Thread by @ChPiret

Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience s'apprête à être suspendue, possiblement jusqu'à une semaine supplémentaire. Les détails sont à suivre avec @sophparm
Ici, vous pourrez retrouver l'ouverture d'un autre procès d'attentat : celui du Thalys, le 21 août 2015.

Au procès de l'attentat raté du #Thalys l'assaillant sera, chose rare, dans le box. Ayoub El-Khazzani encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son procès et celui de ses coaccusés doit durer un mois. Plus de détails ici > franceinter.fr/proces-de-l-at…

Les accusés du procès #Thalys sont arrivés dans le box de la salle Voltaire, au vieux palais de justice. Quatre hommes qui doivent répondre de l'attentat et d'aide logistique à Ayoub El-Khazzani. L'audience devrait s'ouvrir d'une minute à l'autre.

La famille du principal accusé est arrivée dans la salle. Trois femmes échangent des signes avec Ayoub El-Khazzani qui se tient à l'extrémité du box, au plus près de la cour.

Dans le box aussi: Bilal Chatra qui a joué les éclaireurs pour les terroristes de l'état islamique depuis la Syrie jusqu'à l'Europe.
Egalement Redouane El-Amrani, accusé pour son rôle de passeur notamment. Et Mohamed Bakkali, que l'on retrouvera dans le procès du #13Novembre2015

La cour présidée par Franck Zientara fait son entrée. L'audience est ouverte.
Le président débute par un rappel sanitaire "on porte le masque à toute occasion et on évite de se rassembler à l'extérieur, même si je sais que c'est difficile."

Trois interprètes sont installés devant le box. Ils traduisent en direct les propos tenus au cours de ce procès, à l'aide d'un micro. Trois des quatre accusés ont une oreillette pour les entendre.

Ayoub El-Khazzani se lève.
Le président : pouvez-vous donner votre nom, date de naissance ?
Il répond en français : Khazzani Ayoub, 3/9/1989
- Votre profession avant d'être incarcéré ?
- Pâtisserie
- Votre domicile avant d'être incarcéré ?
- A Molenbeek

Ayoub El-Khazzani explique qu'il comprend le français et le parle un peu "mais je cale parfois un peu sur les mots".
Les autres accusés se présentent à leur tour.

Mohamed Bakkali, chemise grise, cheveux ras et légère barbe, est le dernier à se présenter. De nationalité belge, il est le seul à maîtriser parfaitement le français. Mohamed Bakkali, qui est incarcéré à la prison de la Santé, sera aussi accusé dans le procès du #13Novembre2015

On passe à la liste des parties civiles. Le président précise que l'une des victimes qui "ne souhaite pas se présenter pour des raisons personnelles" selon son avocate, ne veut pas non plus que son nom soit prononcé. "Nous l'appellerons monsieur Damien A.", précise le président.

Parmi les parties civiles, les trois américains Spencer Stone, Aleksander Skarlatos et Anthony Sadler qui ont désarmé Ayoub El-Khazzani et que l'on a vu jouer dans le film de Clint Eastwood qui leur a été consacré.
Ils viendront à l'audience en fin de semaine.

Dans la salle en revanche, Mark Moogalian, grièvement blessé par balle ce 21 août 2015. Il est venu avec son épouse, qui était aussi présente dans ce Thalys 9364 à destination de Paris.

La cour se penche sur la liste des témoins cités à comparaître. Dans cette liste un certain Clint @Eastwood_ qui "ne s'est pas manifesté" précise le président.
L'avocate d'Ayoub El-Khazzani insiste : "je ne pense pas que ce soit la personne la plus difficile à retrouver"

@Eastwood_ Me Mauger-Poliak souhaite entendre Clint @Eastwood_ : "ce n'est pas pour le folklore. Je n'ai pas formulé cette demande à la légère. Ce n'est pas une lubie de la part de la défense".
Le président ne cache pas son scepticisme. "Vous souhaitez maintenir cette demande?"

@Eastwood_ Le président indique qu'il organisera un débat en fin d'après-midi aujourd'hui sur la question de la citation à comparaître de Clint @Eastwood_ à ce procès de l'attentat raté du #Thalys

L'appel des témoins étant terminé, le président s'attelle à la lecture du rapport sur les faits, comme c'est la règle en début d'audience.
J'en profite pour préparer mon direct de 12h sur @franceinter et vous retrouve cet après-midi pour la suite de ce LT.

L'audience reprend avec une nouveau rappel du président sur le port du masque : "les interprètes, faites bien attention. Le masque doit être sur le nez".

