De retour au procès de l'attentat raté du #Thalys
Au programme aujourd'hui : l'audition des passagers du train, dont les américains. Mais l'un d'entre eux Spencer Stone a été "hospitalisé hier à son atterrissage" précise son avocat.
"On m'a dit qu'il [Spencer Stone] allait mieux aujourd'hui, mais n'est pas en état d'être entendu par la cour aujourd'hui. Un point sera fait dans la journée", indique Me de Montbrial. En revanche Anthony Sadler pourra être entendu à sa place cet après-midi.
"Mes trois clients américains sont très conscients de l'importance pour eux d'être entendus", insiste Me de Montbrial.
Ces trois Américains sont en effet ceux qui ont désarmés Ayoub El-Khazzani dans le train (et qui ont joué dans le film de Clint Eastwood qui leur est consacré)
Un autre passager du train, partie civile, qui a indiqué qu'il ne voulait pas que son nom soit diffusé, ne viendra pas non plus témoigner. Le président s'attelle donc à la lecture de son audition devant les enquêteurs.
Ce passager, Damien A. est le premier à s'être opposé à Ayoub El-Khazzani en le "saisissant par le cou" alors que l'assaillant venait de sortir des toilettes du train, "torse nu, armé d'une kalachnikov, avec un petit sac à dos sur le ventre".
Damien A. a l'habitude de ce trajet Amsterdam-Paris, a-t-il expliqué aux enquêteurs. Il voyage généralement en voiture bar. "Ce qui a particulièrement attiré mon attention c'est la kalachnikov qu'il portait en bandoulière à l'instar des militaires avec leur famas".
Damian A. décrit Ayoub El-Khazzani comme "déterminé, il m'a fixé avec un air de défiance". "Je me l'ai saisi par le cou et je l'ai poussé dans un coin. Je me suis presque blotti contre lui pour ne pas qu'il puisse se saisir de son arme".
Damien A. est alors seul dans l'espace situé au bout du wagon. "J'ai réussi à le maîtriser pendant environ 15 secondes". Puis, "il s'est retourné vers moi et il m'a mis en joue. Je pense que son arme ne marchait pas car il n'y a eu aucun coup".
Lors d'une autre audition, Damien A. a expliqué aux enquêteurs qu'il avait d'abord "pensé à une blague, genre canular". Puis, il a croisé le regard de l'assaillant. "Sans réfléchir, j'ai sauté sur lui avec mes deux mains, j'ai serré fort en l'étranglant".
Une fois Ayoub El-Khazzani totalement maîtrisé par d'autres passagers, Damien A. a ensuite été dans d'autres wagons pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'autres assaillants dans le train. C'est lui aussi qui a prévenu le personnel du train.
Michel Bruet "contrôleur à la SNCF depuis 1982" s'est avancé à la barre. Cheveux grisonnant, lunettes, pull sombre. "Je fais le trajet Paris-Amsterdam depuis 1998 et j'étais contrôleur sur le train 9364", explique-t-il pudiquement.
Michel Bruet explique que "le Thalys qui est un produit phare" il n'avait jamais connu d'agression physique comme c'est plus courant sur d'autres train de la part de passagers voyageant sans billet.
Président : "travailler sur le Thalys c'est une sorte de récompense?"
- C'est ça.
Michel Bruet a pris son service en gare de Bruxelles-Midi. Il explique n'avoir personnellement vu personne monter dans la rame en provenance d'Amsterdam. "On n'avait rien remarqué de suspect ou d'anormal".
Michel Bruet :" j'ai entendu un boum, j'ai ouvert la porte et j'ai vu deux individus que je croyais en train de se battre. Je me suis mis au milieu pour les séparer et j'ai vu que l'un des deux avait une arme à la main. Il m'a poussé, je suis tombé".
Le contrôleur Michel Bruet : "je suis tombé sous l'espace bagage. Il a balayé mes jambes avec son arme et il est parti dans la voiture 12, tout ça sans avoir dit un mot."
Le contrôleur Michel Bruet explique qu'on a "invoqué un problème de motrice" pour expliquer que le train s'arrêtait en gare d'Arras. "Donc les gens n'ont pas été au courant de ce qu'il se passait".
Le président : "il n'y a pas eu de mouvement de panique?"
