Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience va reprendre pour la suite du réquisitoire des avocats généraux. Ils doivent aborder le cas du principal accusé, Ali Riza Polat et réclamer ensuite des peines pour chacun.
Le compte-rendu de l'audience d'hier signé @sophparm est à retrouver là > franceinter.fr/justice/le-req…

LT à suivre ici.
L'audience reprend. Jean-Michel Bourlès se lève pour la suite du réquisitoire : "nous allons poursuivre l'examen des faits reprochés aux différents accusés en évoquant la situation de monsieur Polat".
Avocat général : "monsieur Polat a 30 ans au moment des faits. Il a occupé tout au long de ce procès une place particulière. Parce qu'il est le seul à être accusé de complicité, qu'il possède une personnalité atypique. Il s'est démarqué des autres par son attitude à l'audience."
Avocat général : "monsieur Polat ne laisse pas indifférent. Il s'est montré régulièrement incapable de respecter les règles de l'audience. La simple volonté de s'expliquer, de prouver son innocence ne peut certainement pas justifier une telle attitude. Débordant de toute part"
Avocat général : "il n'a pas hésité à couper la parole, même des victimes. N'hésitant pas à insulter ses codétenus à l'audience, à menacer un témoin policier qui déposait. Même vos rappels à l'ordre monsieur le président sont à peine arriver à contenir ces débordements".
Avocat général : "cette violence n'est pas nouvelle. Ce comportement violent est apparu dans le cabinet du juge d'instruction où celui-ci n'a pas hésité à menacer le personnel pénitentiaire de manière virulente et violente."
Avocat général : "avec une certaine mythomanie : je vous rappelle les 50 000 euros qu'il peut trouver en se grattant la tête. Je vous passe ce qu'il pense de certains : les avocat véreux, les notaires véreux. Il tourne en boucle sur certains sujets, il nie les évidences."
Avocat général : "il nie les évidences mais ne manière incompréhensible, il est capable de tourner casaque avec beaucoup d'aplomb et de se mettre à reconnaître ce qu'il avait nié pendant beaucoup d'années."
Avocat général : "néanmoins je pense que le réduire à son caractère volcanique et incontrôlé serait une grave erreur. J'ai plutôt l'impression qu'il se sert de ses tempêtes pour éviter de répondre aux questions gênantes. Son frère nous avait prévenu : "c'est un malin mon frère".
Avocat général : "il a expliqué devant l'enquêteur de personnalité que "à ma sortie, ce sera de l'illégal pur et dur". A l'audience : "quand je sors, je fais pire". Adepte des théories fumeuses et complotistes, il n'a eu qu'une volonté : détourner votre regard de l'essentiel"
Avocat général : "la famille d'Ali Polat est d'origine turque, adepte de l'alevisme, branche minoritaire de l'islam. Lui, dit s'être converti en juin 2014, à la veille de la proclamation du califat. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence."
Avocat général : "sa propre mère disait que son fils affirmait avec force que la seule vérité c'est le Coran. Plusieurs témoins ont rapporté au cours de l'instruction qu'il ne voulait plus écouter du rap parce que c'était désormais pour lui "une musique de fils de pute"."
Avocat général : "l'exploitation de son Ipad a révélé la possession de photos en lien avec l'état islamique. Ce qui démontre à tout le moins un intérêt pour l'idéologie djihadiste violente."
Avocat général : " Ali Polat a daté sa rencontre avec Amedy Coulibaly à 2007. Alors que leur amitié est parfaitement établie, Ali Polat s'est attaché à retracer ses relations avec Coulibaly comme uniquement liées à une dette de stupéfiants."
Avocat général : "ce qui est certain c'est que les deux hommes ont gardé contact en détention, en 2013 et en 2014 et qu'Ali Polat a poursuivi ses relations avec Amedy Coulibaly après sa sortie de prison. Ali Polat connaît bien Coulibaly."
Avocat général : " ce qui est évident c'est qu'Ali Polat connaissait nécessairement, indubitablement, la proximité d'Amedy Coulibaly avec l'idéologie djihadiste. Et la première chose qu'il tente de faire après les attentats c'est de fuir."
Avocat général : " dès le 12 janvier 2015 il se rend au Liban par la Belgique. Il a expliqué à l'audience que la raison qui l'a poussé à partir si rapidement c'est qu'il a découvert par les médias qu'on s'intéressait à une Mini vendue en Belgique. Et qu'il a pris peur."
