Vous n'avez apprécié Hollande sur Twitch que parce qu'il n'est plus président. C'aurait été en 2016, vous auriez réagi comme pour l'invit de Castex.
La vérité ? Non, Twitch n'est pas un havre dépolitisé, et ne l'a jamais été : refuser de s'intéresser aux débats, c'est politique.
Rigoler des punchlines d'Hollande (drôles hein, je suis le premier à le reconnaître) en oubliant les choix politiques de son quinquennat, c'est politique.
Accropolis c'est politique. HugoDécrypte c'est politique. Zera qui fait du caritatif, MV qui instaban les sexistes, les streameuses qui se battent pour leur légitimité, tout ça c'est politique.
Et surtout, surtout, surtout, Sardoche et les centaines de Sardoche-like, qui ne connaissent que la compétition et la masculinité toxique des call of (et leur prisme historique américano-centré), c'est politique. C'est pas mal, hein. Mais c'est politique.
C'est pas par hasard si c'est les "havres de paix isolés de la politique" comme le 18-25 ou 4chan sont des terrains de chasse privilégiés de recrutement pour l'extrême droite. C'est parce que c'est dépolitisé, et qu'être un endroit dépolitisé... c'est politique !
Alors moi Castex sur Twitch, ça me pose pas de problème.
Ce qui me pose plus de problème, c'est que, avec l'appréciation que j'ai pour Samuel Etienne, il n'est pas journaliste politique : je ne pense pas qu'il ait le bagage pour contrer un premier ministre.
Comment je le sais ? Parce qu'il n'a pas eu le bagage pour détricoter les erreurs (au mieux) ou la malhonnêteté (au pire) d'un ancien président.
Je le sais aussi parce qu'on a fait le débathon, il y a deux ans déjà, avec le gouvernement. Et que si l'exercice était intéressant, je regrette une partie du format, celui qui consistait en un dialogue avec des jeunes. La plupart n'étaient pas en mesure d'avoir le répondant.
C'est pas de leur faute, c'est normal, c'est pas leur métier (et à leurs âges j'en aurais été encore plus incapable qu'eux).
Parce qu'interviewer un politique, c'est un métier. Cette citation s'est remise à tourner récemment :
La presse (au sens très large) ne mérite sa légitimité et son surnom de 4ème pouvoir que si elle exerce sa mission, celle de participer à faire de chacun de nous des citoyens informés. Sinon, on appelle ça des attachés de comm.
C'est pas mal d'être attaché de comm, hein. Mais au moins, les attachés de comm ont l'honnêteté intellectuelle de dire qu'ils sont attachés de comm, qu'ils ont un intérêt à faire la comm de ceux dont ils font la comm.
Quand CNews vous dit qu'ils font du journalisme neutre et dépolitisé, ils sont malhonnêtes. Quand Mediapart vous dit qu'ils font du journalisme de gauche, ils sont honnêtes. Au moins, vous savez ce que vous lisez.
(Vous noterez d'ailleurs que "journalisme engagé", c'est synonyme de journalisme de gauche. 🤷♂️)
D'ailleurs, moi c'est pareil ici : je vous donne mes convictions, mes idées, mes savoirs, mais parce que je suis honnête intellectuellement avec vous, je m'attache à répéter que, comme tout le monde, j'ai un angle, une vision du monde, qui n'est pas neutre.
Bref. Ce qu'il faut, ce n'est pas Hollande ou Castex qui papotent à coeur ouvert avec Samuel Etienne, c'est Hollande ou Castex qui papotent à coeur ouvert avec Fabrice Arfi. Et si vous voulez mon avis, ça honorerait autant le journalisme que le politique.
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Rappel : "le destin présidentiel d'Emmanuel Macron", c'est un mythe. Macron n'est pas un génie stratégique, mais un chanceux : avant le 25 janvier 2017, date de l'affaire Pénélope, il n'allait être qu'une note de bas de page dans l'histoire de l'éléction de Fillon.
Je dis ça parce que mon père (lol) m'a envoyé cet article lunaire qui entend trouver dans la relation avec leurs pères des explications aux "destins présidentiels" des fils : lemonde.fr/m-le-mag/artic…
Si le père de Sarkozy a effectivement l'air d'être... particulier (et odieux), l'article tisse un storytelling capillotracté pour le père d'Hollande, alors que c'est une histoire somme toute assez fréquente, celle d'un parent et d'un enfant en désaccord politique total.
Désolé je vais gâcher la fête, mais en tant qu'homme de gauche, en tant que juriste, je ne peux que ressentir une profonde gêne à la condamnation de Nicolas Sarkozy. Ca va être un peu complexe, mais suivez-moi dans ce fil et je vous promets que vous vous sentirez pareil ⬇️
Nicolas Sarkozy a corrompu un des premiers avocats généraux près la Cour de cassation pour se protéger lui et son clan. Vous êtes fous ou quoi ??? Sah quel plaisir il mérite.
La Cour de cassation, c'est pas n'importe quelle Cour, celle qui dit le droit. Un avocat général, c'est un représentant du ministère public, il est là pour défendre l'intérêt général.
La droite sera toujours la droite, et les droits des femmes toujours en danger : jeudi, l'Assemblée nationale examine une proposition de loi pour protéger l'effectivité du droit à l'avortement. Et LR fait de l'obstruction : ils ont déposé 423 des 484 amendements.
Il y a 12 amendements de Marc Le Fur (vice-président de l'Assemblée nationale, quand même) où il propose de décaler la remise d'un rapport d'un mois, deux mois, trois mois, quatre mois, etcaetera. Il est allé jusqu'à dix-huit.
Il veut aussi changer le sens du rapport en question, bon, pourquoi pas, c'est l'Assemblée nationale, aucune discussion ne doit être blasphème. Mais là encore, en jouant sur le temps, 10, 15, 20 ans. Il est allé jusqu'à 30 ans, puis a sauté à... 1975 années !
Hier soir, ça parlait voile à l'Assemblée. Vous savez depuis quand on a ce débat ? 20 ans ? 30 ans ?
Raté, depuis 115 ans : en 1905, l'amendement Chabert voulait déjà interdire un vêtement religieux. Petit fil ⬇️
Le « costume ecclésiastique » qu'il veut interdire, c'est la soutane : on accuse ceux qui les portent de prosélytisme, de le porter en étendard du catholicisme ultramontain. (C'est quand même un débat sacrément familier si on change deux trois mots).
Relisons un peu les débats de l'époque. Pour vous donner envie, sachez que c'est pas seulement intéressant, c'est aussi rigolo : pendant que Chabert défend son amendement, ils sont nombreux à se moquer de lui (avec bien plus d'esprit qu'aujourd'hui si vous voulez mon avis).