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Quand je dis semaine de fous... Allez, petite revue d'une semaine bien chargée de pénaleux de base ?
Lundi, on aurait du (mais grève donc reports) démarrer avec une petite diffamation de l'homme qui attaque des fonctionnaires avec des mots ; puis les escrocs en cols blancs en
bande organisée, laquelle ici s'appelle une "société" ; puis cet homme qui avait plongé dans l'alcool et violentait sa fille qu'il aime tant pourtant, puis tard cette femme à laquelle on a enlevé la sienne et qui en meurt lentement ; on a peu dormi et mardi il fallait gérer ce
couple qu'on a spolié en les expulsant à vil prix de leur immeuble, et cette très jeune mère qui voulait tellement la garde de son enfant mais a oublié l'audience ; on écoutait ensuite cette femme dire à quel point la dénonciation de son ex mari, calomnieuse, avait ruiné sa vie
et "sans désemparer" on changeait de Tribunal pour défendre longuement celui qui confondait sa carte et celle de sa société et oubliait l'existence de l'URSSAF, la nuit tombait sur cette fratrie qui se déchire pour 100.000 € de succession et ne cessera pas, hélas, on dînait et
tombait dans le coma pour attaquer mercredi et d'abord la vingtaine d'appels à traiter cette seule demi-journée de présence, puis on gérait une demande de suspension d'exécution, on tentait de convaincre que ce médecin avait agressé une seule patiente, pas deux, et on rentrait
pour le comptable qui annonçait une grosse TVA pour juillet et août pourtant si faibles en chiffre ; on gérait le coup de mou subséquent et c'était déjà jeudi, traditionnellement chargé, sept affaires celui-là, le gamin diminué mentalement mais responsable pénalement qui avait
volé un CD, restitué oui mais 15éme fois, on courrait plaider pour ce frère qui n'avait presque rien obtenu en première instance contre son frère qui lui avait tiré dessus au fusil et sa fille qui l'avait cru mort, et on expliquait comme on pouvait qu'il pouvait y avoir débat sur
les cinq premières victimes du violeur défendu, mais pas les deux dernières, celles-là ne tenaient pas ; on ne pouvait toujours pas déjeuner parce qu'arrivaient déjà ce chauffard alcoolique qui espérait tant que "le juge soit un Frère" (raté), puis la victime d'un viol très vieux
dont la reconnaissance publique est devenue son combat, restait ce gros trafic de stups' en bande organisée par ce multi-récidiviste encourant une peine d'assises, deux semaines de correctionnelles, et on finissait tard aux côtés de ce frère parkinsonien trahi par un frère
plus retors que lui ; on cauchemardait rapidement et le vendredi (un peu attendu pour une fois...) débutait, même les cernes pesaient déjà lourd, par un disciplinaire hospitalier préalable à une procédure pénale, qu'on souhaitait plutôt à la suite, harcèlement, puis on tâchait
de décider si oui ou non on allait demander des actes pour un praticien médical qui aurait tripoté des patientes, avec... son épouse (décider, pas tripoter) ; on pensait qu'on pourrait traiter le courrier de la semaine, enfin, mais on était appelé pour une "présentation", soit la
mise en examen d'un homme qui faisait pousser des choses interdites dans son salon et les vendait un peu, on décidait de le faire partir en prison en demandant un délai pour voir s'il irait en prison (! oui, je sais), nouvelle audience future. Et on sortait que c'était déjà le
weekend, avant on avait pu parler avec les impôts pour expliquer un retard, et on passerait le samedi au bureau pour gérer les piles et préparer la semaine prochaine.
On faisait un peu la fête car pas d'audience samedi, une coupette et des saucisses, on s'endormait devant.
Tous les pénaleux vivent ça, tout le temps, et c'est deux aspects du métier qui son géniaux et énergivores : la succession des malheurs, et donc des personnes ; et on est là et on porte de l'espoir, toujours - on fait juste gaffe qu'on ne le confonde pas avec "magie" ; et cette
chose étrange qu'on oublie souvent de citer, alors qu'elle est majeure : la capacité de (re)mobilisation, la plus complète possible. Celle qui ponctionne les piles, la batterie de secours, et creuse les ventres et les âmes...

Eh, Confrères ? J'adore notre métier !!!
Allez, café.
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