Thread by @Mangeon4

Savez-vous qu’en 1967 et 1969, la France participe à 2 campagnes d’immersion de déchets nucléaires dans l’Atlantique Nord coordonnées par l’OCDE ?

Thread à 4 mains avec @e_punctatus : L’immersion des déchets nucléaires français dans l’océan Atlantique.

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1/ Avant-propos : Ce thread ne prétend pas à l’exhaustivité et ne traite pas en détails d’autres formes de déchets radioactifs (effluents liquides notamment), d’autres sites d’immersion (Polynésie française) et des autres moyens de stockage/élimination.

2/ Dès le début de l’ère nucléaire, la gestion des déchets nucléaires est une problématique importante. Si la plupart des déchets sont stockés sur les sites nucléaires, la recherche de solutions « d’évacuation définitive » est une constante.

3/ Une 1ère opération d’immersion de déchets radioactifs est réalisée en 1946, dans l'océan Pacifique, au large de la Californie, par les USA.

4/ Entre 1951 et 1967, les USA (34 000 containers pour 2.96 PBq) et le Royaume-Uni (50 000 containers pour 1.665 PBq) immergent des déchets dans l’Atlantique et le Pacifique (vidéo d’une immersion des USA de 1959 dans l’Atlantique).

5/ Ces immersions sont réalisées sans cadre réglementaire spécifique (on trouve tout de même un guide de l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA) en 1961) ce qui pose évidemment des questions environnementales et éthiques importantes.

6/ En Europe, avec le développement de l’industrie nucléaire dans les années 1950-1960 (photo du site CEA de Marcoule en 1959), certains pays nucléarisés rencontrent des difficultés pour enfouir dans le sol leurs déchets de faible et moyenne activité.

7) En 1962, le CEA envisage d’immerger des fûts de déchets radioactifs en Méditerranée, au large des côtes entre Toulon et la Corse. Ce projet est finalement abandonné à la suite de différentes protestations, portées notamment par le commandant Jacques-Yves Cousteau.

8/ En 1965, l’Agence Européenne pour l'Energie Nucléaire (ENEA), qui est devenue depuis l'Agence de l'OCDE pour l'Energie Nucléaire (AEN), procède à une étude des possibilités de réalisation d'opérations de rejets en mer coordonnés sur le plan européen.

9/ L’évaluation des risques menée par des groupes d’experts mandatés par l’OCDE à l’époque estime que l’immersion de 10 000 curie/an (0,37 PBq/an) de déchets solides radioactifs de faible et moyenne activité dans l’océan est sans danger.

10/ L’OCDE valide l’idée de réaliser une immersion « européenne » des déchets. Il faut donc désormais choisir un site. L’idée est de trouver un site profond, éloigné des zones de pêche, sans câbles sous-marins et tenant compte des courants marins.

11/ La dimension économique est également importante : la distance à parcourir pour le bateau, les conditions météorologiques et les difficultés de navigation sont également des critères.

12/ La zone retenue est située au nord-est de l’Océan Atlantique à une profondeur de 5000 mètres. Pour la première campagne de 1967, les déchets proviennent de 5 pays (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et France).

13/ Les déchets, suivant leur type, sont disposés de manière particulière dans les containers. Pour la France, il s ‘agit de déchets du CEA Marcoule, sous forme métallique, bloqués dans du béton, mais également des boues bitumées résultant du traitement des effluents liquides.

14/ Pour les déchets français, entre la mi-mai et début aout, un navire britannique de 2250 tonnes vient récupérer, en plusieurs voyages, la cargaison de déchets radioactifs français à Cherbourg.

15/ Pour cette opération de 1967, 896 containers de déchets métalliques (347 tonnes, 0,4 TBq) et 30 700 fûts en acier contenant des boues bitumées (8837 tonnes, 220 TBq) sont immergés dans l’Atlantique Nord pour la France.

16/ Une seconde opération similaire est menée en 1969. Pour la France, 14800 conteneurs de fûts métalliques contenant soit des boues de traitement d’effluents liquides enrobées ou non dans du bitume (2 201 tonnes), soit des déchets bétonnés (2 814 tonnes) sont immergés (134 TBq).

17/ En 1969, la France abandonne le programme d’immersion de l’OCDE avec l’ouverture du centre de stockage de la Manche par le CEA (géré par l’@Andra_France depuis 1979). D’autres pays Européens continuent les immersions pendant plusieurs années.

18/ Peu médiatisées à la fin des années 1960, les campagnes d’immersion des déchets dans l’océan Atlantique font l’objet d’action « coup de poing » spectaculaires et très médiatisées de @Greenpeace au tournant des années 1970-1980.

19/ La mise en lumière de ces opérations dans l’espace public amènera les pays européens à stopper les immersions. Certains pays se montrent en effet préoccupés par les risques éventuels de ces pratiques mais aussi par les images qu’elles véhiculent.

20/ Un moratoire volontaire sur l’immersion de ces déchets a été adopté en 1983, puis, en 1993 la convention de Londres (reconnue comme le principal dispositif international de contrôle de l’immersion de déchets dans la mer) interdit officiellement cette pratique.

21/ D’autres opérations d’immersion seront menées par la France jusqu’en 1982 en Polynésie Française pour évacuer des déchets liés aux essais nucléaires.

22/ Le programme de recherche CRESP (« programme coordonné de recherches et de surveillance du milieu lié à l’immersion des déchets radioactifs ») mène des études environnementales entre 1980 et 1995, et conclut à une faible contamination des sites d’Atlantique Nord.

23/ Au milieu des années 1980, des prises de vues photographiques des déchets immergés sont réalisées par l’IFREMER et le CEA.

24/ Les associations n’ont toutefois pas abandonné ce combat. Greenpeace mobilise également des prises de vues sous-marines dans la fosse des Casquets (Manche) en 2000. Cette fosse a été utilisée pour les déchets du Royaume-Unis et de la Belgique.

25/ Les États sont aujourd’hui responsables de ces déchets et, pour la France, l’@Andra_France réalise leur inventaire. Si l’immersion est aujourd’hui abandonnée, la question de la gestion et/ou de l’élimination des déchets nucléaires est toujours au cœur de l’actualité !

26/ Sources + ouvrages en photo 1/2

rgn.publications.sfen.org/articles/rgn/p…

andra.fr/sites/default/…

inventaire.andra.fr/sites/default/…

persee.fr/doc/afdi_0066-…

radioprotection.org/articles/radio…

inis.iaea.org/collection/NCL…

inis.iaea.org/collection/NCL…

inis.iaea.org/collection/NCL…

iaea.org/sites/default/…

27/ Sources 2/2

informationnucleaire.ch/pdf_fiche_1/01…

oecd-nea.org/jcms/pl_13038

gnssn.iaea.org/Superseded%20S…

www-pub.iaea.org/MTCD/publicati…

inis.iaea.org/collection/NCL…

hal.archives-ouvertes.fr/tel-01917434/d…

philatelie-pour-tous.fr/wp-content/upl…

28/ Sources vidéos :

ina.fr/video/S854621_…

ina.fr/video/CAB79000…

ina.fr/video/I1717322…



greenpeace.fr/greenpeace-fra…

ina.fr/video/CAA75020…

ina.fr/video/S749427_…

vimeo.com/411757237



ina.fr/video/CAF97504…