II est vrai qu'on retrouve dans un certain nombre d'études une corrélation entre consommation de viande rouge et divers problèmes de santé, et aussi une mortalité accrue.
Problème : une corrélation n'est pas une causalité.
Il peut exister des facteurs de confusion. Les plus connus et les plus faciles à évaluer sont pris en compte par les chercheurs, mais d'autres sont plus difficiles à traiter. Par exemple le fait que la viande ne soit pas du tout consommée avec les mêmes aliments partout.
Selon que vous accompagnez votre steak avec de la salade ou avec des frites risque de ne pas avoir le même effet sur votre santé. Dans le second cas, les gros mangeurs de viande sont aussi de gros mangeurs de frites. La viande risque d'être le bouc émissaire pour autre chose.
Logiquement, si ces facteurs de confusion jouent, on devrait trouver des différences par exemple entre régions du globe, qui ont des habitudes alimentaires différentes.
C'est précisément ce que l'on retrouve.
L'essentiel des associations entre mortalité (et quelques autres problèmes majeurs) et viande rouge se retrouve aux Etats-Unis, mais pas dans le reste du monde, et notamment pas en Europe.
On retrouve cette différence sur d'autres sujets pour lesquels la viande rouge est généralement accusée.
On retrouve cette différence géographique encore dans les études menées sur les végétariens. On trouve des bénéfices à une alimentation végétarienne aux Etats-Unis, mais pas ailleurs.
Plus précisément, les études aux Etats-Unis sur la question de la viande ou du végétarisme sont fortement dominées par les études menées sur et par les Adventistes du 7ème jour.
Que ces études chez les Adventistes trouvent des résultats si différents du reste du monde pose évidemment des questions. A minima, on doit se dire qu'il s'agit d'une situation particulière, peu généralisable. Ce que conclut Dinu et al. cité plus haut.
Bon, je vous en mettrais bien encore une tartine (je vous mets des liens ci-dessous si vous voulez approfondir), mais vous avez compris le truc : 1. Il est difficile d'affirmer un lien de cause à effet certain entre viande rouge et problèmes de santé.
2. Si ce lien existe, il semble de toute façon ne pas être présent, ou du moins beaucoup plus faible, hors des Etats-Unis.
En Europe, une étude suggère même qu'il pourrait y avoir un bénéfice à une consommation faible à modérée de viande rouge.
En conséquence de tout ça, j'ai un peu de mal à comprendre comment la publication du Lancet arrive à des conclusions aussi affirmatives, et à ce chiffre de 300 000 morts.
Si vous voulez approfondir, je vous ai réuni les sources et quelques autres sur cette page :
Si vous voulez approfondir +++, vous pouvez aller sur le site Aleph2020, porté par @fleroy1974, auquel je participe, sur lequel nous réunissons tout ce que nous pouvons de données scientifiques sur ces questions.
Je rajoute ces publis françaises signalées par @EspinosaRomain, où on trouve une association viande rouge/cancer. Il faudra voir ce que ça donne intégré aux méta-analyses, si ça modifie/contredit les résultats européens.
Mais donc, je rajoute cette étude canadienne qui trouve que manger plus de viande rouge augmente le risque de cancer chez les hommes qui mangent peu de fruits et légumes, mais pas chez ceux qui en mangent beaucoup (voire le diminuent, mais non statistiquement significatif).
Et l'on en revient à ma première question : avec des résultats aussi hétérogènes, voire contradictoires, comment peut-on tirer des conclusions définitives et chiffrées sans mettre au moins un conditionnel ?
Avant qu'on m'en fasse la remarque. Sur l'étude canadienne, j'aurais dû écrire "est associé à" et non pas "augmente le risque".
On a tous tendance à passer trop vite à des conclusions abusives, même moi, et il faut lutter contre ça.
Autre remarque sur les différences géographiques : on a une grosse tendance à l'uniformisation des habitudes alimentaires. Il est donc probable que ces différences s'estompent. C'est là que des études comme l'étude canadienne pourront aider.
Pour ceux qui veulent approfondir, sur ALEPH2020, en bas de la page, il y a la possibilité de changer la langue pour le français. C'est une traduction automatique, ça vaut ce que ça vaut, mais ça peut aider.
Je vais répondre à ce commentaire à mon thread sur la viande rouge, pour deux raison : 1. C'est plein d'amour et de bienveillance. 2. Je vais vous expliquer pourquoi taper sur la viande rouge a contribué à AUGMENTER la souffrance et l'asservissement des animaux. 1/8
En volume, il y a trois grosses catégories de viande qui font l'essentiel de notre consommation :
- Les ruminants, largement dominés par les bovins.