Avocat général : " il a expliqué de manière peu crédible être parti au Liban pour retrouver une Libanaise avec laquelle il n'avait pourtant plus de contacts depuis 2011. Et alors qu'il se trouve au Liban, le 17 janvier 2015, il tentera de passer en Syrie."
Avocat général : "Il nous a expliqué vouloir se rendre à Damas parce qu'il avait entendu à la télé que la France et Damas avec rompu leurs relations. Et il pensait être protégé."
Avocat général : " il est rentré en France le 19 janvier pour tenter de repartir immédiatement en Thaïlande, dès le lendemain. Refoulé à l'aéroport de Roissy, il retourner en Belgique pour prendre un vol en direction de Phuket. Il revient 4 jours plus tard. Il devait aller où?"
Avocat général : "moi je pense que monsieur Polat a essayé de se mettre au vert. On se met hors des radars, on attend de voir si la police vient frapper à la porte. Et puis si rien ne se passer, on retourner à sa vie normale."
Avocat général : " le 28 janvier, Ali Polat s'est rendu devant l'Hyper Cacher. Et s'y est immobilisé devant quelques minutes. Le lendemain, il se rend à Bastille acheter une pomme d'amour. On sait qu'Amedy Coulibaly aimait plus que tout les pommes d'amour."
Avocat général : " à mon sens, Ali Polat n'avait pas anticipé qu'Amedy Coulibaly serait identifié, neutralisé par les hommes du Raid. Il penserait qu'il commettrait des attentats et partirait rejoindre l'état islamique."
Avocat général : " la distinction entre l'association de malfaiteurs terroriste et la complicité se fait sur la connaissance précise du projet. Ali Polat est partout, côtoie tous les protagonistes. Même s'il le conteste, il avait une connaissance précise du projet terroriste."
Avocat général : "monsieur Polat se distingue des autres protagonistes par sa proximité avec Coulibaly, son partage de l'idéologie radicale et son implication à ses côtés dès juillet 2014."
Pendant les réquisitions le concernant, Ali Riza Polat prend des notes dans le box.
L'avocat général poursuit : "monsieur Polat est informé des achats commandé par Amedy Coulibaly et il les supervise.
Avocat général : "Ali Polat a supervisé Willy Prévost quand il fait enlever le tracker de la moto. Cette moto qui servira à l'assassinat de Montrouge, le 8 janvier".
Avocat général : "incompréhensibles, les explications de monsieur Polat ne collent pas : la moto, le voyage en Belgique, la téléphonie. Alors pourquoi ment-il ? Je pense qu'il ne veut pas qu'on sache qu'il a passé la veille des attentats la journée entière avec Amedy Coulibaly."
Avocat général : "outre les différents aspects matériels, Ali Polat va également avoir un rôle important dans la fourniture des armes. Et ce, dès l'été 2014."
Avocat général : "outre l'envoi d'argent en Belgique, un autre élément vient démonter son [d'Ali Riza Polat, ndlr] implication : un transport d'armes réalisé depuis Charleroi le 8 août 2014 au profit d'Amedy Coulibaly."
Avocat général : " monsieur Polat a vite compris qu'il allait devoir, pour cette audience, trouver d'autres explications. Car outre un transport d'armes, il est retrouvé une liste, contenant des explosifs, des détonateurs. Il explique qu'en fait c'était pour un braquage."
Avocat général : "mais autant de munitions, monsieur Polat, ce n'est pas pour un braquage. C'est pour un carnage."
Avocat général : "Amedy Coulibaly a toujours été accompagné par Ali Polat à chaque fois qu'il est monté en Belgique. Il n'y a pas une seule fois où il est monté seul : l'intermédiaire c'était Ali Polat."
Avocat général : "je pense qu'Ai Polat veut surtout ne pas qu'on sache, ne pas qu'on voit qu'il a passé les heures précédents les attentats en permanence avec Amedy Coulibaly."
Avocat général : "monsieur le président, il est ainsi établi qu'Ali Polat s'est rendu complice de crimes et de délits en relation avec une entreprise terroriste commis les 7, 8 et 9 janvier 2015 par Chérif et Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly."
Avocat général : "et ce alors qu'il connaissait l'adhésion, l'appartenance et des autres auteurs à l'idéologie et du djihad armé et à l'état islamique".
C'est au tour de Julie Holveck de se lever pour la suite du réquisitoire :"nous n'avons aucun doute que votre décision au nom du peuple français sera attendue par l'ensemble des citoyens et des acteurs internationaux."
