#Thread Poetic justice ou Schadenfreude, à vous de décider.
L’appel en matière criminelle a été introduit par la loi du 15juin 2000. Avant, tous les arrêts d’assises n’étaient pas susceptibles d’appel.
Oui, toutes les peines de mort en France ont été prononcées sans appel possible.
La loi du 15 juin 2000 réservait la possibilité de l’appel à l’accusé condamné. Le parquet ne pouvait pas faire appel d’un acquittement, tout comme il ne peut pas se pourvoir en cassation contre un acquittement (art. 572 du CPP, inchangé encore aujourd’hui).
En 2002, Jospin a peur de perdre à cause de l’insécurité, et décide de faire à l’approche des élections un virage sécuritaire. La suite va (pas) vous étonner.
Incise : tous les présidents ou premier ministres qui ont fait un virage sécuritaire à des fins électorales ont perdu. La bise à Manu.
Donc le 4 mars 2002, il vote une loi rétropédalant un peu sur les avancées de 2000, et permet un appel d’un acquittement. Cela a été motivé par l’affaire Lubin (3615 Wikipédia). Un fait divers = une loi, la recette du succès.
Ce droit d’appel, fait au nom de l’égalité des armes, est profondément problématique. Soit un accusé condamné, puis acquitté en appel. Il y a deux décisions contradictoires : une de culpabilité, une d’innocence : l’innocence l’emporte. C’est bien.
Soit un accusé acquitté puis condamné en appel. Il y a deux décisions contradictoires : une de culpabilité, une d’innocence. Et là c’est la culpabilité qui l’emporte. Pourquoi ? Parce qu’il y a trois jurés de plus en appel ? ¯\_(ツ)_/¯
On m’opposera que c’est la même chose en matière délictuelle. Je dis nenni, car quand je suis outré, je parle en vieux français.
L’appel en matière délictuelle est très différent. Outre le fait que les magistrats d’appel sont plus expérimentés, qu’ils sont forcément trois, ils ont tous accès au dossier, ils ont les notes d’audience de 1re instance, ils ont un jugement motivé.
Et la 1re question que l’on pose à l’appelant est « pourquoi faites-vous appel ? », appel qui peut être limité par l’acte d’appel à certaines dispositions. Bref ce n’est pas un 2e procès, c’est aussi le procès du 1er procès. L’appelant doit dire en quoi le tribunal s’est trompé.
Point de tout cela en appel d’assises : la feuille de motivation du 1er procès n’est pas communiquée aux jurés, qui n’ont pas accès au dossier. C’est un deuxième procès d’assises, où tout peut se jouer sur un témoin qui ne vient pas.
Le 1er système était le bon : pour être condamné, il faut un ou deux arrêts de condamnation, un seul arrêt d’acquittement doit l’emporter, la présomption d’innocence l’exige. Mais en France, les grands principes ne sont pas faits pour être appliqués.
Et donc, où est la poetic justice ou la raison de Schadenfreuder un coup ?
L’appel d’un acquittement a été rendu possible par l’article 8 de la loi n°2002-307 du 4 mars 2002.
Son intitulé complet est « complétant la loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes. » Complétant signifiant revenant dessus, vous l’avez compris.
Cette loi a été adoptée par la XIe législature. Le député de la 9e circonscription de l’Essonne de la XIe législature était...
Georges Tron.
PS : à sa décharge, il avait voté contre (merci @Projet_Arcadie )
Merci M. le premier ministre, non pour votre réponse, nous allons voir que ça n’en est pas une, mais pour me fournir ce support pour une petite leçon de rhétorique politique. Deux sophismes dans ce tweet : un écran de fumée et un homme de paille.
L’écran de fumée : je dis que le premier ministre veille à ne pas parler de recrutement de magistrats et de greffiers (indispensable pour que la justice fonctionne correctement), car il ne s’agit pas de recrutements de greffiers et de magistrats.
et il répond à côté en soulignant le nombre des recrutements alors que le sujet était leur nature. Oui, 866 CDD ont été signés ; aucun ne sont des magistrats pouvant juger, certains feront fonction de greffiers sans la formation nécessaire, et tous partiront au terme de leur CDD.
Même si un acquittement final et purement politique s’annonce, cette première journée du procès en impeachment s’est très mal passée pour Trump. Ses avocats ont été franchement mauvais, et mal préparés par rapport aux représentants de l’accusation. C’en était embarrassant.
Même Trump s’en est rendu compte, qui d’après son entourage en était à hurler sur sa télé.
La question du jour était une question préalable sur la constitutionnalité de poursuivre un président ayant quitté ses fonctions.
Ils ont été tellement mauvais qu’ils ont convaincu un sénateur (Cassidy, R-LA) de changer d’avis et voter contre eux.
En droit français, le viol suppose la preuve d’une pénétration sexuelle (par le sexe ou dans le sexe), et du fait que l’auteur avait conscience que ladite pénétration a eu lieu avec violence, contrainte, menace ou surprise.
La question ne se pose pas en termes de consentement, pour une raison très simple. Le consentement, ça se passe dans la tête de la victime. Or on juge l’auteur de l’acte. C’est dans sa tête à lui qu’il faut se placer.
La comm’ : ON A GAGNÉ, TOUS ENSEMBLE TOUS ENSEMBLE WÉ WÉ
Le droit : débouté sur l’efficacité énergétique, le renouvelable, le réchauffement climatique, l’évaluation et le suivi. Accepté seulement sur le non respect de ses objectifs d’émission de CO2. 1 € de préjudice.
Le tribunal n’a pas statué sur tout et rendra un jugement pour boucler dans deux mois, où il statuera sur la demande d’injonction sous astreinte faite à l’Etat d’infléchir sa politique. C’est le point déterminant et il n’a pas été tranché (mais pas encore rejeté non plus du coup)
Mais présenter comme une grande victoire un jugement qui rejette 6 des 7 chefs de demande, dont la principale, la demande de réparation du préjudice écologique car demande mal présentée…
Petit conte moral sur le secret professionnel.
Il y a quelques temps, j’arrive dans un commissariat pour une garde à vue. Je me présente au guichet du poste, en parlant à voix basse quand je donne le nom de mon client : le guichet donne sur la sale d’attente et il y a du public.
On me demande de patienter, bien qu’on m’ait demandé par téléphone de venir le plus vite possible. Normal. Je vais m’asseoir et une dame m’abord : « Vous êtes avocat ? »
Elle m’a entendu me présenter.
Je lui confirme. « Vous êtes là pour défendre Primus ? »
Non. J’ai été appelé pour Secundus, dans une autre affaire puisque je sais qu’il est seul : on ne reproche aucune circonstance aggravante de réunion à Secundus.
Rappel important du jour : si, en tout domaine (civil, pénal, administratif même), la justice vous demande des preuves, ce n’est pas qu’elle ne vous croit pas et pense que vous êtes un menteur (ou une menteuse) : c’est que la loi lui interdit de se fonder sur votre seule parole.
Rien de personnel donc. C’est la règle depuis les Romains : actori incumbit probatio, reus in excipiendo fit actor. C’est à celui qui a une prétention de la prouver, et celui qui invoque un fait pour se défendre doit lui aussi le prouver.
En droit civil, on dit que ne pas pouvoir prouver qu’on a un droit revient à ne pas avoir ce droit. Et la majorité des procès civils se jouent sur un problème de preuve. Voilà pourquoi votre avocat est obsédé par les pièces qu’il vous demande de lui envoyer.