Thread by @DeBunKerEtoiles

L’Etat profond :
Un pouvoir secret caché derrière le pouvoir, qu’on peut blâmer de tous les maux et en toute occasion.
Un mantra ingénieux pour être toujours en position de force dans les débats politiques, et se déresponsabiliser de ses erreurs quand on est au pouvoir.
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L’Etat profond à la base, c’est l’idée que le vrai pouvoir n’est pas détenu par l’Etat apparent, c’est à dire le gouvernement et les élus, mais par un pouvoir caché qui manipule dans l’ombre.
Ce concept a d’abord été utilisé par des politiciens turcs, et par divers auteurs.

Bien sûr, on pourrait se dire que l’idée de base n’est pas totalement idiote :
On sait qu’il y a des contre-pouvoirs internes, surtout dans une démocratie, incarnés par les bureaucrates, les intérêts privés, les élus locaux, etc.
Mais avec Trump, c’est devenu bien plus que ça.

Avec Trump qui arrive au pouvoir en 2016, avec ses manières imprévisibles et outrancières, une certaine répulsion apparaît chez les bureaucrates, qui atteint son paroxysme avec l’affaire de l’ingérence russe: Trump est visé par de nombreuses accusations dés le début de son mandat

De plus, Trump ayant certaines idées de son programme parfois pas très réalistes, il a un mal fou à les mettre en œuvre.
Sans compter que le pouvoir du président est bien plus limité aux Etats-Unis qu’en France par exemple (au niveau institutionnel)

Dès lors, il apparaît chez les militants pro-Trump, et notamment dans leur frange extrême, à savoir les complotistes de QAnon, l’idée qu’un pouvoir caché et machiavélique s’ingénie en coulisses à entraver le génial plan de Trump.

Et c’est devenu un outil argumentatif puissant.
D’habitude, dans le jeu politique, c’est l’opposition qui a la meilleure position :
Il suffit d’attendre les erreurs du pouvoir en place et de critiquer.
Et de relier à lui tous les problèmes.
Mais l’Etat profond a renversé ça.

Avec l’Etat profond, la logique est renversée :
Le pouvoir en place devient un opposant au vrai pouvoir, voire même un opprimé.
Il fait une erreur ?
C’est pas de sa faute.
C’est de la faute de l’Etat profond.
Il peut ainsi se déresponsabiliser, et même accuser ses opposants.

En plus, ce qui est merveilleux avec l’Etat profond, c’est qu’il est par définition caché, donc on peut l’accuser d’absolument tout ce qu’on veut.
C’est le bouc émissaire imaginaire qu’on peut accabler de tous les maux de la société.
Ça devient une vérité simple à comprendre.

L’explosion de l’utilisation de ce terme coïncide d’ailleurs avec la marginalisation du complot illuminati, qui à force d’être moqué, n’est plus utilisé par les complotistes;
Pourtant la logique est la même : un groupe secret et malveillant tient les rênes du pouvoir en coulisses

Et même quand Trump, président au pouvoir, perd les élections dans un État comme la Géorgie où son parti est aussi au pouvoir, et perd son procès pour fraude devant un juge conservateur du même camp politique que lui, bah c’est quand même une pauvre victime du complot du pouvoir.

Et ça fait un peu peur.
Le principe c’est de simplifier les problèmes sociaux : Tout est de la faute de l’Etat profond.
Donc il suffit d’éliminer les gens de cet État profond pour que la société aille mieux.
Il suffit donc de donner des noms, pour mettre en danger des personnes.

Vous pouvez être sûrs qu’on va beaucoup entendre parler de cet « État profond » dans les années à venir, y compris en France.
Il deviendra l’entité invisible et mystérieuse qui cristallise toutes les frustrations de la population.