- Les cochons.
- La volaille, largement dominée par le poulet. 2/8
Mais chacune de ces catégories ne cause pas la même souffrance.
En nombre déjà.
Pour avoir la même quantité de viande, il faut élever et tuer en gros 200 fois plus de poulets que de bovins. 200 fois plus d'animaux asservis et abattus.
3/8
On retrouve ici quelque chose qui transparaissait dans le graphique de Nicolas Treich (tweet suivant) : au sein d'une catégorie (les plus modestes) qui mange pas mal de viande, il y a une sous-catégorie (les vraiment pauvres) qui elle, a du mal à s'en procurer. 1/5
Il est probable que parmi les foyers aux minimas sociaux (environ 2 millions de foyers en France ?) ou proches de ça, une fraction au moins ait de réelles difficultés d'acquérir de la viande, et plus largement des produits animaux.
Pour eux et pour leurs enfants.
3/5
Je vois souvent passer ces visuels qui comparent la captation du carbone par les forêts et les prairies.
Il se basent sur les 30 premiers cm du sol et la biomasse aérienne.
L'avantage est clairement à la forêt, qui stocke au total 2 fois plus.
1/8 ⬇️
Mais le sol, ce n'est pas que les 30 premiers cm.
Le stockage de carbone peut se faire beaucoup plus en profondeur.
Ainsi, cette étude chinoise trouve que sur les 100 premiers cm, les prairies naturelles stockent 2x plus de carbone que les forêts. journals.plos.org/plosone/articl…
2/8
Parce que les forêts stockent surtout en surface, et les prairies beaucoup plus régulièrement sur le profil du sol, par la décomposition de leur système racinaire.
(En haut, les forêts, en bas les prairies étudiées).
- Tu veux la suite, vraiment ?
- Oui ! Qu’est-ce que tu fais quand tu rentres en Corse ?
- Des choses et d’autres. Mais n’hésite pas à relire le premier volet de mes palpitantes aventures agroécologiques avant de poursuivre.
Début janvier 2009, donc, je rentre en Corse.
Je quitte Montreuil, Le Sens de l’Humus, les bisbilles entre associations des Murs à Pêches, mais aussi l’AMAP des pirates de Moyembrie (la deuxième création d’AMAP à laquelle j’ai participé). fermedemoyembrie.fr
La ferme de Moyembrie, c’est un endroit magnifique, je regrette de ne pas y être allé plus souvent.
Réinsertion de personnes en sortie de prison, avec du maraîchage, des poules, des chèvres, et le merveilleux Jacques Pluvinage. cairn.info/revue-pour-201…
- T’es là ?
- Plus ou moins.
- Y’a un truc qui me chiffonne. C’est quoi ton parcours pour en arriver à penser ce que tu penses en matière d’agriculture, par exemple.
- T’as 5 minutes ? Qu’est-ce que tu veux savoir ?
- Ben, tout. Depuis le début, c’est possible ? Quand as-tu commencé à t’y intéresser ?
- Vers l’âge de 7 ans, on dira. Pas le choix. Mes parents se sont installés en Corse un ou deux ans plus tôt, dans le village de mon père, Speloncato. Ils galèrent.
Ils sont pauvres. Vraiment. A l’époque, chaque fin de mois était une torture, c’est quelque chose qui marque. Alors mon père, en plus de son boulot, prend quelques vaches, trouve à louer quelques terrains. Ma mère se forme pour obtenir la DJA.
- Je parle tout seul.
- Quoi ?
- Je parle tout seul.
- Ca va pas bien, Fabien ?
- Je voudrais parler de choses compliquées de manière simple.
- Il dit qu’il voit pas le rapport.
- Ben, le meilleur moyen que j’ai trouvé, c’est de parler tout seul. J’t’explique.
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Quand je réfléchis à un truc difficile, par exemple lié à ma thèse, ou à ce monde de dingues, ou sur une question sur laquelle je n’ai pas de conviction arrêtée, j’ai tendance à le formuler à haute voix.
- Ca arrive à des gens très bien, tu sais.
- Ah bon ?
- Enfin, je crois. Ok, tu parles tout seul. Mais pourquoi tu me dis ça sur Twitter ?
- Ben, ça fait quelques temps que je veux parler de sujets en cours d’élaboration, mais pour lesquels il me manque un peu de travail pour un article ou un thread en bonne et due forme.