Petit thread sur mon expérience du centre du #donducorps de #ParisDescartes aux Saint-Pères suite à l'article de L'Express 
J'ai été une seule fois aux Saints-Pères en 2015 pour un atelier suture. J'étais en début de 4e année. Ceux qui y étaient allés en 2e année pour l'option d'anatomie m'avaient prévenue :
Ça pue.
Ça sent la mort.
C'est sale.
C'est horrible.
Prends des bonbons à la menthe et badigeonne-toi les narines de baume du tigre.
Ça sent la mort.
C'est sale.
C'est horrible.
Prends des bonbons à la menthe et badigeonne-toi les narines de baume du tigre.
En entrant dans le grand amphithéâtre, les corps étaient alignés les uns à côté des autres, il y avait une odeur rance. On se mettait à 5 ou 6 autour d'un cadavre, pour suturer un bout de peau qu'on venait d'ouvrir.
Je crois que j'ai même pas suturé. Non en fait, je suis sûre que j'ai pas suturé. J'ai regardé mes camarades s'appliquer consciencieusement. Et puis, au bout d'une heure, et de dizaines de sutures, c'était fini.
En 2e année, les étudiant-es y allaient pendant toute une semaine.
Lundi, membre supérieur. Mardi, membre inférieur, etc. Ça finissait toujours par l'abdomen (le pire), histoire que ça pue pas non plus toute la semaine avec tous les intestins dehors.
(ça puait qd même)
Lundi, membre supérieur. Mardi, membre inférieur, etc. Ça finissait toujours par l'abdomen (le pire), histoire que ça pue pas non plus toute la semaine avec tous les intestins dehors.
(ça puait qd même)
Qu'est-ce qu'on retient de ça, en 2e année ? On a 19 ou 20 ans, on vient de sortir du concours.
Les séances de dissection tiennent du rite d'initiation pur.
Les séances de dissection tiennent du rite d'initiation pur.
Les étudiant-es ne se souviennent que du choc émotionnel d'être confronté-es à des cadavres. À l'odeur, à l'ambiance dans cette salle.
Sérieux, qui se souvient du trajet de l'artère brachiale ou du nerf sural après être passé par là ?
Sérieux, qui se souvient du trajet de l'artère brachiale ou du nerf sural après être passé par là ?
Ça ne sert à RIEN pour les étudiant-es. À part perpétuer une tradition, qui n'a plus lieu d'être, et les choquer.
Nos études et nos internats de chirurgie sont suffisamment longs pour ne pas s'encombrer de ce piteux "apprentissage" en 2e année.
Nos études et nos internats de chirurgie sont suffisamment longs pour ne pas s'encombrer de ce piteux "apprentissage" en 2e année.
J'ai honte pour nos enseignant-es qui croient bon de continuer à imposer non seulement cela à des étudiant-es mais aussi aux corps de ces personnes qui les ont donnés, pensant servir à quelque chose.
N'étant pas chirurgienne, je n'ai aucune idée de l'utilité réelle des cadavres pour le développement de nouvelles techniques chirurgicales.
Mais je suis certaine d'une chose : ils ne servent PAS à enseigner l'anatomie à des jeunes gens de 20 ans.
Mais je suis certaine d'une chose : ils ne servent PAS à enseigner l'anatomie à des jeunes gens de 20 ans.
Mes camarades revenaient avec des histoires de guerre. Un m'a raconté s'être trompé d'étage, et avoir vu, par une porte entrouverte, trois têtes décapitées et alignées sur un brancard en fer, dans une salle.
"Rhinoplastie" pouvait-on lire sur la porte.
"Rhinoplastie" pouvait-on lire sur la porte.
Bien pire, certain-es (nombreux-ses) s'amusaient à revenir de leurs séances avec des butins.
"J'ai volé une dent" m'a dit un camarade.
J'ai entendu qu'un autre avait caché dans le vestiaire d'une fille un doigt arraché à un cadavre.
"J'ai volé une dent" m'a dit un camarade.
J'ai entendu qu'un autre avait caché dans le vestiaire d'une fille un doigt arraché à un cadavre.
Voilà ce que je retiens des Saints-Pères. Des odeurs, un choc émotionnel, des rites d'initiations, et la subtilisation de morceaux de corps humains pour "rire", dans la plus pure tradition carabine (médicale) française.
Et ne vous faites pas avoir : tout le monde savait.
Et ne vous faites pas avoir : tout le monde savait.