- Non
Michel Bruet interrogé sur les séquelles de cet événement : "non, je n'ai pas de séquelles. Je n'ai pas bien dormi la nuit du 21 août. Mais c'est tout."
Le président relève dans le dossier un suivi psychologique.
Le contrôleur précise : "j'ai été suivi pendant deux ans, oui."
Interrogé sur les détails de la scène, le contrôleur Michel Bruet explique : "il y avait beaucoup de sang. Mais le sang et moi on n'est pas trop copains, donc si je peux éviter de trop regarder ..."
Président : "vous n'avez pas vu les chargeurs ?"
- je les ai vus sur le quai.
Michel Bruet : "j'ai pas réalisé sur l'instant T que c'était un attentat terroriste. Ca va très vite. J'ai réalisé plus tard, le soir, en entendant les médias."
Le président : "qu'est-ce que vous attendez de ce procès ?"
Le contrôleur Michel Bruet : "que ce monsieur [Ayoub El-Khazzani, ndlr] prenne ses responsabilités. Qu'il réponde de ses actes."
Président au contrôleur Michel Bruet : "avez-vous eu peur de mourir?"
- A partir du moment où vous êtes pointé par un pistolet, oui ...
Me Mauger-Poliak, avocate d'Ayoub El-Khazzani : "comment expliquez-vous qu'à ce moment-là, il ne tire pas sur vous?"
Michel Bruet : "pour moi c'est inexplicable. Je ne sais pas."
Michel Bruet explique qu'il a vu l'un des Américains, Aleksander Skarlatos, pointer une arme sur la tête d'Ayoub El-Khazzani alors maîtrisé : "il le pointait avec le pistolet sur la tête. Je lui ai demandé de ne pas faire ça. Donc il a déposé l'arme et je l'ai cachée."
Un autre témoin s'avance à la barre, Thibault de Coster qui "travaille à la SNCB, l'équivalent belge de la SNCF". "Au moment des faits j'étais train-manager sur le Thalys depuis 2 ou 3 ans. C'est le chef de bord, celui qui assure la sécurité à bord ..." décrit-il.
A son tour, le contrôleur explique qu'il n'a rien remarqué en gare de Bruxelles-Midi, où il a pris son service. "Il n'y avait pas de contrôle à effectuer car la rame venait d'Amsterdam. Donc on s'est installés quelques minutes. Et on a bu un verre d'eau."
Le contrôleur belge explique lui aussi avoir vu Ayoub El-Khazzani se diriger vers la voiture 12: "j'ai entendu une déflagration. Et mon instinct de survie m'a poussé à aller dans le sens opposé. J'ai pris toutes les personnes que je voyais avec moi. Et j'ai fait arrêter le train"
Le contrôleur belge, réfugié avec quelques passagers dans le fourgon, profite de l'arrêt du train pour faire descendre tout le monde. "On croyait que derrière c'était un carnage. Puis le train a redémarré et nous on s'est retrouvés à Hénin-Beaumont".
Le contrôleur belge : "moi je n'étais plus moi-même, j'étais comme un animal qui cherche à fuir son prédateur. Puis, une fois dans le fourgon, j'ai repris le dessus et j'ai appelé pour dire qu'il y avait eu un coup de feu dans le train qu'il fallait envoyer les secours."
Le président : "qu'attendez-vous de cette audience ?"
Thibault de Coster : "d'un point de vue personnel, de pouvoir tourner la page. Et sinon que la justice soit rendue. Que les faits fassent l'objet d'une condamnation."
L'audience est suspendue jusqu'à 14 heures avec l'audition de Mark Moogalian, seul blessé par balle par Ayoub El-Khazzani.
L'audience reprend. Sur les bancs de la salle, Aleksander Skarlatos et Anthony Sadler, deux des trois Américains qui ont désarmé Ayoub El-Khazzani sont arrivés.
Mais le premier à être entendu est Mark Moogalian, seul passager blessé par balle dans cette attaque.
Mark Moogalian s'exprime en français : "c'était le 21 août 2015, mon épouse et moi sommes montés dans le Thalys. Elle était place 74 et moi 75, c'étaient deux places face à face."