Président : "monsieur El-Khazzani, pouvez-vous vous lever, s'il vous plaît. On va évoquer votre personnalité, comme c'est l'habitude. Mais avant, cette cour serait très intéressée de connaître votre position sur les faits qui vous sont reprochés"

Président : est-ce que vous reconnaissez les faits qui vous sont reprochés.
Ayoub El-Khazzani : "oui"
- l'ensemble des faits ?
- oui, l'ensemble des faits.

Président à Ayoub El-Khazzani : "vous aviez 25 ans lors des faits et vous avez 31 ans aujourd'hui. Vous aviez une kounia ?"
"Quand j'étais en Syrie, j'avais une kounia qui était Abou Abderrahmane Al Andalousi"

Dans un français un peu hésitant, Ayoub El-Khazzani raconte son père, peintre en bâtiment, mais "à l'ancienne", un peu distant mais auquel il "ressemble par rapport à ma personnalité".
Une mère femme au foyer, marocaine elle aussi.

Le président résume : "vous avez la nationalité marocaine mais vous viviez avec vos parents en Espagne, à Algésiras. Vous aviez une carte de résident espagnol ? "
Ayoub El-Khazzani : "oui, je pouvais voyager en Europe".

Ayoub El-Khazzani ne fait pas renouveler sa carte de résident espagnol : "j'étais dans une autre dimension, j'étais allé en Syrie. J'étais dans un autre monde, en fait".

Ce moment où Ayoub El-Khazzani explique qu'avant de partir en Syrie, il habitait avec sa soeur à Molenbeek. Le président interroge : "Monlenbeek, c'est un quartier de Bruxelles, c'est ça ?"

Ayoub El-Khazzani est invité à décrire sa famille. Il est question d'un de ses frères. "Il est étudiant en religion à Tetouan (Maroc)".
Président : "à 33 ans, il est toujours étudiant en sciences islamique, bon".

Ayoub El-Khazzani explique que son frère aîné l'a aidé à une époque à "sortir de la drogue, par la sincérité de ses conseils religieux."

Ayoub El-Khazzani a rejoint son père en Espagne dans le cadre d'un regroupement familial.
"A Tetouan (Maroc), il était peintre en bâtiment."
- Il avait une entreprise ?
- Oui, mais une entreprise au bled, c’est qu’il avait un téléphone et il va travailler pour des gens.

Arrivés en Espagne, Ayoub El-Khazzani et sa famille vivent à Madrid dans un quartier "où il y a de la drogue".
Il est arrêté 2 fois pour trafic de cannabis : "c'était un petit trafic."
- vous gagniez combien ?
- 100 à 500 euros par jour
- donc vous étiez un trafiquant notoire

L'avocate d'Ayoub El-Khazzani intervient sur la traduction des propos de son client. Petit débat entre les 3 interprètes présents à l'audience. Il ne s'agit donc pas de "500 euros par jour", mais "par mission" que gagnait l'accusé comme trafiquant de drogue.

Ayoub El-Khazzani poursuit sur son parcours : il distribue un temps des prospectus en Espagne, puis arrive en France où il travaille pour l'entreprise Lyccamobile. A la fin de son contrat, il rejoint ensuite la Belgique et s'installe pour un an chez sa soeur, à Molenbeek.

Le président interroge Ayoub El-Khazzani sur ses coaccusés. A peine reconnaît-il avoir "croisé" Bilal Chatra (qui a servi d'éclaireur sur la route de Syrie). Les autres? "jamais vu" indique-t-il après avoir toutefois demandé à Mohamed Bakkali s'il pouvait retirer son masque.

Le président interroge Ayoub El-Khazzani sur son engagement religieux.
Ayoub El-khazzani : "j’ai appartenu au groupe état islamique à un moment. Mais je suis musulman, c’est tout. De tradition marocaine. Sunnite. Je fais les 5 prières par jour, le ramadan."

Le président revient sur la mosquée qu'il fréquentait en Espagne. "Vous portiez le qamis régulièrement ..."
Ayoub El-Khazzani : "oui, c'est ça. La barbe aussi."

Il est question de la détention provisoire d'Ayoub El-Khazzani depuis cinq ans et deux mois.
Une scie artisanale réalisée à l'aide d'une boîte de conserve a été retrouvée dans sa cellule. Le président : "or, un an avant, vous aviez commandé deux boites de sardines à l'huile".

Ayoub El-Khazzani : "j'assume, je ne suis pas gratuitement en prison. C'est dur, l'isolement ça parle de lui-même. Mais je mérite d'être là."
Il s'était plaint préalablement d'être réveillé régulièrement et à plusieurs reprises la nuit.