Dans le box, l'accusé Miguel Marinez s'agace.
Avocat générale : "le trouble à l'ordre public est maximal. On sait que l'idéologie djihadiste tend à détruire la société occidentale. Elle est une menace endogène et constante. Nous prenons également en compte le degré d'implication de chacun. Il y a un éventail complet."
Avocate générale : "le troisième critère c'est les éléments de personnalité qui permettent de mesurer la dangerosité des accusés et surtout le risque de réitération."
Avocate générale : "pour Mohamed et Mehdi Belhoucine [tous deux présumés morts sur zone, ndrl] nous savons leur engagement dans l'idéologie djihadiste. Nous savons qu'ils se sont épanouis durant leur séjour syrien et que rien n'est venu contester leur choix de s'y rendre."
Avocate générale : "Mohamed Belhoucine s'est illustré par l'aura religieuse qu'il avait auprès d'Amedy Coulibaly. Il lui fournissait des éléments matériels nécessaire à la communication avec le commanditaire. Il est au plus près de l'auteur direct."
Avocate générale : " je vous demande donc de condamner Mohamed Belhoucine à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Concernant Mehdi Belhoucine, je requiers une peine de 20 ans de réclusions criminelle avec une période de sûreté des 2/3."
Avocate générale : "concernant Hayat Boumeddiene, elle est devenue un instrument de propagande, c'est elle la princesse de l'EI. Je vous demande de la condamner à la peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des 2/3."
Avocate générale : "concernant Willy Prévost, il a eu un parcours de vie chaotique. Il a pu subir la violence et l'alcoolisme de son père. Ayant été blessé par balle à l'âge de 9 ans. Il est totalement inséré dans la vie délinquancielle. Six condamnations depuis 2005."
Avocate générale : "il est certain que le risque de réitération demeure. L'expert évoquait une personnalité influençable, immature. Willy Prévost doit être condamné. Nous avons certes une reconnaissance, mais une reconnaissance tiède des faits."
Avocate générale : "il y a une véritable particularité dans l'implication de Willy Prévost. Il est dans le coeur du réacteur entre Ali Polat et Amedy Coulibaly. Nous sommes dans le spectre haut de l'association de malfaiteurs terroriste criminelle."
La peine de 18 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Willy Prévost pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Christophe Raumel, il est vrai il a reconnu sa participation très tôt dans la procédure. Concernant son casier judiciaire : 6 mentions, notamment pour des faits en tant que mineur."
La peine de 5 ans d'emprisonnement est requise contre Christophe Raumel pour association de malfaiteurs (non terroriste).
Christophe Raumel est le seul accusé à comparaître libre.
Avocate générale : "concernant Mickaël Pastor Alwatik, il a une personnalité mal assurée, immature, intolérante à la frustration. Il est incarcéré dès l'âge de 19 ans. Le huis clos de la détention lui a permis de tisser des liens, notamment avec Amedy Coulibaly."
Avocate générale : " il ne reconnait pas son engagement idéologique malgré les évidences. Vous le condamnerez pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, en récidive. Vous avez un individu refusant de s'expliquer sur ses agissements à des moments clés."
Avocate générale : "devait-il passer à l'acte et a-t-il renoncé pour une raison ou une autre? Ce qui est certain c'est que la dangerosité est évidente."
La peine de 20 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Mickaël Pastor Alwatik pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Mohamed-Amine Fares, il a 9 mentions à son casier judiciaire avec un profil de délinquant aguerri au trafic de stupéfiant. Il possède une place centrale auprès de ses codétenus."
Avocate générale : "je voudrais surtout souligner son positionnement à l'audience qui interroge. Il y a un sentiment de "j'ai joué, j'ai perdu". Malgré le masque, on l'a souvent vu sourire à l'audience, comme si c'était les risques du métier."
Avocate générale : "il est pleinement intégré dans un parcours délinquantiel multicarte avec une affaire pendant d'infraction à la législation sur les stupéfiants."
La peine de 7 ans d'emprisonnement (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Mohamed-Amine Fares pour association de malfaiteurs (non-terroriste).
Avocate générale : "concernant Amar Ramdani, son parcours est un parcours de délinquant charpenté avec des escroqueries comme mode de vie. Durant la détention, il y a eu un certain nombre d'incidents avec des menaces de surveillants."
Avocate générale : "il nie les faits, il n'est pas le seul. Il a une personnalité affirmé, egocentrée, n'hésitant pas à user de la séduction, même à l'audience. Il avait pleinement conscience de l'engagement djihadiste d'Amedy Coulibaly".