Mark Moogalian : "un peu après la gare de Bruxelles, j'ai vu un homme rentré dans les toilettes avec une petite valise bleue. J'ai trouvé ça un peu étrange parce que les toilettes sont tellement petites."
Mark Moogalian : "au bout de 15 minutes, je me suis levé parce que j'ai pensé que c'était peut-être un passager qui faisait un malaise. J'ai vu un homme, Damien, qui attendait avant moi. Puis au bout de quelques minutes, un homme est sorti."
Mark Moogalian : "je n'ai pas compris ce qu'il se passait. J'ai pensé à un déguisement. Avec l'autre passager, on s'est regardé pendant quelques secondes, sans comprendre. Puis Damien l'a saisi au coup et là, j'ai compris."
Mark Moogalian : "après les choses sont floues. Il y avait de la bagarre. J'ai fini par m'emparer de l'AK 47, mais je ne sais pas comment. Je suis sorti dans le sas et j'ai dit en anglais : "I've got the gun", j'ai l'arme. Et puis on m'a tiré dans le dos".
Mark Moogalian : "j'ai pensé "je vais mourir ici, qui l'eut cru?" et en même temps je suis content de la vie que j'ai menée jusque là". Puis je suis tombé par terre et j'ai lâché l'AK 47. Puis j'ai vu El-Khazzani qui arrivait."
Mark Moogalian : "j'attendais, je pensais qu'il allait me mettre une balle dans la tête. Et puis plus rien. J'entendais des bruits métalliques. Puis j'ai entendu des pas. J'étais content parce que je me suis dit que la cavalerie était arrivée."
Mark Moogalian : "je me suis dis : " moi je vais mourir parce que je perds beaucoup de sang. Mais personne d'autres". J'ai vu ma femme et je lui ai dit "c'est fini". Je voulais qu'elle sache que je savais que j'allais mourir."
Mark Moogalian :"j'avais la tête vers le sol, je ne pouvais pas bouger, et chaque fois que j'essayais, il y avait plus de sang qui sortait. Et puis Spencer [Stone, ndlr] arrive. Il a tout de suite mis ses deux doigts et arrêté le saignement. On est resté comme ça jusqu'à Arras."
Mark Moogalian : "nous sommes arrivés à la gare d'Arras. On m'a fait une piqûre, on m'a fait sortir du train. Il faisait très beau. On m'a emmené en ambulance. Je savais que je m'en étais sorti, j'étais très content. Je crois que je faisais même des petites blagues. "
Le président rappelle que Mark Moogalian a été hospitalisé puis entendu par les enquêteurs à 3 heures du matin. Il avait alors expliqué qu'il s'était levé car il pensait que la personne qui était entrée dans les toilettes 10 à 15 minutes avant avait peut-être fait un malaise.
Président :"vous vous retrouvez avec la kalachnikov. Comment ça se fait?"
Mark Moogalian: "c'est la grande question. Quand j'y pense maintenant, mes souvenirs ne sont pas nets. C'est assez frustrant pour moi. La seule chose c'est que je me retrouve avec la kalachnikov à la main."
Mark Moogalian au sujet du tir dont il a été victime : "la balle est rentrée dans le dos et elle est sortie par le cou. J'ai fait trois pas et puis boum, je tombe."
Mark Moogalian : "une fois qu'on m'a tiré dessus, j'ai lâché la kalachnikov. Avant même de tomber par terre."
Président : "vous vous êtes vu mourir, vous avez raconté avoir vu votre vie défiler ...."
- Spencer Stone s'est occupé de moi. Il était ambulancier dans l'armée."
Mark Moogalian : "j'ai toujours des problèmes que j'aurai à vie à la main gauche et au bras gauche. Les nerfs du pouce et de l'index ne fonctionnent plus normalement. Je fais de mon mieux mais bon. C'est un peu embêtant pour la guitare, c'était une de mes grandes passions."
Mark Moogalian : "les médicaments que je prenais pour la douleur ont contribué à une sorte de paranoïa que j'éprouvais quelques temps après. J'avais l'impression que j'étais mort à bord du train et que je vivais dans un monde qui était un copier-coller du monde d'avant."
