Je risque de plomber un peu l'ambiance mais je voulais évoquer quelque chose que côtoie très souvent le magistrat, notamment au Parquet : la mort.
Ça fait d'ailleurs partie des raisons qui m'ont fait passer au siège.
Pas la principale, mais quand même.
Avant d'être au Parquet, je n'imaginais pas que tant de gens mourraient, tout le temps, de manière "non naturelle".
Je ne parle pas des meurtres, heureusement assez rare.
Mais tout ce qui est suicide et accident.
Les suicides sont finalement assez tabous en France, on en parle assez peu et souvent uniquement sous l'angle professionnel (chez les policiers, les profs, les agriculteurs..).
Au Parquet, dès qu'une personne se suicide, on est forcément appelé par l'OPJ.
J'ai ainsi découvert le nombre très important de gens qui mettent fin à leurs jours. En moyenne 2 à 3 par semaine, pour un TJ de province de taille moyenne.
Très souvent des hommes.
Et souvent des personnes âgées aussi.
Je me souviens d'un couple de petits vieux,
ils s'étaient suicidés ensemble, ayant appris qu'ils ne pouvaient plus rester dans leur appartement et devaient aller en maison de retraite.

Je me souviens aussi d'un petit monsieur, la cinquantaine, pas de problème apparent, juste une très grande solitude et l'envie d'arrêter.
Il avait préparé tout un dossier pour ceux qui le trouveraient : une lettre expliquant son geste, un dossier pour la banque, un pour le notaire.
Il avait même tenu à s'excuser auprès des policiers de son geste et du désagrément que cela allait causer, il ne voulait pas déranger.
Il y avait eu aussi une jeune femme, la vingtaine. Je m'étais déplacée sur les lieux car la scène était suspecte. Elle avait les mains attachées et un bâillon dans la bouche.
Mais c'était bel et bien un suicide, elle n'avait juste rien voulu laisser au hasard.
Ce qui est très dur aussi, c quand on ne retrouve le corps que des jours/semaines après le décès, car les voisins se plaignent de l'odeur.
C'est dur pas seulement à cause de l'état du corps, mais surtout car cela signifie que personne ne s'est inquiété de ne plus avoir de news.
Cela démontre l'isolement total des gens..
Ceux que je redoutais aussi, c'était les pères ou mères qui se suicidaient chez eux, oubliant sans doute dans leur désespoir qu'il y avait tous les risques que ce soit leur enfant qui les retrouve.
A chaque appel des OPJ pour informer d'un décès, j'imaginais les conséquences pour chaque famille.

A côté des suicides, il y avait tous ces accidents mortels, tellement brutaux.
Je ne parle pas que des accidents de la route ou du travail.
Mais ceux où le hasard, le destin, a fait que la vie allait s'arrêter, tel jour, à telle heure.
Ainsi ce fils, la trentaine, qui avait invité sa mère à visiter la maison qu'il venait d'acheter.
La mère avait chuté dans l'escalier, elle s'était brisée le cou et était morte.
Cette mère de famille qui prenait son bain avec son téléphone portable, branché sur la prise pour le recharger.
C'était sa fille de 6 ans qui l'avait découverte.
Les noyades des enfants dans les piscines privées, tellement fréquentes.

Les accidents de jardinage, tel cet homme de 40 ans qui avait grimpé dans un arbre pour scier des branches et qui avait bêtement chuté. C'était sa femme qui l'avait découvert en revenant des courses.
J'avais envie de hurler à chaque compte-rendu, tellement j'étais en colère contre l'absurdité de ces morts.
On prend conscience avec ce métier que la vie est vraiment fragile et que tout peut basculer en un instant.
On se blinde peu à peu mais ces histoires restent toujours.
Les histoires dont je vous parle sont toutes anciennes mais je m'en souviens parfaitement, on ne peut pas les oublier.
Depuis que je ne suis plus au Parquet, je me suis un peu éloignée de toutes ces morts absurdes.
Je continue bien sûr d'avoir mon lot de décès, au travers des
dossiers d'homicide, volontaire ou involontaire.
Et c'est déjà bien assez je trouve.

Faites attention à vous, les accidents sont vraiment très vite arrivés.
Et faites attention aux autres, la solitude est une maladie mortelle.
Je me relis et constate que ce thread est triste à pleurer.
Je suis désolée, j'avais envie d'en parler.

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7 Feb
Pour continuer sur la problématique de la détention provisoire, un autre exemple, issue d'une affaire hélas assez banale.
Théo est jeune, il a 19 ans, il vit chez ses parents depuis qu'il est majeur, avant il était en institut médico-éducatif : établissement accueillant les
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Lesquels sont des gens très bien, aimant, qui font tout ce
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2 Feb
Tiens d'ailleurs, en parlant de l'instruction, je voudrais quand même rappeler certaines choses, surtout quand je vois les H et F politiques actuels renchérir sur le problème des agressions sexuelles, à faire des belles promesses aux victimes.
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1 Feb
Avant de repartir dans les threads + sérieux et + durs, une autre petite anecdote issue de l'instruction.
De l'art d'apprendre à se taire pour un juge d'instruction...

C'était une affaire de braquage à main armée dans une banque.
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23 Jan
Dans les affaires d'agressions sexuelles sur mineures, l'immense majorité des prévenus sont des hommes. Mais aujourd'hui je vais vous parler des femmes. De certaines femmes. De certaines mères. Quoi que je doute qu'elles méritent encore ce qualificatif.
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23 Dec 20
Jeune JI à l'époque, je l'avais rencontré quand il était venu dans mon bureau, j'avais chargé sa brigade d'une commission rogatoire dans une affaire de cambriolages en série. La trentaine, le regard pétillant, un humour dévastateur. Je le revois me donnant du "Mme le juge" à
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A travers lui, j'ai découvert l'envers du décors, la vie d'un gendarme OPJ. Ce qu'il se passait une fois que j'avais envoyé ma CR.
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21 Dec 20
Petit thread sur la comparution immédiate.
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