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Le dernier rapport du GIEC, axé sur l'utilisation des surfaces, est sorti récemment (j'ai un peu de retard). Et tout le monde lui fait dire ce qu'il veut, surtout ce qu'il ne dit pas.
ipcc.ch/srccl-report-d…
Je vais pas parler de tout le rapport parce que ça prendrait trop de temps (et ça serait trop chiant), mais je vais parler de points que j'ai peu vu abordés dans les médias, ou que j'au vus présentés de manière trompeuse.
Du coup je serai évidemment pas exhaustif, ce n'est pas mon but ici. Si vous voulez de l'exhaustif allez lire le rapport entier.
Déjà on part d'un chiffre important : 23% des émissions de gaz à effet de serre viennent de l'utilisation de surfaces. Soit quasiment autant que le secteur de l'électricité. (figure tirée du rapport du GIEC de 2014, voir "AFAT")
ipcc.ch/site/assets/up…
Dans cette utilisation de surface, on a beaucoup d'agriculture. 12% des surfaces sont des cultures, 37% des paturages, savanes et fruticées (je viens d'apprendre ce mot), 22% des forêts, tout cela plus ou moins géré par l'homme. Seuls 28% ne sont pas ou peu utilisés par l'homme.
Mais toutes ces surfaces ne se valent pas, tout n'a pas un impact équivalent ici. En fait, ce qui émet le plus de CO2, c'est la déforestation, qui elle-même vient de l'extension de la surface agricole.
On parle beaucoup de CO2, mais l'utilisation de surfaces ne représente que 13% des émissions de CO2. Il représente en revanche 44% des émissions de méthane, et 82% des émissions d'oxide nitreux ayant tous les deux un potentiel d'effet de serre plus élevé que celui du CO2.
Ces deux derniers viennent en grosse partie de la fermentation des ruminants, de l'utilisation et la gestion du fumier et des fertilisants, et de la culture de riz, entre autres.
Mais si le GIEC se concentre sur le climat, l'utilisation de surfaces n'a pas d'impact que sur celui-ci. Il y a aussi notamment l'impact sur la biodiversité.
Dans l'étude de Sanchez-Bayo et al publiée récemment, aussi critiquable qu'elle soit, le principal impact sur la biodiversité qui ressortait était l'utilisation des surfaces de l'agriculture (appelée inexactement "agriculture intensive" dans la figure) et l'urbanisation.
Mais revenons au rapport du GIEC. En plus de faire état des impacts de l'utilisation de surfaces sur le climat, il propose des solutions pour s'adapter à un climat changeant, mais aussi pour mitiger ces changements en diminuant les émissions.
En plus des impacts positifs sur le climat des solutions proposées, elles ont des impacts généralement positifs sur la désertification, la dégradation des sols, et la sécurité alimentaire.
On retrouve des solutions basées sur un changement de l'utilisation de surfaces, d'autres sur l'offre et la demande, et d'autres sur la gestion des risques.
Pour l'agriculture, première solution : augmenter la productivité. Parce qu'une productivité plus importante veut dire qu'on aura besoin de moins de surfaces pour produire autant. Cela permettra de produire suffisamment sur autant voire moins de surfaces.
nature.com/articles/s4158…
Cela va totalement à l'encontre de la mouvance actuelle selon laquelle l'agriculture intensive serait intrinsèquement mauvaise. Une agriculture productive est bénéfique.
nature.com/articles/s4189…
On a ensuite l'agroforesterie, une meilleure gestion des cultures, des pâturages et des élevages, de l'eau, une diversification agricole. Avec des impacts plus ou moins bénéfiques, et pour certains des coûts importants.
Et enfin, la réduction de la conversion des prairies en cultures. Qui est grandement liée à l'aspect productivité, surtout voyant l'impact négatif sur la sécurité alimentaire (plus on produit, moins on a besoin de convertir de terres).
En gros : il faut une agriculture durable.
Le GIEC définit cela comme une utilisation des ressources qui permette de répondre aux demandes humaines tout en préservant le potentiel productif des ressources et le maintien de leur fonction environnementale.
Sauf que cette définition est très floue. Chacun y mettra ce qu'il voudra y mettre. Bio, agroecologie, permaculture, arrêt des pesticides, refus des OGM, retour à l'agriculture de nos grand-parents, etc.
Le GIEC donne quelques exemples. Dedans, on y retrouve l'agriculture bio, ou la lutte intégrée.
Pourtant, de nombreuses études concordent sur le fait que le bio est en moyenne 20% moins productif. A cause de cela, le bio a un impact considérable sur l'environnement et le climat, à cause de l'utilisation des surfaces, soit pile ce sur quoi le rapport est.
A l'inverse, la lutte intégrée nécessite des outils, que l'agriculture biologique refuse. Les OGM, et l'amélioration des plantes en général, permettent d'avoir des cultivars résistants aux ravageurs. Les pesticides, en dernier recours, permettent de les éliminer.
Les OGM et l'amélioration des plantes ayant aussi d'autres avantages relevés par le GIEC.
ipcc.ch/site/assets/up…
Le GIEC parle aussi de pratiques de conservation des sols, quasiment impossibles en bio, car nécessitant des herbicides (interdits en bio) afin d'éviter le travail du sol.
On nous parle aussi d'agroécologie, et là encore ce terme est suffisamment vague pour que chacun y mette sa propre définition.
Et c'est bien là le problème, les solutions proposées sont floues. Le rapport étant à destination des décideurs, qui sont eux-même politiquement et idéologiquement orientés, chacun définira comme il le souhaite ce qu'est une "agriculture durable".
Oui il faut changer nos modes de production et de consommation. Mais il ne faut pas prendre des mesures qui iraient à l'encontre de ce que l'on souhaite : une utilisation durable des terres, et une mitigation des changements climatiques.
Je critique beaucoup le bio, mais si des techniques utilisées en bio sont bénéfiques, alors il faut les utiliser, tout comme l'agroécologie. Mais il faut aussi utiliser le génie génétique, ou les produits de synthèse, quand leur utilisation peut avoir un impact bénéfique.
Le GIEC nous donne de nombreux leviers d'action, et on ne peut pas prétendre que seul l'un d'entre eux (surtout présenté de manière erronée) est la solution. Il faut agir sur tous les leviers, et réfléchir à comment le faire le mieux possible.
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