Le président revient aussi sur une phrase écrite en arabe dans la cour de promenade.
Ayoub El-Khazzani : "je ne savais pas que c'était interdit"
Président : "on le sait depuis l'école primaire, on n'écrit pas sur les murs, c'est interdit."

Ayoub El-Khazzani revient sur les faits qui lui sont reprochés : "pour les victimes [il se tourne vers la salle], je suis désolé. Je reconnais ce que j'ai fait, mais ce que dit le juge d'instruction, je ne suis pas d'accord."

Ayoub El-Khazzani interrogé par l'avocat général sur sa conception de l'Islam : "au milieu, je dirais au milieu ...."

"Et les femmes?" demande l'avocat général. "Vous ne le serrez pas la main?"
Ayoub El-Khazzani : "oui, c'est vrai".
Me Sarah Mauger-Poliak sourit : "bon, il semblerait que pour son avocate, il fasse une exception ...."

L'avocat général revient sur l'engagement d'Ayoub El-Khazzani dans l'état islamique, qu'il a comparé à des "Robins des bois". "Des Robins des bois ? Quand ils décapitent James Foley? Vous êtes allé là-bas parce qu'ils vous ont fasciné avec leurs sabres et leurs kalachnikovs...."

Ayoub El-Khazzani : "quand tu as 25 ans, tu es fasciné, tu n'a pas de vécu. Moi ce qui m'a fasciné pour partir en Syrie, la base de tout, c'est les injustices commises."
Avocat général : "quand vous entrez dans le Thalys c'est avec une kalachnikov, pas une trousse de secours"

Me Sarah Mauger-Poliak : "vous apprenez le Coran par coeur, pourquoi?"
Ayoub El-Khazzani : "j'apprends plein de choses : la science, le français et aussi le Coran".
Son avocate précise qu'il a passé plusieurs diplômes en détention.

Ayoub El-Khazzani : "les études c'est ma fenêtre vers dehors, je suis à l'isolement et c'est un bonheur."
Son avocate indique qu'il lui envoie ses relevés de notes, ses dictées effectuées en prison.

Soudain, l'accusé Bilal Chatra se lève et quitte le box.
Le président interrompt les questions de l'avocate d'Ayoub El-Khazzani à son client.
"Si vous voulez aller aux toilettes, il faut demander une suspension. Vous ne pouvez pas sortir comme ça !"

L'audience est suspendue 5 minutes avant le débat prévu sur l'audition de Clint Eastwood.

Fin de la suspension et place au débat sur la citation à comparaître de Clint @Eastwood_ au procès du #Thalys
Me Sarah Mauger-Poliak : "ce film se présente comme une histoire vraie. Et il va faire jouer messieurs Stone, Skarlatos et Sadler [parties civiles au procès, ndlr]."

Me Mauger-Poliak : "vous avez aussi l'équipe médicale, des pompiers qui vont jouer dans ce film. Les parties civiles ont donné une large promotion. Monsieur Stone y a dit : "la section dans le train est 100% vraie. Monsieur Eastwood nous posait des questions sur tous les détails"

Me Mauger-Poliak : "Monsieur Clint Eastwood pourrait venir nous apporter un éclairage sur les consignes de tournage, le déroulement des scènes qui prétendent retracer avec exactitude les événements qui se sont passés dans le Thalys"

Me Sarah Mauger-Poliak rappelle que la reconstitution des faits lui a d'abord été refusée dans un premier temps, puis accordée mais les trois Américains parties civiles n'y ont pas participé. "Ils n'ont finalement jamais été confrontés à monsieur Ayoub El-Khazzani"

Me Sarah Mauger-Poliak : "je ne vais pas vous demander d'aller chercher de force monsieur Clint @Eastwood_ . La défense sait être raisonnable. Simplement, ne pouvons-nous pas voir s'il n'accepterait pas de comparaître par le biais de la visioconférence"

L'avocat général : "je ne vois pas l'opportunité d'entendre un témoin qui n'est témoin de rien, qui a 90 ans, en pleine crise sanitaire, si ce n'est pour faire un battage médiatique". Le parquet général s'oppose donc à cette citation et dénoncer une "plaidoirie du buzz".

Le président tranche : "considérant que Clint @Eastwood_ n'est pas témoin des faits et que les parties civiles seront présentes à l'audience", "il convient de passer outre."
Le réalisateur américain ne sera donc pas entendu à ce procès.

L'audience est suspendue jusqu'à demain 9h30.