La peine de 17 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Amar Ramdani pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Saïd Makhlouf, il est ambulancier, travaille de nuit, il est loué pour ses capacités professionnelles. Visiblement le travail est une valeur essentielle, mais il intègre néanmoins l'escroquerie dans son mode de vie."
Avocate générale : "il refusera de coopérer à l'instruction, jusqu'au refus des expertises. Il s'intègre dans le même registre de délinquance au même titre que son cousin" [Amar Ramdani ndlr]
La peine de 13 ans de réclusion (sans période de sûreté) est requise contre Saïd Makhlouf pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Abdelaziz Abbad, c'est un trafiquant aguerri, lui même désigne avec fierté son casier comme épais. Il s'enorgueillit lui-même de sa réputation de trafiquant."
Avocate générale : "Il y a un certain nombre d'incidents en détention et à l'audience. Le risque de récidive le concernant est majoré. Abdelaziz Abbad doit être condamné pour association de malfaiteurs terroristes criminelle."
La peine de 18 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Abdelaziz Abbad pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Miguel Martinez, il rentre dans la délinquance à l'âge de 15 ans. 22 mentions à son casier, notamment pour trafic de stupéfiant, violence et détention d'armes. Il y a eu de multiples incidents à l'audience."
La peine de 15 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Miguel Martinez pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Meetin Karasular, c'est le contre-exemple de l'insertion. Ses activités sont toujours liées à un trafic. Dès 2004, il gère des cafés, systématiquement fermés par fermeture administrative."
Avocate générale : " dès 2004, il est condamné pour des infractions aux stupéfiants mais aussi à la législation sur les armes et la législation sur le jeu. Il a une normalisation du discours sur la délinquance. Il a marqué son passage à l'audience par son attitude somnolente"
Avocate générale : "il veut donner une image positive de lui-même. Il possède une haute estime de lui-même. Il veut gagner à tout prix de l'argent, sans intégrer la barrière de la loi. Il impressionne le personnel pénitentiaire. Il se dégage une certaine puissance."
La peine de 15 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Meetin Karasular pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Michel Catino, son parcours de vie est une vie faite d'expédients et de compromission. Dès l'âge de 22 ans, il gère un café. Tout passe après le jeu. Il dit même gagner sa vie en jouant aux cartes."
Avocate générale : "il y a une forme de précarité sociale, il a lui-même été expulsé de son logement. Son casier judiciaire est ancien, bien fourni avec des détentions pour vol aggravé. Il n'y a pas d'autocritique mais une inscription pérenne dans la délinquance."
La peine de 15 ans de réclusion (assortie d'une période de sûreté des 2/3) est requise contre Michel Catino pour association de malfaiteurs terroriste.
Avocate générale : "concernant Ali Polat, c'est le jeu du chat avec la souris qu'il affectionne. C'est aussi le langage fleuri avec son expression favorite : "je m'en bats les couilles". C'est aussi des menaces : "si les surveillants font les malins, je vais niquer leur mère".
Avocate générale : "il est complotiste, enfermé dans sa réalité. Il est capable de surjouer l'homme assoiffé d'argent pour en masquer la réalité profonde. C'est sa la personnalité affirmé, égocentré d'Ali Polat."
Avocate générale : "monsieur Polat n'a rien construit, lui qui habite encore chez sa mère. Son seul horizon est le projet de grand banditisme. Il ne travaille pas car ce n'est pas rentable immédiatement. Il y a eu un temps de rapprochement religieux, jusqu'à la radicalisation."
Avocate générale : "quand il hurle : "je ne veux pas aller en taule pour quelque chose que je n'ai pas fait", on entend surtout : "je ne veux pas aller en taule". Nous n'avons pas l'once d'un début d'amorce de réinsertion."
Avocate générale : "la condamnation d'un auteur direct ne rend pas inéligible un complice à la perpétuité. Sinon ce serait une confiscation de la peine de perpétuité."
Avocate générale : "Ali Polat dans ce dossier est le pivot des préparatifs, il est la pièce maîtresse. Il agit de manière transversale, à chaque étape, sur le double volet Kouachi et Coulibaly".
Avocate générale : "je sais que votre plume ne tremblera pas dans le silence de votre délibéré. La condamnation devra être à la hauteur de l'extrême gravité des agissements."
La réclusion à perpétuité (assortie d'une période de sûreté de 22 ans) est requise contre Ali Riza Polat pour complicité d'assassinats terroristes.