Mark Moogalian : "deux ans plus tard, je n'en suis pas très fier, je pratiquais le squash ... bon je ne suis pas très fier ... mais un monsieur qui était arabe voulait jouer avec moi et m'a demandé mes coordonnées. Et je me suis dit qu'il ne fallait pas que je lui donne."
Mark Moogalian : "encore une fois je n'en suis pas fier, mais plusieurs fois je me suis méfié des gens que je ne connaissais pas et qui étaient d'origine arabe. Mais bon, je crois que ça va maintenant."
Mark Moogalian : "j'ai des troubles du sommeil. Mais j'ai du mal à avouer que c'est à cause de ça car je ne veux pas trop m'attarder sur mes troubles mentaux."
Le président : "qu'attendez-vous de ce procès ?"
Mark Moogalian : "je voudrais que cet homme n'ait plus jamais la possibilité de commettre un tel acte."
- vous voudriez qu'il ne puisse plus jamais sortir?
- qu'il reste [en prison, ndlr] le plus longtemps possible
Me de Montbrial : "est-ce que vous avez pointé la kalachnikov vers le terroriste?"
Mark Moogalian : "j'avoue que l'idée m'est passée par la tête, mais je me suis dit "je ne sais pas manipuler ce truc". Donc je suis parti."
Me De Montbrial : "vous avez été sollicité par Clint @Eastwood_ pour tourner dans un film ?"
Mark Moogalian : "j'ai dit bien sûr. Il m'a demandé si mon chien pouvait jouer aussi. Mais malheureusement, il était parti. C'était une très grande expérience avec un très grand homme."
@Eastwood_ Me de Montbrial : "est-ce que vous vous considérez comme un héros ?"
Mark Moogalian : "le mot héros j'ai du mal. Pour moi un héros c'est quelqu'un qui va jusqu'au bout. Moi, j'ai raté mon coup. Le vrai héros c'est Spencer [Stone ndrl], il m'a sauvé la vie."
Me de Montbrial : "Mark Moogalian s'est vu reconnaître un déficit fonctionnel permanent, avec une angoisse de mort. Et comment ça se passe pour la guitare?"
Mark Moogalian : "je ne peux plus faire certains accord de base. Je suis obligé de jouer d'autres choses"
Mark Moogalian redit qu'il ne se souvient plus du tout du moment où il s'est emparé de la kalachnikov d'Ayoub El-Khazzani. Pour ceux qui ont suivi le procès des #AttentatsJanvier2015 , Laurent a lui aussi raconté ce même trou noir quand il a agrippé l'arme d'Amedy Coulibaly.
Me Mauger-Poliak, avocate d'Ayoub El-Khazzani : "vous avez une explication au fait qu'il ne vous a pas achevé quand vous étiez au sol?"
Mark Moogalian : "parce que l'arme ne fonctionnait pas."
Me Mauger-Poliak, avocate d'Ayoub El-Khazzani, demande au président "si mon client peut s'adresser au témoin car il attend ce moment depuis longtemps, il est très ému."
Mark Moogalian intervient : "je ne l'accepte pas."
A la barre, s'avance maintenant Isabelle Moogalian, épouse de Mark Moogalian, elle aussi partie civile dans ce procès.
"Mark et moi avons passé quelques jours à Amsterdam. Puis, on a pris le train de retour. A un moment, peu après Bruxelles, Mark était très agité. Il s'est levé"
Isabelle Moogalian : "Mark est venu et m'a dit "va-t-en". A ce moment-là, j'ai compris. Je suis partie, mais pas très loin car je me suis dit "je veux mourir avec mon mari."
Elle pleure.
"Je me suis accroupie plus loin. Je me disais "on va tous mourir". "
Isabelle Moogalian : "en face de moi, il y avait une jeune fille, j'ai vu qu'elle était terrifiée elle aussi. On s'est soutenues mutuellement, sans dire un mot. Puis j'ai entendu la voix de mon mari qui disait :" I've got the gun". J'ai reconnu sa voix."
Isabelle Moogalian : "Puis j'ai vu mon mari et il m'a dit : "I'm hit. C'est fini." Je me suis précipitée vers Mark et j'ai vu sa blessure dans le dos en premier. C'était un petit trou, mais qui saignait beaucoup."
