Deuxième journée d'audience au procès de l'attentat raté du #Thalys
Après Ayoub El-Khazzani hier, l'audience se poursuit avec l'examen de la personnalité des autres accusés. On débute par Redouane El-Amrani, accusé d'avoir joué un rôle de passeur.
Mais d'abord, il faut régler les problèmes de micros et de traduction. Trois des accusés maîtrisent mal le français, qui n'est pas leur langue maternelle. Trois interprète en arabe se relaient donc pour traduire l'audience en direct. Mais non sans problèmes techniques.
Redouane El-Amrani, né dans un petit village marocain, raconte son père aveugle, qui lit dans l'avenir, une "enfance très dure, très pauvre. On n'avait rien.", ses 6 demi-frères et soeurs et ses .... il compte sur ses doigts ... 4 frères et soeurs.
Redouane El-Amrani, qui a 28 ans, raconte comment il travaille depuis très jeune. "Je vendais des sacs de courses sur les marchés".
Le président souligne que les déclarations que l'accusé a faites lors de sa demande d'asile en Allemagne sont en contradiction avec celles d'aujourd'hui.
Redouane El-Amrani : "tout le monde ment. On m'a dit :"il faut créer une histoire difficile, sinon tu n'auras pas l'asile"."
Redouane El-Amrani explique qu'il a "toujours eu des problèmes avec la drogue : j'ai commencé à fumer du shit à 17 ans. Au Maroc, il y en a beaucoup. La 1ere chose que j'ai fumée c'était du shit. J'ai consommé de l'ecstasy, de la cocaïne. Je prenais aussi des médicaments."
Redouane El-Amrani poursuit :"je n'aimais pas rester sans travail. Je fais de tout." En l'occurrence : du carrelage mais aussi de la fabrication de dentelle dans l'atelier de son oncle.
Président : "pourquoi vous partez du Maroc ?"
Redouane El-Amrani : "mon but c'était d'améliorer ma situation, fonder une famille, aider mes frères parce que je ne voulais pas qu'ils vivent comme moi."
Il met le cap sur Istanbul et tente à plusieurs reprises de passer en Europe.
Redouane El-Amrani : "pour moi l'islam, c'est ne pas faire de tort, ne pas tuer sans raison. Même dans le Coran, il y a des versets qui disent "qui a tué une âme sans raison, c'est comme s'il a tué un peuple"."
Redouane El-Amrani raconte son périple à travers l'Europe : il est entré par la Grèce, puis la Macédoine, la Serbie, la Hongrie.
"on a marché plus de dix jours, on n'avait pas de quoi manger."
Redouane El-Amrani arrive finalement en Allemagne où il obtient l'asile, un logement et une allocation "de 327 euros pas mois".
Président : "c'est pour cela que vous avez choisi l'Allemagne?"
- oui, c'est ça. C'était très bien là-bas. Ils nous ont bien accueilli.
Le président : "vous avez ouvert des comptes sous différentes identités pour percevoir plusieurs fois les allocations ?"
Redouane El-Amrani : "ça se fait pas, par rapport à des gens qui vous ont intégré. On vous conseille de faire des choses illégales et vous le faites"
Le président : "qu'est-ce que vous pensez des gens de Daech?"
Redouane El-Amrani : "ce qu'ils font c'est inacceptable, ce n'est pas ça la religion. Ils se déguisent dans le corps des musulmans mais en réalité, ils ne pratiquent pas le vrai islam".
Redouane El-Ramdani revient sur sa rencontre avec Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur des attentats du #13Novembre dans une maison d'Edirne (Turquie) : "il était gentil, je ne sais pas ce qu'il avait en tête. Moi ma seule idée c'était de rentrer en Europe."
Redouane El-Amrani est très ému lorsqu'il évoque ses conditions matérielles difficiles au Maroc et la volonté d'une meilleure vie en Europe : "au Maroc, il faut que le fils aîné [ce qui est son cas ndlr] soit comme un 2e papa pour la maison".
Pour la suite de l'audience, la cour examine la personnalité de Bilal Chatra, plus jeune des quatre accusés, âgé de 24 ans. Originaire d'Algérie, il raconte un oncle ingénieur d'état et une tante professeur de français. Mais lui était "un enfant de la rue", dit-il.
Bilal Chatra explique avoir arrêté l'école à 14 ans.
Président : "quand vous étiez en Algérie, vous vouliez faire quelque chose de votre vie?"
Bilal Chatra : "je n'avais aucun avenir en Algérie. Moi ce que je voulais c'était découvrir des pays. Et puis revenir."