Fin du réquisitoire des avocats généraux. L'audience est suspendue jusqu'à 14 heures. Débuteront alors les plaidoiries de la défense avec, pour commencer celle d'Isabelle Coutant-Peyre pour Ali Riza Polat contre lequel vient d'être requis la réclusion à perpétuité.
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L'audience reprend avec la première plaidoirie de la défense, celle d'Isabelle Coutant-Peyre pour son client, Ali Riza Polat.
Vous pouvez retrouver le portrait de cette avocate au parcours hors norme ici > franceinter.fr/justice/les-ac…
Me Coutant-Peyre : "nous sommes dans un procès asymétrique. Alors de quoi souffre ce procès ? pour reprendre une expression d'un écrivain, Yannick Haenel, qui a suivi toute l'audience [pour le compte de Charlie Hebdo ndlr]
Me Coutant-Peyre : "il y a deux procès. Il y a un procès pour permettre aux victimes leur discours de souffrance. Mais ce discours s'adresse à des accusés. Moi, j'ai toujours dit depuis le début que ce ne sont pas les bons accusés."
Me Coutant-Peyre : "l"un des deux avocats généraux, parlant de mon client ce matin, a dit qu'il n'a pas été capable de prouver son innocence. C'est vraiment une inversion du sens ... mais ça arrive tellement souvent."
Me Coutant-Peyre : "alors, on nous parle de volets. Il y a les volets géographique ... belgo, je ne sais quoi. Mais il y a aussi d'autres volets, ceux qu'il fallait laisser fermés. Car il y a des trous dans la raquette malgré une procédure obèse".
Me Coutant-Peyre : "je sais que des confrères de parties civiles m'ont qualifiée de caricature. Bon, on dit que les caricatures sont un droit, que c'est la culture française. Je prendrai donc ça comme un honneur puisque la caricature est devenue une idole".
Me Coutant-Peyre : "la loyauté, l'honnêteté des débats c'est de chercher les réponses. Ceux qui ont permis que ça arrive ce ne sont pas les gens qui sont ici et certainement pas mon client. On sait très bien que ce qu'ont fait les frères Kouachi et Coulibaly vient d'ailleurs"
Me Coutant-Peyre : "il y a cette formule utilisée par madame l'avocat général - et je me demande si ce n'est pas ça le procès - cumulant tous les mots à la mode : "intégrisme musulman, islamisme radical"."
Me Coutant-Peyre : "alors le critère principal c'est la proximité. On nous fait des échelles du nombre de communication. Et en fonction, on va dire : plus ou moins grande proximité, plus ou moins au courant. Sans même connaître les contenus des échanges. Il n'y a rien."
Me Coutant-Peyre : "sur deux mois et demie d'audience, le plus important a tenu sur une matinée : le monsieur de la DGSI, qu'on n'a pas vu, qui lisait des notes et quand il ne lisait pas, il s'est mis à pleurer. Mais ils avaient toutes les informations ! Depuis des années !"
Me Coutant-Peyre : "les spécialistes du renseignement eux-mêmes ne se sont rendus compte de rien. Et on voudrait que tous ces gaillards, eux, s'en soit rendus compte ! Je trouve que c'est outrageant. C'est même outrageant pour les victimes."
Me Coutant-Peyre : "ce sont toutes les armes détenues par Coulibaly qui proviennent de monsieur Hermant. On ne peut donc pas comprendre que cette procédure ait continué son cours à Lille dans un volet séparé ! C'est vraiment un scandale !"
Me Coutant-Peyre : "c'est totalement incohérent ! On nous parle de complicité, avec une espèce de petit bricolage, mais on a le fournisseur : monsieur Hermant, l'intermédiaire : monsieur Ladjali .... mais il bénéficie d'un non-lieu. Alors que matériellement c'est une complicité."
Me Coutant-Peyre : "vous jugez des fusillades qui ont entraîné beaucoup de morts et de blessés et ce que la cour doit juger ce sont ces armes : d'où elles viennent ? qui les a prises?"
Ce moment où, après une énième digression, Me Coutant-Peyre plaide : "vous vous demandez peut-être pourquoi je parle de ça?", un murmure souriant monte dans la salle.
Me Coutant-Peyre continue sa plaidoirie, essentiellement axée sur la responsabilité de la filière Hermant, dont il est acquis qu'elle a fourni les armes d'Amedy Coulibaly mais qui a été jugée par le tribunal correctionnel de Lille.