Isabelle Moogalian : "J'ai essayé de trouver des gens. Tout le monde était parti, mais il y avait un couple tout au fond du wagon, ils m'ont donné une écharpe pour faire un garrot. Mais il s'est retourné et là j'ai vu qu'il était touché à la jugulaire. Il y avait du sang partout"
Isabelle Moogalian : "la moquette du #Thalys est devenue noire à cause du sang. Et je ne savais pas quoi faire. Et en même temps, la bagarre continuait [entre les Américains et Ayoub El-Khazzani, ndlr]. Je me sentais complètement impuissante."
Isabelle Moogalian : "puis au bout d'un moment, un homme est venu vers moi. J'ai appris que c'était Spencer [Stone ndlr]. Il a eu une façon de s'adresser vers moi qui fait que j'ai compris qu'il savait ce qu'il faisait. Il a enlevé son T-shirt pour faire une compression."
Isabelle Moogalian : "à un moment Spencer [Stone ndlr] a demandé à Mark "do you want to pray?". Et Mark a dit non. Je me suis dit que si Mark ne voulait pas faire une prière, c'est qu'il ne voulait absolument pas mourir."
Isabelle Moogalian explique qu'Ayoub El-Khazzani a été attaché avec des cravates, faute de mieux. "Il y avait une cravate bleue à pois roses et, le cerveau fonctionne parfois bizarrement, je me suis dit: "mais qui peut porter un truc pareil"?"
Isabelle Moogalian raconte la suite : son mari emmené vers l'hôpital de Lille, elle joue un temps les interprètes pour Spencer Stone puis "je me suis retrouvée toute seule avec mon chien."
Isabelle Moogalian explique qu'elle a été suivie psychologiquement : "dernièrement ça allait mieux, mais les circonstances, le procès, à chaque attentat, c'est difficile".
Elle raconte aussi avoir "la phobie des transports, surtout ce qui ressemblait à un train, le RER etc."
Isabelle Moogalian : "si je voyais un sac abandonné, j'avais toujours l'impression qu'il y avait une bombe dedans. Quand je voyais quelqu'un de type méditerranéen aussi. Il m'est arrivé de changer de rame dans le métro à cause d'une silhouette parce que je flippait complètement."
Isabelle Moogalian rend hommage à Spencer Stone : "il a su quoi dire à Mark alors que lui-même était blessé. Il a engagé une conversation avec lui. C'est quelqu'un de remarquable."
Le président : "qu'est-ce que vous attendez de ce procès ?"
Isabelle Moogalian : "la justice. Pour moi cet événement a été une plongée dans ce que l'être humain a de plus sombre. C'est quelque chose que je ne peux pas comprendre. Ca me dépasse complètement."
Isabelle Moogalian : "c'est en contradiction avec mes valeurs de paix, de partage. Ca me pose un vrai problème éthique et moral d'être obligée de voir cette violence. C'est très difficile pour moi."
Isabelle Moogalian : "Mark et moi on a envie de tourner la page. Et je crois que ce procès nous y aidera. Mais on est comme on est et moi je suis hyper sensible. Donc je crois que ce sera toujours un peu compliqué pour moi."
Isabelle Moogalian : "c'est certain que jouer avec Clint Eastwood c'est une expérience extraordinaire. Mais j'étais un peu partagée. Je l'ai fait parce que je ne voulais pas qu'il mette une actrice complètement hystérique à ma place. Donc je l'ai fait aussi pour ça, par fierté."
L'audience est suspendue pour 5 minutes.
L'audience reprend. Anthony Sadler, l'un des trois Américains qui ont désarmé Ayoub El-Khazzani, s'avance à la barre. Il est accompagné d'une interprète.
"Nous étions avec Spencer [Stone] pour un voyage en sac à dos. Alek [Skarlatos] nous a rejoint à Amsterdam."
Anthony Sadler : "nous sommes allé dans un mauvais wagon. On y est resté environ 30 minutes avant de rejoindre nos vraies places en 1ere classe car il y avait du wifi. On a donc rejoint nos places et Spencer [Stone] et moi on s'est endormis."
Anthony Sadler : "on a entendu des bris de verre et on a vu le contrôleur du train courir à toute allure dans le couloir devant nous. Ca nous a réveillés Spencer [Stone] et moi. La première chose que j'ai vue est monsieur El-Khazzani passer la porte coulissante."
