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Après mon #Thread sur les performances du parc #nucléaire mondial, on m'a demandé d'en faire un pour présenter simplement le parc français.

Il est vrai que certaines choses me paraissent souvent si évidentes... Alors qu'elles ne le sont pas pour tout le monde, loin de là !
Retour aux bases, aux fondamentaux, donc.

Pour commencer, il faut savoir que le parc français en production de nos jours est composé de 56 réacteurs répartis sur 18 centrales.

58 et 19 il y a peu, avant l'arrêt définitif des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim.
Ce qu'on appelle réacteur, c'est à la base la chaudière nucléaire. Le cœur nucléaire, la cuve qui le contient, les tuyauteries et échangeurs qui vont autour, le tout servant à produire de la vapeur a haute température et haute pression.
À différencier d'une « tranche », qui englobe non seulement le réacteur, mais tout ce qu'il y a autour : salle des machines (turbine et alternateur qui servaient à produire de l'électricité à partir de la vapeur), piscine combustible, auxiliaires, équipements de secours...
Ça c'est si on est très pointilleux.
Mais en pratique, on va très souvent utiliser "réacteur" et "tranche" comme des synonymes, car il y a un réacteur pour une tranche nucléaire et inversement.
Par contre, il faut prendre garde à bien distinguer tranche (ou réacteur) et centrale, car il y a plusieurs tranches par centrale.
En France, il y a TOUJOURS plusieurs tranches par centrale, mais ce n'est pas le cas dans des tas de pays.
Donc je disais, en France, 18 centrales en service, qui comptent chacune deux ou quatre tranches (avec une exception : Gravelines et ses 6 tranches).
Les réacteurs sont usuellement regroupés en trois familles, en fonction de leur puissance électrique, qui s'exprime en MW (ou MWe pour préciser « MW électrique »).
Pour info, un MW, c'est un débit d'énergie. Pour parler avec les unités courantes de nos factures électriques, une production d'1 MW veut dire une production de 1000 kilowattheures (kWh) par heure.
Et pour parler avec les unités de nos cours de physiques, c'est une production d'un million de Joules par seconde.
Trois niveaux de puissance, donc, sur le parc français en exploitation.
- 900 MW (32 réacteurs)
- 1300 MW (20 réacteurs)
- 1450 MW (4 réacteurs dont la puissance est, en réalité, de 1500 MW, mais on les appelle 1450 MW quand même).
Tous ces réacteurs fonctionnent sur le même principe, issu d'une conception américaine :
- Utiliser de l'uranium légèrement enrichi sous forme de barres
- Utiliser de l'eau ordinaire (par opposition à l'eau lourde) pour refroidir le cœur et ralentir les neutrons
- Garder cette eau liquide malgré la température (environ 300°C) en la gardant sous très haute pression (150 bar)
- La faire circuler dans des échangeurs de chaleur où un autre circuit d'eau ordinaire circule aussi, le circuit secondaire
- Utiliser le transfert de chaleur pour faire s'évaporer l'eau du circuit secondaire
- Utiliser le transfert de chaleur pour faire s'évaporer l'eau du circuit secondaire
- Utiliser la vapeur pour entraîner une turbine
- Liquéfier la vapeur avec un troisième circuit
On l'appelle la technologie REP (Réacteurs à Eau Pressurisée) ou PWR (Pressurized Water Reactors). Et c'est la technologie de très loin la plus répandue dans le monde, aussi bien dans la production électrique... Que la propulsion navale.
Pour aller plus loin sur les différentes technologies de réacteurs, je vous renvoie vers ce précédent thread :
doseequivalentbanana.home.blog/2019/02/14/fil…
Donc pour récapituler, le parc français en exploitation, c'est :
32, 20 et 4 REP de différentes puissances, soit 56 réacteurs, dans 18 centrales comptant 2 à 4 voire 6 réacteurs chacune.
Mais c'est aussi :
- L'EPR, en construction, un REP de 1600 MW qui sera le troisième réacteur d'une centrale qui en compte déjà 2
- 3 REP à l'arrêt définitif (2 à Fessenheim et surtout, le prototype Chooz A)
- Une douzaine de réacteurs de d'autres technologies, en démantèlement.
Ces 18 centrales sont réparties comme suit :
- 5 sur les littoraux (Mer du Nord, Manche, estuaire de la Gironde)
- 13 sur les cours d'eau (Rhône, Ain, Seine, Loire, Garonne, Vienne, Meuse, Moselle)
Et pour les reconnaître... C'est à ces bâtiments cylindriques en béton, sans ouverture, et leurs dômes.
Ici la centrale de Fessenheim, qui était, elle, sur le Rhin.
Oubliez les majestueuses tours aéroréfrigérantes pourtant emblématiques.
Déjà, parce qu'elles n'en sont pas toutes munies. Aucune des centrales en bord de mer, déjà, comme ici, Blayais.
(aucun rapport, mais je ne peux pas m'empêcher de vous partager l'article que j'ai ouvert pour piquer la photo : nexus.fr/actualite/exol… )
Et si les tours de refroidissement sont courantes pour les centrales en bord de fleuve, certaines s'en dispensent. Comme celle de Fessenheim présentée plus haut, mais aussi par exemple celle de Saint-Alban, sur le Rhône.
Mais aussi et surtout, oubliez les tours parce qu'elles n'ont rien de spécifique aux centrales nucléaires, mais sont emblématiques des centrales thermiques en général, peu importe la source de chaleur...
Par exemple cette photo TRÈS courante dans les articles qui parlent de nucléaire...
...est celle des tours de la centrale allemande de Jänschwalde, qui compte 6 tranche de 500 MW chacune, alimentées en lignite (un charbon de basse qualité) extrait dans le voisinage.
En France, je ne connais pas beaucoup de centrales électriques non-nucléaires munie de telles tours. Il y a la centrale charbon/biomasse de Gardanne, en Provence, reconnaissable à sa cheminée bien plus grande que n'importe quelle tour de refroidissement.
La très récente centrale à gaz de Bouchain, dans le Nord.
La centrale à charbon et gaz Émile Huchet, en Lorraine.
Et... Je n'en connais pas d'autres.
Il y a aussi l'ancienne usine d'enrichissement d'uranium George Besse, qui possède deux tours très visibles depuis l'A7 et souvent attribuées, à tort, à la centrale nucléaire de Tricastin. Mais cette dernière n'en possède pas.
Voilà : puissances, nombres, apparence, technologie... Je pense que je vous ai donné toutes les bases sur le parc nucléaire français actuel. Il ne tient qu'à vous de chercher ou demander si vous voulez en savoir davantage.
Ah, si, quelques dates !
La centrale de Fessenheim a été mise en chantier en 1971, le premier réacteur a démarré en 1977.
Sur le parc actuel, la plus ancienne centrale est celle de Bugey : on oublie le réacteur 1 arrêté depuis 25 ans, et le réacteur 2, lui, a été mis en chantier en 1972 et fonctionne depuis 1978.
Et la plus récente est celle de Civaux, dont les deux réacteurs ont été construits à partir de 1988 et 1991 et ont démarré en 1997 et 1999.

Donc en gros, comptez que les réacteurs ont tous entre 20 et 40 ans.
Pour une moyenne qui s'établit à 35 ans en 2020.

Quant à l'EPR de Flamanville, en chantier depuis 2007, il est à présent attendu pour 2023.
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