Me Coutant-Peyre : "mon client n'est pas dans le déni. Mon client ne ment pas. On peut présumer qu'il dit la vérité."
Me Coutant-Peyre : "des kalachnikovs en France, il n'y en a pas ... où alors à Marseille où on trouve de tout. Mais ce n'est pas Coulibaly tout seul qui a décidé de faire ce truc incroyable. Ca vient d'ailleurs. Et ces gens là n'ont pas besoin de Polat ou je ne sais qui ...."
"Mettre en cause mon client comme complice alors qu'il y a probablement quelqu'un caché dans la nature" plaide Me Coutant-Peyre en référence à un ADN non identifié retrouvé sur la plaque d'immatriculation des Kouachi et sur une kalachnikov. "C'est une réalité, pas des hypothèses"
Me Coutant-Peyre : "dans toute cette hypocrisie, ce montage de l'accusation, on en vient à dire que monsieur Polat cherchait un appartement pour qu'Amedy Coulibaly puisse se planquer avant les attaques meurtrières. Mais M. Coulibaly a loué via un site internet et en son nom!"
Me Coutant-Peyre: "cette complicité a été tirée au sort parce que c'est tout à fait à la de l'instruction qu'il a été mis en examen. Il n'y a aucun élément nouveau, il ne s'est rien passé. Et il n'a plus jamais été réentendu par le juge d'instruction. Il en fallait un, c'est ça?"
Me Coutant-Peyre cite une note du dossier dans sa plaidoirie qui, dit-elle, précise que messieurs "Ladjali, Abbad, Catino et Martinez pourraient opportunément être poursuivis pour complicité". Monsieur Polat n'est même pas cité! Monsieur Ladjali a bénéficié d'un non-lieu ..."
Me Antoine Van Rie, autre avocat d'Ali Riza Polat s'avance à son tour à la barre pour plaider : "les 7, 8 et 9 janvier 2015, il y a eu ces crimes d'innocents. Et il y a eu dans les premiers temps de ce procès leurs mots. Aujourd'hui nous ne pouvons qu'exprimer notre compassion"
Me Van Rie: "ce ne fut pas un procès de l'histoire du terrorisme, de l'émotion ressentie par la France face à ce moment de notre histoire contemporaine mais un procès classiques contre des individus. Ce matin, les avocats généraux ont prononcé ce mot: perpétuité contre Ali Polat"
Me Van Rie : "c'est à vous aujourd'hui qu'il convient de juger cet homme masqué dans son box." Il évoque la téléphonie et le nombre de SMS : "cela fait 4 SMS par jour, permettez moi de vous dire que pour des trentenaires ce n'est rien"
Me Van Rie : "une enquête peut soulever des hypothèses, un procès ne peut pas reposer sur des approximations. Ce dossier finalement est symptomatique d'une forme de travail de la police qui revient à utiliser et faire parler des indices dans un sens qui arrangerait l'accusation"
Me Van Rie : "on comprend que l'accusation est fragile, qu'il faut gonfler le dossier, faire correspondre d'autres numéros, d'autres adresses mail à monsieur Polat. Il n'en est rien ! La sous-direction antiterrroriste dans son compte-rendu était très claire : c'est un homonyme."
Me Van Rie décortique en plaidoirie les éléments de téléphonie, dénonce, éléments du dossier à l'appui, les conclusions tirées : "c'est faux. On a tenté de créer des rendez-vous [entre Ali Riza Polat et Amedy Coulibaly ndlr]
Me Van rie : "je pense qu'il est bon devant votre cour de le redire. Monsieur Polat n'a jamais rencontré de près ou de loin Saïd et Chérif Kouachi. Et pourtant, il est jugé pour complicité des frères Kouachi. Comment peut-il être complice de quelqu'un qu'il n'a jamais vu?"
Me Van Rie : "on nous a souvent expliqué qu'il y avait un réel duo Polat-Prévost ce qui ferait de monsieur Polat le bras droit de monsieur Coulibaly. Mais à 8 reprises, messieurs Prévost et Coulibaly se sont rencontrés seuls, sans l'intermédiaire de monsieur Polat."
Me Van Rie : " monsieur Polat n'est pas le grand organisateur, ce n'est pas le secrétaire de monsieur Coulibaly. Ce n'est pas lui qui fixe les rendez-vous. Il serait carrément le logisticien en chef, à en croire l'accusation, c'est un professionnel, il sait tout."