Anthony Sadler : "il [Ayoub El-Khazzani, ndlr] a ramassé sa kalachnikov qui était au sol et il a actionné le chargeur. Deux secondes plus tard Spencer [Stone] s'est précipité sur lui."
Anthony Sadler : "on était quatre à lui donner des coups de poings et de pied. Spencer [Stone ndlr] l'a attrapé par l'arrière et il criait "il a un couteau, il a un couteau". "
Anthony Sadler poursuit son récit détaillé de l'affrontement avec Ayoub El-Khazzani : "Spencer [Stone] essayait de l'asphyxier. Il s'est évanoui. On l'a allongé, la tête au sol."
Anthony Sadler : "on attache El-Khazzani avec des cravates. Alek [Skarlatos ndlr] récupère les armes, s'assure qu'elles sont opérationnels et va faire un tour dans le train. Je sors mon portable pour enregistrer la scène parce que je ne pouvais pas croire ce qui s'était passé"
Le président : "vous apparaissez comme quelqu'un d'assez sportif ..."
Anthony Sadler : "j'ai fait du sport toute ma vie. Du baseball et du football américain."
- très sportif, très dynamique, on l'aura compris.
Le président : "vous êtes tous les trois des amis d'enfance ?"
Anthony Sadler : "on se connaît depuis l'âge de 12 ans environ."
- et Spencer Stone et Alek Skarlatos sont des militaires
- correct
- ils sont des soldats entraînés et vous êtes sportif
- correct
A la barre, Anthony Sadler mime la scène d'affrontement entre son ami Spencer Stone (qui sera entendu demain) et l'assaillant Ayoub El-Khazzani qui "n'a pas prononcé pas un seul mot ni émis le moindre son. Il avait les yeux grands ouverts et l'air très en colère".
Le président : "vous qui connaissez bien Spencer Stone qu'est-ce qui fait qu'il va au-devant de cet individu armé d'une kalachnikov ?
Anthony Sadler :"c'est la chose la plus courageuse que j'ai jamais vu. En tant qu'ami, je me suis d'abord dit "mais que fait-il?"
Président : "à votre avis que ce serait-il passé sans votre intervention?"
Anthony Sadler : "il aurait tiré sur tout le monde dans le wagon et je suppose qu'il serait ensuite passé au wagon suivant."
Président : "Ayoub El-Khazzani dit qu'il était là pour vous viser vous, militaires américains. Y avait-il un moyen de savoir que vous êtes américains?"
Anthony Sadler rigole : "Spencer [Stone ndlr] a l'air d'un Américain mais ... non".
Rires dans la salle.
Anthony Sadler : "nos vies étaient tellement dingues après cette attaque terroriste. Cela m'a pris deux ans pour réaliser que cela m'avait affecté psychologiquement. Et j'ai réalisé que je voulais entreprendre un suivi psychologique, mais je n'en ai pas encore eu l'occasion."
Anthony Sadler : "il a souvent été dit que c'est Spencer [Stone] Alek [Skarlatos, ndlr] et moi qui avons tout fait. Mais en fait c'est nous cinq, avec Damien [A. ndlr] et Mark [Moogalian, ndlr] qui avons contribué à assurer la sécurité du train."
Président : "qu'attendez-vous de ce procès?"
Anthony Sadler : "je souhaite que [Ayoub El-] Khazzani ne soit jamais relâché de prison. Il avait l'intention de me tuer, mes amis et tout le monde dans ce train. Et je pense qu'il ne mérite pas la chance de pouvoir refaire ça."
Anthony Sadler : "il a essayé de prendre nos vies donc on a réagi en tentait de prendre la sienne. Il venait de tirer sur un homme, je suis sûre que son taux d'adrénaline était élevé."
L'audience est suspendue jusqu'à demain 9 heures 30.
Et le compte-rendu de l'audience du jour est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…

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20 Nov
Au procès de l'attentat du #Thalys l'audience reprend. Il est tquestion de l'état de santé de Spencer Stone, hospitalisé à son atterrissage à Paris. "Les nouvelles sont plutôt bonnes" explique son avocat Me de Montbrial, "il devrait sortir de l'hôpital en fin de matinée".
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