🇺🇸🗳️ Quelques réflexions à propos du potentiel impact des émeutes urbaines aux #EtatsUnis sur les élections présidentielles de novembre et sur les chances respectives de #Trump et #Biden 👇
🇺🇸🗳️ Comme base de départ, on peut se référer à l’impact politique et électoral des émeutes du "long et chaud été 1967" dans les ghettos afro-américains (159 villes touchées,~90 morts, 11 000 arrestations) sur l'élection présidentielle de novembre 1968. theweek.com/captured/71283…
🇺🇸🗳️ Plusieurs analyses montrent que ces émeutes avaient favorisé l’élection de #Nixon, lequel s’était appuyé sur un programme et une stratégie qui avait profondément changé le visage du parti républicain. 
🇺🇸🗳️ Dans "The Real Majority" paru en 1970, les auteurs montrent combien la campagne de #Nixon visait à articuler l’enjeu racial, l’enjeu de sécurité publique et l’enjeu de la redistribution des richesses afin de faire basculer les "petits blancs" traditionnellement démocrates.
🇺🇸🗳️ Et dans ce processus, les émeutes raciales étaient un élément essentiel car à part dans le Sud, les "petits blancs" étaient contrairement à ce qu'on pense globalement favorables aux mesures de #Johnson en direction des Afro-américains (droits civiques et programmes sociaux).
🇺🇸🗳️ (au passage le livre montre aussi que contrairement à ce qu'on dit souvent, la guerre du Vietnam avait un impact quasiment marginal sur l'électorat par rapport à ces enjeux, mais c'est une autre histoire)
🇺🇸🗳️ Ces émeutes raciales ont donc eu un impact global en modifiant les enjeux prioritaires aux yeux des Américains, en imprégnant leur perception d'autres enjeux importants et en teintant leur vision des républicains et des démocrates. Mais un impact direct est aussi observable.
🇺🇸🗳️ Ainsi, dans une analyse statistique poussée, @owasow montre que dans les zones d'émeutes violentes, le vote républicain en 1968 augmentait significativement par rapport à sa progression moyenne. cambridge.org/core/journals/…
🇺🇸🗳️ En revanche, il montre aussi que les manifestations non-violentes avaient un impact électoral positif pour les démocrates.
🇺🇸🗳️ Tout ça tendrait à aller dans le sens d'un effet positif de ces émeutes pour #Trump, mais les situation de 1967-1968 et de 2020 présentent des différences notables qui font qu'il faut rester très prudent.
🇺🇸🗳️ D'autre part, ce clivage imbriquant les enjeux raciaux, sécuritaires et sociaux était en cours de formation en 1968 et avait donc un impact très fort. Aujourd'hui, il est présent depuis 50 ans et n'a pas autant de potentiel de transformation des opinions des électeurs.
🇺🇸🗳️ C'est d'autant plus vrai qu'on se situe aujourd'hui dans un contexte de polarisation politique extrême où 45% des Américains ne voteront jamais démocrate et 45% ne voteront jamais républicain, ce qui réduit davantage encore l'impact potentiel des éléments d’actualité.
🇺🇸🗳️ Les événements peuvent toutefois susciter des mouvements de mobilisation de certains segments électoraux acquis à un parti : la base la plus autoritaire voire raciste du parti républicain ? les minorités et/ou les blancs libéraux ?
🇺🇸🗳️ Mais il est impossible à ce stade de savoir si des électorats seront particulièrement mobilisés (ou démobilisés ?) par ces émeutes, ni dans quelle mesure. Et gare aux présupposés hasardeux : en 2016, beaucoup pensaient que les hispaniques se mobiliseraient face à #Trump...
🇺🇸🗳️ Enfin voire surtout, le scrutin est dans plus de cinq mois. Au début d'année, beaucoup pensaient que l'impeachment avorté serait un aspect essentiel de la campagne, aujourd'hui tout le monde l'a oublié. Pas sûr donc que les émeutes soient encore dans les esprits en novembre.
🇺🇸🗳️ Sur @FiveThirtyEight, on estime que le retour de #Trump à son message sécuritaire/autoritaire de 2016 pour faire face aux émeutes pourrait ne pas être aussi efficace dans un contexte totalement différent. fivethirtyeight.com/features/after…
