Tout a été dit sur cet article, sa méconnaissance risible du monde scientifique (étude pas traduite, agrégation d'immunologie...), son name dropping grotesque de revues médicale, son niveau nord-coréen de propagande.
Ce qui m'intéresse est d'examiner comment il a pu être écrit.
Le Parisien est la propriété du groupe LVMH, donc de Bernard Arnault, ami personnel du couple Macron qui lui a rendu des services directs ces dernières années (le plus flagrant étant l'embauche d'Émelien) et vice-versa (la fortune d'Arnault a été multipliée par 4 depuis 2016).
Le Parisien, comme bon nombre de médias non indépendants (dépendants ?), n'est pas rentable. De loin. Son existence dépend de LVMH et dans une moindre mesure des aides de l'État. En 2017, il se classe dixième dans l'ordre du montant des subventions par l'État, avec 1 749 538€.
Son directeur de publication est Pierre Louette, SciencesPo/ENA de la promotion 1989 dont la carrière a zigzagué entre les cabinets ministériels et présidentiels (sous Balladur et Sarkozy), l'AFP, la Cour des Comptes, Havas, LVMH, Orange...
Carrière exemplaire de revolving door.
Son directeur de la rédaction est depuis octobre 2020 Jean-Michal Salvator, ancien d'Europe 1, ancien directeur adjoint de la rédaction du Figaro, et ancien DGA de BFM Business. Lors de sa nomination, Le Figaro a noté sobrement que l'une de ses premières missions au Parisien sera
d'"accompagner les départs non contraints de 30 à 40 journalistes prévus par le plan de transformation". Libération sera plus direct.
C'est un contexte qu'il faut garder l'esprit dès que l'on juge la production des journalistes de cette publication : leur emploi est directement menacé, et la personne qui les dirige directement a été explicitement embauché pour diminuer les effectifs.
Enfin, cet article a un auteur, Olivier Beaumont. Je ne connaissais pas ce journaliste, mais j'avais entendu parler de ses deux livres : sur la famille Le Pen et sur les péchés en politique. Étude de lettres et de journalisme à Amiens puis La Sorbonne.
Longue carrière au Parisien axée dès le début sur le suivi personnel des politiques : d'abord le quinquennat de Sarkozy ensuite la campagne de Marine Le Pen en 2012, les primaires de l’UMP et Fillon en 2017, l’Élysée, le suivi d’Emmanuel Macron et la Macronie depuis 2017.
Sur la base de son travail depuis maintenant 15 ans, on peut supposer qu'il s'est constitué un important réseau de contacts directs et personnels avec le monde politique, lui permettant d'obtenir les informations et anecdotes de l'intérieur qui forment son matériel de travail.
Maintenant, je dois spéculer.
Rien dans l'article n'est vrai, rien n'est une information si on donne à ces mots leur sens usuels. À quel moment est-ce que l'on décide de produire cela ? En conférence de rédaction, devant tous les autres ? En privé ? Par quels procédés ?
Comment est-ce que l'on écrit sur le monde scientifique sans poser la moindre question à un scientifique ? Comment fait-on ? On va voir Ferrand, on lui demande un commentaire sur l'intérêt de Macron pour l'immunologie et on le reproduit sans la vérification la plus élémentaire ?
Ou bien est-ce que tout cela, absurde compris, nous est fourni clé en main par les services de l'Élysée, avec les citations anonymes sans contenu.
"Ce qu'il a envie d'étudier, c'est ce qu'il n'a pas encore déjà vu et entendu [...] Cela l'obsède d'essayer de ne pas se tromper"
Voilà ce qui nous est rapporté de sources anonymes : des phrases à la syntaxe bancale dont lesquelles on serait bien en peine de déceler le début d'une information, mais qui enveloppent le lecteur d'un sentiment de compétence de Macron. D'où viennent-elles ?
Faut-il vraiment aller les chercher, ou bien sont-elles directement envoyées par l'Élysée et sa "garde rapprochée" ? Idem pour les confidences ridicules rapportées par des participants au conseil scientifique. À quel moment décide-ton d'un tel titre ?
Comment en vient-on à faire du journalisme le métier de divorcer le récit du réel ? Voilà ce que j'aimerais comprendre. Comment l'influence du champ économique sur le champ médiatique amène cette production ?
Et que fait-on une fois que l'on en est arrivé là ?
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Je sais que c'est so last monday de parler des menus à la cantine mais j'avais quand même envie de partager la viande du plateau de la cantine de mon lycée.
Et maintenant que vous vous félicitez de ce que l'on ne m'impose pas un menu sans viande, de vous raconter une histoire.
Je vais vous dire un mot du collège de mon fils, et de pourquoi il n'a plus qu'un cours d'histoire-géographie sur trois depuis la dernière modification du protocole sanitaire.
Le prof en question est personne fragile. Depuis le début de l'année, les cours étaient donc en visio.
À l'heure prévue, dans la salle prévue.
Et puis, le protocole "sanitaire" a été modifié et depuis cette semaine, il n'a plus qu'un cours d'histoire-géo sur trois. Pourquoi ? En quoi une modification du protocole sanitaire peut avoir cet effet ?
Il me semble que nous devrions nous souvenir de cette date, de ce qu'il s'est passé il y a exactement un an, le 24/02/2020, qui fut un point de bascule dans l'histoire de l'épidémie de #Covid_19 en France.
Le 24/02/2020, l'OMS termine sa mission d'évaluation de la réponse chinoise à l'épidémie de #Covid_19 à Wuhan. Le rapport afférent souligne le danger présenté par Sars-CoV-2.
"It must be considered capable of causing enormous health, economic and societal impacts in any setting. It is not SARS and it is not influenza. [We risk failing to] exploit all possible measures to slow transmission of the COVID-19 virus, reduce disease and save lives."
D'abord on a massacré les conditions de travail des enseignants du secondaire : leur rémunération, la taille de leurs classes, les programmes et leurs objectifs, le système de formation et le système de retraite.
Ensuite, on leur laisse gérer absolument seul le confinement, ces "enseignants qui aujourd'hui ne travaillent pas", quand ils ne sont pas des "enseignants décrocheurs". Ensuite, c'est la rentrée pendant une pandémie et ils reçoivent le totem d'immunité "jamais cas contact".
Étrangement, on constate alors qu'il n'y a de moins en moins de candidats qualifiés qui se présentent au CAPES. Alors on massacre le CAPES, la maîtrise disciplinaire c'est tellement ancien monde, et on réduit le nombre d'heures de cours.
Aucune enquête de grande ampleur et prenant en compte les asymptomatiques n'est venue remettre ces résultats en question depuis. Au contraire. À l'automne 2020, on avait de nombreuses études venant confirmer les résultats initiaux.
A tous les ennemis de l'entourloupe et tous les contempteurs de la notion de #VidaloUmbridgisme...
Je veux bien que le sens de ce mot soit obscurci par de coupables captations idéologiques… Mais alors, quel mot, SVP ?
-"Moi je pense que l'islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble"
Ennemi identifié par son adhésion réelle ou supposée à une religion et à une idéologie politique opposée au gouvernement, identification de ce mouvement avec une nécrose entraînant la putréfaction.
-"À l'université, il y a des gens qui utilisent l'aura qu'ils ont, ils sont minoritaire, pour porter des idées militantes de l'islamo-gauchisme"
L'ennemi s'est infiltré partout, il est organisé et il tente de subjuguer ses victimes par son aura.