Bilal Chatra : "j'ai rencontré monsieur Abaaoud [coordonnateur des attentats du #13Novembre] en Turquie. Il me parlait souvent du Shâm, il me disait qu'il y avait un état islamique là-bas, qu'il y avait une belle vie là-bas."
Depuis la Syrie, Bilal Chatra rejoint l'Allemagne. Il est incarcéré pour vol, tente de ce suicider, est libéré. Finalement, il est arrêté en avril 2016 pour son appartenance au groupe état islamique. Il sera ensuite mis en examen en France dans ce dossier de l'attentat du #Thalys
Comme Ayoub El-Khazzani avant lui, Bilal Chatra affirme ne pas connaître l'accusé Mohamed Bakkali. C'est pourtant lui qui est les aurait ramenés d'Allemagne jusqu'à une planque de Bruxelles (planque jamais retrouvée par les enquêteurs) dans la perspective de l'attentat du #Thalys
Il est question des divers incidents de détention de Bilal Chatra. Le président lit un rapport de l'administration pénitentiaire : "le surveillant dit :"il a été menaçant en arabe". Vous lui avez dit quoi?"
Bilal Chatra : "c'est possible que je l'ai insulté".
Le président poursuit l'énumération des problèmes en détention de l'accusé, des agressions de surveillants.
Bilal Chatra : "la détention, c'est comme ça, il y a beaucoup de violence. La prison c'est pas une maison de repos."
Lors de son premier interrogatoire, Bilal Chatra n'hésite pas à recadrer les débats : "je répondrai à cette question plus tard, là c'est le moment de l'enquête de personnalité", ni même à citer des éléments du dossier : "vous avez fait une procédure d'entraide avec l'Algérie"
Avocat général : "pourquoi vous quittez l'Algérie à 18 ans si vous n'avez pas de problème en Algérie?"
Bilal Chatra :"j'aime bien travailler, découvrir le monde puis revenir en Algérie et leur donner une bonne image."
L'avocat général, sceptique : "vous quittez l'Algérie pour découvrir le monde et arrivé en Turquie immédiatement vous devenez passeur?"
Bilal Chatra : "c'est le destin"
Avocat général : "passeur en Turquie, sniper en Syrie, éclaireur dans les Balkans, c'est ça que vous appelez "varier les expériences"?"
Bilal Chatra : "c'est différents aspects de ma personnalité"
Bilal Chatra, agacé par les questions de l'avocat général : "en fait vous êtes en train de noircir le tableau. Il y a des personnes qui nous écoutent et vous dites que je suis une personne violente."
Selon Bilal Chatra, s'il est devenu violent c'est à cause des deux ans passés à l'isolement : "on m'a massacré psychologiquement."
Avocat général : "comment avez-vous appris les attentats du #13Novembre 2015?"
Bilal Chatra : "par la télévision allemande, longtemps après, en 2016."
- donc vous êtes la seule personne en Europe à ne pas avoir été informée des attentats du 13 novembre 2015.
Avocat général : "comment avez-vous réagi quand vous avez appris les attentats du #13Novembre 2015 ?"
Bilal Chatra : "j'ai oublié"
A la barre, l'enquêtrice de personnalité décrit son entretien avec Bilal Chatra : "il était très méfiant. Il s'est montré coopérant mais ça s'est joué sur un fil de rasoir. Je sentais qu'il pouvait clore l'entretien à tout moment."
La même enquêtrice de personnalité évoque maintenant Mohamed Bakkali, 4e accusé de ce procès, également accusé dans le dossier des attentats du #13Novembre
L'enquêtrice au sujet de Mohamed Bakkali : "il est en quartier d’isolement, pratiquement depuis 2015, en dehors de 4 mois en Belgique où il est sorti du quartier d’isolement parce qu’il décompensait, il avait des hallucinations. "
Enquêtrice : Mohamed Bakkali "m’a fait comprendre que le fait de ne pas avoir d’échange avec d’autres [du fait de l'isolement en détention] fait qu’il est en perte de repères par rapport à lui-même. Il est confronté à une sorte de vide et c’est très perturbant pour lui."
Enquêtrice de personnalité de Mohamed Bakkali : "il m’a semblé dans une certaine lucidité quant aux perspectives qui s’ouvrent devant lui. C'est à dire la détention. Il ne s'attendait pas à autre chose. Je l'ai senti dans une recherche de prendre ses responsabilités."
