coup c'est difficile d'avoir des affectations cohérentes. Je n'ai pas encore complètement terminé le mouvement entamé il y a deux mois de déplacer deux personnes.
J'en suis à bientôt 30 minutes passées assis sur ma chaise depuis le début de la journée. Je suis encore étonné. Il est temps de faire le point sur mon emploi du temps de la semaine. Mon rendez-vous que je pensais mardi vient d'être fixé à vendredi matin, super.
Jeudi après-midi j'avais prévu de faire des entretiens professionnels, mais finalement au moins un sera vendredi matin. Mais pas à la même heure, ouf.
Je pense que je vais pouvoir partir d'ici une demi-heure, j'ai encore des bricoles à faire, avant d'aller chercher mes lunettes.
Je pense que je vais pouvoir partir d'ici une demi-heure, j'ai encore des bricoles à faire, avant d'aller chercher mes lunettes.
« One last thing ! » Rattrapé à l'arrêt de bus par le responsable des stages, qui s'est rendu compte que des élèves partant à l'étranger en stage confondent leur sujet avec celui d'un camarade. Ça augure mal. Je lui confirme que sauf exception les soutenances de stage c'est ici.
Les stages à l'étranger c'est très enrichissant, mais là il y en a une poignée qui fait un peu n'importe quoi dans la préparation. J'ai l'impression que certains pensent plus à leurs vacances après qu'à leur stage.
Je suis assez content de nos résultats à l'étranger, même si je sais que quelques départements Informatique envoient beaucoup plus d'élèves que nous.
Cette année nous avons Québec, Norvège, Togo, Maroc, Sénégal et peut-être Vietnam.
La suite est ici :