Me Van Rie : "mais une fois le 7, 8 et 9 janvier, il devient le pire des pieds nickelés ? Mais les raisons de sa fuite sont compréhensibles : il panique. N'y a-t-il pas quelque chose d'illogique entre le rôle central qu'on lui attribue avant les attentats et sa panique après?"
Me Van Rie : "monsieur Polat s'il était au courant de tout ce que le pays allait subir et la vague d'attentat qui allait suivre, il ne serait jamais resté en France. Les trois accusés qui sont absents le savent bien. Eux ne sont jamais revenus."
Me Van Rie : "et après ? On attend tranquillement 60 jours pour arrêter le bras droit de l'homme qui a fait trembler la France ? Mais pourquoi?"
Me Van Rie : "donc soit la police a fait courir un risque monumental à la société en laissant un homme se rendre tranquillement au supermarché toutes les semaines, soit il n'a jamais été le bras droit de l'auteur des attentats."
Me Van Rie: "on sait qu'il y plus de 16 000 photos et sur ces 16 000 ... 86 vont être en rapport avec l'état islamique. Soit 0,051% du contenu qui ferait de monsieur Polat un terroriste. Vous, nous, tous ici avons cliqué sur des articles en lien avec les #AttentatsJanvier2015 "
Me Van Rie : "dans ce procès, on a beaucoup évoqué la religion musulmane. On a largement reproché à monsieur Polat d'avoir utilisé le terme "converti". Madame l'avocate générale hier a parlé du radicalisé monsieur Polat"
Me Van Rie : "j'ai peu entendu parler ici du rapport QER [quartier d'évaluation de la radicalisation en prison ndlr]."
Il lit : "monsieur Polat ne présente aucune imprégnation idéologique ou radicale. Il ne se projette pas de vivre dans un pays qui applique la charia".
Me Van Rie : "Le rapport conclut : il ne ressort aucun élément pouvant laisser supposer que monsieur Polat soit inscrit dans une idéologie radicale religieuse et qu'il y ait un risque de passage à l'acte violent. Donc oui, monsieur Polat est musulman. Mais il n'est pas radical"
Me Van Rie : "monsieur Polat est un dissimulateur nous dit-on, il ment trop bien, il cherche même à retarder la fin du procès. Quoi qu'il fasse, on lui reproche tout. Monsieur Polat a le Covid, il vomit? C'est la thèse de la taqqiya."
Me Van Rie : "monsieur Polat serait un radical parce qu'il ne veut pas écouter de rap dans une voiture? Monsieur Polat a le droit de ne pas écouter un morceau de rap à ce moment là dans une voiture ... tout simplement parce qu'il n'aime pas le rappeur Jul".
Me Van Rie évoque Amedy Coulibaly "ce soit-disant ami dont il a découvert avec effroi, comme nous tous, les atrocités dont il était capable et à qui il doit aujourd'hui d'être accusé de complicité"
Me Van Rie : "on ne peut pas condamner un homme sur des hypothèses et qu'il reste de nombreux doutes sur ce dossier et que le doute doit profiter à l'accusé. Vous avez le droit de dire que vous avez des doutes. Et parce que vous appliquez le droit, vous acquitterez M. Polat."
Me Coutant-Peyre souhaite reprendre la parole pour conclure. Elle revient sur l'affaire Dreyfus: "c'est grâce à Emile Zola que cette erreur judiciaire a fini par être réparée. Mais c'était un long combat."
En réaction à la plaidoirie de Me Coutant-Peyre, Mes Richard Malka, Nathalie Senyck, Marie-Laure Barré quittent la salle. La quasi-totalité des avocats de parties civiles leur emboîtent le pas et s'en vont.
Certains avocats de parties civiles sont néanmoins toujours là. Et Me Coutant-Peyre poursuit sa plaidoirie : "prenez les responsabilités que l'Etat n'a pas prises, à savoir une bonne justice. Je vous demande évidemment l'acquittement."
Fin de la plaidoirie de Me Isabelle Coutant-Peyre pour Ali Riza Polat. L'audience est suspendue. Elle reprendra demain à 9 heures 30 avec la suite des plaidoiries de la défense pour les accusés Christophe Raumel et Michel Catino.
Vous pouvez d'ores et déjà retrouver le détail des réquisitions des avocats généraux ici > franceinter.fr/justice/proces…

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4 Dec
Au procès des #AttentatsJanvier2015 dernier jour aujourd'hui de plaidoiries de parties civiles. Elles seront consacrées à l'Hyper Cacher ce matin, puis Charlie Hebdo cet après-midi avec, en clôture la plaidoirie de Richard Malka, avocat historique du journal.