De retour d'une suspension, le président s'agace : "quand je dis 5 minutes, c'est pas un quart d'heure! On ne part pas. Sinon, je ne ferai aucune pause. Ce n'est pas un problème pour moi."
Ceci étant dit, on passe à l'examen de la personnalité de Mohamed Bakkali, accusé belge qui a grandi à Verviers, "petite ville où tout le monde se connaît".
"Une enfance heureuse?" interroge le président. "Oui, je pense".
Mohamed Bakkali allait souvent chercher son frère qui vit au Maroc à l'aéroport de Dusseldorf : "c'était à 1h15 de Verviers".
Président : "donc c'est quelque chose que vous faisiez facilement, aller chercher des gens...."
Mohamed Bakkali sourit : "aller chercher ma famille, oui".
Pour comprendre le tweet précédent, rappelons que Mohamed Bakkali est notamment accusé d'être allé chercher Ayoub El-Khazzani, l'assaillant du #Thalys en Allemagne pour le ramener dans une planque en Belgique.
Mohamed Bakkali, qui a eu le bac, puis a travaillé dans le garage de son père suit un temps des cours d'arabe : "j’avais un projet pour partir à Médine, en Arabie saoudite. Ca s’est annulé, mais j’ai toujours eu envie d’apprendre l’arabe. Déjà pour comprendre le Coran."
C'est pendant ces cours d'arabe que Mohamed Bakkali rencontre Khalid El-Bakraoui, qui va faire partie de la cellule des attentats du #13Novembre2015 puis sera l'un des kamikazes des attentats du #22Mars2016 à Bruxelles et dans l'aéroport de Zaventem.
Le président poursuit son énumération des personnes que Mohamed Bakkali fréquentait : beaucoup sont des personnes connues pour leur implication dans les attentats du #13Novembre2015 à Paris et Saint-Denis et du #22Mars2016 à Bruxelles et Zaventem.
Le président revient également sur la vie sentimentale de Mohamed Bakkali. Il a été marié deux fois et a eu trois enfants, dont un fils conçu lors d'un parloir et né en 2017 alors qu'il était déjà en détention pour les attentats du #Thalys et du #13Novembre2015
Mohamed Bakkali répond sans détour aux nombreuses questions du président et assume : "Ibrahim El-Bakraoui [l'un des kamikazes des attentats de Bruxelles] je l'ai accueilli plusieurs fois chez moi pendant sa cavale, dans la chambre de ma fille [en garde partagée, ndlr]"
Mohamed Bakkali : "l’attachement à la religion est vraiment ancien dans ma famille. Donc à l’âge adulte, c’était une évidence que je devais me renseigner sur ma religion. J’ai eu certaines pratiques apparentées au salafisme, mais je ne me suis jamais associé à un courant. "
Mohamed Bakkali au sujet des chevilles ouvrières des attentats du #13Novembre2015 et kamikazes de Bruxelles le #22Mars2016 : "les frères El-Bakraoui ne connaissaient pas grand chose à la religion. Quand ils faisaient la prière, ils faisaient des erreurs."
Au détour d'une explication sur un incident en détention, Mohamed Bakkali dit de ce procès de l'attentat raté du #Thalys que c'est "un procès où je n'ai rien à avoir".
Président : "les faits, vous les reconnaissez ou vous les contestez?"
Mohamed Bakkali : "je les conteste. Je ne suis pas le chauffeur, puisqu'en gros c'est ça qu'on me reproche".
Il est question d'un projet d'évasion de la prison de Brugges, que Mohamed Bakkali conteste. "Je me suis rendu moi-même à la police", rappelle-t-il à l'audience.
"C'est vrai, je l'ai rappelé dans le rapport", indique le président.
Avocat général : "depuis que vous êtes adulte, vous avez vécu dans l'illégalité ..."
Mohamed Bakkali : "oui"
- la contrefaçon, ....
- oui, c'était de la vente de vêtements. Je ne considérais pas ça comme grave. A posteriori, je me rends compte que c'est une grave erreur.
Avocat général : "Vous vous en sortez bien dans l'illégalité. Vous avez voyagé en Turquie, en Egypte, vous avez deux enfants, vous payez vos factures : vous avez un train de vie particulièrement conséquent.
Mohamed Bakkali : "oui, je gagnais bien ma vie".
Avocat général : "vous n'avez jamais envisagé vous installer en Syrie?"
Mohamed Bakkali : "non, parce qu'on ne m'a jamais empêché de pratiquer ma religion ici."
Avocat général : "vous avez dit que vous n'avez jamais fréquenté de personnes parties en Syrie."
