Thread by @CinciVox

#Désinstruction #Ecole
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Dans mon cadre professionnel, je suis amené à côtoyer très régulièrement des étudiants de tous les niveaux et de tous les types d'établissements.
Je suis effondré par leur niveau en orthographe, grammaire, conjugaison, syntaxe.

Quels que soient les cursus, quelles que soient les universités ou écoles fréquentées, quasiment aucun ne sait rédiger un paragraphe, parfois une simple phrase, sans y disséminer des fautes grossières. Le pire : elles ne ressortissent pas à l'inattention ni à l'étourderie.

Non : ce sont des lacunes profondes, doublées d'une grave inculture, et triplées d'un mépris profond pour la langue tant écrite qu'orale. "On" leur a tellement répété que l'orthographe n'avait pas d'importance, que l'idée même d'écrire correctement leur semble incongrue.

"On" leur a tellement répété que l'orthographe et la culture générale étaient "discriminatoires" qu'ils se sont forgé une arrogance aussi agressive que stupide à leur encontre. Sans réaliser qu'orthographe et culture générale ne sont pas "discriminatoires" mais discriminantes.

Discriminantes au sens où elles sont des critères de base pour la sélection, notamment dans le monde professionnel.
La langue a de nombreuses fonctions, parmi lesquelles la communication entre les personnes. Elle construit un espace partagé, un monde commun au sein duquel

les interlocuteurs respectent les mêmes règles pour s'assurer de la transmission de leurs messages. Ne pas respecter ces règles communes, c'est s'abstraire du monde commun, c'est refuser l'effort de se faire comprendre, c'est insulter l'autre.

Lorsque je reçois un CV, une lettre de motivation, un courriel, ou n'importe quelle demande, je me fiche éperdument du prénom, du nom, du sexe, de la ville d'origine ou je ne sais quoi, de celui qui me l'envoie.
En revanche, des fautes d'orthographe, de grammaire,

de conjugaison ou de syntaxe sont rédhibitoires et conduisent le message directement à la poubelle. Je considère que si l'on ne fait pas l'effort minimal de politesse de rédiger dans un français correct, alors je n'ai pas à faire l'effort de lire.

Que l'on me traite donc de vieux con réac ! peu me chaut. L'édification d'un monde commun passe par le partage de la parole et de l'action (Arendt). Et donc, fondamentalement, par le respect d'une langue commune.

Ce que je vois des écrits des étudiants me semble criminel. Criminel de les avoir laissés aller jusqu'aux études supérieures, jusqu'en master, parfois jusqu'au doctorat, sans leur avoir assuré les bases.

Criminel de leur avoir farci le cerveau d'idées aussi stupides que "l'orthographe et la culture générale, ça ne sert à rien".
Criminel de les avoir encouragés dans la réduction à un moi égotique plutôt que de les avoir ouverts à l'universalité d'un commun.

Comment avons-nous pu laisser commettre un tel crime envers ces générations ?