Le compte-rendu de l'audience d'hier, par @sophparm est à retrouver là > franceinter.fr/justice/monsie…

Et le LT de l'audience du jour à suivre ici.
L'audience reprend. Me Samia Maktouf, avocate de Lassana Bathily, magasinier de l'Hyper Cacher qui a aidé des otages à se cacher au sous-sol, s'avance.
"A cette barre, Lassana Bathily a décrit son parcours : un parcours d'immigré arrivé en 2006, il avait tout juste 15 ans"
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27 Nov
Au procès de l'attentat du #Thalys l'audience prend un peu de retard. Elle n'a pas encore repris ce matin alors que l'on doit entendre Isabelle Panou, juge d'instruction belge en charge du dossier des attentats du #13Novembre notamment.
L'audience reprend. La connexion avec Bruxelles pour l'audition d'Isabelle Panou est établie. Mais, à la demande de la juge d'instruction belge, l'écran de visioconférence dirigé vers la salle d'audience est éteint, afin qu'on ne puisse pas la voir.
Isabelle Panou : "c'est la première fois que je dépose devant une juridiction étrangère. Cela ne vous aura évidemment pas échappé que ce dossier fait écho à d'autres dossiers qui ne sont pas encore jugés. Je serai donc prudente dans les approches que je ferai du dossier de Paris"
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25 Nov
Bonjour à tous,
Petit point programme : le procès des #AttentatsJanvier2015 est donc suspendu jusqu'au lundi 30 novembre.
Mais celui de l'attentat raté du #Thalys lui se poursuit. Avec aujourd'hui l'interrogatoire sur les faits du principal accusé, Ayoub El Khazzani. LT à suivre
Le président: "aujourd'hui on va se consacrer à la journée du 21 août 2015 et aux faits qui se sont déroulés dans le #Thalys
Pouvez-vous nous faire le récit de ce qui s'est passé?
Ayoub El-Khazzani : "c'était comme m'a demandé Abaaoud [coordonateur des attentats du #13novembre]
Ayoub El-Khazzani : "c'était ce jour-là que je devais sortir. Je devais attaquer les Américains et des gens de la commission européenne, en 1ere classe. Vers midi, Abou Walid est venu, m'a donné un téléphone et il a dit : "ne l'utilise pas jusqu'à ce que tu sois dans le train"."
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23 Nov
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend. Le président va rendre son délibéré sur la suite de ce procès.
Le président indique qu" "il y a lieu d'ordonner la prolongation de la suspension du procès jusqu'au lundi 30 novembre 2020". En revanche, le président ne se prononce pas sur l'application ou non de l'ordonnance permettant sa comparution en visioconférence.
L'audience des #AttentatsJanvier2015 est donc (à nouveau) suspendue.
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23 Nov
Au procès des #AttentatsJanvier2015 l’audience s’apprête à reprendre mais pour combien de temps? Les accuses sont arrivés dans le box sauf le principal d’entre eux, Ali Riza Polat, toujours malade. Son absence a l’audience va donc être au cœur des débats de ce matin.
Tous les détails de ce qui va se jouer ce matin sont à retrouver là > franceinter.fr/proces-des-att…

Et LT de l'audience à venir ici.
A noter que juste à l’extérieur de la salle, des dizaines d’avocats se sont rassemblés à l’appel du syndicat des avocats de France (SAF) pour protester contre l’ordonnance du 18 novembre qui permet à l’audience de se tenir en l’absence du principal accusé, en visioconférence.
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20 Nov
Au procès de l'attentat du #Thalys l'audience reprend. Il est tquestion de l'état de santé de Spencer Stone, hospitalisé à son atterrissage à Paris. "Les nouvelles sont plutôt bonnes" explique son avocat Me de Montbrial, "il devrait sortir de l'hôpital en fin de matinée".
En attendant, Alek Skarlatos s'avance à la barre. Il fait partie des trois Américains qui ont désarmé Ayoub El-Khazzani et a, lui aussi, joué dans le film de Clint @Eastwood_ qui leur a été consacré.
Alek Skarlatos : "nous sommes montés dans le train après avoir aidé un vieil home anglais à monter à bord. Nous avons ensuite rejoint nos places en 1ere classe pour avoir le wifi? Peu de temps après, Anthony [Sadler] et Spencer [Stone] se sont endormis"
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