Mohamed Bakkali : "je ne les ai pas fréquenté"
- moi je n'ai jamais fréquenté une mosquée de quelqu'un qui est parti en Syrie
- vous avez déjà fréquenté une mosquée tout court?
L'avocat général fait projeter une photo de Mohamed Bakkali lors de son pèlerinage à la Mecque. Il porte longue barbe et qamis : "on peut dire que vous avez une apparence physique salafiste assumée. Vous êtes d'accord ?"
Mohamed Bakkali : "complètement d'accord avec vous. "
L'audience est suspendue. Elle reprendra demain matin à 9h30.
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Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience s'apprête à être suspendue, possiblement jusqu'à une semaine supplémentaire. Les détails sont à suivre avec @sophparm
Ici, vous pourrez retrouver l'ouverture d'un autre procès d'attentat : celui du Thalys, le 21 août 2015.
Au procès de l'attentat raté du #Thalys l'assaillant sera, chose rare, dans le box. Ayoub El-Khazzani encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son procès et celui de ses coaccusés doit durer un mois. Plus de détails ici > franceinter.fr/proces-de-l-at…
Les accusés du procès #Thalys sont arrivés dans le box de la salle Voltaire, au vieux palais de justice. Quatre hommes qui doivent répondre de l'attentat et d'aide logistique à Ayoub El-Khazzani. L'audience devrait s'ouvrir d'une minute à l'autre.
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience ne reprendra pas demain matin comme prévu. L'accusé principal, Ali Riza Polat a été testé positif à la Covid 19.
L'audience est suspendue jusqu'à mercredi matin (au moins).
Tous les détails avec @sophparm > franceinter.fr/justice/le-pri…
Au procès des #AttentatsJanvier2015 le principal accusé souffre de la Covid 19. Et selon les premiers résultats des tests, au moins deux autres accusés ont été testés positifs. L'audience ne reprendra donc pas cette semaine.
Au procès des #AttentatsJanvier2015 : les tests des 5 accusés incarcérés à Fleury-Merogis pour le procès se sont révélés négatifs. D'autres tests seront à nouveau effectués ce jeudi 5 novembre. La date de reprise du procès "reste à ce jour indéterminée" selon le président.
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend avec aujourd'hui une série de témoin dans les auditions ont été décalées pour cause de retard pris à l'audience.
Un avocat de partie civile souhaite prendre la parole pour dénoncer les propos tenus hier par le beau-père de Miguel Martinez. "Je l'ai entendu déclaré [au sujet de sa fille ndlr] "elle a trahi sa race". Je souhaite condamner fermement ces propos ouvertement racistes.
A son tour pour la défense, Me Daphné Pugliesi se lève et dénonce "moi aussi, mais aussi unanimement pour la défense ces propos que j'ai aussi entendus."
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend avec la suite de l'examen des faits reprochés à Abdelaziz Abbad.
(si vous voulez retrouver le LT de l'audience de ce matin, c'est chez @cocale )
Pour mémoire, Abdelaziz Abbad est accusé d'avoir participé à la fourniture des armes et, possiblement d'avoir rencontré Saïd Kouachi (même si lui aujourd'hui dit plutôt qu'il s'agissait de quelqu'un qui lui ressemblait).
Il est donc question de la taille de la barbe de Saïd Kouachi.
"On n'est pas sur une barbe type père Noël qui lui mange tout le visage" indique l'avocate générale en réponse à Abdelaziz Abbad qui affirme qu'il a vu Saïd Kouachi sans barbe une quinzaine de jours avant l'attentat.
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend avec au programme aujourd'hui l'interrogatoire sur les faits de Michel Catino, plus vieil accusé du box, âgé de 68 ans.
Michel Catino a été décrit dans le dossier comme étant l'homme de main de Metin Karasular, l'accusé interrogé hier. Le compte-rendu de l'audience d'hier est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/au-pro…
Michel Catino :"je reconnais que j'ai transporté un sac [avec des armes ndlr]. Mais tout le reste je reconnais pas. Je ne suis pas en lien avec le terrorisme. Je ne sais pas ce que ça veut dire. "
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend pour la 8e semaine. Aujourd'hui est prévu l'interrogatoire sur les faits de l'accusé Metin Karasular.
Mais avant toute chose, le président tient à revenir sur l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine vendredi au cours duquel un enseignant, qui avait montré des caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves, a été décapité.
Le président prend la parole : "au moment où la cour d'assises reprend les débats relatifs aux attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher dans lesquels 17 personnes sont mortes ..."